Soublecause conclusion

Il n'est pas possible de donner une conclusion définitive à cette étude d'occupation du sol. La vie quotidienne actuelle est l'histoire de demain, et les lacunes dans l'histoire du passé sont si nombreuses que tout bilan serait aussi présomptueux que prématuré.
 
 

Du moins est-il possible de reprendre à grands traits les trente siècles d'histoire que nous offre ce petit territoire communal.
 
 

L'installation d'une petite communauté protohistorique au Havet marque la première emprise agricole de cet espace. La construction, vers le début de notre ère, d'une villa au pied de la forteresse montre la continuité de l'occupation, selon des modalités dont le détail nous échappe: le propriétaire de la villa était-il le descendant romanisé des individus qui l'ont précédé sur la colline ? Comment interpréter les petits habitats antiques isolés sur le territoire ? Quelle est l'occupation réelle du territoire en terme d'exploitation foncière ?
 
 

Le haut moyen âge n'est pas moins fertile en problèmes. On peut cependant supposer que de modestes noyaux d'habitat purent se maintenir à Lagrace et sans doute à Héchac, avec l'apparition de premiers lieux de culte. Sans doute cette période fut marquée par la déprise agricole sur les terres les plus ingrates, terrains humides et talus, comme le révèlent les artigues médiévales qui prouvent un défrichement.
 
 

Après l'an mille on commence à percevoir l'organisation féodale du territoire: une série de minuscules seigneuries et d'abbadies s'implantèrent. Des mottes castrales, des donjons et des « salles » furent bâties, marquant l'emprise de la petite noblesse locale sur la paysannerie. Les églises également, comme Saint-André, prirent parfois un aspect fortifié. Il n'est d'ailleurs pas toujours possible de faire la part entre seigneurs laïcs et abbés laïcs, parfois les mêmes individus, souvent les membres des mêmes familles.
 
 

Cette « parcellisation » des terres et des pouvoirs est sans doute un des caractères les plus exemplaires de cette commune.
 
 

Des crises qui ont balayé la région, on ne sait que peu de choses jusqu'au XVI^e siècle. A cette époque, les seigneuries changèrent souvent de main, et les églises brûlèrent en 1569: la situation était aussi troublée du point de vue social et financier que religieux.

Les deux derniers siècles de l'ancien régime sont en comparaison plus calmes, marqués ici par la ferveur populaire mise à la reconstruction des deux lieux de culte qui subsistent, et par le maintien d'une assez prospère société de «maisons». La splendeur des retables en témoigne, comme les quelques témoignages contemporains.

La Révolution passa comme un feu de paille: seuls les seigneurs et leurs biens furent temporairement inquiétés.
 
 

Le XIX^e siècle fut celui de la prospérité agricole, humaine et technique, jusqu'à la crise de la fin du siècle: alors s'amorça un rapide déclin démographique, marqué par le déchirement du tissu social, et ponctué par les deux guerres mondiales, qui ne trouva sa conclusion qu'à la fin du XX^e siècle.
 
 

La société du siècle qui s'annonce aura de fait une lourde charge: celle de préserver ce patrimoine considérable, tout en étant capable de se transformer profondément elle-même sans perdre ses racines. Le défi est à la hauteur de cette ambition.
 
 

ABBADIE ou ABADIE: abbé laïc. Personne laïque, généralement noble, prenant une partie des revenus d'une ou plusieurs églises, et ayant souvent le droit de nommer à la cure (droit de patronage).

ANTEPENDIUM: devant d'autel

ANTHROPONYME: nom de personne

ARPENT: mesure agraire médiévale, variable selon les régions, contenant quatre journaux ou 44 places

BARLONG: s’emploie pour qualifier un plan de bâtiment rectangulaire

CASTRUM: espace fortifié (urbain…); désigne plus rarement un château

CENSIER: recueil écrit de redevances (les cens) dues à un seigneur. La Bigorre en conserve quatre pour le moyen âge, d’importance et d’intérêt inégal

CENTURIATION: organisation régulière d’un territoire pendant l’antiquité; partage de terres en centuries d’environ 720 mètres de côté

CONSUL: officier municipal annuel. Concurrença le jurat ou jutge, forme plus ancienne en Bigorre

COUPET: mesure de surface et de quantité

CHRISME: monogramme du Christ en lettres grecques. L’assemblage des lettres forme un motif décoratif très employé à l’époque romane

DAMOISEAU: noble qui n’est pas armé chevalier; parfois synonyme d’écuyer. Les damoiseaux (domicelli), nombreux en Bigorre, étaient généralement des seigneurs peu fortunés

DENIER: ancienne monnaie. Le denier était le 1/240^e de la livre. Il pouvait être subdivisé en oboles et mesalhes. D’autres monnaies, florins d’Aragon ou baquettes de Béarn, avaient leur équivalence dans le système livre/sou/denier

FERMIER: titulaire d’une ferme, souvent un contrat de recouvrement d’un impôt

FEU (allumant): foyer familial, réel ou fiscal

GOUTTEREAU: mur porteur dans une église, qui supporte les principales gouttières.

HAGIOTOPONYME: nom de lieu dérivant d’un nom de saint

JOURNAL: mesure agraire de valeur variable selon les lieux, valant 18 à 25 ares environ dans la région. Un arpent se divisait en quatre journaux. A l'époque moderne on trouve également une subdivision en mesure, coupet et pugnère.

LIVRE: monnaie de compte. Une livre valait vingt sous ou 240 deniers

MARGUILLIER: individu élu annuellement et chargé de gérer les fonds d'une église et son entretien courant (dans le cadre du conseil de fabrique)

MAROUFLE: se dit d'une toile collée sur un support (retable, plafond...)

MESURE: mesure de surface et de quantité

MOLASSE: roche proche du calcaire mais de qualité médiocre et friable

MOTTE: élévation de terre fossoyée ayant supporté un donjon; première forme des châteaux du moyen âge

OBLIE (ou OUBLIE): Redevance seigneuriale en nature, livrée en général sous forme de pâtisseries, les oblies.

PADOUEN: terre (souvent en pré) communale

POUILLE: relevé des revenus d’une série de paroisses. Deux pouillés sont connus pour le diocèse de Tarbes en 1342 et 1379

PUGNERE: mesure de surface. Correspondait à la surface ensemençable avec une poignée de grains (la pugnère), mais aussi à un volume de grains.

RETABLE: décor vertical, souvent sculpté et peint, encadrant et/ou surmontant un autel

SAC: mesure de surface dans le censier de Lagrace en 1756, peut-être équivalente au journal. Cette surface correspondait certainement à la surface que l'on pouvait ensemencer avec un sac de grain.

SOU: ancienne monnaie. Le sou valait 12 deniers

TOPONYME: nom de lieu

VILLA: expoitation gallo-romaine importante, comportant un ou des logements (pars urbana) et des locaux professionnels. Au moyen âge, synonyme approximatif de village
 
 

Principales abréviations utilisées:

ADG: Archives Départementales du Gers (Auch)

ADHP: Archives Départementales des Hautes-Pyrénées (Tarbes)

ADPA: archives Départementales des Pyrénées Atlantiques (Pau)

AGM: Association Guillaume Mauran

(B)SAHP: (Bulletin de la) Société Académique des Hautes-Pyrénées

CNRS: Centre National de la Recherche Scientifique

RHP: Revue des Hautes-Pyrénées

SB: Souvenir de la Bigorre

UTM: Université de Toulouse II- le Mirail
 
 
 
 

ABADIE (Stéphane), Soublecause, éléments d'histoire, Bulletin d'Informations Municipales de Soublecause, mai 1998, 8 p.

ABADIE (Stéphane), ALLABERT (Stéphane), PEREZ (Jérôme), CHAMBON (Fabrice), Prospection de mottes castrales dans le canton de Castelnau-Rivière-Basse, mémoire de licence (inédit), avril 1994

CABANOT (Jean), L'église Saint-Jean de Mazères et le problème des origines de la sculpture romane dans le sud-ouest de la France, Bull. De la Société de Borda, Aire/Adour 1969, tiré à part

CURSENTE (Benoît), Des maisons et des hommes. L'habitat de la Gascogne médiévale (XI^e-XV^e siècle), Presses Universitaires du Mirail, Toulouse 1997

DUFFOURC (Abbé Antoine), Héchac, Revue des Hautes-Pyrénées 1921

CABANOT (Jean), La Rivière-Basse, Congrès Archéologique de France 1970

CHAMBON (Fabrice), L'occupation du sol dans les cantons de Castelnau-Rivière-Basse et Maubourguet, maîtrise d'archéologie, Université de Toulouse II-Le Mirail, 1995, 3 vol.

COQUEREL (Roland), LABROUSSE (Michel), Oppida et camps, Congrès National des Sociétés Savantes, Pau 1969

COQUEREL (Roland), Les mottes des Hautes-Pyrénées, Bulletin de la Société Ramond 1974

COQUEREL (Roland), Les traces de l’occupation gallo-romaine dans les Hautes-Pyrénées, CDDP 1977

COQUEREL (Roland), Les castramétations protohistoriques dans les Hautes-Pyrénées, Tarbes 1978

DIEUZEIDE (Claude), La seigneurie de Sombrun, s.l., 1993

DOUSSAU (Sylvain), Découverte de la centuriation romaine du territoire des Bigerriones. La Civitas Turba démystifiée, Archéologie des Pyrénées Occidentales 1996

DUFFOURC (Abbé Antoine), Les seigneurs de Hagedet-Lascazères, BSAHP 1913

DULAC (Jean), Sainte Libérate, diocèse de Tarbes, paroisse de Montus, Souvenir de la Bigorre t.IX, 1889

DURIER (Charles), CARSALADE DU PONT (Jules de), Les huguenots en Bigorre, Paris-Auch 1884

GERMON (Louis de), Les Mémoires du marquis de Franclieu, Paris Champion, Auch Cocharaux, 1896

LARRONDE (Claude), La Rivière-Basse, SAHP 1997

LUSSAULT (Agnès), Carte archéologique de la Gaule, Hautes-Pyrénées, CNRS et alii 1997

OMNES (Jacques), Préhistoire et protohistoire des Hautes-Pyrénées, index topo-bibliographique, Association Guillaume Mauran 1987

PIEMONTOIS (A.de) et DUFFOURC (Antoine), Notice généalogique sur les seigneurs de Hagedet-Lascazères, Tarbes 1913, SAHP

RICAUD (Louis), Un régime qui finit, Tarbes 1910

RICAUD (Abbé Louis), Les reclus des Hautes-Pyrénées, Tarbes 1912, RHP

SARDA (Paul), Notice sur Castelnau-Rivière-Basse et région avoisinante, Tarbes 1927, 15 p.
 
 

Sources publiées:

ABADIE (de Sarrancolin), Indicateur des Hautes-Pyrénées, Tarbes 1856, réédition AGM mai 2000

BALENCIE (Gaston), Le censier de Bigorre en 1300, SB 1882

BASTARD D'ESTANG (Vicomte de), La noblesse dans la sénéchaussée d'Armagnac en 1789, Paris 1862

LARCHER (jean-Baptiste), Pouillé du diocèse de Bigorre, SB t.III, en part. p.289-303, et 369 sq.

LAROQUE (Louis de), BARTELEMY (Edouard de), Catalogue des gentilshommes d'Armagnac et de Quercy, Paris 1862

LEJOSNE (Louis-Antoine), Dictionnaire topographique du département des Hautes-Pyrénées, 1865, éd. R. Aymard, Pau 1992

MARCOS (Françoise), Saint-André-de-Soublecause, dossier technique (inédit), Soublecause 1998

MARCHAND (Jean), Mémoires de la chanoinesse de Franclieu, librairie Firmin-Didot, s.d.

MONLEZUN (Abbé), Histoire de la Gascogne, T.III pour les témoins de l'engagement de Guillemette de Moncade pour la terre de Rivière.

PERRIN (Charles-Edmond et alii), Les diocèses de Toulouse, Auch et Narbonne, De Boccard 1972 (pouillés de 1342 et 1379)
 
 

Sources non publiées:
 
 

LARCHER (Jean-Baptiste), Dictionnaire

LARCHER (Jean-Baptiste), Glanages
 
 

ADHP série E dépôt, pour Soublecause et Hagedet-Héchac (livres-terriers...)

ADHP sous-série 1E (livres-terriers)

ADHP sous-série 2E (registres paroissiaux): 2E 1/254 Hagedet et Héchac (1692-1791); 2E 1/504 Soublecause (1695-1791). Microfilmés dans la série MI

ADHP sous-série 3E (registres notariaux): DABAT 1662, LAMOTHE 1742

ADHP série G (titres paroissiaux, visites...), notamment G76 et G232

ADHP sous-série 2O 2176 et 2177

ADHP sous-série 5M

ADHP sous-série 1Q (période révolutionnaire), en particulier 1Q415 pour Soublecause

ADHP série T 380 n°351 (monographie de 1887)

ADPA série B (dénombrements): notamment B5734 (1728-1785) dénombrement de Charles Pasquier marquis de Franclieu et Louise de Busca sa femme, pour les seigneuries de Lascazères, Hagedet, Héchac, Soublecause, Caussade et Estirac.

ADPA série E, par ex. E506, serments de fidélité

ADG série B, en particulier B497-499 (fonds révolutionnaires et cahiers de doléances)

ADG série C (fonds antérieurs à la Révolution, notamment pour les procédures)

ADG série I suppl. (fonds Vergez), notamment I635 (de Busca), I1456 (de Franclieu), I3137 et I3138 (de Saint-Lanne)

Achives communales de Soublecause

Le cartulaire de Madiran n'a pu être consulté, nous avons utilisé les mentions relevées par Louis-Antoine Lesjosne dans son Dictionnaire topographique.
 
 

Plans et cartes:
 
 

Carte de Cassini, vers 1760

Carte d'Etat-Major, XIX^e siècle

Cadastre dit « napoléonien », début du XIX^e siècle

Cadastres communaux révisés du XX^e siècle

Sauf mention contraire, les autres plans ont été levés sur le terrain par l'auteur.
 
 

Pour me contacter: stephane.abadie@ac-toulouse.fr