Soublecause



Bibliographie * Documents (textes) * Documents (graphiques)
J'ai publié cette petite monographie d'une modeste commune de Rivière-Basse en 2000. Il manque encore beaucoup de thèmes à traiter, en particulier pour la période moderne et contemporaine, mais ce n'est que partie remise...

II- LES MONUMENTS DE SOUBLECAUSE


1-LE CAMP DU HAVET OU BARBAZAN
 
 

Le quartier du Havet (littéralement: le « lieu planté de fèves »), sur un coteau au nord de la colline, est aujourd'hui boisé. Cette colline présente sur ses pentes des traces d’aménagements de talus. Sur la face est, un énorme mur de terre en accolade d’une douzaine de mètres de hauteur barre l’accès de la partie sommitale. 

Cette gigantesque fortification, qui enserre la totalité du coteau, a été identifiée sous le nom de castera par le chercheur Roland Coquerel comme un « éperon barré » protohistorique. Il a mis en parallèle le Havet avec des fermes du second âge du fer conservées en Bretagne, qui présentent la même forme et le même type de barrage en terre fermant la partie la plus étroite d'un site naturel.

Une prospection réalisée en 1994 nous a permis de découvrir, à l’extrémité est du site, des cercles de pierre qui pourraient receler des fosses à incinération (des « tombes » creusées, où les restes des défunts incinérés étaient enterrés), et divers aménagements en terre (champs, fossés...).
 
 
 
 

Relevé partiel du quartier de Barbazan, colline du Havet: on distingue nettement la forteresse protohistorique et les voies antiques voisines.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Plan de la colline du Havet et du quartier de Lagrace, relevé partiel: forteresse protohistorique du Havet, villa antique de Lagrace et deux voies d'origine antique (poutge et caussade).
 
 

2-LA VILLA DE LAGRACE
 
 

Dans la plaine, quartier de Lagrace, un léger mamelon pierreux de teinte foncée atteste la présence d’une villa gallo-romaine enfouie. Ce mamelon fait une centaine de mètres de diamètre, pour une quarantaine de centimètres de hauteur maximale. Sylvain Doussau a signalé cette villa dès 1979. Il y a retrouvé des éléments de toiture (des tuiles à rebords ou tegulae, et des tuiles couvre-joints ou imbrices), des tesselles de mosaïque, des fragments d’amphores, des tessons de poterie (en particulier d’une céramique à enduit rouge de grande qualité, dite céramique sigillée), et quelques monnaies allant de Claude Ier à Constantin (des environs de notre ère jusqu’au milieu du IVe siècle). On nous a signalé également la découverte de deux fragments de marbre vert veiné, la présence de trois fonds de cabanes à l’est du site principal (ateliers ?), mais également l'emplacement très probable d'un petit village médiéval.

3-LE CASTET DE SOUBLECAUSE
 
 

Un unique site archéologique permet de situer l’origine médiévale de Soublecause. Il s’agit de l’église paroissiale. En effet l'église Saint-André actuelle remonte au XVIIIe siècle, mais elle repose sur un site manifestement médiéval.

Le site est très curieux: il comporte un minuscule « éperon » de terre, taluté sur trois côtés sur une dizaine de mètres de hauteur. Ce cône de terre ressemble assez à une motte castrale.
 
 

L’église même ne livre aucun indice probant, sauf un contrefort indatable et une inscription problématique, mais un plan de 1870, avant démolition, nous révèle que l’ancien clocher était en fait une sorte de donjon de pierre rectangulaire. 

La présence de ce clocher-donjon médiéval entraîne deux hypothèses:

    Soit le clocher était un vrai donjon, et l’église était la chapelle du château, qui devint église paroissiale et finit par occulter le château abandonné. Le cas est rare, mais connu (à Villenave-près-Béarn...).
    Soit le clocher était un vrai clocher fortifié, et alors l’église faisait à la fois office de lieu de culte et de fortification pour protéger la population en cas de danger, mais également le seigneur. C'est le cas le plus probable, puisqu'il existait des seigneurs abbadies. Nous y reviendrons.
Il est évident de toute façon que ce site servait à contrôler la route située immédiatement en contrebas (pour lever un péage ?). La position dominante donna le nom de la seigneurie: sub la caussa.

Cette fortification de terre était peut-être complétée par des fossés protégeant le replat de terrain au nord de l’église, qui porte l’actuelle mairie et l’école.

Ces terrains sont entourés d’un haut talus et d'un fossé ayant servi de chemin, qui était peut-être la voie d’accès primitive au site. L’entrée de la fortification se trouvait probablement au nord, légèrement en contrebas de l’actuel monument aux morts, ce qui correspond à l’arrivée de l’ancien chemin et à la rupture du fossé et des talus.

Il n’existe aucune documentation sur ce site. Seule la toponymie indique que le quartier se nomme «deu castet», quartier du château. On peut remarquer que la motte de l’église Saint-André correspond à la partie sud du site, qu’il ferme en même temps qu’il surveille l’accès par le vieux chemin depuis la voie antique. On peut supposer que nous sommes là en présence d’une modeste enceinte qui abrita une partie au moins du village médiéval de Soublecause.

On ne peut cependant être affirmatif sur la datation de ces talus de terre, qui sont peut-être également antérieurs au moyen âge.
 
 
 
 

Topographie du quartier de l'église et « deu castet », d'après le cadastre actuel.
 
 

1-fossé surcreusé et voie d'accès 2-Plateforme du castrum? 3-chemin fossile ?

4-Plateforme et « motte » St André 5-Carrière de molasse 6- la «caussade».
 
 

4-LE CHATEAU DE HECHAC
 
 

L’archéologie nous fait connaître l’emplacement du logis seigneurial; à l’est de l’église moderne, à environ 600 mètres, en bordure de coteau (en position d’observation), se dresse encore une modeste plate-forme de terre quadrangulaire, bordée de fossés doubles. Une motte de terre se dressait à l’angle nord-ouest de cette plateforme.
 
 

Plan de l'ancienne forteresse de Héchac (dessin S. Abadie et S. Allabert).
 
 
 
 

Plusieurs détails intéressants subsistent sur ce site archéologique: les fossés doubles, ceux de la première enceinte côté est du moins, sont maçonnés en galets et mortier; un puits moderne est installé au centre de la plateforme, ainsi que des arases de murs d’une ferme moderne.
 
 

On ne peut que regretter la disparition de la motte ou plateforme qui portait le château en pierre aujourd'hui détruit, qui nous aurait donné des indications précieuses.
 
 
 
 

5-L'EGLISE SAINT-ANDRE DE SOUBLECAUSE
 
 

Cette église est aujourd'hui le principal monument visitable de la commune.
 
 

5-1 Description générale : 
 
 

Cette église est formée d'un clocher-porche, d'une nef avec collatéral, d'un sanctuaire et d'une sacristie.

Le clocher-porche s'ouvre à l'ouest sur l'ancien cimetière. Ses ouvertures rappellent l'art roman, mais l'emploi de la brique mécanique pour les ouvertures et les angles ne laisse aucun doute sur la datation. Ce clocher est formé d'un rez-de-chaussée donnant accès à la nef par deux portails. Le premier étage, planchéié, sert de niveau intermédiaire avec l'étage des cloches. Ce dernier étage est largement ouvert par des fenêtres en plein-cintre géminées, avec abat-sons. Le toit est une belle oeuvre de charpenterie couverte d'ardoises, en forme de pyramides emboîtées à rupture de pente (la toiture démarre à quatre pentes, puis se poursuit à huit pentes par un ingénieux agencement des surfaces).

Ce clocher conserve extérieurement, en liaison avec la nef, un curieux « contrefort » très saillant en pierres de taille et galets qui est un vestige du bâtiment antérieur. 
 
 

La nef, très simple, est formée de murs gouttereaux aveugles et surmontée d'une charpente lambrissée. Un collatéral, au sud, complète cet ensemble, et contient l'escalier en bois qui permet l'accès à la tribune surplombant la nef. 
 
 

Le sanctuaire se trouve dans la continuité de la nef, mais sa maçonnerie est surélevée.

Cette élévation est mise extérieurement en valeur par une toiture à quatre pans qui termine brusquement la toiture à deux pans de la nef et forme une articulation brutale.

A cet endroit les murs gouttereaux sont percés d'immenses fenêtres qui éclairent largement tout le sanctuaire. Le sol est également surélevé par-rapport à la nef, pour isoler et mettre en valeur le retable et l'autel.

Une sacristie, implantée dans la continuité du chevet, est accessible par une porte intégrée au retable.
 
 

Dans l'angle extérieur sud-est de la sacristie, à environ trois mètres de hauteur, une curieuse pierre inscrite est remployée dans la maçonnerie (30x39cm environ). Un texte y est gravé sur quatre lignes, presque effacé, et malheureusement placé à l'envers, ce qui en complique encore la lecture.

Les caractères sont de type roman, assez irréguliers, avec de fortes abréviations (pas d'écriture gothique, comme sur les inscriptions de l'église de Jézeau en 1249 ou du cloître de la cathédrale de Tarbes). La très relative régularité du tracé est assurée par des lignes horizontales que l'on peut encore distinguer.
 
 

Relevé de l'inscription romane de Saint-André de Soublecause

5-2 Analyse
 
 

La documentation est riche et variée, en particulier grâce aux recherches de Françoise Marcos qui a travaillé au classement de certaines parties de l'édifice.
 
 

Cette église paroissiale est connue par la documentation depuis le milieu du XIVe siècle. On sait qu'au XVe siècle elle était le siège d'une abbaye laïque, ce qui explique probablement son implantation sur une « motte » surplombant la vieille route et la vallée.

Cette église a connu de nombreuses transformations depuis le moyen âge: incendiée à la fin du XVIe siècle, en partie écroulée en 1755, elle porte la trace des restaurations successives depuis cinq siècles, qui expliquent son aspect composite.
 
 

Le clocher-porche est la partie la plus récente de l'édifice: construit entre 1870 et 1875, il est de style néo-roman.

L'ancien clocher est connu par les plans de reconstruction, et se présentait sous la forme d'une tour de plan carré, aux murs épais, sans contreforts, faiblement éclairée par de minuscules ouvertures en plein cintre. Tous les étages étaient planchéiés. Le rez-de-chaussée était aveugle, et seulement accessible depuis le sanctuaire. Il existait un deuxième et sans doute un troisième niveau, mais avant 1870 ces derniers niveaux étaient partiellement arasés par une toiture à pente unique rapportée.
 
 

La nef est plus tardive, puisqu'elle fut rebâtie vers 1756 (voir infra). Elle était dotée avant 1870 d'un portail d'entrée sud, à ébrasement intérieur. Une tribune en bois surplombe au sud cette nef. Elle existait avant 1875, et était alors accessible par l'escalier en bois de la tour disparue.

Le collatéral est formé d'une chapelle du XVIIIe siècle, qui est la chapelle originelle, rallongée à l'ouest en 1875 pour former un véritable collatéral. Cette partie de l'édifice s'appuie sur le «contrefort» du donjon médiéval, qui a été englobé dans la maçonnerie du XIXe siècle. Un collatéral symétrique était prévu en 1870, implanté sur une partie du cimetière, mais il ne fut pas construit.
 
 

Le chœur a été spécialement aménagé pour recevoir le retable et l'éclairer, comme l'attestent les grandes ouvertures. Ces fenêtres, à petits carreaux et meneau horizontal en bois, sont caractéristiques du milieu du XVIIIe siècle. La sacristie est intégrée au retable classique, ce qui prouve sa construction contemporaine du reste de la nef (vers 1756-1760).

5-3 Commentaire de l'édifice
 
 

Incontestablement, l'élément le plus ancien est l'inscription remployée dans l'angle de la sacristie.

L'emploi de la langue latine, la date placée en premier, comme sur la pierre de Jézeau, et la forme très particulière de la lettre A (avec la barre centrale en forme de V, comme sur certains chrismes romans: par exemple à Saint-Germain-d'Auxerre d'Aubin, dans le Béarn, vers 1150, à Saint-Michel de Mifaget...) font supposer que nous sommes ici en présence d'un texte d'époque romane (deuxième moitié du XIIe siècle ?), remployé vers 1760 lors de la reconstruction de l'édifice.
 
 

Transcription partielle: 

X. KAL.OC.[...] FO.

[...]RO.ANNO.BI.

[...]SA

C[ER?]DOS
 
 

On lit en partie une date (le 10 des kal(endes) d'oc(tobre)), et le mot année en deuxième ligne. En troisième ligne devait se trouver la date, trop effacée pour être lisible, ainsi qu'un nom. On lit en effet en fin de troisième et quatrième ligne le possible mot SAC[ER?]DOS, prêtre (?). On peut supposer qu'il s'agit ici soit d'une plaque funéraire d'un prêtre décédé, soit d'une dédicace de l'église romane primitive.
 
 

L'élément le plus intrigant de cet édifice est certainement le clocher primitif, détruit en 1870 au profit du clocher-porche actuel. Ce « clocher-tour », datable par ses ouvertures en plein-cintre, remontait sans doute à l'époque romane (entre le XIe et le XIIIe siècle). L'aspect général, les planchers, l'absence d'ouvertures au niveau du sol rapprochent cet édifice des donjons seigneuriaux construits dans la même période un peu partout dans les Pyrénées (Vidalos, Tramezaïgues, Mauvezin...). Je pense que cette partie de l'église n'était pas un vrai clocher, mais plutôt une sorte de donjon qui permettait de transformer l'église et son cimetière en forteresse en cas de danger. Il est possible également que cette tour était la demeure de l'abbé laïc (un vrai seigneur, et non un ecclésiastique), qui avait ainsi un contrôle direct de toutes les activités de l'église Saint-André. Il est d'autant plus regrettable qu'il ne subsiste de cette tour qu'un fragment de mur indatable.

On ne sait rien de plus sur l'édifice primitif, qui est cité en 1342 et 1379 comme église paroissiale, et fut intégré dans l'archidiaconé de Rivière-Basse, archiprêtré de Castelnau. Les chiffre des redevances dues à ces dates laissent penser que la paroisse, comme ailleurs, a souffert de l'épidémie de peste noire de 1348-1352.
 
 

Au cours des Guerres de Religion, en 1569, l'église fut incendiée par les troupes protestantes de Montgomery. On ne sait ce qui fut exactement détruit, et reconstruit au siècle suivant.
 
 

Ce qui est certain, c'est qu'au milieu du XVIIIe siècle l'église était tellement ruinée qu'il fallut la reconstruire presque entièrement, sauf le clocher. Grâce aux minutes des notaires Bacarère de Castelnau-Rivière-Basse, et Mieussens de Sombrun, on sait que le 14 mai 1754 un devis estimatif de 540 livres fut réalisé pour la restauration de l'édifice. Le 16 juin 1755, les habitants de la commune, avec l'accord de leur seigneur, délibérèrent de restaurer « leur église qui a croulé ». Monsieur de Franclieu les exhorta à participer aux travaux: « ...fournir les manoeuvres nécessaires pour servir les maçons, le charpentier à pied d'oeuvre, seulement jusqu'à ce que les réparations soient faites...». Le 16 mai 1756, le maître-tailleur de pierres Jean Ducasse, de Bagnères, fut engagé pour la reconstruction de la nef, du sanctuaire, de la sacristie, et pour la couverture en ardoises du toit (Bail à prix fait de une livre et quatre sous pour chaque canne de mur réalisé, entre Jean Ducasse, le curé et les marguilliers de l'église). En contrebas de la « motte » portant l'église, on voit encore l'emplacement d'une petite carrière d'extraction de pierre à chaux, qui est peut-être contemporaine de cet événement.
 
 
 
 
 
 
 
 

Etat de l'église de Soublecause avant les restaurations de 1870. Remarquer l'ancien clocher.
 
 
 
 
 
 
 
 

L'église Saint-André, de 1760 à 1870:

1- Ancien clocher

2- « Contrefort », peut-être ancien mur de la nef médiévale

3- Nef construite vers 1760

4- Chapelle de la Vierge

5- Choeur surélevé, vers 1760

6- Sacristie

7- Ancien portail disparu, vers 1760
 
 
 
 
 
 

Cette reconstruction correspond à ce qui est actuellement visible et datable du XVIIIe siècle. On notera la présence d'une tribune pour les hommes, caractéristique de cette période, qui permettait de séparer les sexes pendant les cérémonies, et l'ampleur exceptionnelle du sanctuaire, qui est sans doute la particularité la plus rare de cet édifice.
 
 

En 1780 (ADHP série G), une visite de l'église fut réalisée sur ordre de l'évêque, visite connue par l'Enquête des paroisses de 1783. L'édifice fut trouvé en bon état. Le décalage entre la nef et le sanctuaire fut noté: « Pour la nef, elle est trop basse...il conviendrait de mettre le lambris au niveau de celui du sanctuaire... ». Par chance, rien ne fut décidé à ce sujet.
 
 

Les Archives Départementales conservent également la trace des travaux réalisés depuis deux siècles: en 1819 le vieux clocher fut réparé (et peut-être doté alors du curieux toit visible sur les anciens plans). En 1846 le mur est de la chapelle de la Vierge (collatéral sud) s'écroula. A partir de là les projets se succèdèrent: en 1853 un devis fut réalisé pour remettre en état le vieux clocher et la chapelle. En juillet 1866 une cloche neuve fut commandée à la fonderie Dencausse à Tarbes, en remplacement d'une cloche fêlée. Elle est toujours en place, et porte le nom du maire de l'époque, Lalanne et d'une généreuse donatrice, la veuve des Noiers.

En 1867 on projeta de tranformer la chapelle en collatéral. En 1869 l'architecte P. Prosper réunit l'ensemble de ces données, ne conservant que l'idée d'un collatéral uique au sud, et les travaux furent réalisés entre 1870 et 1875 par les entrepreneurs Galade et Clavé. Détail curieux, pour réaliser le seuil de la porte du collatéral une plaque tumulaire en schiste fut remployée, peut-être la tombe d'un prêtre.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Projet d'aménagement du clocher et du collatéral nord en 1869
 
 

Une subvention de 2000 francs accordée en 1873 pour le nouveau clocher porte la mention suivante:

« La construction du nouveau clocher, dans les conditions qui sont indiquées, c'est-à-dire avec l'un des quatre murs portant sur de vieilles maçonneries, exigerait de grandes précautions. Il serait préférable de construire entièrement à neuf afin d'éviter les inconvénients qui pourraient résulter de l'inégalité des tassements».

On préférait, à l'époque comme aujourd'hui, détruire l'ancien, même de valeur, pour éviter tout désagrément.

Divers menus travaux se succèdèrent ensuite, notamment pour le clocher qui fut plusieurs fois endommagé (par la foudre, en 1887 et 1985). 
 
 

Des clochers équivalents ont été construits un peu partout dans la région: par exemple le clocher de Lapeyre, près de Trie-sur-Baïse, possède une structure et une toiture équivalentes à celles de Saint-André de Soublecause, à l’exception de l’étage campanaire qui n’est ouvert que d’une vaste baie unique par face au lieu de baies géminées.
 
 

Projet de restauration de l'église Saint-André, plan du 5 novembre 1869. Plan en coupe vu du sud.Ce plan correspond à l'état actuel du bâtiment.
 
 
 
 
 
 

Le cimetière, qui se trouvait autour de l'église, comme l'attestent encore quelques bases de croix, fut déménagé en 1909. Un plan de 1905 conservé à Tarbes prévoyait la construction d'un cimetière très vaste et aménagé, qui ne fut que partiellement réalisé. Les travaux furent reçus le 5 mai 1909, mais des travaux complémentaires durent être entrepris sur les murs de clôture en 1936.
 
 
 
 

Les véritables travaux de restauration de l'église Saint-André n'ont commencé qu'en 1975, sous la direction de l'Architecte des Bâtiments de France, du Conservateur du Patrimoine, et du maire de la commune, et n'ont pas cessé depuis: le classement partiel de l'édifice, la restauration du bâtiment et du retable sont l'aboutissement de ces vingt années d'efforts pour sauver ce patrimoine.
 
 

L'église Saint-André-de-Soublecause, état actuel avec essai de datation des maçonneries:
 
 
 
 

5-4 Le mobilier de l'église
 
 

Le mobilier se compose de deux grandes sections: un important et riche mobilier du XVIIIe siècle, contemporain de la reconstruction de 1756 (classé monument historique en 1984) et un mobilier acheté en 1881, immédiatement postérieur aux adjonctions de 1875.
 
 

Il existe peut-être un infime vestige du mobilier médiéval et moderne, à savoir le bénitier encastré dans le mur du collatéral sud construit en 1875, qui est un remploi manifeste (fin du moyen âge à XVIIe siècle ?).
 
 

Le mobilier du XVIIIe siècle se compose:

    d'un grand retable
    d'un retable secondaire dans la chapelle de la Vierge

    d'un confessionnal

    d'une chaire

    de fonts baptismaux en pierre, peut-être contemporains mais simplement creusés dans un bloc de calcaire monolithe et sans décor

    d'un mobilier de sacristie (chasublier), vendu en 1925 et actuellement chez un particulier de Madiran.

Le retable principal est un ensemble monumental qui occupe entièrement le mur est du sanctuaire, et se poursuit par des lambris sur tout le sancturaire. On ne connaît pas son auteur, mais son style le rapproche des très nombreuses oeuvres sculptées par une dynastie d'artistes régionaux, les Ferrère, qui ont orné un grand nombre d'églises locales.

Ce retable est formé de plusieurs niveaux ou registres: au niveau du sol, l'autel en forme de tombeau et le tabernacle doré; au dessus, une série de personnages en ronde-bosse séparés par des colonnes torses. Au dernier registre, un imposant fronton à balustre avec divers motifs sculptés.

L’autel en forme de tombeau est classique, avec un galbe très prononcé et des panneaux de bois dont le décor évoque les véritables tombeaux de marbre.

Le tabernacle est de grande ampleur, et développe à lui seul une scénographie complexe: la partie centrale est occupée par le tabernacle doré qui accueillait les instruments liturgiques et les hosties. Les côtés sont occupés par de minuscules scènes sculptées de la Passion du Christ, qui rappellent, comme un écho, le registre supérieur: scènes de la Vision dans le désert et du Portement de Croix. Chaque élément est séparé par une statuette en ronde-bosse: saint Roch, sainte Catherine d'Alexandrie avec sa roue, saint Pierre et saint Paul (?).

Ce tabernacle est surmonté d’une niche en bois doré qui devait accueillir une statuette disparue (une Vierge à l'Enfant ?), aujourd'hui remplacée par une croix moderne.
 
 

Le registre principal du retable est découpé en trois scènes par des colonnes torses, ornées d’angelots, de grappes de raisin, de pampres, d'oiseaux et de pittoresques escargots .
 
 

La scène centrale est occupée par un Christ en Croix. Il est représenté souffrant, la tête baissée et les yeux mi-clos. Le sang s’échappe de ses blessures.

En fond, la toile marouflée qui devait orner le second plan a disparu: vers 1930, un artiste local a représenté sur un panneau de bois médiocre un ciel crépusculaire avec les instruments de la Passion, qui étaient peut-être le thème de la toile originelle: la Sainte Lance et la Sainte Eponge, le calice ayant recueilli le sang du Christ (le Saint Graal), les clous, les tenailles, le marteau, la couronne d’épines...
 
 

Sur le côté droit, un cul-de-lampe accueille une statue de saint Joseph portant le Christ enfant. Sa main droite, tendue vers la nef dans un mouvement élégant, presque précieux, devait autrefois porter un lys, symbole de la conception virginale de l'Enfant Jésus.
 
 

Sur la partie gauche du retable un Saint apôtre prend une attitude proche: barbu, il porte une toge à l’antique et une Bible dans la main gauche. Sa main droite présentait un objet aujourd’hui disparu qui aurait permis de l’identifier. Sous toutes réserves, on pourrait avoir ici une représentation de saint André, titulaire de l'église, qui n’apparaît pas ailleurs.
 
 
 
 

Détail du retable: Saint-André ?
 
 
 
 

Le registre supérieur est formé par l’entablement du retable, avec une balustre en trompe-l’oeil et une puissante corniche. Les angles sont ornés de pots à feu. La partie centrale, au-dessus du Christ en Croix, forme un fronton semi-circulaire qui accueille une sculpture de Dieu le Père, apparaissant à mi-buste dans des nuées, les bras tendus en direction des fidèles dans un geste d’accueil.

Dans les angles du fronton, formant en quelques sorte écoinçon, l’artiste a placé un ange en ronde-bosse sonnant de la trompe. Son symétrique devait exister autrefois. 
 
 

En continuité, sur les murs gouttereaux, des lambris sculptés et peints reprennent les motifs du retable. Ils servent de cadre aux fauteuils et bancs disposés de chaque côté du sanctuaire.
 
 

Sous un foisonnement de sculptures et une débauche de couleurs, la complexité du retable et sa richesse de sens convergent vers un thème unique: l’Amour du Christ pour les Hommes qui l’a poussé au sacrifice et à la Passion, rappelée lors de chaque cérémonie par la célébration de l’Eucharistie.

Le Christ en Croix souffrant la Passion pour racheter le péché des Hommes est le sujet principal; il est repris verticalement par la représentation de Dieu le Père prêt à l’accueillir - et à accueillir l’âme des Fidèles. Cette scène surplombe le tabernacle et l’officiant. La mise en scène, complétée par le panneau du tabernacle, vise à faire comprendre aux fidèles l’importance du message chrétien de l’espérance dans l'Au-delà. 
 
 

Les décors secondaires portent un sens proche: sur les colonnes, la vigne et les anges vendangeurs, comme sur les tombeaux antiques, rappellent la vendange des âmes. 

Les escargots, les oiseaux mangeant les grains devaient avoir un caractère particulièrement concret pour les braves vignerons de Soublecause, qui voyaient la scène se reproduire dans leurs champs, une fois le portail de l’église franchi. Ainsi le décor symbolique du retable rejoignait par ses détails la réalité quotidienne.
 
 

L'autel de la Vierge, de même style, est bien moins ambitieux dans sa conception et son ampleur. Il faut noter tout d'abord le caractère composite de cet ensemble: la statue de la Vierge et l'autel remontent à 1881 (autel de style néo-gothique en marbre, Vierge en plâtre moulé, peint et doré), alors que le reste du retable est baroque. Les deux parties s'harmonisent mal, et on ne peut que regretter la disparition de la première statue et de l'autel-tombeau du XVIIIe siècle.

Le retable forme une composition pyramidale à trois registres verticaux: le sujet central est la statue de la Vierge, encadrée par deux colonnes torses ornées de grappes de raisin et de pampres. Les parties latérales sont occupées par deux anges en ronde-bosse agenouillés, qui tendent un bras en direction de la Vierge. Le thème de l'ange qui met en valeur le personnage principal est très fréquent: on le retrouve notamment sur le retable de l'église d'Andrest.

La présence d'un autel de la Vierge n'a rien de surprenant: la Vierge Marie, qui représente l'amour maternel, le giron protecteur et le principal intercesseur, est très populaire dans les campagnes depuis le moyen âge. Rappelons que l'église voisine de Madiran, fondée vers 1030, est également dédiée à la Vierge. Cette Vierge complète par ailleurs le thème de l'autre retable, qui présente déjà un saint Joseph.

La transformation de l'autel vers 1880 est sans doute lié à un événement extra-communal: la mise en valeur du dogme de l'Immaculée-Conception par la papauté dans la deuxième moitié du XIXe siècle (dont l'épisode le plus célèbre est constitué par les visions de Bernadette Soubirous à Lourdes...) a pu inspirer le desservant de la paroisse et entraîner l'acquisition d'un autel « au goût du jour ».
 
 

Le reste du mobilier, chaire et confessionnal, est contemporain du retable.

La chaire suspendue, de belle facture, devait initialement être peinte comme le retable. Il ne reste de cette polychromie que la représentation du Saint-Esprit, sous la forme d’une colombe en haut-relief «descendant» sous le dais. L'escalier a été complètement restauré, de même qu'une partie des supports de la clef pendante.

Le confessionnal est sans doute l’oeuvre du même artiste. Le décor est concentré sur la partie centrale, réservée au prêtre: claire-voie ornée de divers motifs, coquilles, rinceaux et volutes baroques.
 
 

Le mobilier du XIXe siècle est assez limité: candélabres néo-gothiques en cuivre, dans le goût des XIIIe et XIVe siècle (modèle probable: L'encyclopédie médiévale d’Eugène-Emmanuel Viollet-le-Duc), croix de procession en cuivre et argent, lanterne de procession articulée, calice et patène du XIXe siècle...

Une partie des meubles de la sacristie, de fabrication locale, doivent également avoir été fabriqués au XIXe siècle.
 
 

Le char funéraire, ou corbillard, est datable de la fin du XIXe siècle également. Il est conservé dans le collatéral, et a été entièrement restauré par un ébéniste bénévole. Les candélabres en bois et le tréteau employés lors des messes funéraires sont également conservés dans la sacristie.
 
 
 
 

6- L'EGLISE SAINT-MARTIN DE HECHAC
 
 

L’église de Héchac est actuellement isolée, avec le cimetière qui l’entoure, au milieu des champs de maïs. 
 
 

6-1 Description générale:
 
 

Le plan de cette église, restée église paroissiale jusqu’au XIXe siècle, est simple: une vaste nef surmontée d'un clocher-mur à l'ouest, complétée au sud par un collatéral, et poursuivie d’un chevet plat et aveugle.
 
 

A l’ouest, un clocher-mur avec deux arcades campanaires a un aspect curieux: extrêmement large et épais à sa base, il a été complété depuis moins d'un siècle par une pièce fermée formant un mini-clocher à l’est, et d’un abat-son en charpente et tuiles sur sa face ouest.
 
 

La nef, charpentée, est construite en galets, avec des traces ponctuelles de briques et de planches de bois prises dans la maçonnerie. La forme irrégulière du mur sud indique les nombreuses reprises de cette nef. L’éclairage est indirect, par le bas-côté, sauf au niveau du chevet. Le portail est implanté sur la face nord, et complété par une vaste entrée bâtie en galets et couverte, qui protège le portail du vent et de la pluie venant du nord et de l'ouest.

Le portail d’entrée lui-même, formé d'un simple arc surbaissé sans décor, est constitué de montants en grès molassique, qui encadrent un portail fait de grandes planches de bois régulièrement cloutées. 
 
 

L'église de Héchac. Remarquer l'emboîtement curieux des murs et des toitures au niveau du clocher-mur.
 
 

Le collatéral est éclairé par des fenêtres à barreaux de formes différentes, avec des tas de charge en briques et des montants en calcaire bisautés. Il est accessible depuis la nef par une série d’ouvertures en plein cintre, qui sont probablement des percements dans le mur gouttereau primitif. Dans l'intrados d'une de ces arcades est gravée l'inscription: DABAT R. 1681.

Le chevet est plat et aveugle, en galets noyés dans le mortier et recouverts de crépi, comme la nef. 
 
 
 
 

Détail d'une fenêtre du collatéral sud: ouverture à ébrasement extérieur en molasse, dans un mur en galets noyés dans du mortier. L'ouverture est surmontée d'un tas de charge formé de briquettes posées de champ, pour répartir la poussée sur les montants (vers 1680 ?). La fenêtre elle-même est protégée par deux barreaux en fonte moulée.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

6-2 Analyse et commentaire :
 
 

Une église et abbadie de Fissag (le nom primitif qui donna Héchac par déformation) est citée en 1039 dans le cartulaire de l’abbaye de Madiran. Cette unique mention indique qu’autour de l’an mil une petite communauté existait là, assez importante pour posséder une église et entretenir un prêtre, avec un seigneur qui avait accaparé dîmes et droit de patronage. L’église existait toujours en 1342 (ecclesia de Fizaco), elle est alors citée comme église paroissiale dans l'archiprêtré de Castelnau. Elle est oubliée par contre en 1379: peut-être la paroisse était-elle temporairement désertée des suites de la peste noire. L’emplacement de cette église romane n’est pas connu, sans doute ses fondations sont-elles ensevelies sous l’église actuelle.

La maçonnerie du clocher, par contre, pourrait être partiellement médiévale: la forme est identique, par exemple, au clocher-mur gothique de l'église d'Andrest, près de Tarbes (bâtie entre 1303 et 1330). Les arcades campanaires présentent des traces de reprise au XVIIe siècle.
 
 

L'église fut peut-être incendiée au XVIe siècle, ce qui expliquerait sa reconstruction presque complète au cours du siècle suivant.

La majeure partie des éléments datables remonte en effet au XVIIe siècle: une partie de la nef, le collatéral sud, restauré vers 1681, comme l'indique la signature conservée, et peut-être le portail nord.
 
 

Le portail d’entrée, d’un type inhabituel pour une église, se rencontre dans un certain nombre de fermes de la Rivière-Basse et du Vic-Bilh. L’exemple le plus proche est sans doute le portail de la ferme proche du chevet de l’église de Saint-Lanne, ainsi que le portail de l'église de Lascazères, également cloutés. Nul doute que ce portail est l’oeuvre d’un menuisier local qui travaillait avant tout pour des fermiers. Détail amusant, ce portail conserve des graffitis gravés au XIXe siècle («Peyrou», «Jean Sales de Billères 1831»...).
 
 
 
 

L'abbé Antoine Duffourc (RHP 1921) signale deux baux à besogne concernant la réparation de l’église: en 1659 le curé Guillaume Dabat et le marguillier Ramonet Bruzon commandèrent à deux charpentiers (deux cagots ?) de Héchac et Hagedet la réparation de la voûte de l’église, de la balustrade, des fonts baptismaux et de l’autel Sainte Catherine, le tout pour la somme de 69 livres. La voûte en plâtre de la nef conserve une forme surbaissée caractéristique de cette période, mais pourrait être une simple copie plus tardive.

En 1661, la boiserie réparée, il fut commandé à un peintre de Lescar de décorer le bâtiment pour la somme de 260 livres. On ne sait cependant ce qui fut réalisé, car l'église est entièrement repeinte aujourd'hui.

Un curieux document nous apprend que le curé Dabat de Héchac, qui avait vendu deux tonneaux de vin à ce peintre, réclama auprès d'un homme de loi de Lascazères, car le peintre de Lescar n’avait pas payé ni retiré ce vin qui risquait de piquer en fût.

Vers 1680 ou 1681 l'ensemble des travaux étaient terminés, puisque le prêtre Dabat ou un membre de sa famille qui lui succéda fit inscrire son nom sur le bâtiment, dans l'intrados d'une arcade séparant la nef et le collatéral.
 
 

Au XVIIIe siècle une série de travaux vinrent compléter ce bâtiment: c'est probablement dans cette période qu'il faut placer la construction de la sacristie, de forme très curieuse, datable par sa fenêtre sud, et l'auvent protégeant l'entrée, construit avec le même type de maçonnerie. A l'intérieur, le grand retable vint orner le chevet. Moins exubérant, moins « baroque » que le retable de Saint-André, bien que la composition soit similaire, il est sans doute de peu postérieur à ce dernier (vers 1770 ?).

Au XIXe siècle de menus travaux complétèrent l'oeuvre des deux siècles précédents, en particulier la réfection du clocher en 1818, le percement de fenêtres de style néogothique au niveau du chevet, la transformation de l'autel Saint Catherine, et sans doute la réfection de la fausse voûte de la nef en 1890. 

Au XXe siècle, seul le clocher et la toiture ont bénéficié de réfections, ainsi que le retable en partie repeint au début du siècle et classé monument historique en 1984 avec le tabernacle.
 
 
 
 
 
 

L'église Saint-Martin de Héchac, plan général et essai de datation des maçonneries.

6-3 Le mobilier:
 
 

Le mobilier est très réduit actuellement dans cette église qui ne sert pratiquement plus au culte.
 
 

Les éléments les plus anciens sont l'autel principal, le bénitier et la cuve baptismale.

La cuve baptismale est une cuve hémisphérique monolithe en calcaire, à bord chanfreiné. Elle est semblable à celle qui se trouve dans l'église Saint-André. Le seul élément indirect de datation est la réfection de cette cuve, ou plus probablement de la boiserie qui la complétait, en 1659. Cette cuve remonte donc au moins à cette période, si elle n'a pas été remplacée postérieurement.

Le bénitier est en forme de calice, avec un pied orné de motifs de feuilles, et un bassin de plan ovale. Il peut être daté du XVIIIe siècle, sans doute contemporain du retable; il faut noter sa fabrication locale dans un grès de très médiocre qualité, en principe impropre à la sculpture, ce qui explique son état de dégradation actuel.
 
 

Le chevet comprend la pièce majeure de cette église: un important ensemble de boiseries, retable et autel du XVIIIe siècle.
 
 

Le retable est très proche par sa composition à trois registres de celui de l'église Saint-André. L'autel proprement dit a disparu: il a été restitué par un autel moderne. Le tabernacle doré est de très belle facture: il est soutenu par un veau et un lion dorés, et supporte, en ronde-bosse, un ange et un aigle: ce sont les symboles des quatre Evangélistes, les quatre saints ayant rédigé un des Evangiles composant le Nouveau Testament, représentés par un animal: l'aigle pour saint Jean, le lion pour saint Marc, le veau pour saint Luc, l'ange pour saint Matthieu.
 
 

Le registre principal est occupé par une crucifixion, encadrée par des colonnes et des statues de saint Pierre et d'un saint évêque, et surmontée par une représentation de Dieu le Père sortant des nuées et entouré d'anges.
 
 

La crucifixion montre un Christ mort sur la croix, tête baissée, plaies béantes et saignantes: c'est le Christ de la Passion. Il est encadré par la Vierge pleurant, et par saint Jean.

Saint Pierre, très proche du saint équivalent de l'église Saint-André, porte un livre et des clés qui permettent de l'identifier.

Le saint évêque, qui porte crosse, mitre et pallium, peut être identifié à saint Martin, puisque l'église porte la dédicace de ce saint. Saint Martin de Tours est représenté ici non comme un soldat partageant son manteau, selon un schéma médiéval très populaire, mais comme le saint évêque de Tours, protecteur de sa cité, et donc protecteur du village.

La partie supérieure du retable est occupée par un large entablement surmonté d'angelots, et par un fronton représentant Dieu le Père prêt à accueillir le Christ et les fidèles.
 
 

Le schéma de composition met ici encore l'accent sur la Passion du Christ, qui est mort pour racheter le péché des Hommes, selon un axe vertical: tabernacle-crucufixion-nuées. Ici cependant le sens est renforcé par les quatre symboles des Evangélistes, qui rappellent que le principal « outil » des chrétiens est le Nouveau Testament. La statue de saint Pierre et celle de saint Martin dans le rôle de saint intercesseur renforcent cette interprétation.
 
 

Les bas-côtés du chevet sont complétés par des boiseries moulurées de belle facture, récemment restaurées, comprenant notamment deux sièges pour l'évêque ou un prêtre assesseur.
 
 

Ici, comme à Saint-André, la ferveur religieuse qui a permis de créer ces oeuvres d'art prend une dimension doloriste: depuis les Guerres de Religion et le déchirement entre catholiques et protestants, l'accent est mis sur la divinité du Christ et l'Eucharistie, ainsi que sur les saints intercesseurs et la Vierge, dont le rôle est rejeté en grande partie par l'église protestante. La Passion du Christ est ainsi, d'une certaine façon, le rappel des souffrances endurées pour lui par le petit peuple gascon depuis deux siècles, et dont les plaies sont encore mal pansées au XVIIIe siècle.
 
 

Le confessionnal est de fabrication locale, sans décor particulier, de même que le mobilier de la sacristie.

Le collatéral conserve un autel dédié à la Vierge de la fin du XIXe siècle, de style néogothique, qui fut peut-être acheté en même temps que l’autel de la Vierge de l’église Saint-André : autel supporté par deux colonnes peintes, surmonté d'une statue de la Vierge en plâtre moulé, peint et doré. 

Cet autel a remplacé un autel dédié à sainte Catherine qui existait en 1660, dont il ne subsiste que la niche creusée dans le mur.
 
 

Le petit mobilier, conservé actuellement dans la sacristie, comprend une croix de procession en cuivre doré de la fin du XVIIIe siècle, une lanterne de procession, un encensoir et des chandeliers en bronze du XIXe siècle. Les livres liturgiques sont également conservés: on reconnaît un antiphonaire, un graduel et un missel in folio de la fin du XVIIIe siècle, avec des mentions manuscrites, et deux autres séries du XIXe siècle et du début du XXe siècle.
 
 

6-4 Travaux dans l'église de Héchac en 1659-1661
 
 

D'après Antoine Duffourc, RHP 1921, p.18-22
 
 

1- Acte de 1659
 
 

Accord touchant la réparation et accoutrement de l'église de Hichac, le curé et le marguilier faisant pour icelle, contre Guilhem Lacine, charpentier dudit lieu habitant.
 
 

L'an 1659 et le 11 novembre, feste de Sainct Martin, après midy...au lieu de Hichac, et dans la maison de Robes, en Rivière Basse...constitué personnellement Guilhem Lacime, charpentier dudit lieu de Hichac et Jean Lasime de Peyrotet, aussy charpantier du lieu de Hagedet, lesquels de commun accord et d'une mesme unio, ensemblement l'un pour l'autre, et sans faire divizion ni discution de biens ny de causes, à quoy par exprès ont renoncé, ont prins à réparer et accomoder l'églize dudit lieu de Hichac en la forme suivante et touchant ce qui sera dict cy après; Laquelle réparation M. Guilhaume Dabat, prebstre et curé dudit lieu, assisté de Ramonet Bruzon de Robes, marguilier de ladite esglize, leur ont mis à faire, et pour cet effect présants... ladite réparation, scavoir ques lesdits maistres charpantiers faisant et seront teneus de faire et continuer la voutte en boisage, comme elle est commancée sur le dessus du grand et principal autel, et tout le long de ladite esglize jusques au fond, et y employer les tables quy y sont désja sur le plafons, et les clous et les poutres aussy, et tout autres boisage quy s'y trouvera de bon en la deffaisant; De plus, seront teneus faire le balustre en tornerie, en baillant le bois qu'il fauldra au lieu où leur sera marqué; De plus, seront teneus aussy de changer l'autel Sainte Catherine en aultre endroit, où il leur sera marqué, et le mettre en l'estat qu'il fauldra; le gros autel sera tondeu d'un demy pied; Et seront encore teneus d'accomoder et repare le font batismale; Leur sera fourny et pourté sur le lieu sable et chaux, en cas leur en sera nécessaire au dellà de celuy quy y est; Les poutres quy y seront employées et partaigées par le mitant pour faire le arciaux et appuye de ladite voutte; sy promettent lesdits maistres avoir parfaict et complye ladite besoigne, le veille du Noêl prochain, et pour lors, ladite besoigne sera vizittée par deus experts, le cas estant qu'elle se trouvast n'estre pas faicte comme il fault, et pour le recognoistre sy cellà est; Et pour raison de telle besoigne et travailh, ledit Sieur curé a promis et promet baillet auxdits Lasime la somme et 69 livres tournoises de vingt sous tournois chacune, payables de jour en jour en travailhant et à proportion qu'ils travailheront et advanceront ladite besoigne; Et à prendre et sortir ladite somme de 69 livres; pour un premier, des fruits prouvenant de la fabrique de ladite esglize, et que sont présentement entre les mains duditmargulier, lesquels il a promis d'eslivrer d'heure en heure pour, à cet effet entre rendeus; Et en cas ne seront bartants pour tel payement, sera prins argent de ceux quy sont débiteurs à ladite esglize, touchant ladite fabrique des années précédentes; Et pour ce dessus observer, complir et tenir, lesdits maistres charpantiers ont obligé et ypothequé leurs biens et personnes, comme faict ledit sieur ciré les biens de ladite esglize, que pour cete effect ont soubmis à toutes rigueurs de Justice, faict les renonciations et sèrements en tel cas requis; Présents: le sieur François Nouguès, Bernard Dabat dit Capeau et Samon Bruzon, premier fils de Ramonet de Robes, dudit lieu de Hichac habitants; Ledit sieur Nouguès, Bruzon signés avec ledit sieur curé, non les autres... Nouguès, Dabat curé. Sanson Bruzon; Rouzes n.r. Feuilles volantes.
 
 

2- 1661
 
 

Promesse pourtant obligation pour M. Mathieu Cazanave, peintre de Lescar, contre M. Guillaume Dabat, prebstre et curé de Hagedet et Hichac.
 
 

L'an 1661 et le 21 mars, après midy, au lieu de Villefranque, en Rivière Basse ... constitué en sa personne Monsieur Guillaume Dabat, prebstre et curé de Hagedet et Hichac, lequel de son bon gré a promis, et en vertu du présent acte promet à Monsieur Mathieu Cazanabe, peintre de Lescar en Béarn, à ce présent et ladite promesse stipulant et acceptant, c'est de luy faire payer aux consuls et habitants du lieu de Hichac, ses proochiens, la somme de 260 livres tournoises de vingt sous tournois chascun qu'ils sont redevables à l'endroit dudit Cazanabe, pour raison de trabail et besoigne qu'il leur a fait cy devant pour leur esglize de Hichac, et dans laquelle il est attaché, dont lorsqu'ils le receurent se sont du tout contantés au faict de ladite somme de 160 livres tournoises; De laquelle somme, i celuy sieur curé promet faire faire le payement à audits parrochiens audit Cazanabe ou à son certain mandemet, sçavoir la moytié pendant un an prochain, et l'autre moytié pendant l'an après, toutes fois avec l'inthérest à raison de l'ordonnance, à peyne de pâtir de tous despans que à deffault de payement s'en pourroit ensuivre; Et à deffault de faire faire ledit payement, aux termes susdits, de ladite somme de 160 livres, avec leurs inthérestsdepuis ce jour, i celluy curé a promis par exprès le faire en son propre et particulier, à quoy s'est stipulé; Et pour l'observation de tout ci dessus, ledit curé a obligé aux biens et causes qui le concerne que pour ce faire il a soumis a toutes rigueurs de justice, faict les renonciations et sèrements un tel cas requis; Présents: noble Charles de Beoust, seigneur dudit Villefranque et Maistre Pierre Tillac, docteur en médecine, habitant dudit Lascazères, signés avec les parties, et moy Sans Rouzès, notaire royal en foy de cidessus soubsigné... Dabat promettant. Villafranque présent. Cazanave absent. Tillac présent. Rouzès notaire royal, feuilles volantes.
 
 

3- 1661
 
 

Acte de réquisition pourtant protestation en cas de perte de deux pipes de vin pour monsieur Guillaume Dabat, prebstre et curé de hagedet, contre monsieur Mathieu Cazanave, peintre de Lescar en Béarn.
 
 

L'an 1661 et le 11 juillet, après midy, au lieu de Lascazères, dans mon logis... A comparu Monsieur Guillaume Dabat, prebstre et curé de Hagedet-Hichac... Lequel a dit et représenté qu'il aurait veudeu deux pipes de vin rouge à Monsieur Mathieu Cazanave, peintre de Lescar en Béarn, à raison de 45 livres chacune pipe, francq de foraine et mesure du Béarn, comme de ce attestela lettre dudit sieur Cazanabe adressante audit sieur comparant, en datte du dernier mars dernier; Et d'aultant que ledit sieur Cazanabe a négligé et néglige encore de rettirer ledit vin des mains dudit sieur recteur, quoy qu'il a longs jours qu'il debuoit l'avoir faict, et comme il avaict promis de le faire, lorsqu'il avoit gousté audit mois de mars, du goust du quel il s'estoit fort bien contanté, comme aussy du prix, arresté pour lors à ladite somme de 45 livres, comme dict est; Partant, ledit vin viendroict à se pourrir ny s'en aller des vaisseaus ou aultrement de dépérir d'une façon ny d'autre, proteste de le perte dudit vin contre ledit Cazanabe que de tous despans... En luy déclarant aussy qu'il luy faira payer l louage des vaisseaus et de la cave d'où le vin est; De quoy et de tout ec dessus, ledit sieur comparant a requis à moy notaire luy faire et rettenir le présent acte que luy ay faict et concédé pour estre inthimé et signiffié audit Cazanabe, sur les frontières dudit Béarn et présent pays par notaire ou sergent premier requis, affin qu'après ladite signification ne puisse préthandre cause d'ignorance, et aultrement pour luy ervir ainsin qu'il appartiendra; en présence de Jean Corrèges, forgeron, et Jean Dailha, laboureur, dudit Lascazères, non signés...
 
 

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