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Bibliographie * Documents (textes) * Documents (graphiques) |
Mon DEA a été soutenu en 1998, sous la direction de Benoît Cursente. Il a obtenu seulement la mention bien, car les perspectives envisagées dans cette petite étude étaient en-deçà du niveau des travaux alors en cours de publication (en particulier les travaux de mon directeur de recherches). Ce DEA permet néanmoins, avec toutes ses lacunes, de faire un point bibliographique. | |
VIII-ANNEXES
Les exemples qui suivent servent à illustrer notre problématique. En aucun cas il ne sont des réponses définitives aux questions posées dans chacun de ces cas. Il faut donc considérer ces analyses comme des illustrations de notre propos, qui resteront bien évidemment à réexaminer et approfondir dans le cadre de la thèse. Selon
les exemples nous avons privilégié des échelles ou
des types documentaires différents : dynamique à l’échelle
communale pour Andrest et Sanous, restitution à l’échelle
de la maison à Rabastens, restitution cartographique à l’époque
moderne pour Pujo.
ANDREST
Présentation
de la commune
Le
territoire communal d'Andrest, au sud du canton de Vic-Bigorre, comprend
actuellement un peu plus de 700 ha (fig.1). Le réseau de chemins
est orienté selon les points cardinaux et régulièrement
disposé (environ 350 à 700 mètres entre chaque voie,
qui signe une origine antique possible). La principale voie antique et
médiévale, la poutge, a été repérée
par prospection à l’est du territoire communal. Un cours d'eau artificiel,
l'agau, partage le territoire communal en deux, et passe à
l'ouest du village. A l'est du territoire communal, un autre cours d'eau
emprunte actuellement un couloir régulier qualifié de poutge,
qui correspond à la voie antique signalée.
La
toponymie donne plusieurs indices d'occupation: Andrest correspond à
la partie centrale du territoire. Un toponyme gallo-latin Trougnan
est repérable au sud de cette zone, un hagiotoponyme Saint Vincent
au nord, auquel est accolé un toponyme Crestias. Au nord-est
on trouve un quartier de Lamothe.
Sources
documentaires
L’occupation médiévale d'Andrest est bien connue par une série de chartes conservées dans le cartulaire des vicomtes de Lavedan, dit Livre vert de Bénac. Le corpus de chartes est très important, grâce à une copie collationnée en 1376. Les principaux documents sont: - l'échange d'Andrest et Trougnan en 1272 par le comte de Bigorre Esquivat - la construction d'un canal dit "agau" en 1281 - la charte de peuplement d'Andrest en 1303 - la charte de sauvegarde royale de 1330 - la charte de translation du village dans la barbacane du château en 1340 - la reconstruction des ponts de bois entre Andrest et Siarrouy en 1350 On trouve également une série de mise en fief de terres situées en marge de la seigneurie. Cet
ensemble est complété par les pouillés de 1342 et
1379, et par les censiers de 1313 et 1429. Une documentation complémentaire
est fournie par Guillaume MAURAN (1614) et les registres paroissiaux pré-révolutionnaires
des église Saint Barthélémy et Saint Vincent.
De
premières recherches ont donné lieu a une première
et modeste publication (Collectif, Andrest, histoire d'en savoir un
peu plus, Andrest 1996, 96 p.) sous notre direction, qui effectue un
premier bilan.
Etude
sommaire des sources documentaires
Les archives permettent de comprendre qu’il existait au XIIIe siècle deux seigneuries comtales voisines, Trougnan et Andrest. De Trougnan on ne sait rien de certain. Pour Andrest par contre on sait qu’il existe vers 1270 deux noyaux habités, l’église Saint Vincent (avec un hameau de cagots voisin) et une motte avec habitat lié, qualifiés de “ casted ancia ” en 1303. En
1272 le vicomte de Lavedan devient propriétaire de ces deux villages
suite à un prêt. Il fait creuser en 1281 un canal, l’agau
d’Andrest, puis fonde un village neuf en 1303, sur le territoire d’Andrest,
ainsi qu’un château (cité en 1330). En 1330 les habitants
demandent à passer sous la protection royale, et en 1340 (par mesure
de rétorsion ?) le vicomte tente de regrouper les habitants dans
la barbacane de son château. Dans la même période plusieurs
achats de terres sont réalisés, qui agrandissent la seigneurie
comtale et les terres utilisables par les poblans d’Andrest. Le
censier de 1429 montre un village propspère, majoritairement occupé
par des agriculteurs. En 1569 le village est brûlé par des
troupes protestantes, mais deux terriers (XVIe et XVIIe siècle,
inédits) prouvent que l’habitat ne se déplace pas et est
reconstruit sur place, pour celui qui a été détruit
: sur les places médiévales et autour de l’église
Saint Vincent.
Sources
monumentales et archéologiques
L'habitat moderne est groupé régulièrement dans un carré au coeur du territoire (ensemble de fermes datables du XVIIe au XIXe siècle), dans un réseau régulier de rues perpendiculaires, enserré par un ruisseau qui est l'indice possible d'un fossé comblé (fig.2). L'église se trouve au coeur de ce dispositif, datable du XVIIIe siècle, mais son énorme-clocher-tour conserve en mur-pignon un clocher-mur à trois arcades campanaires datable du XIVe siècle (fig.3). Immédiatement au sud de cet ensemble d'habitats groupés réguliers subsistent les substructions d'une plate-forme castrale bâtie avec tour-porte d'accès et murailles en briques et galets (fig.4). Au
nord-est du village, les vestiges d'une motte de terre avec plate-forme
finissent de s'écrouler dans le canal voisin, une branche de l’agau.
Les prospections au sol ont permis de compléter cet ensemble de données "visibles". Une série de sites antiques de petite taille ont été repérés au bord de la voie dite poutge, à l'est du territoire communal. De même des habitats antiques de petite taille ont été découverts à proximité immédiate des anciens sites castraux, et dans le quartier dit de Trougnan. Une villa avec sol en béton de tuileau est enfin reconnue au nord du village moderne, sous un ensemble de fermes dites de Saint Vincent. Un site d'église médiévale avec inhumations et habitat annexe a été identifié sur cette villa, dont le cimetière est resté en fonction jusqu'au XVIIIe siècle. Deux autres sites importants d'habitat médiéval (XIIIe-XVe siècle) ont été reconnus: un au quartier dit de Trougnan, l'autre immédiatement à l'est de la motte. Enfin
des céramiques retrouvées sur le site de la grande plateforme
indiquent une occupation aux XIVe-XVIe siècle, ainsi que de rares
traces d'habitat ( ?) au sud de l'accès primitif du château
(fig.2).
Essai
d'analyse
La
synthèse de cet ensemble documentaire complet et complexe (que nous
avons volontairement simplifié, car il ne s'agit que d'un exemple)
permet actuellement d'aboutir aux constatations suivantes:
-
quatre noyaux d'habitat au moins existaient sur le territoire d'Andrest
au bas-moyen-âge: Andrest, Trougnan, Saint Vincent et le casted
ancia, assimilable à la plateforme de la motte dite Lamothe,
et son barri.
- archéologiquement les trois noyaux les plus anciens sont Trougnan, Saint Vincent et le casted ancia: - Trougnan a livré de la céramique médiévale blanche et rouge ainsi que de la céramique antique. Il s'agit d'une paroisse (en 1342) implantée sur un site antique (cf toponyme et céramiques...). Ce noyau villageois, dont la forme n'est pas connue, est déserté presque totalement au XIVe siècle. Les textes indiquent deux sources probables de cette désertion: la création du village neuf d'Andrest, et la peste de 1348. cependant un écart subsiste dans cette zone, dont le dernier avatar semble être la métairie du château à Trougnan signalée en 1614. - Saint Vincent est une église installée sur une villa antique (les inhumations en percent le dallage). L'origine de cette église n'est pas connue, mais il n'est pas exclu qu'une continuité d'habitat existe entre la villa et le site médiéval, bien que l’archéologie n’ait encore rien livré. Un habitat médiéval (céramiques blanche, grise et rouge) a été repéré sur l'ancien cimetière, ce qui laisse supposer l'existence d'un enclos ecclésial habité antérieur à 1303. L'église et son cimetière subsistent jusqu'au XVIIIe siècle. Un habitat annexe, dit des Crestias, atteste une cagoterie peu éloignée. Cette dernière zone n'a pas été prospectée, car elle a été transformée en lotissement depuis une dizaine d'années. -
La motte et sa plateforme peuvent être facilement identifiés
au "casted ancia" cité dans les chartes médiévales.
L'habitat lié se trouvait groupé à l'est de ce site,
comme le prouve la prospection, c’est à dire à l’opposé
de la minuscule plateforme castrale. Cependant la céramique indique
ici la survie au moins partielle d'un habitat jusqu'à la fin du
moyen âge, donc que le village neuf de 1303 ne l’a pas dépeuplé
complètement.
-
La charte de 1303 indique avec précision la formation du village
actuel d'Andrest, sous la forme d'un lotissement régulier de parcelles,
avec une église et une petite place au centre, qui rappellent beaucoup
le mode de fondation des bastides. Benoît Cursente voit dans ces
grandes parcelles bâties des casaux, forme originale mêlant
habitat groupé et fonctions d’un habitat en principe dispersé
(jardin, enclos). Cependant un château est bâti immédiatement
au sud (la plateforme castrale), pour loger le vicomte et servir de forteresse.
En 1340 le seigneur tente d'ailleurs de supprimer le village et de le transférer
sous son contrôle direct, à l'entrée sud du château,
dans la barbacane. Le très faible nombre de céramiques retrouvées
là et l'état actuel du site indiquent l'échec de cette
translation et la forte résistance passive des andrestois.
En l'état actuel de nos connaissances, l'hypothèse suivante peut donc être établie: Les noyaux villageois au XIIIe siècle sont Trougnan et Saint Vincent, qui possèdent des églises et sont probablement tous les deux des paroisses. A l'ouest de Saint Vincent s'est greffée une petite motte avec son habitat subordonné, peut-être à lier à la propriété comtale de la seigneurie avant 1272. A l'est existe un hameau de cagots, non documenté. L’habitat dispersé, s’il existe, n’est pas actuellement repéré. En
1272, le vicomte de Lavedan hérite de ces deux seigneuries; il entreprend
de gros travaux d'aménagement (canal, achat de terres) et crée
un village neuf et un château entre ces trois noyaux habités.
Ces derniers se vident progressivement de leur substance, et au XVe siècle
voire à la fin du XIVe siècle sont en partie désertés,
en particulier Trougnan. Le Casted ancia et Saint Vincent subsistent, le
premier jusqu'au XVe siècle (si les datations céramiques
sont exactes), le deuxième comme église secondaire et cimetière
paroissial. Saint Vincent ne conserve cependant pas son habitat au-delà
du XVe siècle semble-t-il, le site n'ayant pas livré de céramique
moderne. L'église et le cimetière sont détruits vers
1750, pour creuser la route ordonnée par l'inendant d'Etigny.
De nombreuses questions restent en suspens pour cette commune, même si la trame générale de l'évolution est apparemment bien fixée; en particulier nous ne savons pratiquement rien des habitats avant la deuxième moitié du XIIIe siècle, et en particulier si la continuité est réelle avec les villae du bas-empire. L’étude fine du parcellaire sera nécessaire ici, au moins pour la voirie. Par ailleurs des prospections ont livré des indices d’habitats isolés (quartier de Lamothe, Trougnan) modernes qui restent à identifier précisément, à dater et à mettre en relation avec l’habitat groupé, qui est lui assez bien documenté. Enfin
une étude détaillée de la documentation moderne (
en cours de dépouillement par un chercheur local, Francis Guinle)
permettra de préciser la dispersion partielle des fermes après
le XVIe siècle.
PUJO
Présentation
de la commune
Pujo est une commune de taille moyenne pour la Bigorre : 528 hectares (fig.5). L’habitat se regroupe en ordre lâche vers le nord du territoire communal, autour du “ puio ”, motte arasée qui a donné son nom au village. Le réseau de chemins, ainsi que le parcellaire, sont réguliers, vestige possible d’une cadastration antique. Un unique cours d’eau artificiel, l’agau d’Andrest, creusé en 1281, vient irriguer les terres et un moulin à l’ouest de la motte. La
toponymie indique l’existence d’habitats disparus dans le quartier d’Hugues,
d’une voie antique (la Poutge), ainsi qu’un possible toponyme antique à
l’ouest du village (le Seindeix). Un quartier Saint Nicolas semble se rapporter
à la dédicace de l’église paroissiale.
Sources
documentaires
Les
sources sont assez nombreuses mais peu loquaces et d’analyse délicate
pour ce village. Pujo est cité à partir du censier de 1300,
on le retrouve dans l’enquête de Saint Lézer de 1402, le censier
de 1429, et divers procès au XVIe et XVIIe siècle entre les
habitants et le prieur de Saint Lézer. Un texte de 1227 conservé
par Larcher nous apprend l’existence d’Hugues comme seigneurie indépendante.
Le corpus de textes pour cette seigneurie d’Hugues, à part une mention
comme confront en 1429, se résume aux pièces du dossier de
nobilité des sires d’Hugues fournies pour leur entrée aux
Etats de Bigorre au XVIe siècle (dans le Dictionnaire de
Larcher).
Etude
sommaire des sources documentaires
La seigneurie et village de Pujo sont la propriété du prieuré clunisien de Saint Lézer avant 1300, sans doute par donation comtale, et le restent jusqu’au XVIIe siècle au moins. En 1783 le seigneur est cependant “ Monsieur de Lavedan, juge mage de Tarbes ” (Enquête des paroisses). Le village compte 31 feux en 1429, nombre stable encore au XVIe siècle (divers procès nous donnent le même ordre de grandeur en population). Pour Hugues, nous savons que la seigneurie fut créée par donation comtale en 1227 à un Arnaud de Lannemajou, un important officier comtal. A la fin du XVe siècle une famille noble à pris le nom de la seigneurie, d’Hugues, et réside dans un petit château construit au nord de ces terres. Elle réclame et obtient l’entrée aux Etats de Bigorre, suite à la présentation de ses titres, dont au moins un est un faux grossier. Le
document le plus remmarquable concernant ces deux seigneuries est un plan
du XVIIe siècle réalisé à l’occasion d’un procès
(fig.6). Ce plan révèle la dispersion de l’habitat dans Pujo,
et sa quasi-disparition dans Hugues, sauf le petit château avec donjon
et quelques maisons agglutinées au bord d’un chemin.
Sources
monumentales et archéologiques
L’archéologie montre la présence d’une motte avec basse-cour, le “ pujo ”, au cœur du village actuel. Il s’agit d’une vaste zone circulaire fossoyée, occupée à l’angle sud-ouest par une plateforme castrale (récemment mise à mal par une construction). L’église Saint Nicolas lui est accolée à l’est, hors les fossés , église d’aspect récent, mais le cadastre napoléonien et un examen attentif montrent qu’il ne s’agit que d’un habillage d’un édifice plus ancien (gothique ?). Un moulin est accolé au fossé côté ouest. On
peut noter enfin la présence d’au moins un bâtiment datable
du XVIIe siècle, la maison dite “ de Ganos ”, mentionnée
sur le plan du XVIIe siècle. Ce bâtiment conserve sur sa tour
ouest une fenêtre à meneau horizontal chanfreiné en
pierre de Lourdes, et en clé de portail ouest un cul-de-lampe sculpté
de motifs floraux, de la même période.
Fig.4
bis : La maison de Ganos
Essai
d'analyse
La documentation médiévale pose les habituels problèmes de localisation de l’habitat paysan à partir du XIIIe siècle –aucun indice ne nous est donné pour les périodes antérieures. Si on suit l’hypothèse de Benoît Cursente, cet habitat pourrait avoir eu au bas moyen-âge le même aspect de casaux dispersés sur le territoire communal. Il ne reste pas moins que l’existence au XIIIe siècle de deux forteresses, l’une comtale, l’autre d’un proche du comte, a certainement constitué une force d’attraction de l’habitat (au moins en partie dans la basse-cour du Pujo ?). L’élément le plus intéressant reste bien évidemment le plan du XVIIe siècle. Le dessin des chemins permet de déterminer que c’est la voie antique de la Poutge qui servait de limite entre les deux seigneuries, probablement dès l’origine, ce qui montre la persistance d’une partie du cadre antique encore au XIIIe siècle. Un plan interprété (fig.7) montre une dispersion de l’habitat proche de celle qui existe encore aujourd’hui. Une première enquête sur le terrain semble d’ailleurs indiquer que les habitats dessinés, hors reconstructions partielles, n’ont pas bougé de place jusqu’à nos jours. Une autre question se pose par contre pour le maintien de cet habitat fermier dispersé sur ses terres depuis le moyen-âge. On ne peut exclure une “ explosion ” de l’habitat consécutif aux Guerres de Religion, mais ici seul un examen attentif des sources et une prospection systématique permettront d’en dire plus. Une
autre question qui se pose est celle de l’absence d’habitats dans le sud
du territoire communal. Les terres sont à priori fertiles. Le toponyme
Saint Nicolas pourrait indiquer l’existence de terres réservées
à l’entretien de l’église, mais cela n’est valable que pour
une partie des terres. Une prospection de quelques hectares de terres au
sud du quartier de la Palette a livré de rares tessons modernes
(XVIIIe-XIXe siècle pour la plupart, apportés probablement
avec le fumier)et aucune céramique médiévale. On peut
formuler l’hypothèse de la présence de bois, ou bien de terres
de pacages non labourées au moyen-âge. Il est vrai que l’on
se trouve ici en marge de la seigneurie d’Andrest, dont les limites sont
encore mal fix ées au XIVe siècle (achat de terres par la
communauté dans cette zone, voir le LVB). Ces terres auraient pu
constituer un “ no house land ” entre les deux seigneuries, destinées
à l’usage commun. Mais cela reste encore à confirmer par
une prospection systématique.
RABASTENS
Présentation
de la commune
La bastide de Rabastens de Bigorre est une commune de taille moyenne (850 ha) située en marge nord-est de l’ancien comté. Elle comprend une partie de plaine, et à l’est un coteau orienté nord-sud (environ 200 ha). Plusieurs cours d’eau de petite taille irriguent la plaine : l’Esteous, et le canal artificiel de l’Alaric qui se subdivise en plusieurs canaux d’irrigation et fossés. La
voirie et le parcellaire sont extrêmement réguliers, sous
la forme d’un carroyage de chemins, sauf sur les marges communales et trois
routes creusées au XVIIIe siècle qui suivent une orientation
indépendante (fig.8).
Sources
documentaires
Les sources sont assez pauvres pour cette bastide : chartes de fondation et de coutumes, quelques actes royaux, et le censier de 1429 pour le moyen-âge. A partir du XVIe siècle on dispose de plusieurs récits et descriptions pour les Guerres de Religion (Commentaires de Blaise de Montluc, Mémoires de Jean de cornac d’Antras, enquête de 1575), et au XVIIe siècle d’archives locales (fonds consulaire, fonds du couvent des pères Carmes, et deux plans de 1750). La
toponymie est assez pauvre, sauf dans la bastide, où elle permet
l’identificationdes quartiers médiévaux et des fortifications
(Rue du portail-dessus etc).
Interprétation
sommaire des sources documentaires
La
bastide fondée en 1306 semble avoir été prospère
très tôt : en 1429 on compte plus de 300 feux, deux hôpitaux,
un couvent, un château royal et un grand ensemble fortifié.
La bastide a étendu sa juridiction sur plusieurs villages voisins.
Cette prospérité, basée notamment sur un emplacement
propice au commerce, se tarit brusquement en 1569 avec la destruction de
la ville, brûlée par les troupes de Blaise de Montluc. La
reconstruction est lente, d’autant que la population reste très
faible numériquement jusqu’au milieu du XVIIe siècle.
Sources
monumentales et archéologiques
Le noyau médiéval est facilement repérable grâce au fossé en eau en ovale qui l’entoure encore. Ce noyau conserve le parcellaire médiéval laniéré particulier à certaines bastides, ainsi que la place centrale. En élévation il subsiste l’église Saint Louis (vers 1306-1319, remaniée au XVIIe siècle), une partie du couvent des Carmes (avant 1402) et de la muraille en briques (XIVe siècle). Du château il ne reste qu’une médiocre élévation, et rien de l’habitat primitif, sauf quelques murs du XVIIe siècle. Aucune
prospection systématique des champs n’a été effectuée
dans cette commune. De fait nous ne connaissons pas d’habitats anciens
hors la bastide, sauf l’emplacement d’un moulin ( ?) non daté près
de Mingot, au sud du territoire.
Essai
d'analyse
L’histoire générale de la bastide est facile à étudier : phase de prospérité, avec coupure violente en 1569, et reconstruction qui a favorisé la conservation de la trame médiévale. Cependant de nombreux problèmes se posent pour le territoire communal ; le censier de 1429 indique un nombre important de places peut-être bâties hors des murailles, qui n’ont pas été identifiées avec précision, ainsi que des bordes non localisées. En particulier la présence voisine d’une petite seigneurie, Teulé, au nord de la bastide, a pu favoriser une dispersion d’habitats dans cette zone dès le XIVe siècle. Une prospection reste à effectuer pour apprécier la part de ces habitats non regroupés dans la bastide mais en dépendant, ainsi que leur évolution. Par ailleurs, une étude très attentive des maçonneries dans la bastide permet de suivre dans le détail les différentes phases de construction et d’aménagement ; nous donnons ici l’exemple d’une partie du couvent des Carmes, datable probablement du XIVe siècle, remanié au XVIIe siècle après avoir brûlé en 1569, réaménagé au XVIIIe siècle par les pères Carmes et transformé en ferme après 1793 (fig.9). Les maisons de ce type sont assez nombreuses à Rabastens, et les maçonneries d’un examen assez aisé. On peut estimer à environ 10% le nombre de maisons anciennes qui pourraient faire l’objet d’une étude de ce type dans la bastide, avec relevé éventuel et essai de datation des structures, sans appel à la fouille. SANOUS
Présentation
de la commune
Sanous est une minuscule commune de 163 hectares située en marge ouest du département et de l’ancien comté de Bigorre, quasi-enclave dans la vallée béarnaise du Montanérès (fig.10). Le territoire communal est composé d’un petit morceau de vallée cultivable, grossièrement orientée nord-est / sud-ouest, encadré de deux coteaux boisés. Un cours d’eau, le Lis, sert de limite communale est. Une dérivation irrigue le cœur de cette vallée et servait à l’alimentation d’au moins un moulin au XVIIIe siècle. Les rares habitats actuels sont dispersés le long des deux uniques chemins, qui suivent la vallée : la moderne D62, qui court au pied du coteau nord, mais qui doit avoir une origine plus ancienne (il dessert l’église de Doat, du XVe siècle), et le chemin du Buala, qui suit un replat intermédiaire de la même colline. La
toponymie est peu parlante. Outre l’origine prélatine probable du
nom de village, les devèzes indiquent des terres humides
au bord des cours d’eau, des landes, et un hameau (buala)
disparu au sommet du coteau nord. Le chemin qui passe sur ce coteau conserve
ce nom de chemin du buala, mais au nord de la commune prend le nom
de
chemin de mongoy (de la monjoie ?).
Sources
documentaires
Hors de notre maîtrise, il n’existe aucune bibliographie sur cette commune. Les
sources documentaires sont très limitées : deux mentions
dans une visite du prieuré de Saint Lézer en 1402 (Larcher,
Glanages
t.IV), le pouillé de 1342, le censier de 1429, un article inédit
du fonds Vergès aux ADG qui précise la généalogie
des seigneurs du lieu à partir des années 1440 (ADG B5),
et la monographie de l’instituteur en 1887 (ADHP série T).
Etude
sommaire des sources documentaires
La documentation est très pauvre. La toponymie indique que le lieu est anciennement habité (D’après Dauzat et Rostaing Sanous dériverait d’un anthroponyme prélatin Senossum). La titulature de l’église médiévale à Saint Martin va dans le même sens d’une communauté installée là -dès le haut moyen-âge ?- sans preuve archéologique cependant. Le village était paroisse en 1342 et comptait 10 feux en 1429, soit une très petite comunauté. En 1402 les moines de Saint Lézer y étaient reçus annuellement pour un repas par le seigneur, et y possédaient des vignes. Les
seigneurs locaux, les sires de Senos (ou Sanous), ne sont un peu
connus qu’au XVe siècle , mais doivent avoir une origine bien plus
ancienne. Ils disparaissent entre 1429 et 1444, date à laquelle
on retrouve la seigneurie entre les mains d’une branche des barons de Bazillac.
Généalogie
partielle des seigneurs de Sanous :
Les sires de Sanous : 1402 Lo senhor de Senos 1429
Lo senhor de Senos
Les sires de Bazillac : 1444 Jean de Bazillac 1473 Assibat de Bazillac 1477 et 1500 Jean de Bazillac 1511
Pierre de Bazillac etc
On
a donc le cas d’une seigneurie minuscule, dont rien dans la documentation
ne permet de déterminer la forme et l’évolution. Seul le
passage à la famille de Bazillac au XVe siècle pourrait donner
un indice chronologique.
Sources
monumentales et archéologiques
L’archéologie permet de préciser quelques points. L’église actuelle de Sanous, datable du XIXe siècle, se trouve en limite de la route moderne D62. L’église précédente a été repérée par prospection et grâce au cadastre napoléonien en haut du coteau, au bord du chemin du Buala, près d’une source. Deux murs en galets maçonnés sont encore visibles, ainsi que des tuiles et carreaux de céramique. Nous n’avons pas cependant retrouvé de céramique médiévale, bien que la tradition place là l’église primitive (monographie communale de 1887), qui est dite “ du château ”. Nous n’avons retrouvé aucune trace de ce château, ni motte ni zone fossoyée ; cela laisse la porte ouverte à deux hypothèses : Soit
le château était un petit bâtiment de type maison forte
et n’a laissé aucune trace. Ou bien nous ne l’avons pas retrouvé…
Soit
le château est l’enceinte voisine du Barry (commune de Casteide-Doat),
ce qui pose le problème du lien en les deux seigneuries, lien non
attesté par ailleurs.
Le
coteau lui même a livré des traces de granges et de fermes
modernes (XVIIe-XVIIIe siècle en l’état actuel de nos trouvailles),
la plupart liées au chemin du Buala qu’elles bordent. Nous avons
également repéré des traces importantes d’aménagement
du sol, fossés de drainage et champs aplanis, dans un rayon de 50
mètres autour du chemin du Buala, qui prouvent qu’à une date
indéterminée la moitié inférieure de ce coteau
était cultivée.
Complètement
au sud du territoire communal, un chemin orienté est-ouest et passant
sur un gué a attiré notre attention en 1995. Nous avons trouvé
immédiatement au nord un départ de canal d’amenée
maçonné, ainsi que des briques, tuiles et un morceau d’anse
en ruban guillochée (ca XVe siècle ?). Le problème
d’interprétation se pose ici : s’agit-il d’une borde, d’un moulin
? Des prospections complémentaires seront nécessaires pour
le préciser (fig.11).
Essai
d'analyse
Sanous est le parfait exemple des petites communes bigourdanes, très nombreuses et très mal documentées, tant par l’archéologie que par les textes. Les limites communales, qui correspondent au nord et à l’est à des ruisseaux, pourraient être fort anciennes, d’autant que la superficie, 163 ha, est minuscule et peut très bien correspondre à celle du moyen-âge. Les seigneurs sont très mal connus, et seulement pour des périodes tardives. Pour les habitants la documentation est presque nulle, on sait seulement que la population est très limitée depuis la fin du moyen-âge. Nous n’avons notamment retrouvé aucune trace d’un habitat castral, à part l’église disparue dite “ du château ”. Nous ne pouvons être actuellement certains que de deux points : l’habitat
antérieur au XVIIIe siècle s’accrochait sur le coteau nord,
y compris l’église et certains champs, et devait être assez
limité. Le cadastre napoléonien montre la “ descente ” progressive
de l’habitat depuis le coteau jusqu’à son pied, au bord de la route
(re-)construite au milieu du XVIIIe siècle, descente sanctionnée
par la reconstruction de l’église paroissiale au début du
XIXe siècle.
On
peut fort logiquement envisager que l’habitat médiéval était
groupé autour de l’ancienne église paroissiale qui a peut
être une origine médiévale. Cependant la prairie et
les bois qui recouvre cette zone ne permettent aucune prospection au sol.
Seul une prospection aérienne dans des conditions hygrométriques
exceptionnelles permettrait peut-être d’en savoir plus en faisant
apparaître des habitats fossiles. Il n’en reste pas moins que nous
avons retrouvé complètement en marge de la commune actuelle
un habitat isolé, peut-être un moulin, près de ce qui
semble avoir été un chemin important, près d’un gué
(l’étude reste à faire, mais ce chemin forestier semble rejoindre
Saint Lézer). Il est donc probable que l’habitat médiéval
devait dépasser le simple cadre du coteau, comme semble l’indiquer
cet écart. Les dix feux mentionnés en 1429 étaient-ils
éclatés sur le territoire communal, au milieu des terres
cultivées ?
De
nombreuses questions restent ainsi posées : l’habitat du bas moyen-âge
était-il groupé au sommet du coteau du Buala comme celui
du XVIIIe siècle ? Quid de l’habitat antérieur ? Où
logeaient les seigneurs ? Le toponyme Buala a-t-il un lien avec la puissante
motte voisine du Barry, identifiée comme l’habitat médiéval
fortifié du village voisin de Doat ?
L’aménagement du sol pose plusieurs problèmes intéressants. Si dix propriétés étaient en activité en 1429, quelle était leur taille ? Les 163 hectares de la commune ne permettent pas d’envisager de grosses exploitations (une dizaine d’hectares au maximum, compte-tenu de la présence de bois et de barthes, dont une partie communale ?) De quand date la mise en valeur de ces terres inondables ? Nous n’avons pas encore dépouillé le cartulaire de Larreule, qui était possessionné dans cette zone, et qui permettra peut-être d’en savoir plus pour la période XIe-XIIIe s., actuellement non documentée. La prospection s’avère également problématique : environ 40% de la commune seulement sera prospectable dans l’idéal (champs cultivés), et il est peu vraisemblable que là soient concentrés la dizaine de feux recensés en 1429. La part d’hypothèse risque de rester grande dans tous les cas, même si nous pourrons peut-être préciser la part des zones cultivées alors. |
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