Montégut-Arros



Bibliographie * Documents (textes) * Documents (graphiques)
Monographie de Montégut-Arros (Gers)

8-5-La vie religieuse
 

8-5-1-Le prêtre

 On ne possède pas de mention d'un prêtre avant le 17e siècle. Auparavant, il est probable que le prêtre desservait, outre l'église paroissiale, l'église de la Carce et peut-être la chapelle du Lurus, si elle existait encore.
 Les revenus du prêtre devaient être modestes. Une terre voisine de l'église Notre-Dame-de-la-Carce et un lieu-dit las capellanias (les chapellenies) en 1755 indiquent la présence de terre dont le revenu devait être affecté au prêtre et à l'entretien des bâtiments.
 Au 19e siècle le prêtre recevait également annuellement du grain (une ou deux mesures) de tous les habitants solvables de la commune. On conserve la liste des donateurs pour l'année 1816. Le curé pouvait à l'occasion prêter une partie de ce blé à des nécessiteux. En témoignent diverses mentions: « J'ai prêté à Denis Larrieu le 20 mai 1822 demi sac de bled que j'ai tiré de la chambre du couchant et qu'il a promis de me rendre à la recette prochaine ».
 D'autres ressources d'appoint pouvaient aider le prêtre: à Carême, les habitants donnaient au moins trois sols chacun (en 1818), mais cet argent était peut-être destiné à l'archiprêtre de Laguian. Une main malicieuse a en effet rajouté à la fin de la liste des donateurs: « Mr le curé de Laguian a beaucoup de dévotion pour la bonne chère amen »!

 La dîme ecclésiastique était sans doute initialement prélevée au profit du prêtre et pour son entretien, du moins le quart qui revenait au desservant, la portion congrue. Avant le milieu du 16e siècle la dîme fut donnée avec les carnalages1 aux moines de Saint-Sever, qui le conservèrent jusqu'à la Révolution.

 De ce fait, la communauté fut obligée de payer le prêtre pour que le service divin soit assuré, ce qui ne se fit pas sans mal. C'est ainsi qu'en 1681 le curé Dominique Pradère réclama 150 livres d'arriérés  sur ses émoluments.
 Cette forme de salariat des prêtres par la communauté dura jusqu'en 1905. Un budget de 300 francs était voté à cet effet dans les années 1860-1870, complété par une imposition extraordinaire.
 Le problème de la rétribution du prêtre de la commune s'est posé par exemple en 1838. La commune accepta de prendre en charge le casuel par une imposition extraordinaire, et le prêtre s'engagea à assurer son service moyennant ce « salaire » annuel:

« Mr le desservant sous-signé s'oblige tant en son nom qu'en celui de ses successeurs dans la paroisse, après en avoir obtenu l'autorisation de ses supérieurs, moyennant la somme de trois cents francs que le conseil municipal s'impose extraordinairement, à continuer le double service et à faire abandon de tous droits casuels. Par casuel il entend les enterrements, les mariages, bapthesmes, cérémonie des relevailles et publications de mariage. Aux enterrements des grandes personnes, la cire appartiendra aux perdants selon l'usage, à l'exception de deux cierges qui resteront au bénéfice de l'église. Les cierges de 1ère communion, de mariage et de baptême appartiendront à Mr le desservant et les messes soit d'enterrement soit d'anniversaires, de mariage etc lui seront payées selon la coutume qui est conforme au tarif du diocèse.
Montégut le 9 mai 1838
D. Gailhard p[rêtre] d[esservant] »

 En 1840, le prêtre Joseph Esparros rapporte que son traitement annuel est de 800 francs. Il explique également que jusqu'alors le casuel est payé en nature, chaque propriétaire versant une mesure de blé par paire de boeufs possédé, et une mesure de vin. Mais comme plusieurs propriétaires ne donnent rien et que la « récolte » de ces produits cause de grands tracas, il demande à être payé en argent (ce qui semble indiquer que l'accord de 1838, ci-dessus, ne fut pas appliqué immédiatement).

 Le prêtre était logé au 18e siècle dans un presbytère près de l'Arros. Délabré dans les années 1760-1770, les travaux donnèrent lieu à un conflit entre les consuls et le prêtre, qui refusait de payer une partie des travaux. Ce presbytère fut vendu vers 1791 comme bien national. Le prêtre fut mis en loyer jusque dans les années 1840, date de l'achat d'un nouveau presbytère par la commune, mais le prêtre dut partager sa nouvelle demeure avec l'instituteur, ce qui entraîna un nouveau conflit.
 C'est dans les années 1930 que l'abbé Sabathié quitta ce presbytère communal pour Villecomtal: la diminution du nombre de prêtres entraînait alors le premier regroupement de paroisses (Haget, Montégut et Miélan, puis Betplan. Aujourd'hui près de trente paroisses de la région de Miélan).

Les prêtres de Montégut (d'après mentions documentaires retrouvées):

1681: Dominique Pradère
av.1737-1744: Gardey
1744: Bergez
1744-ap.1753: Dupont
av.1763-1767: Duprat
1768: Lagarde
1768: Bernède
1768-1784: Latapie; Cazères adjoint en 1769
1784: Magenties
1785-ap.1789: Gratiane
av.1831: Hippolyte Mare (décédé le 4 décembre) 
1838: D. Gailhard
1840:  Joseph Esparros
1846-ap. 1853: Joseph Duffard
1875:  Lacomme 
1886-1914: Fauries 
1936: Joseph Sabathié
Aribaud
Sulliman
Bonnet
2000: Bagnéris

8-5-2-Les assistants du prêtre

 Au 18e siècle, les registre paroissiaux révèlent ponctuellement la présence d'un adjoint (un vicaire) qui assistait le prêtre dans sa charge. Un domestique est également mentionné en 1818.

 Un sonneur de cloche était nommé annuellement, à la fin du 19e siècle. Il était chargé de sonner les cloches, de balayer l'église, de creuser les fosses et d'entretenir le cimetière.
Il recevait pour ses services de chaque chef de famille cinq litres de blé et cinq litres d'orge ou cinquante centimes. En 1872 l'ajudicataire fut Grégoire Mailhes.

«  Arrêté du conseil municipal de la commune de Montégut-Arros , relatif aux clauses et conditions imposées au sieur Mailles Grégoire carillonneur et fossoyeur dudit lieu, pris le 18 février 1872. Etaient présents à la séance M.M. Bergez Léon, Bergez Dominique, Lucantis Jean, Sorbet Benoît, Pujos Jean-Marie, Castay Arnaud, Journé Piere et Duffard Lucien maire.

Art.1er: Le sieur Mailles Grégoire Thomas , sera tenu de déboucher chaque fois qu'il sera utile pendant tout le temps qu'il gardera les fonctions qu'il occupe, les tuyaux qui servent d'aqueduc pour  l'écoulement des eaux et d'approfondir le fossé du nord de la cote de l'église partant du chemin  du Lurus, près la croix de la commune jusqu'au pont traversant le ruisseau de Lamerilles s'il y a lieu. S'il survenait des éboulements, il ne sera pas tenu au déblaiement.

Art.2: Il sera également tenu des soins du cimetière où reposent les dépouilles mortelles des personnes décédées dans la commune de toutes les maisons anciennes et en partie des nouvelles, de clôturer les issues ou les animaux pourraient y entrer de toute espèce devant fouler les cendres des morts que le monde civilisé respecte, même les barbares; il sera appliquée une amende à tout chef de maison, que le conseil municipal déterminera contre tout délinquant qui sera surpris ayant des animaux dans ce lieu.

Art.3: Le fossoyeur sera également tenu des soins des fosses chaque fois qu'il y aura des excavations par suite suite du resserrement des terres, les aplanir, et de faucher l'herbe deux ou trois fois par an au moins, et d'émonder les haies à temps et bien.

Art.4: Le conseil municipal a décidé pour rédemer [rémunérer] le dit Mailles lui fixer les prestations en nature pour le soin qu'il devra prendre des tuyaux qui se trouvent dans la dite cote, sur toute sa longueur, bien compris ses prestations, il lui concède en outre tout le résidu provenant des haies de cloture du cimetière, en le tenant toujours hermétiquement fermé.

 À Montégut le 18 février 1872.
[Signatures du fossoyeur et du conseil municipal] »
 

 En 1884 l'adjudicataire pour 1883-1884, le même Mailhes, refusa de payer les 110 francs qu'il avait promis de donner à la commission de secours sous le prétexte qu'un membre du conseil municipal l'avait forcé à enchérir. Ce prétexte fallacieux (d'autant plus que l'adjudication était verbale et n'avait pas été recopiée sur les registres communaux ou de la fabrique) suffit pour décourager temporairement les membres du conseil municipal, qui ne purent le forcer au paiement (P.V. Du 13 juillet 1884). Le juge de paix de Miélan, dépêché, ne put raisonner le sonneur, même en proposant un arrangement à l'amiable, et le paiement de seulement la moitié de la somme promise. Il fut finalement poursuivi en justice. Le 14 septembre 1884 François Bertin fut nommé à ce poste, après enchères à la bougie, en remplacement du sonneur indélicat.

 En 1893, un crédit de 60 francs existait également pour un chantre de l'église, somme versée par la commune. L'instituteur occupait en général cet office: il entraînait les enfants qui formaient une sorte de chorale communale dans les années 1830-1840.
 

8-5-3-La fabrique paroissiale

 La fabrique était une sorte d'association chargée de la gestion courante et de l'entretien de l'église paroissiale. Elle s'occupait de l'achat du mobilier, de l'entretien (du luminaire, des chaises...) et des réparations. Elle était dirigée par le curé de la paroisse, qui surveillait notamment les comptes, dont les doubles étaient envoyés à l'évêché au 19e siècle2.
Elle existait avant le 17e siècle, comme le révèlent les fragments de comptes conservés pour cette période. Disparue temporairement dans la tourmente révolutionnaire, la fabrique fut rétablie en 1835 (selon l'abbé Esparros en 1840).

 Son rôle fut important dans les années 1830-1870, lorsque furent entrepris les travaux de restauration du bâtiment. Un extrait de registre de fabrique daté de 1853 indique l'urgence des travaux à effectuer alors:
 
«  Paroisse de Montégut-Arros / Gers
Extrait de délibération du conseil de fabrique

L'an mil huit cent cinquante trois et le huitième jour du mois de mai, le conseil de fabrique de l'église de Montégut-Arros, s'est réuni extraordinairement à la sacristie sous la présidence de Monsieur Forgues, légionnaire. Cette séance a été autorisée par Monseigneur l'archevêque lors de sa visite pastorale à Montégut, sur la demande de Mr le desservant.

 Etaient présents M.M. Forgues président, Mailles Jean Marie secrétaire, Léro Louis trésorier, Mailles Jean maire, Dours, Fargue Guillaume et Duffard, desservant.

 Depuis longtemps la nécessité de certaines grosses réparations à l'église, telles que carrelage, vitrage et renouvellement du lambris se faisant sentir et avait été comprise par la fabrique. Force avait toujours été d'ajourner ces travaux, les fonds manquant. Aujourd'hui l'urgence de ces réparations ne permettant plus d'en différer l'exécution, la fabrique voulant d'ailleurs se conformer au désir de Monseigneur l'archeveque qui dans sa tournée générale a été amené de remarquer la nécessité de ce travail et l'a conseillé, a délibéré sur les moyens à prendre pour faire exécuter ces travaux. Après examen fait des ressources qu'elle possède, reconnaissant qu'elles sont insuffisantes vu qu'a peine elles suffisent à l'entretien ordinaire du cathé[...], a été d'avis de s'adresser au conseil de la commune et de lui faire une demande de fonds suffisants afin que lesdits travaux puissant s'exécuter. 
En conséquence de ce qui précède  les membres du conseil de la fabrique de l'église de Montégut-Arros prient les membres du conseil de ladite commune de vouloir bien prendre en considération la demande qui lui est faite et d'aviser au plus tot aux moyens à prendre pour l'exécution des dits travaux.
 Mr Forgues président de la fabrique demeure chargé de présenter au conseil municipal un double de la délibération et le budjet pour 1854, en preuve de l'insuffisance de la fabrique à se charger elle-même de ces réparations.
Suivent les signatures des membres susnommés [...] »

 Les marguilliers de la fabrique réalisaient ou faisaient réaliser les devis, suivaient l'exécution des travaux, assistaient le prêtre dans ses démarches si nécessaire.

 Les revenus de cette fabrique étaient limités. Les chaises et bancs de la nef étaient loués à l'année par les paroissiens et faisaient l'objet d'un bail à ferme (bail de six ans) à son profit. Cette location rapportait 150 francs en 1840, somme assez modeste. En 1817 la fabrique dut trouver un arrangement (paiement en nature, échelonnement...) avec des habitants qui ne payaient pas la location de leurs chaises. En juillet 1885 le fermier des bancs, qui ne respectait pas ses engagements, fut mis en procès.
 Des quêtes étaient également organisées ponctuellement pour couvrir des dépenses exceptionnelles (par exemple la fonte d'une cloche en 1749, ou l'achat d'une croix en 1821). Le budget restait cependant toujours limité: 610 francs 60 centimes en 1905 par exemple.

 La fabrique avait également un rôle moral, dans la mesure où elle représentait avec le prêtre la communauté des croyants de la paroisse. C'est ainsi qu'en 1839, le curé et le conseil de fabrique, scandalisés de devoir partager le nouveau presbytère avec un laïc, déposèrent une pétition auprès du préfet du Gers et de l'évêque d'Auch.

 En 1907, le bureau de bienfaisance revendiqua les biens et revenus de la fabrique paroissiale dissoute suite à la loi de séparation de l'église et de l'Etat de 1905. 

 Il existait probablement une autre fabrique (ou une annexe) à la chapelle de la Carce, car deux marguilliers y sont mentionnés dans les années 1760.
 

8-5-4-Les pratiques religieuses

Les confréries du village

 Il existait plusieurs confréries à Montégut. Ces confréries rassemblaient des habitants du village dans des sortes d'associations cultuelles, qui avaient à la fois pour objectif de développer un culte particulier et de favoriser l'entraide entre les confrères. Très souvent, les membres assistaient un confrère mourant, organisaient ses obsèques, voire prenaient en charge sa veuve et ses enfants si nécessaire.

 Une confrérie Notre-Dame est signalée en 1523 dans le testament d'Arnaud Arroy, qui lui lègue douze ardits, juste après un legs à la cathédrale de Tarbes. Cette confrérie remontait probablement au moyen-âge, on en trouve encore trace  dans les registres de marguilliers vers 1660. Elle disparaît ensuite, on n'en trouve aucune mention après la révolution française.

 Il faut attendre le 19e siècle et le renouveau religieux pour voir refleurir les confréries, qui sont essentiellement destinées à encadrer les pratiques religieuses et à créer des « groupes d'entraide » entre paroissiens.

Le 17 novembre 1840, Mgr de La Croix, archevêque d'Auch, autorise la création de la confrérie du Saint-Scapulaire.

 Une confrérie des morts est fondée en 1859. Elle est destinée à couvrir les frais des obsèques des habitants. Son fonctionnement est expliqué par l'institutrice Angèle Castay vers 1899: « Les habitants de la commune moyennant une rétribution de 0f30 par trimestre, la famille du défunt n'a rien à payer, la société à tous les débours à sa charge. Cette mutualité existe depuis 1859. C'est l'instituteur, dit-on, qui en fut l'instigateur3». Cette confrérie existe encore, un peu informelle, dans le quartier du Lurus.

Le 9 mars 1863, Mgr Delamare autorise la création d'une confrérie du Sacré-Coeur de Jésus.
En 1885 une confrérie du Rosaire est également établie.
En avril 1911, une confrérie du Saint-Sacrement est autorisée par Mgr Ernest archevêque d'Auch.
 
 Toutes ces associations, à l'exception de la confrérie de Notre-Dame, ne semblent avoir  fonctionné que quelques décennies. Elles comptaient, pour celles dont on possède les listes, au moins une quarantaine de membres chacune (41 membres pour la confrérie du Saint-Sacrement). On perd toute trace de la confrérie du Sacré-Coeur après 1880, de celle du Saint-Sacrement après 1914, on ne connaît que des mentions isolées des  autres. Sans doute la Grande Guerre de 14-18 aura porté un coup fatal à ces pieuses associations, à l'exception de la confrérie des morts.

Les processions

 Des processions étaient organisées dans la paroisse, jusque dans les années 1960. 
 Avant la deuxième guerre mondiale ces processions étaient organisées à diverses occasions, pour les Rogations, les Rameaux, lors de la fête patronale, pour la sainte Jeanne d'Arc... Des témoins se souviennent que les bannières étaient placées en tête de cortège, et de jeunes filles et des enfants étaient disposés de part et d'autre avec des paniers remplis de pétales de fleurs qui étaient dispersés sur tout le parcours.
Les confréries devaient également participer activement à ces processions.

 En 1840 deux bannières à l'effigie de la Vierge et une croix de procession étaient conservées dans l'église, avec un dais déposé dans la sacristie pour servir aux processions du Saint-Sacrement, qui avaient lieu le troisième dimanche de chaque mois et à l'octave de la Fête-Dieu.

Les obits et fondations pieuses

 Certaines personnes particulièrement pieuses faisaient des dons à l'Eglise dans leur testament. C'est le cas d'Arnaud Arroy, en 1523, qui fonde un obit de douze écus petits dans l'église Notre-Dame, c'est-à-dire qui demande qu'une messe son dite en son nom à perpétuité, payée par une rente constituée de douze écus (investie sous la forme d'une terre). En 1750 cette terre était encore exploitée par le prêtre du village, elle fut vendue à la Révolution.

 Les ventes de terres révolutionnaires montrent qu'une série de terres avaient été léguées pour obit ou legs pieux aux deux églises de la paroisse. On trouve  notamment une terre dite « de la capère » et un petit bois qui fut coupé illégalement et fit l'objet d'une plainte des consuls en 1761. Ces biens étaient mis en ferme (on conserve l'affiche d'annonce pour 1761) ce qui fournissait au prêtre un petit revenu4.
 Certains habitants exploitaient également des terres de chapellenies dans les villages voisins. En 1764 les sieurs Gardères et Dizac font un arrangement avec l'archiprêtre de Sauviac, titulaire d'une chapellenie à Villecomtal, pour continuer l'exploitation une vigne six années après la fin du bail5.

8-5-5-Autres pratiques religieuses

 Des quêtes étaient régulièrement organisées pour l'entretien de l'église. En particulier des quêtes « pour le plat du luminaire » étaient effectuées régulièrement pour payer les bougies et l'huile destinées à l'éclairage de l'église paroissiale. La fabrique était chargée de ces quêtes et de cet entretien.
D'autres quêtes étaient organisées régulièrement: quête du grain pour le curé, quête du gras ou Carême...
Enfin des quêtes étaient organisées ponctuellement sur ordre de l'archevêque. Ainsi en décembre 1825 une collecte est organisée en faveur du séminaire.

 L'église était également le lieu de célébrations particulières.
 Au milieu du 19e siècle le culte des morts prit une grande ampleur. En 1842, Mgr de La Croix octroya un diplôme pour l'Octave des Morts le 10 octobre, et le lendemain un diplôme d'autel privilégié pour les âmes du Purgatoire. Ce diplôme fut renouvelé l'année suivante.
 Certaines célébrations religieuses étaient enfin liées à des événements particuliers: inauguration d'un nouvel autel, d'une chapelle, mise en place d'un chemin de croix (en 1869)...
 

8-5-6-Le fonctionnement du cimetière

 Les habitants de Montégut avaient le choix, avant 1791, de se faire enterrer dans le cimetière paroissial ou dans le cimetière de Notre-Dame-de-la-Carce, ce qui était le cas de la plupart des habitants de la vallée (quartier de « la Ribère »).
Chose qui peut paraître étonnante, beaucoup se faisaient enterrer dans l'église même, à des emplacements achetés et réservés à une famille (à la manière des concessions actuelles). Très fréquemment les morts étaient enterrés sous le banc loué par la famille. Ainsi les vivants communiaient avec les morts. Dans le cimetière également il existait des sortes de concessions familiales. En 1523 Arnaud Arroy demande ainsi à être inhumé « dans le cimetière de l'église de la Carce dudit Montégut et au lieu ou ses prédécesseurs ont accoutumé d'être enterrés ».

 En principe depuis le 17e siècle cette pratique d'enterrement intra muros était interdite (sauf pour les prêtres et les seigneurs). A Montégut cependant la tradition fut plus forte que la loi ou l'hygiène. En 1754 l'évêque de Tarbes et l'archevêque s'émurent de cette situation et envoyèrent le curé de Rabastens, Dominique Cassin, vérifier les titres et droits de sépultures des habitants dans la chapelle de la Carce. Il ne put que constater la continuité et la « légalité » de cette pratique6.

 L'entretien était assuré dans l'église et le cimetière, avec le creusement des tombes, par le sonneur des cloches qui recevait pour son travail un paiement en nature (blé et maïs) de chaque chef de famille, jusqu'au 20e siècle.

Extrait du cahier des charges du sonneur de cloches au premier janvier 1880:
« Art.5: le cimetière devra être convenablement tenu et si pendant la durée de la présente adjudication, on venait à y tracer des allées, le sonneur sera tenu des les entretenir. Indépendamment de cela, il devra tailler les haies trois fois par an et aux époques convenables.
Art.6: Les fosses devront être creusées conformément à la loi, c'est-à-dire à deux mètres de profondeur.
Art.7: Il devra veiller à ce que des animaux ne s'introduisent pas dans le cimetière. Et si par hasard il avait à constater des dégâts sur les tombes, il aurait à en prévenir immédiatement M. le Maire ainsi que les familles intéressées ».
 

 Les concessions étaient payantes, et variaient selon le prix de quinze ans à perpétuité. En 1869 le prix des concessions fut révisé. Il fut fixé en 1880 à 30 francs pour une concession à perpétuité, 20 francs pour une concession trentenaire, 10 francs pour une concession temporaire de quinze ans7.

 Le 10 octobre 1886, alors que la municipalité réfléchissait à l'agrandissement du cimetière paroissial, le conseiller municipal Forgues fut envoyé à Tarbes pour observer comment les concessions funéraires étaient faites dans les cimetières de cette ville. En février 1887, un plan fut établi et le jardinier communal mandaté pour réaliser des allées régulières dans le nouveau cimetière. Il fallut attendre 1889 pour que les nouvelles concessions soient accordées aux habitants.
 

8-6- la culture officielle

8-6-1- L'organisation scolaire

 Les instituteurs sont les seuls personnages dont on possède de véritables « biographies », grâce aux  mentions régulières dans les registres communaux et à la monographie scolaire de 1899 qui donne de nombreux détails sur la vie quotidienne des « hussards noirs de la République » et de leurs prédécesseurs.

 Les élèves étaient nombreux dans cette commune: en 1840, l'effectif des trois écoles (publique, privée et de filles) s'élevait à 130 élèves.

 L'enseignement était payant. Dans les années 1860, chaque famille devait régler un abonnement annuel de 12 ou 16 francs par enfant scolarisé, et chaque mois 1,50 ou 2 francs (s'il avait plus ou moins de sept ans). La mairie pouvait cependant dispenser de paiement les familles les plus modestes: le 8 novembre 1874, le maire autorise par exemple un des trois fils du sieur Martin à aller gratuitement à l'école, son père étant trop pauvre « vu qu'il ne possède qu'une simple chaumière avec femme et enfants en bas âge ». Le 19 mai 1879, c'est la fille de la veuve Marie Laborde qui est autorisé à aller gratuitement à l'école. Le 13 mars 1881, ce sont cinq enfants d'origine modeste qui obtiennent la gratuité, dont le fils d'une veuve.

 Le 22 mai 1882, une circulaire du ministre de l'éducation demande la mise en application de la loi qui rend l'école obligatoire et gratuite. Une commission scolaire est créée pour y veiller. C'est le début de l'école primaire obligatoire et gratuite (elle ne deviendra laïque qu'après 1905). 

 Pour les garçons, dans les années 1840, les principaux ouvrages employés étaient selon l'abbé Esparros: la Bible, l'Imitation de Jésus-Christ, les heures du Diocèse, la Journée du Chrétien, le Nouveau testament, la grammaire française, le Catéchisme. L'objectif de l'enseignement, plus que d'apprendre à lire, écrire et compter, était de former de bons chrétiens dotés de solides valeurs morales.

 Dans la même période l'enseignement destiné aux filles avait une finalité plus pratique, celle d'en faire de bonnes maîtresses de maison et de bonne chrétiennes, d'après la monographie de 1899: « les grandes élèves, les plus privilégiées, apprenaient à lire, à compter, à faire l'addition et la soustraction sans en connaître l'application, à acquérir une belle écriture. A cela s'ajoutaient la prière, le catéchisme, l'Évangile, l'Histoire sainte et le chant d'Église. Après avoir fait la première communion les fillettes quittaient l'école de l'institutrice et allaient dans une commune voisine située à quatre kilomètres où était alors une institutrice pour apprendre à tricoter et à bien filer ». Vers 1829, de l'aveu même du curé, les filles allaient à l'école jusqu'à 10 ans pour pouvoir apprendre convenablement le catéchisme.

 Vers 1899 ce programme a complètement changé: toutes les matières « modernes » sont enseignées, comme aux garçons (géométrie, géographie, histoire...), plus « les travaux ménagers dont la bonne connaissance est indispensable à une bonne ménagère ».

 Pour la plupart des enfants la scolarité s'arrêtait à cet apprentissage à la fois très sommaire et pratique. L'instituteur Sarrelabout, en 1899, fait le constat que  « peu [d'élèves] sont arrivés à une situation brillante. On en cite quelques-uns à peine qui ont réussi à Paris dans le commerce, deux dans l'armée qui ont gagné le grade d'officier et deux autres sont dans le professorat de l'enseignement secondaire ».. De 1886 à 1899, 18 enfants ont obtenu le certificat d'études primaires et seuls les deux enfants de l'instituteur font alors des études au collège.

 En 1882 Villecomtal obtient la création d'une école primaire supérieure. Le conseil l'appelle de ses vœux parce que « ce besoin est attesté par le grand nombre de candidats que cette contrée fournit aux examens de l'École Normale, aux concours pour les Postes, les Contributions, les Contributions directes etc. [...] nombre d'élèves [sont envoyés] annuellement soit au collège de Vic-Bigorre, soit à une institution privée qu'on appelle Collège de Bonnefont. Considérant [...] le nombre croissant des élèves présentés annuellement pour le Certificat d'Études Primaires [...] émet le voeu qu'une institution d'enseignement primaire supérieur et gratuit soit fondé à Villecomtal avec un caractère professionnel, particulièrement agricole ». Pour les paysans de Montégut, le symbole même de l'ascension sociale était alors de devenir fonctionnaire...

 C'est le dynamique instituteur de Montégut-Arros qui fut chargé d'animer certains cours de cette école primaire supérieures, ce qui causa quelques tracas. Le 22 novembre 1885, le maire rapporte ainsi que « beaucoup de pères de famille s'étaient plaints de ce que l'instituteur en se rendant au cours d'enseignement supérieur à Villecomtal négligeait son devoir envers les élèves de la commune; car, la classe de Villecomtal ayant lieu le mercredi dans l'après-midi, l'instituteur préparait sa classe dans la matinée, il arrivait aussi que cette classe qui devait être remplacée le jeudi matin, ne l'était pas régulièrement. De là, répond Mr Caussade, des abus très préjudiciables pour les enfants de la commune par suite de ces classes partagées par demi-journées». En réalité c'est l'Inspecteur d'Académie qui  imposait ce « double emploi » à l'instituteur communal.

 Un cours du soir pour adultes fut organisé en 1899 par ce même instituteur Sarrelabout, avec 25 « élèves » pour les premières séances: les premiers sujets traités furent les impôts, le cadastre, le terrier, les centimes , la France, les syndicats.
 

8-6-2-Les instituteurs

 Au 19e siècle, les enseignants étaient recrutés par la mairie et agréés par le curé de la paroisse (qui surveillait les bonnes moeurs). Avant la fin du siècle et la création de l'École Normale, tout adulte sachant lire, écrire et compter pouvait se présenter pour devenir instituteur. Cependant la plupart des maîtres étaient de véritables professionnels, qui n'hésitaient pas à appliquer des méthodes d'enseignement « musclées »: « Le maître d'école fut représenté pendant longtemps, avec raison d'être, comme la terreur des enfants, car les châtiments corporels étaient fort en usage, le martinet, la férule, la mise à genoux et bien d'autres supplices [...] étaient appliqués en classe »8.
 
 Avant 1836 les instituteurs étaient rétribués en nature: une mesure de blé (25 litres), quatre francs en argent par élève et une quête de vin et de bois dans la commune tous les ans. A partir de cette date les instituteurs furent payés directement par la commune qui institua un impôt de trois centimes par foyer. En octobre 1889, l'imposition pour les instituteurs étant supprimée, l'État prit désormais en charge les salaires de ces fonctionnaires (et leur formation).

 Depuis 1834, les instituteurs faisaient également office de secrétaire de mairie, et touchaient 80 francs par an pour cet office. Plusieurs d'entre eux étaient également chantres de l'église et avaient en charge la chorale paroissiale.

 Les institutrices touchaient également, de 1834 à 1865, un salaire en nature:  250 litres de froment par an et par fille apprenant à écrire, la moitié pour celles qui n'apprenaient qu'à lire (la majorité des élèves), plus des quêtes de vin, pommes de terre et haricots. Elles arrondissaient ce maigre salaire en blanchissant et repassant le linge de l'église, et en exécutant de menus travaux de tricotage et de couture pour des habitants de la commune. Après 1865 elles furent salariées par la commune, comme leurs collègues masculins, à hauteur de 12 ou 15 francs par élève selon l'âge, soit environ 400 francs en 1865 (700 francs en 1884).
 

 En 1875 l'instituteur  touchait également 100 francs d'indemnité de logement car « la commune ne possède point de bâtiment pouvant être affecté à cette double destination » (école et logement). En 1877 l'institutrice recevait également 50 francs supplémentaires à ce titre.

 Ce n'est que dans la deuxième moitié du 20e siècle que les salaires des enseignants furent calés sur une grille nationale prenant en compte le grade, l'ancienneté et la situation familiale.

Liste partielle des instituteurs:
v. 1809-1811:  Bernard Souquet
1815-1822: Lacaze
1822-1833: Villemur
1833-1855: Gratien Lartigue
1855-1857: Jean Bergez
1857-1859: Danton
1859-1865: Cazaux
1865-1869: François Caubet
1869-1872: Dazet
1872-1885: Labat
1885-1886: Laborde
1886-ap.1900: Sarrelabout
1926: René Canton
1936: Pierre Maille
1938: Ruffat

Instituteurs de l'école libre du Lurus:
1833: Jean Bergez
1836: François Caubet

Institutrices de l'école libre:
(1818-1834: école privée mixte, sans institutrice)
1834: Caubet, née Dastas
1840: Eugénie Vergez
1844: Bonneau
1850 Bordis Marie (de Barbazan)
1865: Marie Subervielle

Institutrices publiques:
1866: Valérie Abadie
1870: Françoise Coupade
1876: Caubère
1884: Marie Carpente
1885: Honorine Dousalat
1887: Victorine Dupouy
1894: Angèle Castay
1926: Angèle Castaing
1936-1945: Eulalie Ruffat
1940: Deauze
1970-1985: Lesponne
1993: Garin
1985-1986: Marie-Pierre Boirie
 
 

8-7- la culture populaire

8-7-1-La sociabilité villageoise

 Les événements de la vie quotidienne étaient souvent l'occasion de se rencontrer, entre voisins du même quartier ou tout le village. Il n'existe plus de documents ni de témoins de ces pratiques sociales pour le 18e ou le 19e siècle. Par contre pour l'ensemble du 20e siècle nous avons pu interroger plusieurs habitants qui nous ont raconté, par le menu, l'ensemble des formes de sociabilité telles qu'on les pratiquait entre le début du 20e siècle et les années 1960, période de profonde mutation de la société locale9.

 Les pratiques agricoles étaient un moment privilégié pour se rencontrer entre gens du quartier. Le dépiquage, les vendanges, la « despeloucade » (dépouillement) du maïs, le battage, le pèle-porc rassemblaient ponctuellement les habitants dans une ambiance à la fois de travail et festive.

 Les vendanges, travail saisonnier et pénible, étaient réalisées par corvées. Le raisin était ramassé dans la journée, le pressage était effectué le soir, alors que le propriétaire de la vigne payait un bon repas à tous les participants, hommes et femmes. Les vendanges se faisaient ainsi quartier par quartier, maison par maison. La plupart des propriétaires possédaient un pressoir, les comportes... dans le cas contraire les vendanges étaient « réglementées » pour permettre à chacun d'utiliser les installations selon ses besoins, moyennant service ou une contribution. La plupart de ces installations viticoles ont disparu avec les vignes.

 La despeloucado était un autre moment de sociabilité. Les gens du quartier se réunissaient à la veillée sous une grange, devant un énorme tas d'épis de maïs -ramassé dans la journée- qu'il s'agissait d'effeuiller. Un homme amenait l'accordéon, ou bien on racontait des plaisanteries toute la soirée. Le maïs était ensuite mis à sécher dans des « cribs », imposants séchoirs en bois et grillage installés près des fermes. L'apparition des moissonneuses à la fin des années 1950 a tué cette tradition, et le séchage « industriel » du maïs dans les coopératives a fait disparaître ces séchoirs en plein air.

 Le battage était une autre corvée. Les énormes batteuses à vapeur étaient traînées par des boeufs de quartier en quartier, on amenait le bois pour lancer la machine, et on battait toute la journée.  Les hommes se relayaient pour porter les sacs de grains dans les greniers ou faire les tas de paille que l'on crochetait. Dans les années 1940 la machine à vapeur fut remplacée par un tracteur, plus fiable et plus pratique, et les moissonneuses-batteuses firent ensuite disparaître complètement cette pratique dans les années 1960.

 Le pèle-porc, qui existe encore, est une autre tradition « de quartier ». On engraisse toute l'année le « ministre », un cochon par famille, parfois plus, que l'on tue et prépare dans une seule journée avec l'aide des voisins. « Dans le cochon, tout est bon », et il faut une main-d'oeuvre nombreuse pour apprêter l'ensemble de la « cochonnaille »: jambons, saucissons, saucisses, côtes, boudin, salaisons diverses... une partie de l'animal est souvent consommée le soir même dans un repas commun, le reste est mis à sécher au grenier pour les mois suivants.

 Par ailleurs on se réunissait souvent à la veillée: les hommes jouaient aux cartes, les femmes tricotaient devant le feu. A partir de la fin des années 50 les gens commencèrent à se réunir autour des premières télévisions (maisons Caréac, Brune...) pour regarder les programmes. Dans les décennies précédentes on  se réunissait autour des premiers poste de radio à galène. Les matchs de catch et la « piste aux étoiles » étaient paraît-il très appréciés. Avec la baisse des coûts dans les années 60 la plupart des foyers firent l'acquisition d'un poste et restèrent désormais chez eux.

 La chasse est une autre pratique très socialisée, que les hommes, même aujourd'hui, ne manqueraient pour rien au monde. La chasse au chevreuil ou au sanglier, très pratiquée localement, est l'occasion de battues qui rassemblent tous les chasseurs du village et leurs chiens10. De copieux « repas de chasseurs », auxquels les épouses sont généralement conviées, clôturent la saison dans la chaude ambiance du foyer communal. Le mois d'octobre, la plupart des mêmes hommes disparaissent de leurs foyers pour pratiquer la chasse à la palombe. Les palombières sont nombreuses dans les bois à l'est de la commune, assemblages souvent hétéroclites de « cabanes » camouflées et perchées en haut des plus beaux arbres ou sur des pylônes métalliques, accessibles par des échelles de bois ou de métal. Les pigeons et les palombes sont élevés en captivité toute l'année pour servir « d'appeaux » à l'occasion de ces chasses. Les oiseaux, attachés en haut des arbres sur des « raquettes » mobiles, sont agités successivement par d'ingénieux systèmes de câbles et de poulies pour attirer les vols de palombes au plus près des chasseurs. La manoeuvre est difficile, la chasse souvent infructueuse, d'autant que les vols de ces migrateurs deviennent rares et se poursuivent jusqu'en décembre, quand la période de chasse est terminée... Le chasseur malheureux peut toujours se rabattre sur la cueillette des cèpes et des girolles, dont le ramassage fait aujourd'hui l'objet d'une réglementation stricte.
 Du moins si les palombes consommées sont peu nombreuses, cela alimente les conversations une bonne partie de l'hiver et les talents de bricoleurs de beaucoup pendant une partie de l'été, en prévision de « l'ouverture » de la chasse en octobre.
 

 La fête au village est une tradition sans doute fort ancienne. Elle se tient traditionnellement le 15 août, fête patronale de la Vierge. L'aspect religieux (messe, procession) a complètement disparu pour conserver le seul aspect festif.
Avant la deuxième guerre mondiale la fête se déroulait au foyer, près de l'église (parfois dans la cour de l'école) ou bien dans une des deux auberges qui existaient au quartier de la Ribère, près de l'Arros. Un bal était organisé, avec un orchestre que l'on juchait sur une estrade ou un char. Des lampions étaient suspendus pour éclairer et décorer.
 On nous a signalé également qu'il existait un autre bal, le « bal des cornards » (des cocus???) qui était organisé en hiver dans une maison du quartier du Lurus.

 Pendant la deuxième guerre mondiale, alors que les fêtes étaient interdites, des bals étaient organisés « en cachette » dans les granges de la maison Ropa, au Lurus.

 Aujourd'hui un comité des fêtes, actif au moins depuis les années 80, organise annuellement les festivités du 15 août. Outre le traditionnel bal « disco », un bal musette, un ball-trap, des concours de pétanque et de quilles sont organisés. Une « sérénade » effectuée auparavant permet de récupérer un peu d'argent auprès des habitants afin de financer les préparatifs. 

Le « réveillon » se faisait aussi en famille et entre gens du quartier: on amenait des noix, des châtaignes, de la confiture, on ouvrait les réserves ( les mounjetes, haricots que l'on faisait pousser sur les maïs, comme les haricots tarbais aujourd'hui) et on régalait tout le monde...
 
 Le carnaval n'existe plus que pour les enfants de l'école primaire. Avant 1939, et jusque dans les année 1950 environ, les jeunes du village se déguisaient et faisaient un passe-rue (ou plutôt un passe-quartier) en jouant de la musique, faisant des blagues et un joyeux charivari. Ils récoltaient dans les maisons un peu de nourriture (des oeufs...) dont ils faisaient un copieux repas le soir venu, pour fêter dignement mardi-gras. Souvent les jeunes filles faisaient les crêpes et les gâteaux, les garçons portaient le vin blanc.

 A noter, depuis deux ou trois ans, la forme particulière et anglo-saxonne d'halloween commence à trouver des adeptes parmi les plus jeunes: le 30 octobre (jour de la fête des morts en Irlande, un jour avant notre Toussaint) on se déguise en sorcière ou en monstre et on passe dans les maisons pour réclamer des bonbons. C'est une forme particulière de carnaval liée à la célébration des morts, qui resurgit ici sous une forme folklorique et mercantile.
 

8-7-2-Légendes villageoises

 Une série de légendes sont toujours racontées par les anciens du village, et transmises avec plus ou moins de variantes.

1- La légende du seigneur meurtrier

 Le seigneur du village, qui habitait le château, près de l'église, était allé à la chasse un dimanche. Rentré tard, le prêtre ne l'avait pas attendu pour commencer son office dominical. Fou de rage, le seigneur prit un fusil, rentra dans l'église et tua le prêtre qui mourut sur les marches de l'autel. Le roi très courroucé prit les biens du seigneur meurtrier en punition, en particulier le bois appelé aujourd'hui le bois du roy.

 Cette légende, qui était racontée par l'instituteur du village dans les années 1930 mais qui est encore largement diffusée aujourd'hui, ne pose aucun problème d'interprétation, car elle reprend l'épisode -authentique- du meurtre du desservant paroissial au début du 16e siècle. La mention de « bois du Roy » permet de donner un sens à cette appellation curieuse que l'on n'expliquait pas, car personne ne savait alors que Montégut-Arros était jusqu'au 18e siècle une coseigneurie comtale puis royale. 

2- La légende du tonneau clouté

 Le seigneur du village, à la Révolution, fut pris par les habitants dans son château, mis dans un tonneau qui avait été préalablement clouté (les clous dépassant à l'intérieur), et on poussa le tonneau qui dévala la pente -fort raide- de la colline qui porte l'église .

 On trouve également cet épisode comme variante de la légende précédente, le supplice du tonneau étant le juste châtiment du seigneur meurtrier. On peut noter ici le souvenir conservé du château qui se trouvait dans le quartier de l'église, et le tonneau peut rappeler que cette colline était jusqu'au début du 20e siècle couverte de vignes.

3- Le château bombardé

 Le château a été bombardé par des canons qui étaient installés au bord de l'Arros.

 Cet épisode ne peut être raccroché à aucun événement connu. On note le même type de légende dans la Bigorre (au sujet de la motte castrale de Pujo) et dans la région de Trie, l'ennemi étant alors l'anglais (sans aucune date: s'agit-il de l'anglais de la guerre de cent ans, de Wellington ou d'un ennemi « idéal »?). On peut du moins noter que ce type de variante sert à expliquer la disparition complète d'une forteresse dont on connaît encore l'emplacement.

4- Le tunnel

 Un tunnel creusé dans le sous-sol de la colline relie l'église paroissiale à la tute de l'homme sauvage, cette ouverture étant l'entrée du tunnel (variante: le tunnel court jusqu'au château de Mauvezin).

 On trouve partout dans la région des légendes de tunnels reliant les points et les monuments remarquables des villages. Ces légendes n'ont en général aucune réalité autre que symbolique, surtout quand plusieurs kilomètres et des dénivelés énormes séparent les deux points, comme c'est le cas ici. On peut noter cependant que d'anciennes cavités (greniers enterrés médiévaux et modernes...) peuvent ponctuellement ajouter foi à ces légendes: le sol « sonne creux » par endroits (c'est la cas en Bigorre à Liac ou à Rabastens).

5- La tute de l'homme sauvage

 La « tute » (grotte) a servi de cachette aux moines pendant les guerres de religion, alors que Saint-Sever était pillée par les huguenots. La grotte a servi de repaire a un ermite, un « homme sauvage ».

 Cette ouverture naturelle, implantée à flanc de coteau, à la limite communale de  Montégut et Saint-Sever, a servi de grange naturelle et de parcage de bétail jusqu'au 20e siècle. La légende de la « cachette » des moines est rapportée par plusieurs manuscrits de l'abbaye, elle peut avoir éventuellement une consistance historique. Par contre nulle trace historique d'un hypothétique homme sauvage...
 
 

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Dernière modification : 1/03/02