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Monographie de Montégut-Arros (Gers) | |
LA VIE POLITIQUE 1-Les institutions communales 1-1-La structure politique dans le castelnau médiéval
La lecture attentive de la charte de 1357 permet, en filigrane, de déterminer précisément la structure politique de Montégut à cette époque: Au sommet de la pyramide on trouve les coseigneurs, le comte de Pardiac
et le sire de Montbardon, un modeste seigneur local. On doit évidemment
s'interroger sur les raison d'une telle coseigneurie: est-ce que le castelnau
a été fondé en paréage entre les deux seigneurs
précédemment (mais la charte ne donne aucun indice à
ce sujet)? Est-ce l'union des terres du castelnau avec celles des habitats
disparus dans la vallée qui a entraîné cette situation
? Est-ce une ou des ventes qui ont entraîné cette situation?
La documentation est muette sur ce point. Ce partage d'une seigneurie entre
plusieurs nobles ne doit cependant pas étonner, c'est une situation
fréquente dans la région pour tout le moyen-âge et
l'époque moderne. En 1313, par exemple, la seigneurie de Lamarque-Rustaing
est partagée entre quatre coseigneurs de quatre familles différentes
(Bernard de Mun, Guilhem-Arnaud de Ricau, Marie de Lacase et Pierre de
Peyrusse). Cette coseigneurie de Montégut ne disparaît qu'au
début du 16e siècle, avec la condamnation des sires de Montbardon
et la confiscation de leurs biens, dont la coseigneurie de Montégut,
au profit du roi de Navarre qui devient seul seigneur, puis du roi de France
après la mort d'Henri IV en 1610.
1-2-Les institutions communales dans les temps modernes Du 16e au 18e siècle la nomination des consuls se poursuit,
ils sont toujours chargés de représenter la communauté,
mais cela ne se fait pas toujours sans mal. En 1687 par exemple noble François
de Lagourée met au tribunal les consuls précédents,
qui n'ont semble-t-il pas rendu les comptes de leur exercice ni apuré
les dettes de la communauté.
1-3- Aux 19e et le 20e siècles A partir de la Révolution apparaît un nouvel officier
municipal, le maire, qui prend la place des anciens consuls. Il est assisté
d'un adjoint et de conseillers. Jusqu'au 20e siècle et la IIIe République,
les maires et adjoints sont nommés la plupart du temps par lettre
du préfet (c'est-à-dire par le ministère de l'Intérieur),
et révoqués selon les orientations politiques et les changements
de régime.
En réalité, au-delà de ces changements, ce
sont toujours les mêmes noms qui reviennent parmi les conseillers
municipaux et les édiles jusqu'à la première moitié
du 20e siècle, quel que soit le régime politique. La liste
donnée en annexe en donne l'illustration éloquente: les conseillers
et les maires restent choisis parmi un petit noyau de chefs de famille,
les plus riches et les plus influents.
1-4- La gestion communale
Les édiles ont eu depuis le moyen âge l'obligation
de gérer l'espace communal au profit de la communauté.
Dans le livre-terrier de 1755, les biens communaux sont soigneusement répertoriés, ainsi que l'ensemble des voies à entretenir par la communauté, signe que ces espaces étaient particulièrement surveillés. Un garde-champêtre, un crieur public et les corvées des habitants permettent alors la gestion quotidienne. Le presbytère, bâtiment communal, et l'église posent en particulier divers problèmes d'entretien dans les années 1760. Au 19e siècle divers problèmes apparaissent dans
la documentation: inondations régulières; problème
du pacage des troupeaux étrangers en vaine pâture sur les
terres communales, ce qui entraîne des dégâts; gestion
de la tuilerie communale; relations avec le meunier; gestions des réserves
foncières et forestières; gestion des ponts et gués;
mise en ferme des carrières de pierre (sur les coteaux) et de sable
(dans le lit de l'Arros et les parcelles adjacentes); choix et logement
de l'instituteur et du curé; construction de l'école communale
et de la mairie...
Il faut noter, depuis les deux derniers siècles, l'apparition
de nouveaux emplois liés à la commune: garde-chasse ponctuellement,
cantonnier responsable des travaux de voirie et de l'entretien des espaces
verts depuis 1836, secrétaire de mairie, responsable de cantine...
2-Les pôles d'intérêt de la vie communautaire 2-1- Les tensions internes Les droits collectifs étaient peu nombreux: quelques lambeaux de bois, quelques terres communes... ne prêtaient guère à contestation. Par contre les terres nobles (terres du roi) et celles relevant de la chapelle de la Carce faisaient régulièrement l'objet de déprédations et de chapardage, en particulier les bois au 18e siècle. La solution s'imposa d'elle-même: la vente de ces bois et terres comme biens nationaux et la mise aux enchères de la plupart des bois communaux au 19e siècle firent disparaître la majeure partie de ces terres en les « privatisant ». Les relations avec le seigneur furent parfois difficiles: citons le meurtre du prêtre vers 1500 par le sire de Montbardon, le conflit avec le roi de Navarre en 1561, le procès avec les héritiers de Gérarde d'Antras pour un remboursement de prêt. Comme il n'y avait pas de seigneur résident (après les années 1510 du moins), les conflits « locaux » restèrent limités aux cas les plus graves, dont seules les archives judiciaires gardent la trace. Les relations avec le curé et ses vicaires étaient généralement bonnes. La seule exception notable est le curé Duprat, dans les années 1760, qui refusait de dire la messe à l'église paroissiale peu accessible et lui préférait la chapelle de la Carce, tracassa les consuls et les marguilliers et posa divers problèmes au sujet de la réfection du presbytère. On peut également rappeler le conflit qui opposa maire et curé dans les années 1840 au sujet du partage du presbytère avec l'instituteur, conflit rapidement résolu par l'archevêque... et par un mur de séparation. Les relations de la communauté avec l'instituteur furent apparemment toujours sans ombre. On peut relever le nom de Gratien Lartigue, qui fit office de secrétaire de mairie et d'arpenteur-géomètre pour la communauté pendant de nombreuses années. 2-2- Les tensions avec les communautés voisines On ne relève que peu d'indices de conflits avec les communautés
voisines dans la documentation conservée.
En fait, la taille importante de la commune et la faible charge de population expliquent qu'il n'y eu pas de conflit de limites, de bois... Les ressources en espace agricole et forestier étaient suffisantes pour que bésis et exploitants des villages voisins s'accordent dans la plupart des cas. 2-3- Les rapports avec le pouvoir central Montégut-Aros étant seigneurie sous contrôle
comtal puis royal depuis son origine, un pouvoir « centralisé
» contrôle de fait la communauté depuis fort longtemps.
On ne sait que peu de choses sur la résistance éventuelle
à la conscription: les soldats originaires de Montégut furent
nombreux entre la Révolution de 1789 et le Second Empire, et la
carrière militaire était manifestement fort prisée
des jeunes qui cherchaient l'aventure ou une vie meilleure. Beaucoup y
laissèrent également la vie.
2-4- L'impact des événements nationaux Les événements nationaux n'ont souvent eu qu'un
impact limité dans la commune, comme un écho affaibli. On
notera simplement la vente des biens nationaux à partir de 1791,
qui ne créa pas de troubles armés et qui enrichit certains,
la création d'une milice lors du conflit de 1870 et le départ
en masse des habitants avec les crises agricoles -en particulier le phylloxéra.
Les changements de régime politique, événements
là aussi lointains, semblent n'avoir eu que peu d'impact dans la
commune. Les registres municipaux et les rôles du bureau de bienfaisance
enregistrent sans émotion le voeu d'obéissance des ses membres
à la Monarchie en 1844, à la République en 1849, à
l'Empire en 1854...
On note cependant à chaque changement de régime
des changements de maires, puis de conseillers municipaux, puisés
dans le même vivier de riches propriétaires mais qui dénotent
les sympathies politiques plus ou moins marquées de certains individus.
On ne trouve nulle part trace d'affrontements « politiques », à l'exception d'un incident survenu le 23 août 1896 – une altercation entre le maire et un conseiller: « Mr Galin demande à Mr le maire ce qu'est devenu le plâtre symbolique qui était sur le chambranle de la mairie. Mr le maire répond que la fleur de lys qui est un emblème séditieux a été enlevé de son propre chef et et qu'il en prend toute la responsabilité. Il a placé au même lieu le buste de la République qui aurait du être à la place qu'il occupe depuis fort longtemps. Mr Galin aurait du prendre ce changement de sa propre initiative lors de son passage à la mairie. » Peu de données sont disponibles pour le 20e siècle.
On peu cependant noter que pour le dernier demi-siècle, la
politisation de la vie publique semble avoir été assez faible:
les résultats électoraux montrent que les habitants votent
surtout pour des personnes et pour un programme, plus que pour une étiquette
politique.
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