Montégut-Arros



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Monographie de Montégut-Arros (Gers)

 12-L'école communale
 

12-1- Des débuts difficiles

 On ne peut préciser l'origine de l'instruction primaire à Montégut.

 Un instituteur privé est signalé en 1815, du nom de Lacaze, mais il devait en exister sous l'ancien régime.
Une école mixte fut organisée dans cette période, jusqu'en 1834, dans une maison privée qui était louée par la commune. Il existait également une école libre (privée) dans une maison du quartier du Lurus, qui disparut vers 1836.

 A cette époque l'instituteur, Gratien Lartigue, organisa une école de garçons indépendante et fit doter la salle de classe, qui servait aussi de mairie.
 De cette maison d'école on ne connaît que peu de choses, sinon qu'elle se trouvait dans la vallée, au bord de l'actuelle route départementale et qu'elle n'était pas destinée à cet usage initialement. C'était une ferme -en mauvais état- louée à Louis Mailhes et dotée d'une salle de 7x5 m. Ce Mailhes louait également une chambre à l'instituteur. Des travaux importants furent réalisés en 1835 et 1842 (charpente, toiture, menuiserie, maçonnerie...) qui prouvent ce cette bâtisse n'était pas du tout entretenue par son propriétaire.
 
 En juillet 1836, un inventaire fait dans cette maison d'école montre l'existence des tableaux de la « méthode Pelaud » qui ont été achetés pour apprendre à lire aux enfants du village: deux séries pour apprendre à lire, et huit séries de modèles pour apprendre à écrire. Le 10 juillet 1836, le ministre de l'instruction publique accorde 200 francs pour acheter et réparer cette maison et son mobilier. Cette somme n'était pas encore dépensée entièrement deux ans plus tard.
 En 1842, le préfet rappelle que le ministre a accordé une subvention pour réparer la maison d'école, et demande quelle est la part de la commune. La mairie répond qu'elle fournit des prestations en nature, sous la forme de transport des matériaux et de fourniture des manoeuvres. Il faut attendre 1876 et la construction du nouveau groupe scolaire mixte pour que les réparations cessent sur ce bâtiment, qui fut dès lors réservé au logement de l'institutrice.

 L'histoire de l'école de filles est plus mouvementée. De 1815 à 1834 l'école fut mixte. A cette date une institutrice, Mme Caubet, fut nommée, et logée dans la tuilerie communale (!). En 1844, la demoiselle Bonneau prit le relais, et permit de faire classe dans sa maison du Lurus. A partir de 1852 et jusqu'en 1860, l'école se fit dans la maison louée à Louis Mailhes, en attendant la construction du nouveau groupe scolaire. En 1869, le conseil municipal délibère pour la création d'une école municipale de filles, suite à une lettre circulaire de... 1867! En 1877, deux maisons louées à Louis Mailhes font encore office d'école et de logement des institutrices, moyennant la somme de 250 francs.

12-2-La nouvelle école-mairie

 La location de l'école et du logement de l'instituteur ne pouvait durer.

 Un premier projet est élaboré en 1851 par l'architecte Fumat, qui traîne en longueur. Le 8 novembre 1874 le conseil municipal demande ainsi un virement sur la somme de 4016 francs affectée à la construction de la maison d'école et  pour réparer le presbytère. Ce premier projet est abandonné.

 En 1871 le conseil délibère la construction d'une nouvelle maison d'école. De même en 1873, mais la construction ne démarre toujours pas. Le 25 janvier 1876, une nouvelle délibération est prise en vue de la construction d'une école mixte et d'un logement pour l'institutrice. Un nouvel architecte, M. Bertrand, de Mirande, est chargé de ce projet. Il choisit d'articuler deux salles de classe, une pour les garçons et une pour les filles, autour d'un bâtiment central qui servira de mairie et de logement pour l'institutrice (l'instituteur restant logé au presbytère).

 Un problème se pose rapidement: l'emplacement choisi empiète sur une partie du cimetière. Ce problème est résolu par l'agrandissement vers l'ouest du cimetière, grâce au don de terre de Jean-pierre Bonneau. 
 Le 26 juillet 1885, le conseil veut payer à Louis Mailhes 150 francs pour un petit morceau de terrain indûment pris lors de la construction de l'école. Celui-ci refuse et veut intenter un procès, espérant sans doute toucher plus.

 Le budget initial pour bâtir l'école est de 14422 francs 82 centimes. La commune fait une demande de subvention au ministre de l'Instruction Publique (demande à hauteur de 4612 francs 31 centimes), qui accorde 4000 francs en décembre 1876.
le 24 novembre 1878, les travaux ont déjà débuté: l'entrepreneur, Soulès, accepte d'être en partie payé en nature sous la forme de bois et de sable.
Des moellons sont achetés à un particulier de Mazerolles, Dazet, le reste est extrait dans des carrières de la commune.  
Le 15 août 1879, les bâtiments sont  terminés et réceptionnés.

 Ce bâtiment, à l'exception des annexes, n'a guère été modifié dans sa structure: on relève seulement des travaux de toiture en 1907, et une réfection de l'intérieur en 1924.

12-3-Le mobilier de l'école

 Le mobilier scolaire est acheté pour 1486 francs et livré en 1882 par Henri Dastugue, menuisier à Saint-Sever. Le mobilier se compose alors de 40 tables à deux places, deux chaires, cinq tableaux noirs et une armoire-bibliothèque. Une subvention de 700 francs permet de couvrir en partie ces frais.
En 1884, deux « calorifères » (des poêles) sont achetés pour chauffer les salles de classe, qui devaient être glaciales en hiver.
En 1899 la valeur du mobilier se monte à 16500 francs, il est complet à l'exception de cartes de géographie et des tableaux d'histoire naturelle.
Une modeste bibliothèque de 20 volumes, dotation de l'Etat, existait également.
En décembre 1932, la mairie décida des créer une « caisse des écoles », chargée de remettre annuellement des prix aux meilleurs élèves, pour encourager leur travail.
Dans les années 50 et 60, de gros investissements matériels furent réalisés, notamment l'achat d'un meuble radio-phono en 1957, de livres, de disques... suivant ainsi la Loi Baranger de réforme scolaire. Des travaux de rénovation des locaux furent également effectués.

12-4-Les annexes de l'école

 Les mentions retrouvées sont peu nombreuses.
 En 1899 des préaux n'étaient pas encore construits. L'instituteur de l'époque explique «[qu'il] n'y a pas de cours, le chemin public qui conduit à l'église tient lieu de cour ».
 Le 16 avril 1893, une délibération est prise pour acquérir un terrain pour établir des préaux et des latrines. L'achat de cette terre (6 centiares appartenant à Louis Mailles) n'est effectif que le 4 février 1896, pour la somme de 200 francs. Les travaux ne débutent qu'en 1903 et comprennent des préaux et des cabinets, à hauteur de 2572 francs. L'architecte Labat est engagé pour l'occasion, avec l'entrepreneur Romulus. En 1932, ces préaux furent réparés et bétonnés.

 En janvier 1930, un contrat est passé avec le puisatier Elie carrère de Lalanne-Trie pour creuser un puits près du groupe scolaire, la fontaine la plus proche se trouvant en contrebas du coteau, presque inaccessible.
 En 1956 enfin, un ravalement complet des bâtiments et annexes fut réalisé.

12-5-Le logement de l'instituteur

 L'instituteur ne bénéficiait pas d'un logement de fonction, mais une chambre était louée à son usage par la mairie.
En mai 1837, suite à une loi de 1833 obligeant les maires à payer un instituteur, le conseil décide de créer un impôt pour permettre de fournir un traitement et un logement à l'instituteur. Cet impôt est de trois centimes additionnels par foyer pour 1838.

 Un premier projet de construction d'un logement pour l'instituteur fut formé dès 1837.
 En août 1840, une maison achetée à Pierre Mailhes, et destinée à servir de presbytère, est partagée en deux pour servir également de logement à l'instituteur. L'instituteur Sarrelabout, en 1899, décrit ainsi ce logement: « Ce logement est composé d'une chambre au rez-de-chaussée de 5x6 mètres avec chambre correspondant au premier et une décharge de quelques mètres carrés. Il est tout à fait insuffisant pour un instituteur en famille ». Précisons que cet instituteur avait une femme et deux fils...
 Dans les années 1950 le prêtre ayant quitté le presbytère pour s'installer à Villecomtal, son logement fut occupé par les instituteurs. En 1956, le logement de l'instituteur, inhabité, fut réparé, et finalement mis en location en 1967 pour 200 francs par mois.

13-La mairie

 L'histoire de la mairie se confond au 19e siècle avec celle de l'école. La même salle servait de salle de classe et de salle de réunion en soirée jusqu'en 1876, date de construction de la nouvelle mairie-école. Une salle fut dès lors réservée à cet usage. 
 Quelques meubles dans la salle de classe permettaient d'isoler pendant la journée les papiers officiels des élèves. En 1851 par exemple, un meuble spécifique fut acheté pour entreposer le cadastre. 
 Le déménagement des documents de la mairie avait été prévu de longue date: le 9 novembre 1874 déjà un virement est effectué pour payer « le relieur des archives de la mairie » pour la somme de 146 francs 30 centimes.

 La mairie-école fonctionna jusqu'à la fin du 20e siècle. Trop petite, cette mairie fut désaffectée en 1985 au profit du « pavillon d'accueil » neuf bâti à proximité, qui sert actuellement de bâtiment communal. L'ancien bâtiment rénové a été  transformé en garderie et bibliothèque publique.

 L'actuelle mairie, envisagée dès 1983, fut entreprise en 1984 et terminée deux ans plus tard (le certificat de conformité date du 20 janvier 1986). Elle abrite aujourd'hui la salle du conseil municipal, le secrétariat et les archives communales.

14-Le presbytère

 Un presbytère devait exister depuis le moyen-âge. Les archives n'en conservent cependant pas de traces avant 1707: le presbytère est alors mentionné comme confront des terres possédées par l'abbaye de Saint-Sever, il est situé au bord de la route royale et près de l'Arros1, à quelques centaines de mètres au plus de l'église de La Carce. 

 Ce presbytère était une maison bâtie en terre et bois, complétée d'une annexe avec une chambre pour l'auxiliaire du prêtre, quand il y en avait. Une sorte de grange faisait office de « grange à dîme », elle servait de stockage pour les dons faits au prêtre  (le prêtre était essentiellement rémunéré en nature).
 Un conflit éclata en 1763 entre le curé Duprat et la communauté. Celui-ci refusait  de monter le chemin menant à l'église paroissiale, préférant dire la messe à l'église de la Carce. Comme la communauté refusait de céder aux exigences du prêtre, celui-ci porta plainte auprès de l'archevêque au sujet du mauvais état du presbytère (le toit était percé...). Un ingénieur fut envoyé pat l'intendant pour estimer les travaux; ces travaux furent adjugés dès le 27 novembre 1763, mais ils ne purent être effectués car le prêtre refusa de payer la part des travaux qui lui revenait, trop élevée à son goût. Les travaux n'étaient toujours pas effectués en 1765-1766, car un nouveau devis fut réalisé et une lettre envoyée à l'intendant à ce sujet.

 Ce presbytère fut finalement réparé en même temps que l'église à la fin du 18e siècle: un devis estimatif fut réalisé par Anthony Roques, Habitant d'Aux, en août 1777. Les travaux ne furent cependant entrepris qu'en 1786 par le charpentier Jean Poujol2.

 Le 27 messidor an III ce presbytère fut estimé par deux architectes en prévision de la vente comme bien national. C'était une petite bâtisse dotée d'un étage planchéié et de deux cheminées3. Les annexes avaient sans doute été démolies à cette date. Le bâtiment fut vendu à un particulier sans doute peu après.

 En janvier 1837 le maire expose que la commune se trouve alors sans presbytère, le desservant bénéficiant d'un loyer (une maison dotée de deux chambres, dont une sert à stocker le grain). L'instituteur est chargé de faire arpenter les bois communaux à vendre en prévision de l'achat d'une maison. Le projet traîne, et une autre maison est louée à Pierre Mailhes 70 francs par an pour loger le prêtre.
 En janvier 1839, le même Pierre Mailles propose de vendre son bien à la commune pour en faire le presbytère. Le sous-préfet agrée la demande, et l'achat est effectué au mois d'avril suivant pour la somme de 2500 francs. Pour faire des économies, la maison est partagée en deux pour servir également de logement à l'instituteur. 
 Le curé et le conseil de fabrique, scandalisés de devoir partager le nouveau presbytère avec un laïc, déposent une pétition auprès du préfet et de l'évêché. Un plan est établi.

 L'archevêque d'Auch, ému par cette situation inédite, se déplace en 1840 pour observer sur place la situation. Comme la maison achetée était assez grande, ce sage prélat consent au partage de la bâtisse, à condition que les deux « appartements » ainsi créés disposent d'un jardin et d'une cour indépendants, séparés par un mur. La municipalité accepte immédiatement le compromis, trop heureuse de se tirer à si bon compte d'une situation qu'elle n'avait pas prévue.

 C'est ainsi que le curé et l'instituteur furent logés à la même enseigne pendant la majeure partie du 19e siècle! La construction de la nouvelle école ne changea rien, car l'appartement prévu fut réservé à l'institutrice.

 Les seules autres mentions retrouvées font état de travaux de réparation. En 1857 et en novembre 1874 par exemple des virements sont réalisés par le conseil municipal pour réparer le presbytère. De gros travaux sont entrepris en 1874: le devis prévoit 10 chars de tuiles, six quintaux métriques de chaux, trois mètres cubes de sable et des lattes.

 Dans les années 1950, le prêtre quitta ce logement pour s'installer à Villecomtal. Il fut dès lors réservé à l'instituteur, puis mis en location à partir de 1967 et après travaux. D'autres travaux furent réalisés en 1973 et 1975.

 Le presbytère existe toujours, il est visible au bord de la route départementale et est aujourd'hui habité par des particuliers. Il conserve cependant sa double entrée (celle qui était réservée à l'instituteur est occultée) et le vestige du mur de clôture qui séparait le prêtre et l'enseignant. 
 

15-Le foyer familial

 Le foyer familial a été créé en 1938 par la municipalité de Théophile Sorbet (ce qui est rappelé par une plaque sur l'édifice). Le bâtiment lui-même, de plan barlong, est implanté à l'est de l'école. Sa façade, très géométrique, avec des ouvertures à pans coupés, est caractéristique de cette période.
 Il servait – et sert encore ponctuellement- de lieu de réunion pour l'ensemble des habitants du village, en particulier lors de la fête patronale du 15 août.
 Il a été complété après la deuxième guerre mondiale par la salle des fêtes, ancienne halle communale.
 

16-La halle communale/ salle des fêtes

 Un projet de halle communale fut élaboré en mars 1974. La DDE fut chargée de travaux. Le devis de 90 000 francs était supérieur aux capacités de la commune: la mairie emprunta 57 000 francs au Crédit Agricole.
 Le bâtiment fut implanté près de l'église, collé au foyer familial dont il constituait une extension.
 Des travaux complémentaires (aménagement intérieur, chauffage) furent entrepris à partir de 1976, une extension fut projetée en 1977 et réalisée l'année suivante (à hauteur de 100000 francs). La halle devint ainsi une véritable salle des fêtes, capable d'accueillir l'ensemble de la population. En 1982, après un incendie accidentel, l'isolation thermique et acoustique fut réalisée, et quelque aménagements complémentaires lui ont donné son aspect actuel. Des travaux d'agrandissement sont prévus en 2002.
 

17-La digue sur l'Arros

 La digue de Montégut correspond à une dérivation ancienne de l'Arros, destinée à alimenter en eau le moulin de Montégut et les moulins de Villecomtal4. Son histoire se confond par conséquent avec celle du moulin. Elle est citée pendant la Révolution Française: les experts viennent la visiter lorsqu'ils réalisent les estimations des moulins de Montégut et Villecomtal.

 Une intéressante carte postale du début du siècle montre la digue sous la forme d'une chute d'eau d'environ trois mètres de hauteur, complétée d'un muret et précédée en aval d'un gué doublé d'une passerelle en bois très étroite qui permettait de passer à pied sec.

 On ne connaît pas l'origine exacte de cette réalisation (au 17e siècle au moins). En 1688 Monsieur de Monlézun Saint-Lary en prit la charge, et un acte de 1910 nous permet de savoir que cette digue, avec les moulins, étaient alors la propriété de la comtesse d'Andigné, qui explique dans une requête que « la nécessité de l'exploitation de ces trois usines [les moulins] a fait établir, en vue de l'alimentation du canal, un barrage sur la rivière de l'Arros depuis un temps immémorial ».

 Pour permettre le passage d'une rive à l'autre, un gué existait immédiatement en aval de la digue, ainsi qu'une passerelle de bois. Le 20 mai 1874, le conseil municipal demande l'aide du préfet pour terminer cette passerelle: les habitants jouissant de cet accès vers leurs terres ont déjà déboursé la somme de 300 francs, il en faut 800 pour terminer le travail et la commune ne dispose que de 300 francs supplémentaires. Le maire fait valoir que cette passerelle se trouve « sur la voie du chemin vicinal n°9, partant du territoire de St Sever sur la plaine du couchant de l'Arros, aboutissant à la route de grande communication n°25, de Marciac à Tournay (Hautes-Pyrénées) ». Les travaux traînent en longueur malgré la simplicité de l'ouvrage, car le 9 novembre 1874, le maire commande un mètre cube de coeur de chêne pour le pont de la digue, pour la somme de 80 francs.

 Depuis, cette passerelle de bois, trop périssable, a été remplacée par une passerelle en béton (vers 1965), qui demande moins d'entretien.
 

18-Le moulin

 On ne connaît pas l'origine du moulin.
 Dans son état actuel, on peut cependant estimer qu'il ne remonte pas avant la fin du 18e siècle. Un acte de 1827 signale en effet une terre sise « au levant du moulin neuf »5.

 Un examen attentif des maçonneries de ce bâtiment permet cependant de déceler plusieurs bâtiments successifs:
un bâtiment médiéval, dont il ne subsiste que deux murs en pierre de taille remployés dans les murs postérieurs
un bâtiment du 17e-18e siècle, en pierre également, correspondant aux arches sur le canal
les granges du 19e siècle
les aménagements en ciment et béton du 20e siècle, avec une adjonction sur la partie habitable et sur les granges

 Les mentions documentaires sont peu nombreuses.
En 1755, dans le livre terrier, le roi possède noblement le moulin.
Le 8 mai 1688 le moulin est aliéné au comte de Monlézun-Saint-Lary, avec le moulin de Villecomtal implanté sur le même canal.
Le 21 mars1724 le même sire de Monlézun reçoit l'autorisation de construire un nouveau moulin et une scie à eau sur le canal, à Villecomtal6.
En juillet 1836 est cité « le chemin partant du moulin passant au couchant de la maison de Maumus Dominique et Castay Jacques ... ».
F.J. Bourdeau affirme en 1861 qu'en l'an XII Montégut possédait un des deux moulins à scie du département (p.217). Il confond certainement ce moulin avec celui, tout proche, de Villecomtal.

On connaît également le nom de quelques propriétaires: en 1688 et 1724 le moulin appartenait à M. de Monlézun-Saint-Lary. En 1830 le moulin appartenait à Louis Monlézun de Betplan, qui le louait au meunier du village Jean Bergoute.
En 1910, le moulin était la propriété de « madame Alexandrine, Blanche, Charlotte, Ernestine de Croix, comtesse d'Andigné », demeurant à Paris, au n°3 de la Rue de la Chaise, veuve du comte d'Andigné, seule héritière de « Marie Marguerite Alexandrine de Croix, marquise de Caulaincourt, sa soeur, décédée le 30 décembre 1910 », ancienne propriétaire7. En 1927 le moulin passa entre les mains de Jospeh Lacoste, riche propriétaire de Vic-Fezensac et en 1952 à Jacques Lamon, chef d'escadron à Toulouse.

19-La tuilerie communale

 La tuilerie communale8 existait dans les années 1810, mais elle est probablement plus ancienne. Le nom de « quartier des tuileries » existe en effet dans le terrier de 1755, la tuilerie est alors gérée par la commune et la terre qui la porte est réputée noble (cette tuilerie pourrait être une création seigneuriale bien plus ancienne, par exemple pour construire l'église paroissiale au 15e siècle ou même le château?).

 Les bâtiments ont aujourd'hui disparu, il est de ce fait difficile d'en apprécier les caractéristiques. Le cadastre napoléonien, qui donne le seul plan connu, montre la présence de deux bâtiments proche, la tuilerie proprement dire et une maison d'habitation.

La tuilerie communale sur le cadastre de 1830: le site était implanté sur un coteau, près des sources d'approvisionnement en argile. Il existait en fait deux bâtiments: la ferme qui servait de logement au tuilier, et la tuilerie proprement dite, en forme de croix latine, avec four et zone de séchage.

 La tuilerie était propriété communale au 19e siècle, le conseil municipal l'affermait à des entrepreneurs privés moyennant un bail annuel.

 En 1841 l'adjudication est faite pour six années, moyennant un cahier des charges réduit.

« Cahier des charges concernant l'afferme de la tuilerie communale de Montégut-Arros, canton de Miélan, département du Gers.
Le conseil municipal entant (sic) par le présent établir au fermier les closes et conditions ci-après énoncées pour le bail à ferme de la dite tuilerie, qui commencera le 24 mars prochain, et qui expirera le premier janvier 1846, savoir:
1- Le fermier pourra jouir, pendant l'espace dudit bail, comme il est expliqué dans la délibération du conseil municipal du premier janvier courant, dont la contenance est d'un hectare 41 ares 20 centiares, et composé, en partie inculte, labourable bouscarre.
2- Plus il prendra la tuilerie dans l'état actuel où elle se trouve, sans que la commune soit contrainte à y faire des réparations, et à la fin du bail, il la remettra au même état où il la prend.
3- plus il sera tenu de fournir une bonne et solvable caution durant l'espace du bail, et ne pourra en faire abandon qu'en cas de mort,  où de maladie qui le mettrait dans l'impuissance de travailler, en observant, qu'il sera toujours tenu de payer l'année courante du principe de maladie.
4- Plus il demeure en outre chargé en sus du prix du bail, la première année seulement, un millier de carreaux pour réparer le carrelage de l'église; de plus, un char de tuile à canal pour les années suivantes: sauf que la commune se réserve le droit d'exiger du dit fermier la valeur en numéraire si par cas le conseil municipal apercevait dans la dite tuilerie quelque réparation nécessiteuse, pour les y faire faire.
5- Plus il ne pourra vendre ni faire transporter sur d'autres propriétés, que sur celles qui font partie de l'afferme, les terraux qui se font devant les bouches des fours; en outre il n'aura pas le droit de faire des tas de terre trop forts, pour conserver la viabilité publique.
6- Plus enfin, il satisfaira à tous les frais qu'occasionnera le dit bail à ferme, et l'adjudication qui surviendra.
7- Enfin, quant au paiement du prix de ferme, l'adjudicataire sera tenu de l'effectuer entre les mains du receveur municipal en deux parts égaux, savoir, le premier le quinze août 1840 et le second le 25 décembre de la même année, ainsi de même pour les années suivantes.

 Fait par nous Jean Mailles Maire, de la communauté de Montégut-Arros, conformément aux dispositions du conseil municipal. A Montégut-Arros le 20 janvier mil huit cent quarante. 
Le Maire, 
J. Mailles

Vu et approuvé,
 Auch, le 14 février 1840,
 L'auditeur au conseil d'Etat, 
Préfet du Gers,
 Larrouy »

On connaît bien, grâce aux mentions des registres communaux, la liste des adjudicataires-exploitants de cette tuilerie.

Le sieur Bertin est dit tuilier sur  la matrice du cadastre de 1830. Jean Dours est adjudicataire en mars 1840 pour la somme de 125 francs par an. Le premier février 1846 Pierre Lamarque devient adjudicataire pour 200 francs par an. Le 22 février 1852, l'adjudication est faite au profit du même Pierre Lamarque pour 220 francs, de nouveau le 14 février 1858 pour 355 francs, et en 1864, le bail est adjugé pour 1115 francs. Guilhaume Dours est adjudicataire pour 700 francs en 1870.
 Des travaux furent réalisés en 1847, et de nouveau en 1858, à hauteur de 240 francs (réparation de la charpente et du four).

 Le 20 août 1875, le conseil municipal renouvelle le bail à ferme de la tuilerie, qui devait expirer le 31 décembre, bail de six années. A la tuilerie est accolés une terre communale de 1ha45a20ca sans partie inculte. Ce bail est passé le 4 novembre 1875:

« [...] Le cahier des charges a été rédigé en neuf articles dont la teneur suit.

Article 1er: La tuilerie devra être tenue en bon état par le fermier et remise en fin de bail dans les mêmes conditions qu'au moment de la prise en ferme.
Article 2: L'adjudication se fera en présence de M. Le Maire et de trois membres du conseil municipal.
Article 3: La mise en ferme doit être faite pour une durée de six ans, commençant au premier janvier 1876, et se terminer au 31 Xbre 1881.
Article 4: L'adjudicataire sera tenu de fournir une caution solvable.
Article 5: L'adjudicataire demeurera chargé de donner en sus du prix du bail, la première année dix quintaux de chaux vive et fraîche et cinq cents carreaux d'une épaisseur de 3 centimètres et d'une dimension de 20 centimètres en carré. Pour chacune des cinq dernières années, il sera tenu de fournir un char de tuile à canal. Au cas pourtant où l'emploi de la chaux, des carreaux et de la tuile n'aurait pas lieu, le fermier serait obligé d'en payer la valeur en numéraire.
Article 6: Le fermier ne pourra ni vendre ni transporter sur d'autres propriétés que sur les terres labourables situées au nord et au sud dépendant de la tuilerie et y contiguës: 1° les terreaux qui se font devant la bouche du four à chaux; 2° le fumier provenant de la paille, tiges de maïs et de sorgho évalué à un mètre cube et demi par an.
Article 7: L'adjudicataire devra ne pas élever des tas de terre sur le chemin vicinal longeant le fout à chaux, afin de ne pas obstruer la voie.
Article 8: Le prix de ferme sera versé entre les mains du receveur municipal de Miélan en deux termes égaux le 15 août et le 25 décembre de chaque année.
L'adjudication se fera à l'extinction des feux et l'enchère devra être de 5 f. de telle sorte que l'adjudication ne sera définitive qu'après l'extinction de trois feux par enchère.
Article 9: Les frais d'adjudication seront à la charge de l'adjudicataire.

Fait à Montégut-Arros le 4 9bre 1875

G. Caussade;  Galin J. Marie;Pujos J-M.; A.Castay; R. Laporte;Cougot; C. Laporte; Bergez; L. Bergez; Vignaux »

 L'adjudication est faite le 23 janvier 1876, de la « tuilerie sise au quartier de la Haille, composé de deux fours à chaux, d'un hangar et d'un logement de deux chambres; d'une pièce de terre labourable sur le midi de la tuilerie; d'une autre petite parcelle labourable sur la partie nord, et d'une parcelle de bois (nord-ouest), le tout d'une contenance d'environ un hectare quarante ares ». Le tout est adjugé à Bertrand Soulès pour 210 francs. Celui-ci résilie son bail en 1881.
 En 1886, le cahier du bureau de bienfaisance mentionne le paiement de cinq journées de travail à la tuilerie en 1884 pour le charron Dabezies, pour la somme de 16 francs (remise en état du four ?).
 En 1884 le renouvellement du bail se fait au profit de Sembrès et Lamarque. Le 13 janvier 1889, le bail  à ferme est renouvelé, mais les fermiers précédents n'ont pas remis en état le bâtiment et personne ne se présente à l'adjudication de février et juin. Les fermiers Sembrès et Lamarque sont mis au tribunal pour les obliger à réparer9.
 En juin 1892, le conseil se décide à affermer  les terrains contigus à la tuilerie, faute de repreneur depuis trois ans.
 La tuilerie en ruines, la maison et le terrain furent finalement rachetés au début du 20e siècle par la famille Sembrès.
 Toute trace de cette tuilerie a aujourd'hui disparu, et le quartier est devenu un moderne lotissement communal.

 Dans les années 1900, l'ancien fermier Sembrès poursuivit à titre privé son activité de tuilier, dans une maison proche de l'ancienne tuilerie communale (et des poches d'argile), la maison « Gélé ». Cette ancienne ferme est facilement reconnaissable sur la route de Moumoulous: elle a entièrement été restaurée avec des briques et des tuiles provenant du four de la maison. Un descendant de la famille Sembres vit toujours là.
 

20-La tute de l'homme sauvage

 La « tute » de l'homme sauvage est une grotte, cavité naturelle formée par des infiltrations et des effondrements naturels dans les niveaux de grès molassique et de poudingue d'un coteau au sud du territoire communal, à la limite communale de Saint-Sever-de-Rustan. 
Une légende rapporte que des moines de Saint-Sever vinrent s'y réfugier pendant les guerres de religion quand le monastère fut incendié par les huguenots. D'autres habitants nous ont affirmé que ce lieu servi de refuge à un ermite, un « homme sauvage ». Enfin ce refuge naturel servit vers le début du 20e siècle de grange et d'étable. De la vigne était cultivée à proximité, comme l'indique la présence de vigne sauvage sur ce site.

Un auteur bigourdan en a fait la description dans le Bulletin de la Société Académique des Hautes-Pyrénées en 1939 (p.76):
« Il s'ouvre à la base de la colline, à la cote 240. L'ouverture eszt contrée. L'accès en est très facile. Sur la droite, ob voit un commencement de seconde excavation avec pileir de soutien. Cela représente probablement un essai de creusement d'un second abri séparé du premier par une cloison ajourée, comme j'en ai vu à Labarrère, dans la vallée de l'Izaute, entre Eauze et Montréal.
Le terrain du coteau est formé d'un conglomérat à gros éléments, de galets réunis par un ciment argil-calcaire. La consistance est bone et se prête au creusement d'excavations de dimensions assez grandes. Celle-ci présente un creux de 10 mètres de profondeur sur 6 mètres de largeur. Le plafond est en forme de voûte, d'une hauteur de 2,50 mètres au milieu. Le sol est jonché de débris tombés de la voûte ou détachés des parois. M. Cazanave y a trouvé une pointe en silex. Il est probable que le déblaiement e cet abri permettrait de recueillir un outillage lithique intéressant.
L'ouverture regarde le midi. L'excavation s'ouvre à 6 mètres du sommet du coteau. Il n'y a, à l'intérieur, aucune trace d'infiltrations, pas même d'humidité. Le creusement de main d'homme ne fait pas de doute; il est démontré par la forme cintrée de l'ouverture et par la forme vraiment caractéristique de la voûte. L'existence d'un pilier de soutien près de l'entrée confirme encore cette conviction,  car le projet de creusement d'un second abri paraît évident. Ce n'est pas ainsi que travaillent les infiltrations d'eau ».
 

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Dernière modification : 1/03/02