Bibliographie * Documents (textes) * Documents (graphiques) | |
Monographie de Montégut-Arros (Gers) | |
6-L'église paroissiale Notre-Dame-de-l'Assomption 6-1-Description L'église paroissiale de Montégut est l'édifice
le plus remarquable de la commune, tant par sa position dominante que par
son architecture et son histoire.
L'abside pentagonale prend naissance au niveau des derniers contreforts
de la nef. Voûtée d'ogive, elle présente un harmonieux
motif de voûtains rayonnants. Un plancher surélevé
met en valeur cet espace.
Le clocher, implanté à l'ouest, est suspendu sur arc bandé lancé entre deux épais contreforts, dont l'espace intermédiaire a été fermé pour accueillir un escalier. Il est accessible depuis la nef et depuis la tribune et se termine par une toiture charpentée à quatre pentes, en pointe, couverte d'ardoises. Plan général de l'église:
6-2-Analyse Cet édifice, de plan simple, présente cependant de nombreuses anomalies de maçonnerie qui indiquent des réfections fréquentes depuis sa construction. Le plan gothique, la nef unique, la présence de deux fenêtre dans l'axe de la nef qui rappellent l'emplacement du « transept » (qui n'existe pas ici), rapprochent cet édifice des église de style « gothique méridional », que l'on trouve dans toute la région au 14e et 15e siècle. De fait, la forme particulière des chanfreins des fenêtres conservées et de la porte de la tribune, de forme concave, permet par comparaison de dater ce bâtiment de la première moitié ou du milieu du 15e siècle. La cathédrale de Mirande ou le château de Sauveterre, bien datés, présentent des ouvertures identiques. Cependant l'unité de style ne doit pas occulter plusieurs particularités étonnantes. La première est l'emploi de deux matériaux de construction. Le chevet en briques semble avoir été bâti d'un seul jet, alors que la nef remploie manifestement les pierres d'un édifice plus ancien, à partir de la troisième travée1. On peut ici faire plusieurs remarques:
Que retenir de ces observations? De toute évidence le chevet et les deux premières travées ont été bâties au 15e siècle, elles sont parfaitement homogènes. La construction fut arrêtée à ce moment, pour une raison inconnue (crise? manque de moyens financiers?). Postérieurement, la construction fut poursuivie et terminée, avec l'adjonction de trois travées de nef supplémentaires, elles-mêmes très remaniées par la suite. On peut proposer la fin du 16e siècle ou la première moitié du 17e siècle pour cette continuation (le portail d'entrée pourrait dater de cette époque). Le clocher, sur lequel Cazauran a lu la date de 1723, pourrait-être un terminus. L'ensemble des maçonneries étaient en place à ce moment-là. Essai de datation des maçonneries de l'église notre-Dame-de-l'assomption de Montégut-Arros: 1- Première moitié du 15e siècle
Le clocher présente d'autres particularités. Construit
en plusieurs étapes, il présente un aspect assez composite
et une taille réduite par-rapport au reste de l'édifice.
L'arc bandé entre les contreforts indique que la partie inférieure
de l'actuel clocher n'était pas fermée initialement
(pour permettre l'accès par un portail d'entrée?). Cela pose
le problème de l'accès primitif à l'étage campanaire
(une échelle?) et à la tribune. Ce clocher n'était
d'ailleurs peut-être à l'origine qu'une arcade campanaire
dépassant du toit, comme on le voit fréquemment sur les églises
de cette période.
6-3-Commentaire On ne sait presque rien de la première église Notre-Dame-de-l'Assomption qui devait se trouver à ce même emplacement, près du château. Ce premier bâtiment, qui relevait avec la paroisse du diocèse de Bigorre, est cité en 1342 dans le pouillé des bénéfices du diocèse, document fiscal qui organise les archiprêtrés et la répartition des bénéfices ecclésiastiques2. Je ne sais pour quelle raisons ce premier lieu de culte fut démoli
pour construire l'actuel, au 15e siècle. Peut-être était-il
trop vétuste ou trop étroit pour une population importante.
« Le capitaine Legier, le dixiesme mars mil cinq cens septente troys, se serait emparé de la ville royale de Sainct Sever de Rustaing [...Lui et ses hommes] pillarent et bruslarent les esglises de Senac, Cabanac, Averede, Montagut, Villacomtal, Faget, Teulé, Monfaucon, Estampes que plusieurs autres esglises ». On doit supposer que des travaux furent réalisés
vers la première moitié du 17e siècle. La reconstruction
d'une partie de la nef est hypothétique (construction de trois travées?
Remplacement des voûtes effondrées par un lambris?). En revanche
le bénitier conservé et les vestiges du portail sont de cette
période et permettent d'assurer la réalité de travaux
à cette époque.
Des travaux d'entretien furent effectués au 18e siècle.
On possède des devis de 1777 pour le clocher et le bâtiment4.
L'abbé Cazauran croit avoir lu sur la pierre du clocher -aujourd'hui
illisible- l'inscription « fait en l'an 1723 », ce qui permettrait
de dater l'édification de l'actuel clocher. En 1749 une quête
fut effectuée dans le village pour faire fondre une cloche.
Un porche existait devant l'entrée, qui protégeait l'accès et servait peut-être de lieu de réunion de la communauté, comme dans beaucoup de villages. Il est signalé dans un devis du 19e siècle conservé dans les archives paroissiales, il est alors très délabré et fut certainement démoli. Cet épisode correspond probablement au « déplacement » de la porte évoqué par Cazauran. Les premiers travaux sont prévus vers 1809, sous
l'impulsion de la fabrique: voûte, tribune à refaire, vitrage,
carrelage. Une cloche est fondue cette année. Le manque de moyens
empêche la réalisation de tous les autres projets.
Projet d'autel réalisé par Vignes, architecte, le 19 mars
1832. Plan aquarellé
En 1833 la sacristie est édifiée à l'est du chevet. D'après Cazauran, « l'ancienne sacristie devait se trouver au pan coupé du nord où se voit le vitrail de l'adoration des rois. Cette fenêtre est récente » (elle est datée de 1888). La chapelle de la Vierge, percée dans la nef entre des contreforts, fut entreprise vers 1847: on conserve le devis de construction daté du 15 mars 1847, par le maçon Jean Lamarque. L'autel qui y est installé est sans doute contemporain, il est porté dans les projets de réparation de la fabrique en 1846, avec la réparation du lambris. Le toit était délabré en 1849, des réparations
« urgentes » furent effectuées l'hiver même. Un
devis estimatif datant de cette période, réalisé par
la fabrique, montre que les vitraux devaient être refaits, les murs
blanchis, la chaire réparée, ainsi que la tribune, le clocher,
le porche et le mur du cimetière.
Ces travaux pesèrent lourdement sur les finances communales. Ainsi une délibération communale du 20 janvier 1876 porte la mention suivante: « considérant que la commune s'impose volontairement depuis plusieurs années des sacrifices considérables qui atteignent le chiffre de 18000 francs tant pour la restauration de l'église que pour la réparation du presbytère... ». La construction d'un nouveau clocher avait été prévue vers 1883, après diverses réparations, mais les finances communales ne permirent jamais cette réalisation. Il fallut attendre 1910 pour que le petit clocher qui existe encore aujourd'hui soit terminé, modeste oeuvre de charpente destinée à protéger l'étage campanaire. Les sommes engagées à cet effet furent très modestes: 263 francs, dont 100 francs de subvention accordés par le préfet5. Les derniers travaux importants concernent tous la sacristie: en 1932 le toit de cette sacristie, en tuile puis en zinc, ne cessait de poser problème: on décida de poser une toiture en béton armé. En 1950, suit à une forte grêle, des travaux de réparation de la toiture et des voûtes furent entrepris. En 1977, après la grande tempête de 1976, la toiture fut réparée, et de nouveau en 1981. 6-4-Le mobilier de l'église Le mobilier de l'église est d'une grande unité,
car il remonte essentiellement au 19e siècle, avec trois grandes
périodes d'aménagement:
Le mobilier de la nef est très homogène: la chaire
à prêcher, le confessionnal et les fonts baptismaux semblent
remonter au début du 19e siècle. Les fonts sont adossés
à un panneau de bois sculpté et peint, de facture maladroite,
qui montre en haut-relief le baptême du Christ dans le Jourdain par
Jean-Baptiste6.
La chapelle de la vierge comprend un bel autel à tabernacle
en marbre surmonté d'une statue de la vierge à l'Enfant (première
moitié du 19e siècle).
Les vitraux, de la fin du 19e siècle, présentent une iconographie assez homogène tirée essentiellement du Nouveau Testament: Saint Pierre, la Fuite en Egypte, l'Adoration des Mages, l'Assomption, la Cène (sur le chevet). L'abbé Cazauran mentionne à la fin du 19e siècle d'autres mobiliers aujourd''hui disparus (en 1905?): un tableau de l'Assomption au sommet arrondi, un Christ en croix, un tableau de l'Annonciation dans la chapelle. Le père Joseph Esparros, en 1840, signale de même trois grands tableaux, montrant la Vierge en Assomption, le Christ en Croix et la Descente de croix. Le mobilier de l'abside est de loin le plus riche et le plus intéressant.
Le maître-autel, sur une estrade en bois, se compose d'un autel en bois peint et doré (portant le monogramme AM: Ave Maria) et d'un retable en bois doré, avec tabernacle doré portant une crucifixion, entouré des figures du Christ et de la Vierge. Encadrant l'autel, sur les murs de l'abside, on trouve un très original ensemble de peintures rassemblées sous des cadres en bois identiques ayant la forme d'arcs vénitiens dans la partie supérieure. Ces peintures sont au nombre de 22, y compris celles qui surmontent les portes de la sacristie. On peut voir du nord au sud: 1- Saint Jean l'Évangéliste
Si l'ordre de ces peintures semble aléatoire à première
vue, on constate en fait que l'ordre des tableaux suit une « symétrie»
par-rapport à l'autel: les quatre évangélistes sont
en vis-à-vis, Joseph face à Marie... On a en fait un programme
assez cohérent, correspondant bien au programme de l'église
catholique sous la Restauration, très certainement commandé
et surveillé de près par le prêtre de l'époque.
Le style, un peu « naïf », est savoureux par ses détails.
Le mobilier de la sacristie est limité: armoire et buffet
de fabrication locale, lanternes et croix de procession, livres liturgiques
du 19e siècle. Un tableau montrant Saint Pierre, de la fin du 19e
siècle, est signé S. Sorbet, à côté d'un
autre tableau de petit format présentant le Sacré-Coeur.
Les cloches sont au nombre de deux.
Des cloches existaient précédemment, mais elles furent refondues pour fabriquer les cloches actuelles, comme il était d'usage, ou bien pour faire des canons pendant les guerres, on ne sait. On sait que des cloches furent fondues pour une des églises du village avant 1679: les consuls durent régler une partie des frais. Une souscription fut lancée par le curé pour fondre une cloche en 1749, aujourd'hui disparue.
|
|
Tous droits réservés
par l'auteur
Pour me contacter: abadies@aol.com |
|
|
|
Dernière
modification :