Montégut-Arros



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Monographie de Montégut-Arros (Gers)

5-Le château de Villandraut et son castelnau

 Il ne fait pas de doute qu'un château existait au moyen âge dans le quartier du même nom, à proximité de l'église paroissiale Notre-Dame-de-l'Assomption.
 L'abbé Cazauran1 le nomme château de Villandraut. Dans un acte de l'année 1883, la vigne voisine de l'église, qui deviendra plus tard cimetière, se nommait « vigne de villandreau »2. Je ne sais par contre d'où provient ce nom. Villandraut est une importante seigneurie du Bordelais, d'où est issu Clément de Got, pape à Avignon sous le nom de Clément V au 14e siècle. Je ne crois pas que ce personnage ait un lien avec ce château. Il faut sans doute supposer qu'un des seigneurs ou capitaines du lieu portait ce nom, qui resta lié à la terre.

Les mentions documentaires sont peu nombreuses:
 Cette forteresse est citée en 1357 comme castrum, elle était alors la propriété des coseigneurs du lieu, le comte de Pardiac et le sire de Montbardon, et un castelnau lui était accolé. Le château est alors doté d'une barbacane et de murailles.
 En 1608, un document relève les gages d'Arnaud Noguès, garde du château de Montagut3.
 En 1685, le château servait encore de dépôt d'archives, et contenait trois copies de la charte de coutumes du castelnau4.
 Le château, qui était encore entretenu à la fin du 17e siècle, fut démantelé au siècle suivant.
Dans le livre-terrier de 1755, le roi possède des terres du nom de « la bailie » au lieu-dit « à la côte du castet », ce qui correspond à une partie du site archéologique et du cimetière. La communauté possède également « masures et places de molié au castet ». D'autres mentions dans ce document permettent d'affirmer que dans cette zone, près du cimetière, se trouvait la « rue du baile » et le « baile », le logement de l'officier du comte portant ce nom.

A la fin du 18e siècle cependant il ne reste plus rien du château: le site est vendu au titre de terre inculte. Le 26 octobre  1793 une expertise décrit ainsi le site castral:

« Terre bousigue appelée au castet, confronte du levant et midi chemin public, couchant vigne de Dominique Delort, nort hautin de Pierre Castay, contient trois journaux une place, laquele a été divisée en deux lots égaux du nort au midi estimé cent vingt livres chaque lot, les deux ensembles la somme de deux cents quarante livres »5.

Signalons enfin que l'emplacement d'une muraille et de tours a été aperçu dans la zone du château dans les années 1944 lors de repérages photographiques pour l'armée américaine (photographie non retrouvée).

5-1-Description

 Le site du quartier du château est particulièrement bien choisi: sur un site de hauteur (d'où le nom donné à la seigneurie, Monteacuto, le Mont Aigu (-égut) et sur un éperon: trois faces du site sont protégées par l'escarpement de la colline, le quatrième côté est suffisamment étroit pour être barré facilement. 
 Le cadastre et l'étude du terrain montrent l'existence de trois sites distincts sur cet éperon:
en pointe, une motte castrale (ayant porté un château) entourée d'une série de replats 
au niveau de l'église et du cimetière, un espace intermédiaire avec un niveau de replat. L'étude attentive des « coupes stratigraphiques » naturelles aux limites du cimetière montre que des habitats étaient implantés là avant le cimetière, avec des traces de foyers.
Jusqu'à la limite de l'éperon, une zone aplanie, délimitée au nord et au sud par des talus en partie artificiels.

 La partie correspondant au quartier du château proprement dit est une élévation artificielle en terre, d'environ 70x60 mètres, correspondant certainement à une importante zone de démolition, délimitée par des talus artificiels.

5-2-Commentaire

 La mise en relation des articles 35 et 36 de la charte de 1357 permet de déterminer avec une bonne précision la topographie des lieux: la zone en limite de l'éperon correspond au château (castrum) signalé en 1357 et propriété des coseigneurs. Ce château était fortifié et doté de clôtures (clausurae) dont l'entretien était à la charge de la communauté, sauf le côté est (le plus « sensible », car correspondant à l'entrée) qui relevait des coseigneurs.
 Ce château était précédé d'une barbacane, c'est-à-dire un espace fortifié protégeant l'entrée, qualifié de « vieille barbacane » (barbacana antiqua). Cette barbacane pourrait correspondre à la partie ouest de l'actuel cimetière, en surélévation par-rapport au reste du terrain. On peut noter que les barbacanes, souvent de simples palissades de bois, correspondent souvent à la plus ancienne fortification du barri (ainsi à Andrest en 1340).

 L'abbé Monlézun, dans sa monumentale Histoire de La Gascogne, t.6, p.108, affirme que ce château fut confisqué et rasé par le roi de France au début du 16e siècle, à la suite de l'assassinat du curé de la paroisse par le seigneur du lieu pendant une messe. Cette mention tardive  peut être retenue, puisque d'autres actes authentiques assurent que le château existait encore un siècle plus tard.

5-3-Le castelnau médiéval

 A l'est de ce château se trouvait le village, ou barri, qui était lui aussi doté de fortifications, et apparemment de ponts et de portails permettant d'isoler le barri de l'extérieur et du château. Ces fortifications, comme l'indique l'article 37 de la charte de 1357, semblent avoir été en majorité en bois (palissades...). Les habitants avaient en charge l'entretien de ces fortifications. L'intérieur du barri était régulièrement loti, les consuls avaient en charge la répartition des places des maisons. A l'exception de l'église, qui semble avoir été reconstruite sur place, on ne connaît pas la structure interne du village, mais la logique et l'étroitesse du lieu semble imposer l'existence d'une rue unique bordée d'habitations, sur le modèle de ce que l'on trouve dans de nombreux villages-rues, en en particulier d'autres castelnaux (à Castéra-Lou...). Des parcelles étroites, sur le cadastre napoléonien, pourraient ainsi correspondre à des parcelles d'habitat fossilisées.

 On peut proposer une restitution partielle de l'aspect du castelnau de Montégut vers le milieu du 14e siècle.

Restitution du castelnau d'après les données fournies par la charte de coutumes de 1357:

Le plan cadastral de 1830, complété sur le terrain pour le relief (indiqué par les flèches):
 

Proposition de restitution du castelnau médiéval de Montégut:
 
 

Il faut noter que la forme du bourg reste largement hypothétique. On peut également envisager un bourg minuscule, entièrement groupé autour de l'église et du cimetière.

On peut ainsi expliquer la structure du castelnau: une forteresse, le château, se trouvait à l'ouest, dotée de murailles et d'une barbacane permettant de l'isoler du reste de l'éperon.
Plus à l'est se trouvait l'église, le cimetière et probablement la maison du baile, symbole de l'autorité comtale.
Le bourg (le « barri ») du castelnau devait être entouré d'une clôture en bois (en pierre à l'époque moderne?) et comprenait une rue unique bordée au nord d'étroites parcelles ayant servi à bâtir les maisons. L'étroitesse de l'espace explique l'absence d'une double rangée de maisons, plus fréquente ailleurs (à Tillac par exemple). 
Un portail devait fermer le tout, et l'accès se faisait par la voie de crête et deux chemins d'accès nord et sud, tous les deux fossilisés.
 
 Il faut noter cependant que bien des éléments restent flous. Par exemple on nous a signalé qu'en temps de sécheresse la forme de murailles et de tours apparaît dans les terrains qui entourent la motte du castelnau6. Il serait intéressant d'effectuer un relevé photographique, voire un sondage archéologique pour en savoir plus. De la même façon, l'habitat médiéval dans et hors le castrum reste largement méconnu.
 

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Dernière modification : 1/03/02