Montégut-Arros



Bibliographie * Documents (textes) * Documents (graphiques)
Monographie de Montégut-Arros (Gers)
Troisième partie
MONUMENTS


1-L'église et la motte disparues de « la gleysasse »1.

 L'abbé Cazauran2 signale qu'on a trouvé sur le site « encore désigné sous le nom de Gleysas, des reste de sépultures et, notamment, un sarcophage en pierre du pays qui sert maintenant d'abreuvoir dans la maison d'un propriétaire de la localité ». Le manuscrit des Archives Historiques de Gascogne précise le nom du propriétaire: Isidore Sénac (conseiller municipal de Montégut en 1874).
 Le nom de gleysasse (qu'on peut traduire par « la vieille église » ou « l'église disparue ») signale très certainement un édifice de culte disparu, dont on ne connaît pas la dédicace, ni l'origine, ni la disparition.
 Le cadastre napoléonien révèle également la présence dans le quartier (« Bégolle », cité en 1755) d'une motte castrale, aujourd'hui arasée. Quelques tessons médiévaux retrouvés sur le site par des prospecteurs prouvent que ce site fut occupé au cours du moyen âge, et assez rapidement abandonné (à la suite de la construction du castelnau qui aurait dépeuplé ce modeste habitat?). 
Je ne sais si Bégolle, nom du quartier, est le nom de ce « village » disparu, ou si c'est le nom d'un des propriétaires de la terre avant le 18e siècle (Bégole est le nom d'un village à une trentaine de kilomètres, et c'est aussi un anthroponyme).
 

 Le quartier de la  Gleysasse d'après le cadastre de 1830 au 1:2000. On distingue nettement la forme circulaire de la motte disparue, à une centaine de mètres du toponyme gleysasse, près de la voie d'accès. Après l'abandon du site, le parcellaire a été transformé par la création de champs quadrangulaires (caractéristiques du travail médiéval avec l'araire) qui ont été ensuite laniérés vers la fin du moyen âge ou plus probablement à l'époque moderne (caractéristique du travail avec la charrue, pour éviter de retourner le train de labour en bout de champ).

2-La chapelle Notre-Dame de la Carce

 L'abbé Cazauran signale l'existence d'une chapelle dédiée à Notre-Dame de La Carce, la carce étant le nom gascon de la prison (en espagnol carcel). Une terre réputée noble au 18e siècle, qui se trouvait à proximité, pourrait correspondre à l'emplacement de cette carce. A proximité également se trouvait le parsan du Marcadau, terrain qui devait servir au moyen âge de place de marché3. On avait donc un ensemble complet au moyen âge, au pied du castelnau: chapelle – marché -lieu de justice(-terre des lépreux).

 Les actes que Cazauran a pu consulter au presbytère montrent  que cette église était toujours en fonction en 1763 et que le prêtre y disait la messe pour éviter d'avoir à monter à l'église paroissiale: une pétition fut à cette date envoyée à l'évêque d'Auch et à l'intendant d'Etigny pour que le curé fasse ses offices dans cette église. Il existait au moins deux marguilliers, nommés vers 1754 (les frères Journé).

 Dans les registres paroissiaux des années 1737-1789, les mentions prouvent que l'église était fréquemment utilisée: on y célébrait des baptêmes, des mariages et des personnes du quartier étaient enterrées dans son cimetière4. Vers 1754 le curé de Rabastens, Dominique Cassin, est envoyé à Montégut par l'évêque de Tarbes pour vérifier les titres de sépulture de cette église: il recense près d'une trentaine de sépultures dont les familles revendiquent la propriété! Les tombes sont placées soit près du choeur5, soit sous les bancs, à l'endroit réservé par ces familles. Ainsi les morts et les vivants peuvent communier ensemble à la même place6.

 Cette église se trouvait dans la vallée, au bord de la route royale, au niveau de l'actuelle station de traitement des eaux. Elle est mentionnée dans un document de 17077, et dans le livre-terrier de 1755. L'église et son cimetière étaient alors à l'entretien de la communauté. Le seigneur du lieu possédait plusieurs terres autour de ce bâtiment, dont une « terre de la capère » qui devait correspondre à la parcelle réservée à l'entretien du prêtre, ainsi qu'une autre parcelle.

 En 1755, cette église était dotée de quelques terres: deux lopins au Marcadau, un bois à Tartas, une terre à las places et une autre à Bonnebaque, pour une surface un peu supérieure à 2 arpents (environ 2,5 hectares). Ces terres, destinées à l'entretien de l'église, correspondaient sans doute à des dons de personnes enterrées là. En 1761 ne plainte fut formulée auprès de l'administration des eaux et forêts car un habitant peu scrupuleux a coupé les arbres en complant d'une de ces parcelles. La même année une de ces pièces de terre, au Marcadau, est mise aux enchères.

 Il est difficile de préciser l'origine de cette église. Correspond-elle à une fondation liée à l'installation de la prison ou du marché? La présence d'un cimetière est curieuse: en principe tous les habitants auraient du être enterrés dans le cimetière paroissial, mais il est possible que l'emplacement élevé et peu accessible de ce cimetière explique l'existence de cet autre enclos funéraire « au pied de la côte ».
 La titulature de l'église à Notre-Dame doit sans doute être rapprochée de celle de l'église paroissiale et implique que ce petit édifice de culte fut probablement fondé au cours du moyen âge central (vers le 13e siècle?).

 L'Enquête des Paroisses du diocèse de Tarbes en 1783 signale encore ce bâtiment, mais celui-ci ne survécut pas à la Révolution Française.

 En l'an III un estimatif fut réalisé. Des habitants avaient déjà démoli la plus grande partie des maçonneries et les poutres de la toiture étaient démontées (ce qui prouve que c'était un édifice charpenté8). En l'an IV, l'emplacement et les « 80 chars de décombres provenant de sa démolition » furent vendus comme biens nationaux au citoyen Martial Vivès, de Haget, pour la somme de 902 francs9. 

 Il ne reste rien aujourd'hui de ce lieu de culte, seul l'emplacement est encore connu par quelques habitants, car des ossements humains se retrouvaient il y a quelques décennies à l'emplacement d'un jardin aujourd'hui désaffecté.
 

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Dernière modification : 1/03/02