Montégut-Arros



Bibliographie * Documents (textes) * Documents (graphiques)
Monographie de Montégut-Arros (Gers)

INTRODUCTION

 Écrire l'histoire d'un village, une monographie communale, est un exercice toujours délicat. C'est tout d'abord un travail d'humilité, puisque par définition cette histoire est impossible à écrire. Les documents, quand ils existent, ne donnent qu'un aspect limité de la réalité: quand on connaît la date de construction d'une maison, son architecture, que sait-on de ceux qui l'ont bâtie, y ont vécu, rit, souffert? Presque rien, souvent. Or, l'Histoire est d'abord celle des hommes, et on ne peut ici, au mieux, qu'en saisir l'ombre fugace derrière un mur. 

 En deuxième lieu, la monographie a été longtemps un exercice décrié par les historiens, car sans problème, sans but précis, donc sans intérêt. A fortiori, l'histoire d'un village sans histoire, car tenu à l'écart des grands événements de l'histoire de France, était une entreprise vaine. Depuis quelques décennies cependant, l'intérêt nouveau porté par les chercheurs au monde rural, au paysan, à sa vie, ses coutumes, son habitat... ont permis de renouveler les problématiques et de remettre à l'honneur ce qui constitue une source majeure de l'Histoire.

 C'est donc sans vergogne que je me suis attelé à la rédaction de ce modeste ouvrage, en gardant cependant à l'esprit la première chose qui frappe lorsqu'on arrive à Montégut-Arros: le coeur de la commune, une colline boisée, est occupé par l'église, l'emplacement d'un ancien château (le quartier en garde le nom), le cimetière et le monument aux morts, la mairie, l'école et la salle des fêtes. De maisons, point. Montégut-Arros, comme beaucoup de ses voisines, est une commune sans village. Traditionnellement, un village, c'est un groupement de maisons autour de sa mairie, son église et ses lieux de vie. Ici, tout est présent, mais les fermes et les maisons sont dispersées sur un territoire immense, ponctuellement groupées en modestes hameaux.
 En tant que médiéviste de formation, mon attention a été tout de suite attirée par ce phénomène: le noyau villageois, un ancien castelnau médiéval, a complètement échoué dans sa tentative de regroupement en village fortifié.

 La problématique qui a donc servi de fil conducteur à ma réflexion est celle de cet échec d'un habitat qui fut certainement groupé à moment donné: quelles forces, quels événements ont eu assez de poids sur les hommes et leurs biens pour empêcher ou détruire leur groupement, les laissant dispersés sur les terres, sans pour autant disloquer les cadres de vie traditionnels, la paroisse, la seigneurie, plus tard la commune?
 C'est à cette question, en apparence fort simple, que j'ai tenté de répondre, en puisant dans toutes les sources disponibles et en croisant les points de vue -archéologie, toponymie, histoire de l'art...

 Bien évidemment, la monographie communale de Montégut-Arros ne pouvait se résumer à cela -un indigeste exposé sur un castelnau disparu- d'autant que les sources sont à l'évidence trop réduites pour permettre des analyses fines et autoriser une généralisation.

 Les habitants de la commune, la municipalité, attendaient autre chose d'une monographie: une histoire locale des hommes et des bâtiments, une mise en évidence des « dynasties » familiales, que sais-je encore.  J'ai du puiser dans la bibliographie pour étayer plus solidement mon analyse.
 Il existe un seul ouvrage local disponible pour aider à réaliser une monographie communale: La monographie communale en pays haut-pyrénéen par J.F. Le Nail et J.F. Soulet1. La proposition de plan de ces deux excellents auteurs peut s'articuler en trois grands thèmes: la société villageoise, sa vie économique, sa vie politique. Plan à tiroirs, certes, mais qui permet de ne rien oublier. L'objectif d'une monographie est avant tout de rassembler des matériaux pour que d'autres en fassent la synthèse. J'ai donc repris ces trois thèmes en les plaquant sur la documentation locale. 
 La société, c'est l'étude de la vie de Montégut depuis le moyen âge, aussi loin que les documents permettent d'aller: la vie, la mort, les rites, les lieux de vie, les départs, les croyances.
 La vie économique, c'est celle que révèle l'exploitation de la terre, le travail artisanal, la gestion de l'eau et des routes.
 La vie politique, enfin, est un peu le liant de toutes ces données: comment la communauté a géré ces espace, quelles ont été ses institutions, ses problèmes aussi.
Ainsi finalisé, l'ouvrage restait cependant bien incomplet: nulle étude du paysage, des bâtiments, des cultures... J'ai donc décidé d'adjoindre à ces chapitres d'autres analyses plus ponctuelles sur la géographie et les monuments.

 La terre, c'est le cadre de vie des hommes. C'est à la fois l'espace géographique, « physique », les cours d'eau, les reliefs, la géologie, mais c'est aussi l'espace vécu. Pour essayer de comprendre comment les hommes ont perçu ce territoire à travers les âges, j'ai utilisé une des « sciences auxiliaires » de l'histoire, la toponymie, la science des noms de lieux, pour tenter de reconstituer cet espace.
 Une fois le cadre géo-historique mis en place, il s'est agi d'y faire mouvoir les hommes. J'ai donc tenté d'écrire une « histoire » de la commune, en mettant en valeur les éléments saillants qu'une maigre documentation a permis de découvrir. Bien évidemment, cet exercice n'était pas suffisant. En réalité, ce qui est apparu surtout dans la documentation et sur le terrain, c'est la pierre, celle qui a servi à bâtir l'église et les maisons. C'est par conséquent à une série de monographies des monuments de la commune que j'ai consacré le chapitre suivant, car ils racontent tous, à leur manière, l'histoire locale.

La boucle était bouclée. Disposant d'assez de matériaux pour réfléchir en conclusion sur mon questionnement initial -l'échec d'un castelnau- je me suis attelé à la mise en forme de cette monographie, qui permet pour le moins de faire le point sur l'historiographie, la bibliographie et les sources de cette région-frontière mal étudiée encore. Travail d'honnête érudition à défaut d'oeuvre d'historien.

 Je ne puis clore cette introduction sans rendre hommage à ceux dont les travaux ont servi, tout au long de cette étude, de référence permanente. Le premier est mon maître Benoît Cursente, directeur de recherches au CNRS et professeur à l'université de Toulouse II, qui a « inventé » il y a vingt ans le concept de castelnau, et qui a depuis patiemment dénoué l'écheveau de l'habitat médiéval gascon. Le deuxième est Jean-François Le Nail, directeur des Archives Départementales des Hautes-Pyrénées et historien de la Bigorre, dont les travaux (notamment sur les monographies locales) font autorité et m'ont été à chaque pas d'un grand secours.

 Je tiens enfin à remercier le maire de Montégut-Arros, Christian Cachalou, qui a été l'initiateur de ce projet et qui a été à chaque moment un soutien indispensable à sa réussite, ainsi que les membres du conseil municipal et tous les habitants qui, d'une manière ou d'une autre, ont participé à l'élaboration de cet ouvrage et m'ont toujours ouvert leur porte. Cet ouvrage est d'abord le leur.
 

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Dernière modification : 1/03/02