Montégut-Arros



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Monographie de Montégut-Arros (Gers)
6-Le 15e siècle

 On ne sait que très peu de choses sur Montégut-Arros au 15e siècle. Le seul document retrouvé est  la confirmation des coutumes en 1453. Plusieurs nobles locaux -qui forment la « cour » du comte de Pardiac- signent cet acte: à côté du notaire de Marciac Bernard de Médiavila et du juge comtal Jean de Manse, on trouve Arnaud-Seguin d'Astan, sire d'Estampes, Jean de Momas, sire d'Aux, et Arnaud-Guilhem de Troncens, sire de Troncens.

 Le 15e siècle voit la reconstruction de l'église paroissiale Notre-Dame-de-l'Assomption. Ici les documents manquent, mais l'analyse architecturale du chevet du monument, la partie la mieux conservée, ne laisse aucun doute à ce sujet.  L'emploi de la brique foraine, la forme des moulures, le plan régulier, impliquent l'installation d'un four de briquetier à proximité, la présence d'un ou plusieurs tailleurs de pierre, de maçons et sans doute d'un maître-maçon voire d'un architecte. Une ancienne carrière de calcaire, conservée sur le flanc ouest de la colline, a pu servir à cette époque (comme à l'époque romane) pour extraire la pierre à chaux destinée aux joints des maçonneries. 

 Un autre élément de réflexion est la taille de l'édifice. Sa vaste nef peut accueillir plusieurs centaines de personnes, ce qui implique une population relativement nombreuse. Par ailleurs, même si on peut supposer la participation financière des coseigneurs, il est évident que les habitants ont du financer la majeure partie des travaux: de fait, la prospérité économique devait être assez grande à Montégut vers le milieu du 15e siècle, en particulier le commerce des grains, de la vigne et du bétail, puisque rien n'indique un changement dans les ressources économiques depuis le siècle précédent. Par contre cet édifice semble ne pas avoir été terminé d'un seul jet: retournement de la conjoncture économique? Crise?
 

7-Le 16e siècle: le temps des crises
 
 Le 16e siècle commence par un coup de tonnerre: la coseigneurie qui existait à Montégut depuis plus de deux siècles prit fin d'une manière sordide. Les frères de Montbardon, coseigneurs vers 1500, assassinèrent sur l'autel le prêtre de la paroisse un dimanche. Un des frères meurtriers fut exécuté et ses biens confisqués revinrent intégralement à la couronne de Navarre.
 C'est ainsi que les rois de Navarre devinrent seigneurs de Montégut-Arros.

 Ce fait est bien assuré par plusieurs documents, largement repris et commentés. F.J. Bourdeau1 explique par exemple cet événement à partir d'un manuscrit de Saint-Sever:  « On lit dans le manuscrit de l'abbaye de Saint-Sever de Rustan  que sous le pontificat de Jean de la Trémouille, archevêque d'Auch, au commencement du 16e siècle, le vicaire de Montégut étant, un dimanche, monté à l'autel avant l'arrivée du seigneur du lieu, celui-ci, indigné de ce qu'il regardait comme un outrage fait à sa qualité, courut s'armer d'une arquebuse et étendit le malheureux officiant raide-mort sur les marches de l'autel. Le même manuscrit ajoute que, malgré les privilèges de la naissance, la justice prononça un arrêt de mort contre le meurtrier. Il fut pendu; son château fut rasé, et l'Etat s'empara de sa seigneurie ». 

 Jean-Baptiste Larcher, vers 1750, relève également ces faits dans les archives royales à Pau2.

  Il faut faire deux remarques au sujet de cet événement. La première est que si le sire de Montbardon fut réellement pendu, il connut la même fin infamante que les voleurs de poules et autres bandits des grands chemins. Les nobles, en principe, étaient décapités, mort « noble » par opposition à la pendaison. Cela signifie que cette mort fut voulue ignominieuse, à l'image du crime commis, ou bien que cette affirmation est fausse.
 Par ailleurs il faut noter que les rois de Navarre s'empressèrent de prendre possession des biens du défunt, une fois la procédure terminée: cela permettait d'agrandir à peu de frais le domaine royal...

 Une mention du paléographe Jean-Baptiste Larcher, vers 1750, prouve ainsi qu'en 1546 un livre-terrier fut réalisé pour faire l'inventaire de l'ensemble de la seigneurie (ce document a été perdu depuis). Cet inventaire précéda de peu la confirmation des coutumes et privilèges de Montégut en 1553.
 Ces précautions juridiques n'empêchèrent cependant pas les difficultés: en 1561 le syndic de Montégut fit un procès au roi et à la reine de Navarre dont il contestait les prétentions. On ne sait comment finit ce conflit3.

 Si la première moitié du siècle commença par la disparition des seigneurs « locaux », la deuxième moitié du siècle se poursuivit de manière encore plus dramatique.
 Dans les années 1560-1570, toute la région fut le théâtre des affrontements les plus sanglants de la guerre civile connue sous le nom des Guerres de Religion.
Suite aux abus de la papauté dénoncés par Luther en 1519, le mouvement protestant ou réformé prit une ampleur considérable dans toute l'Europe, et en particulier en Béarn où la majeure partie de la noblesse et de la population, à la suite de leur souveraine Jeanne d'Albret, emboîta le pas de la Réforme.
 De ce fait, quand des troubles armés commencèrent à opposer militairement les troupes catholique royales aux troupes protestantes béarnaises, la Bigorre et le Pardiac, situés à la frontière des deux zones, servirent de champs de bataille et de pillage.

 En 1570, les troupes royales menées par Blaise de Montluc incendièrent la ville et le château de Rabastens-de-Bigorre, occupés par des protestants. Ils massacrèrent la garnison et la population.
 En 1573, les troupes protestantes menées par le capitaine Lizier pillèrent et incendièrent tous les villages catholiques de la vallée de l'Arros, dont Montégut-Arros.
 Une enquête menée deux ans plus tard auprès de différents survivants de la région de Tarbes confirme ces destructions: 
«  Le capitaine Legier, le dixiesme mars mil cinq cens septente troys, se seroit emparé de la ville royale de Sainct Sever de Rustaing [...Lui et ses hommes] pillarent et bruslarent les esglises de Senac, Cabanac, Averede, Montagut, Villacomtal, Faget, Teulé, Monfaucon, Estampes que plusieurs autres eglises4».

 Il faut supposer ici que l'église paroissiale de Montégut fut pillée et incendiée, ainsi sans doute que le castelnau et le château, qui devaient être en grande partie bâtis de bois et de paille. Le seul indice de cette catastrophe pourrait être la reconstruction de la nef de l'église paroissiale Notre-Dame vers le 17e siècle, qui pourrait faire suite à l'effondrement des voûtes et des murs après un incendie du bâtiment (?). 

 On peut émettre à partir de là une hypothèse: si le barri du castelnau fut incendié, il ne fut peut-être pas reconstruit, les habitants préférant rebâtir leurs maisons au milieu des terres plutôt que dans cette forteresse malcommode, éloignée des cultures et trop peu sûre.
Cette attaque de 1573 pourrait ainsi avoir marqué la fin du castelnau médiéval, seule l'église et les organes de pouvoir restant à cet endroit.
 

8-Le 17e siècle: un monde rural
 

 Une curieuse mention, relevée par Guillaume Mauran nous rapporte le conflit qui opposa le vicomte de Lavedan à d'autres seigneurs bigourdans vers 1600. Celui-ci, pour être lavé du meurtre d'un de ses adversaire, dut partir à la cour pour obtenir du roi une lettre de rémission (valant annulation de toute poursuite judiciaire). Le vicomte alla donc saluer le roi Henri IV, et celui-ci le reconnut et dit « que son cousin le vicomte de Lavedan, illec present, etoit le chef de la famille qui lui avoit été plus fidele. De quoy les princes demeurerent fort esbaïs, considerant que le roy n'avoit jamais parlé si favorablement d'aucune maison de France. Ce fut encore a ce coup que ledit sieur vicomte eut promesse du roy d'estre recompensé des pertes que feu son pere fit au delaissement des baronies d'Aure, Magnouac, Barousse et Labarthe de Nestès, luy ayant  Sa Majesté offert les places de Villecondau et Montagut en Pardiac, sans prejudice d'autres libéralités au souhait du sieur vicomte... »5.
 Henri IV récompensa ainsi le vicomte de Lavedan de sa fidélité pendant les troubles des Guerres de Religion et de son accession au trône, en lui offrant Villecomtal et Montégut... qui avait été pris aux malheureux sires de Montbardon dont nous avons vu plus haut le triste sort. C'était assurément un cadeau qui ne coûtait guère au roi, d'autant plus que le vicomte de Lavedan mourut empoisonné peu après et ne profita guère de cette faveur royale. De ce fait la seigneurie de Montégut-Arros resta parmi les terres du domaine royal  jusqu'à la Révolution de 1789.

 La documentation est par ailleurs rare pour le 17e siècle. On sait que dans la région le siècle fut terrible pour la population rurale: conditions climatiques médiocres, disettes, conflits de la Fronde, crises financières, pression fiscale énorme...

 En décembre 1638, les paysans du Pardiac, révoltés contre le poids écrasant des impôts, marchèrent sur Marciac et Mirande où ils libérèrent leurs consuls emprisonnés pour non-paiement des dettes des communautés6. De même en 1640. En 1642, une nouvelle révolte entraîna plusieurs milliers de paysans à Plaisance où ils firent prisonniers le commis de la recette générale de Montauban et le lieutenant du vice-sénéchal d'Armagnac. Ceux-ci, emmenés à Villecomtal, furent relâchés contre rançon et après le vol de la recette fiscale du comté. Cinq meneurs de la révolte furent mis à mort l'année suivante (les notaires de Villecomtal et Betplan, Jean et Simon Dargagnon, le curé de Malabat et deux laboureurs), d'autres furent emprisonnés, les troupes royales pillèrent la région...

 Une peste frappe la région d'Auch en 1629-1631, et de nouveau en 1653-1654. Les disettes sont considérables en 1600, 1617, 1621, 1631, 1709... Malheureusement, le seul document qui aurait permis d'apprécier l'ampleur locale de ces crises, le registre des décès, a été perdu, ou bien n'a pas été tenu correctement pendant ces périodes: le premier registre conservé remonte à 1737.

 Les difficultés de la société se retrouvent dans les archives judiciaires, les rares qui conservent des traces de Montégut pour cette période: les procès se multiplient, pour des sommes parfois réduites, à tous les niveaux de la société.

 En 1681, Dominique Pradère, vicaire de Montégut, met ainsi en procès les consuls de la communauté7 car il n'a pas reçu 150 livres promises pour son service. Comme il n'existait pas de contrat ni de reçus, le procès fut ajourné (et probablement un arrangement trouvé).

 Les impôts étaient extrêmement lourds, du fait du besoin permanent d'argent frais de la royauté et de la mise en ferme de ce revenus (les impôts passaient par une série d'intermédiaires, les fermiers, qui prélevaient leur part au passage, et alourdissaient d'autant l'impôt réellement payé par les paysans).

 Un des moyens d'alléger cet impôt était de mettre en ferme les biens de la communauté. La communauté de Villecomtal affermait ses droits de souquet (débit de vin dans les tavernes), de boucherie et ses bois communaux. Celle de Saint-Sever affermait son droit de boucherie, la communauté de Sénac louait 15 arpents de biens communaux, celle de Becaas une lande de dix arpents8.
Malheureusement Montégut ne pouvait louer ses maigres biens communaux, trop réduits et trop utiles aux habitants. De ce fait, la communauté représentée par ses consuls en fut réduite à emprunter pour pouvoir payer ses charges écrasantes.

 Dans les années 1660, les consuls de Montégut empruntèrent la somme considérable de 2518 livres 19 sous, sans avoir en réalité les moyens de la rendre. Les consuls successifs temporisèrent et utilisèrent toutes sortes de moyens pour éviter de la rembourser (il est vrai qu'ils étaient redevables sur leurs biens et leur personne des dettes de la communauté toute entière, le temps de leur consulat!).
 La dette traîna ainsi plus d'un quart de siècle. En 1687, le consul noble François de Lagourée intente un premier procès aux consuls précédents, pour les contraindre à participer au remboursement de la dette, dont les intérêts ont alors  démesurément gonflé9.
 Le créancier, noble Géraud d'Antras, étant décédé, la créance échoue entre les mains de sa cousine Gérarde d'Antras. 
 Noble Henri de Bouloix, sieur de la Herrère et époux de Gérarde d'Antras, met en procès les consuls, mais le procès n'arrive pas à son terme car le plaignant décède.
Gérarde d'Antras se remarie rapidement avec Jean-Jacques de Bats, seigneur de Laplaigne (La Plagne). Elle meurt cependant assez rapidement, en 1692, et institue héritier son deuxième mari. Celui-ci porte l'affaire de nouveau devant les tribunaux de la juridiction. Les consuls sont finalement condamnés en 1693 à payer le principal, l'intérêt de la dette et les frais de procédure, si nécessaire en utilisant la contrainte.

 Je ne sais comment se termina l'affaire, le dossier judiciaire ne donne que les conclusions des juges. Il est cependant probable que l'affaire traîna des années encore, tant les voies de recours étaient nombreuses dans les juridictions d'Ancien Régime. 
 Au final la somme empruntée vers 1660 n'était pas encore remboursée quarante ans plus tard, et la plupart des protagonistes étaient morts depuis des années!

 La documentation de l'abbaye de Saint-Sever-de-Rustan permet d'avoir un éclairage sur les quelques terres possédées par l'abbaye. Ces terres (un peu plus d'une vingtaine d'hectares) sont vers 1650-1750 affermées annuellement, ainsi que les dîmes, à des paysans du cru ou des village voisins, parfois associés. Les conflits sont nombreux avec le syndic de Saint-Sever, car les dîmes rentrent mal et les fermages sont peu payés.
 Faut-il incriminer la mauvaise foi des agriculteurs, ou bien la lourdeur des charges? En fait, avec les fermages, les très nombreuses dîmes et impôts empêchaient tout enrichissement de la population, alors même que cette population augmentait. Guy Sénac de Monsembernard rapporte  par exemple que les habitants d'Aussat déguerpirent tous de leurs terres en 1644 tant les impôts étaient écrasants. Le seigneur du lieu en fut réduit à engager des maîtres-valets pour cultiver les terres10...  

Le notaire Sorbet
 

9-Le 18e siècle: le temps des révolutions?

 On considère traditionnellement que le 18e siècle est un temps de croissance économique, grâce aux progrès agricoles (culture du blé et de la vigne). Il faut reconnaître que peu apparaît de cette croissance dans la documentation conservée:  le livre-terrier de 1755 -étudié plus loin, le seul document décrivant l'ensemble de la population, montre pour l'essentiel une paysannerie modeste, souvent liée à l'artisanat local. Les fermes conservées de cette période, sans être médiocres, n'ont guère les fastes des fermes aux encadrements de marbre gris des vallées de Bigorre. Les seules exceptions sont quelques fermes de gros vignerons, en plaine.

 La construction de la route d'Auch, ordonnée par l'intendant d'Etigny au milieu du siècle et passant à Villecomtal en bordure du territoire de Montégut, permet cependant de désenclaver un peu cette zone en permettant aux habitants de se rendre plus facilement aux marchés de Rabastens, Miélan, Mirande ou Auch.
 

9-1-La révolution française

 Si on étudie -avec raison- la Révolution de 1789 comme un événement majeur, force est de constater que cet événement et ses suites n'ont eu qu'un impact limité  localement. 

 Le cahier de doléances de la commune n'a apparemment pas été conservé, pas plus que les registres communaux ou paroissiaux de l'époque. De ce fait, on ne sait rien de précis sur les événements à l'échelle locale. On sait tout au plus que les élus de la commune participèrent à l'échelle du comté à la rédaction de cahiers « généraux » 11. 

 Le premier dimanche de février 1791, le curé de la paroisse, Gratiane, accepta de prêter serment à la constitution entre les mains du maire de la commune. De fait, il n'y eut pas de troubles d'ordre religieux.

 Le 28 janvier 1790, l'ancienne généralité d'Auch fut découpée en un nouveau département d'Armagnac, renommé par la suite département du Gers, qui comprenait six districts: Auch, Condom, Lectoure, L'Isle-Jourdain, Nogaro et Mirande. Dans le district de Mirande furent créés plusieurs cantons, dont celui de Miélan: Montégut-Arros fut intégré à ce nouveau canton, à la limite du nouveau département des Hautes-Pyrénées, successeur du comté de Bigorre.

 Je ne sais si la Grande Peur, cette peur irraisonnée d'une troupe de brigands imaginaires qui affola tout le pays en juillet-août 1789 depuis la Charente, toucha le bas-Astarac. Le fait est avéré pour Auch, et tout le nord et l'est du département. Il atteste en tout cas la situation de crise et l'inquiétude de l'ensemble de la population.

 En juillet 1793, les bordiers de la région de Mirande, Miélan et Montesquiou se révoltent contre la dîme qui était réclamée par les acquéreurs des biens nationaux, alors même que cette dîme avait été supprimée lors de la nuit du 4 août!
 Martial Vivès de Haget, administrateur du département, est envoyé dans la région pour calmer la révolte. Il ne peut rétablir le calme12. 
 La tension montant, ces tenanciers se retrouvent au nombre de 300 à Mirande le 14 juillet, et décident de faire « sauter la tête des premiers propriétaires qui se présenteront pour exiger la dîme, laquelle nous appartient en entier »!
 Le montagnard Lantrac, chef de l'administration départementale, fait alors envoyer la troupe avec un canon. Les meneurs sont arrêtés et le calme revient... par la force. De fait, la dîme est dès lors prélevée par les nouveaux propriétaires de biens d'Eglise, parfois jusqu'au milieu du 19e siècle13.

9-2-La vente des biens nationaux

 Le principal événement qui touche réellement la commune de Montégut est la vente des biens nationaux. Ils étaient assez nombreux ici et concernaient essentiellement les biens nobles et ceux du clergé14.

 Les « biens de première origine », c'est-à-dire les terres seigneuriales et les biens d'Eglise, sont mis à l'encan dès 179015.

 En mars 1791 l'architecte Jean Labat fait l'estimation des terres appartenant aux pères de Saint-Sever-de-Rustan, celles de l'église de La Carce et les terres nobles. 
Le 12 avril 1791 un inventaire des biens de l'abbaye de Saint-Sever à Montégut est réalisé.
Le 2 mai 1791 l'architecte Delome inventorie les biens des moulins de Montégut et Villecomtal, la directe de Montégut16 ainsi que le matériel de la grange des moines de Saint-Sever de Rustan à Montégut, et en fait une estimation.

 Le 15 ventôse de l'an II, Les experts Fréchède et Luro font de nouveaux l'estimation des moulins de Montégut et de Villecomtal. En messidor an III, l'ensemble des églises, presbytères et biens d'Église du canton sont estimés pour la vente.
Le 26 octobre 1793, quatre commissaires font l'estimation de l'ensemble des biens nationaux directement vendables, et les mettent en lots. Ils trouvent 14 pièces à Montégut, moulin, terres du roi et biens des églises:

1- le moulin avec ses terres
2- l'emplacement du château
3- la terre de la capere 
4- une terre à Bernatolou
5- une terre au levant du moulin
6- une terre à Montané
7- une terre à la Garlette
8- une terre le long du canal du moulin
10- une terre à Jar
11- une terre à Jar « au bord de la nouvelle route »
12- une terre aux Arrousès
13- une autre terre aux arrousès
14- un bois taillis dit bois de Montégut

 Les biens des églises sont oubliées dans cet inventaire. C'est pour cela que  le 25 messidor an III, les architectes Etienne Cassas et Frix Lafforgue font le métrage et l'estimation du presbytère, de l'église paroissiale et de la chapelle Notre-Dame de La Carce, qui est déjà presque entièrement démolie à cette date.
 
 Les ventes suivirent généralement de peu l'ensemble de ces estimations. Malheureusement les procès-verbaux des vente aux enchères n'ont été que partiellement conservés. Il ne subsiste que le procès-verbal des ventes de quelques terres17, et la mention de la vente de l'emplacement de l'église Notre-Dame-de-la-Carce.
 En août 1791, une affiche est placardée sur la porte d'église paroissiale pour annoncer la vente de ces biens:
«  A Vendre
Une cuve en bois, un pressoir aussy en bois quatre touneaux forcés d'un bout, et une echêle.
Ceux qui qui voudront acheter ces objets se rendront a la grange de Montegut appartenant cy devant aux religieux de St Sever, dimanche prochain septieme août 1791 ou l'adjudication sera faite par un des membres du Dre du District de Mirande, au plus offrant et der. encherisseur.
Collationé, Depet D. Dre »

 En 1794 les terres nobles des quartiers de Jar et des Arrousès furent vendues aux enchères à la bougie, partagées en lots. Les premiers lots furent achetés par des habitants de Villecomtal (Arnaud Cazaux, Baudéan, Barthelémy Lacome, Pouey), les terres des Arrousès furent rachetées par des habitants de Montégut (Christian Bernis, le futur maire Jean Mailles, Daussat, Brunet, le notaire Pierre Sorbet).

 En 1796, l'emplacement de l'église du quartier de la Carce et les « 80 chars de décombres provenant de sa démolition » furent vendus comme biens nationaux: « Emplacement de la ci-devant chapelle de Notre-Dame de Lacarce, de contenance de 12 places ou demi-journal – Sur lequel emplacement se trouvent environ 80 chars de décombres provenant de la démolition des murs de ladite chapelle ». Le tout fut vendu le 15 prairial an IV au citoyen Martial Vivès, de Haget, pour la somme -modique- de 902 francs.

 On ne trouve pas à Montégut de « biens de seconde origine », correspondant aux ventes des biens des émigrés. Dans le canton cependant ces biens furent assez nombreux. Le 23 frimaire an II, ils étaient estimés à 16950 livres: le moulin à eau, un moulin à vent et divers biens du sire de Noë à Miélan et Sarraguzan, trois corps de ferme à Mont-de-Marrast au sire de Vendomois, un moulin à eau à Montaut et des biens à Manas au sire de Crussol d'Uzès, la maison et les biens du curé d'Aussat, reclus décédé, des terres à Sadeillan appartenant à André Despaux, le moulin à eau et des biens de Castetfranc au sire de Béon, les biens des curés de Saint-Dode émigrés18.
 

10-Le Premier Empire

 La commune n'a pas conservé d'archives municipales pour la période napoléonienne (1899-1814). Par contre les registres paroissiaux livrent un inventaire macabre des jeunes partis dans les armées de l'empereur et morts sous toutes les latitudes. Les hôpitaux de Bayonne, Toulouse, Perpignan, Orléans, Saint-Omer, Brescia en Italie, envoient au maire au moins sept avis de décès de malheureux conscrits du village, morts pour la plupart de maladies liées à la misère physique et à de mauvaises conditions de vie et d'hygiène (pneumonie...) 19. Le recensement de 1806 indique que 13 jeunes du village servent alors sous les drapeaux.
 

11-Le 19e siècle: le temps du progrès

 La première moitié du 19e siècle est pour tout le pays un siècle de croissance démographique et économique: la région connaît son maximum de population (314800 habitants dans le Gers en 1846!), ce qui ne va pas sans difficultés, car la terre peine à nourrir et à fournir du travail à tous.

11-1-Un siècle difficile pour le monde agricole

 Le 19e siècle est un également un siècle de calamités naturelles: en 1816, des orages et la grêle détruisent les récoltes. En 1827-1828, la vente des bois liée au nouveau code forestier entraîne des troubles un peu partout, notamment à Auch. En 1846, des pluies violentes en juin emportent les récoltes sur pied, ce qui entraîne une gêne générale. A Montégut, les registres s'attachent particulièrement aux inondations, très nombreuses ici étant donné le cours capricieux de l'Arros et du Lurus: en 1835 de grandes inondations emportent un pont sur la route qui mène à Miélan. En juin 1875, l'inondation touche l'ensemble des maisons de la vallée (quartier du Village), avec de nombreux dégâts.

 On ne peut nier cependant que les habitants les plus entreprenants et les plus aisés arrivent à cette époque à tirer leur épingle du jeu et se construisent de petites fortunes foncières. En 1874, la liste des habitants les plus imposés livre les noms de ces « bourgeois » enrichis par la terre: Cougot, Darrieux, Tujague, Forgues, Burguès,  Forgues, Delord, Laporte, Duffard (le maire), Dazet, Lamarque. On retrouve à peu de choses près la liste des membres du conseil municipal...
 Cette croissance de la production pour certaines propriétés se retrouve dans les nombreuses demandes de création de foires: Villecomtal, qui a droit à deux foires annuelles, en demande quatre en 1884. Miélan, Rabastens, Tillac, Barcugnan, Pouyastruc, Bonnefont, Saint-Sever... font également des demandes au préfet pour créer de nouvelles foires agricoles. Le 15 mai 1875, le conseil municipal de Montégut demande la création d'un marché et de deux nouvelles foires à Villecomtal, pour pouvoir écouler le vin de la commune. Cette demande est renouvelée en 1876.

 Il faut cependant nuancer ce tableau optimiste: les journaliers, les brassiers, les plus modestes arrivent difficilement à vivre, et ne profitent guère des progrès agricoles, occupés qu'ils sont à produire leur pitance sur leurs modestes lopins. Cela n'exclut pas une relative solidarité: le 3 octobre 1844 le ban des vendanges est avancé de deux jours pour les propriétaires de vignes qui n'ont pas de pressoir, et au 13 octobre pour ceux qui en ont, afin que les premiers puissent se servir sans encombre des installations des seconds.
 Il est vrai que la vigne est alors la principale richesse de la commune, celle qui s'exporte le mieux.

 En 1848, la proclamation de la Seconde République se fait dans la joie: c'est la première fois que les hommes du village sont appelés à voter pour élire leurs édiles. La joie est de courte durée: la création d'un impôt extraordinaire de 45 centimes par franc (pour remplir les caisses de l'Etat et payer les Ateliers Nationaux qui doivent occuper les chômeurs) entraîne de véritables révoltes. A Malabat, en juillet 1848, les paysans prennent les armes (fourches et faux!) et refusent de payer l'impôt20.

 La vraie calamité viendra cependant de la terre. La première tache de phylloxéra est détectée à Rabastens-de-Bigorre en 1881. L'année suivante Montégut est touchée, comme les communes voisines. En 1883 la commune demande l'achat de plants américains pour permettre des greffes,  mais le prix élevé de cette technique ne permet pas son usage massif. Le vignoble est presque entièrement décimé avant 1890 (plus de 300 hectares, dont la plupart ne seront jamais replantés). En 1891 un professeur dépêché sur place, M. Viala, ne peut que constater le désastre, et note que la commune est une des plus touchées du département. C'est la ruine, totale ou partielle, pour la plupart des agriculteurs, ce qui accélère encore l'exode rural et le départ des plus jeunes.

11-2-La crise sociale et démographique de la deuxième moitié du siècle

 Passé le milieu du 19e siècle, la croissance démographique s'essouffle complètement. Le monde rural est « plein », il n'y a plus assez de terres ni de travail pour tout le monde. Alors, lentement mais inexorablement, on voit la population diminuer dans toutes les campagnes gasconnes, et la chute s'accélère avec la crise agricole de la fin du siècle. A Montégut, les chiffres sont éloquents: 792 habitants en 1841, 429 en 1926... La population est divisée par deux en un siècle.

 Cette crise d'une société en « trop-plein » entraîne quatre conséquences essentielles:
de nombreuses personnes partent vers la ville la plus proche, Tarbes, Auch, Toulouse ou même Mirande, pour travailler dans l'industrie qui est alors en plein essor. C'est l'exode rural.
d'autres, plus téméraires, tentent leur chance en prenant le bateau vers les Amériques ou les colonies. Ce sont souvent les jeunes, la force vive des villages, qui partent ainsi à des milliers de kilomètres. Les quelques habitants de Montégut dont on peut suivre le trajet se sont essentiellement implantés dans le sud des États-Unis, en Louisiane.
d'autres encore tentent l'aventure dans les armées de l'Empire, du Roi ou de la République. Une quinzaine d'hommes du village y ont laissé la vie en un demi-siècle.
les techniques de contraception se diffusent dans les campagnes. A l'évidence, l'espacement parfois très important des naissances dans beaucoup de familles, dès le milieu du 19e siècle, démontre que la contraception est peu ou prou maîtrisée: on préfère avoir peu d'enfants, voire un unique héritier, ce qui est socialement compréhensible mais aura des conséquences démographiques catastrophiques au siècle suivant. 
 

11-3-Un siècle de lents progrès techniques

 La route départementale et les chemins vicinaux sont l'objet de tous les soins au 19e siècle: ils sont annuellement entretenus, des subventions sont régulièrement demandées au préfet pour réparer ou améliorer les ponts. Les habitants sont tenus à des corvées annuelles, et un impôt est levé, «l'indemnité de binage », qui sert à la fois à payer le prêtre et l'ouvrier communal chargé d'entretenir les chemins jusqu'en 1905 (!). Quel que soit le régime, le maire et ses conseillers ont toujours en tête l'idée que la route est l'épine dorsale du commerce: le vin, le blé, les idées nouvelles arrivent par la route...

 Le chemin de fer est installé dans les années 1865. La ligne, qui passe à Rabastens et Miélan, s'arrête à Villecomtal, où une gare est installée près de la limite communale (cette ligne est signalée par le conseil de Montégut en novembre 1867). Tarbes et Mirande sont reliées en 1869. La ligne frôle la commune de Montégut, qui cède quelques terrains pour son implantation. Pour permettre la montée de la côte, la voie ferrée empruntait une pente douce qui coupait la partie nord-est de la commune. En 1872, la compagnie des chemins de fer du Midi acheta sept parcelles de terre, bois, friche et une vigne pour augmenter l'emprise du chemin de fer. Les travaux étaient terminés avant 1878.
 Les documents manquent pour connaître l'impact réel de cette ligne sur les habitants: il est vraisemblable que le train servait à aller au marché à Miélan ou Mirande, mais aussi servait à quitter la commune, temporairement ou définitivement... Plusieurs habitants du village sont également  employés à la gare et aux passages à niveau. 
 Le premier août 1922, deux trains se percutent sur cette portion de voie, au niveau de la montée de Laguian: ce drame fait 33 morts, et fait partie des raisons qui entraînèrent la fermeture et le démantèlement de la ligne. On peut encore voir un monument commémoratif de cet accident à Laguian, au bord de l'ancienne voie.

 La Poste à cheval, à pied puis à bicyclette, connaît également de lents progrès. Le 12 février 1843, le maire du village se plaint de la lenteur de la poste pour transmettre le courrier administratif. Il demande à avoir un facteur rural qui passe tous les jours dans la commune. En juin 1864, le conseil municipal n'approuve pas le projet de création d'un bureau de poste à lettres à Villecomtal, étant donné que le service du bureau de poste de Miélan «...est fait d'une manière tout à fait régulière et exacte... ». En 1867, avec l'ouverture de la ligne de chemin de fer, le conseil change d'avis et décide d'être rattaché à Villecomtal, car la ligne fournit beaucoup de travail à ce nouveau bureau. En 1870, une demande est faite pour que le même facteur assure le service de Villecomtal, Montégut et la gare. Le 7 juillet 1895, une nouvelle demande est formulée pour que le facteur, qui dessert Villecomtal, Montégut puis Saillères, ne change pas son circuit pour passer d'abord par Saillères: les habitants de Montégut sont livrés en début d'après-midi au lieu de l'être en fin de matinée!

 L'éducation, lentement, progresse. On connaît des instituteurs laïcs depuis 1815, qui louaient des maisons de particuliers. Une maison d'école faisant également office de mairie est prévue à partir de 1851, elle est réceptionnée en 1879. Elle permet de recevoir garçons et filles au moins jusqu'à la première communion, tous savent désormais lire, écrire et compter. Certains feront carrière dans l'armée ou l'administration, grâce à ce premier bagage intellectuel.
 

11-4-Un siècle de bouleversements politiques

 Le 19e siècle connaît de nombreux changements de régime: Premier Empire jusqu'en 1815, Restauration monarchique (avec les deux frères capétiens Louis XVIII et Charles X puis leur cousin de la branche des Orléans, Louis-Philippe), Seconde République de 1848 à 1851, Second Empire jusqu'à la défaite de 1871, Troisième République enfin. A l'échelle de la commune, aucun trouble sérieux n'apparaît dans la documentation. Les maires sont changés au gré des régimes, mais toujours choisis dans le même vivier de « gros » propriétaires de la commune: on retrouve en fait les mêmes familles aux postes de maire et conseillers pendant tout le siècle. Le nouveau maire prête serment au Roi, à la République ou à l'Empereur, et les affaires reprennent comme avant.
 En réalité, à l'échelle du canton et du département, des crises peuvent ponctuellement marquer un changement de régime.
 En février 1848, avec la naissance de la Seconde République, un fervent républicain du village (son nom n'est pas cité)  renvoie l'instituteur et intime au curé de partir. La commission temporaire de Mirande doit intervenir pour lui signifier que la liberté des cultes et de l'enseignement est maintenue, et que « tous les bons citoyens doivent veiller à ce que les prêtres et les instituteurs ne soient pas inquiétés »21.

 En décembre 1851, le coup d'Etat de Louis-Napoléon Bonaparte, qui met fin à la Seconde République, entraîne une violente réaction des gersois. A Mirande, le sous-préfet est blessé et séquestré dans la sous-préfecture. L'envoi de l'armée, la répression (338 gersois sont déportés en Algérie) permet de ramener le calme... Le Second Empire peut s'installer tranquillement dans le département22.
 En septembre 1870, à l'occasion de la guerre franco-allemande, une « garde nationale sédentaire » est mise sur pied à Montégut. Elle est composée de douze hommes valides de la commune, dont trois anciens soldats. Le maire, Jacques Forgues, est nommé sergent-major, et remplacé après son décès par Jean Cougot, ancien capitaine. Une commission de discipline est même nommée! Par contre des jeunes de la commune sont réellement envoyés au combat, dans le nord du pays. En décembre 1870, une imposition de 5000 francs est levée pour habiller et payer le contingent de la commune. Dans l'urgence, 2000 francs sont empruntés à Pierre Journé au taux de 6% sur huit ans.
 La défaite de la France (et la perte de l'Alsace-Lorraine) mettent vite un terme à la carrière militaire de ces soldats de l'Empire défunt.
 Les seuls qui connurent réellement la guerre, outre les soldats, furent les parisiens. En témoigne cette lettre exceptionnelle envoyée par Hippolyte Dours à son frère François, tailleur d'habit à Montégut-Arros, en 187123:

« Paris le 29 Mais 1871

Mon cher frère B. Soeur,
Je manpresse de vous ecrire se quelques ligne pour vous donner de nos nouvelles qui pour le momant sont bonne malgray les desastre que nous venon de paser. Sait une gerr civile comme onnana jamais vue, je ne pui vous en donne le resultat moi meme car il serait trop long. Je vais vous en voyer le journal qui vous en donnera tous le résultat de tout quon a notre santé va bien nous deziron que la presante vous trouve de meme à tous.
Je vous dirai se pandant que nous avons coucher dans les caves deux nuit les obus tombait dans notre direction ma se pandant notre maison na pas soufer nous avons eu 34 heures de fusillade et de et d'artillerie de van notre porte de la rue Cogél liere à la rue S.martin de baricade qui se repondait pui la pointe Ste eustache nous etions entre 4 feux je ne vous en dit pas davantage le journal vous en dira àcé bien de complimant à tous les parant et à moi, Mon cher frère noubliera pas de faire bien de complimant à ton beaufrere Simon et toute la maison tu me dira sil est pour revenir a paris je pense en vous dezirons une parfaite santé ma famme et les enfants se join à moi pour vous en bransser de tout notre coeur et sui votre fils et belle soeur neveu pour la vie.

Dours Hippolyte

Bien de complimant a M. et Madame Bonneau de ma par je crois quil ne lui est rien arivér a sa maison.
Je vous prie de me faire reponse de suite. »

 La Troisième République s'installe sans grandes difficultés. Tout au plus peut-on déceler quelques chicaneries entre nouveau et ancien maire. Lucien Duffard est nommé en remplacement de Lucien Bergez de 1871 à 1874, et en 1875 avec l'installation définitive de la République c'est Germain Caussade qui est installé maire par arrêté préfectoral.
A partir de ce moment, le conseil municipal marque son attachement à la nouvelle République.
 Le 14 janvier 1894, le conseil vote ainsi une subvention symbolique de 20 francs pour aider la commune de Denain à établir une statue du Maréchal de Villars, « voulant tout à la fois glorifier le chef et les soldats et rappeler à tous les français qu'ils ne doivent jamais désespérer du salut de la patrie ».
Le 5 juillet 1894, un deuil national est décidé à la suite de l'assassinat du président Sadi Carnot. La commune annule les festivités du 14 juillet et vote une subvention de 40 francs pour les pauvres de la communes, à valoir en bons de pain.
Le 7 juillet 1895, le préfet engage la commune à acheter l'ouvrage de Paul Lupout, devoir des maires en cas de mobilisation générale. La défaite de 1870 n'a pas été oubliée, et la revanche contre l'Allemagne se profile. « Y penser, toujours. En parler, jamais... »
 

12-Le 20e siècle

12-1-La Grande guerre

 Au mois d'août 1914, les jeunes de la commune sont mobilisés «la fleur au fusil », comme partout en France. On pense être rentré pour les vendanges en octobre. On déchante vite.
Dès les premières offensives quatre jeunes de Montégut sont tués: Edouard Bergeret, Maxime Soubiran, Victor Larrieu et Auguste Tournis. La peur et l'inquiétude s'installent. Louis Journé et François Duffard tombent au champ d'honneur l'année suivante. Trois autres mourront dans les tranchées et les offensives de 1917: Isidore Galin, Léon Burguès et Augustin Despaux. Autant de familles frappées par le malheur, de fiancées endeuillées, de veuves, de propriétés en friches aussi. En 1918 Marie-Madeleine Lamon, engagée comme infirmière sur le front, est mortellement touchée alors qu'elle portait secours aux poilus rescapés des dernières offensives. Au total, dix jeunes soldats dont une femme originaires de la commune manquent à l'appel le 11 novembre 1918.

12-2-Après la guerre

 La commune est marquée par la guerre. Elle a perdu beaucoup de ses enfants à cette occasion, et ceux qui rentrent sont traumatisés et parfois handicapés. 
Un premier monument commémoratif est installé dans l'église, rapidement suivi d'un monument aux morts installé dans le cimetière, devant le clocher. La date d'inauguration n'est pas connue, mais la quasi-totalité des monuments aux morts du canton sont antérieurs à 1925.

 L'entre-deux-guerre est marqué par l'hyponatalité: les naissances sont peu nombreuses,  et cela est d'autant plus marqué que l'exode rural est encore présent et que la Guerre puis la grippe espagnole ont fauché une partie de la jeunesse. Les chiffres du canton de Miélan se passent de tout commentaire:
1920: 93 naissances, 121 décès
1921: 96 naissances, 120 décès
1922: 85 naissances, 177 décès

 Beaucoup d'hommes meurent encore des suites de la guerre (blessés, gazés...), les soins sont désorganisés, les besoins sont immenses après quatre années de privations.
 C'est dans ce contexte qu'apparaissent les premières machines agricoles qui, à terme, vont remplacer les hommes dans les travaux des champs.

12-3-Le progrès technique avant 1939

 Un syndicat agricole est fondé à Montégut le 14 septembre 1919, comme dans la plupart des commune du Gers. Il comptait 60 membres en 1921, c'est-à-dire la majorité des agriculteurs de la commune. Il permet de faire rentrer rapidement dans les mœurs les progrès agricoles: emploi des engrais chimiques, développement de l'élevage bovin, des prairies, des machines... une école ménagère agricole existait à Miélan dès les années 20, qui attirait toutes les futures ménagères du canton. En 1935, la commune essaie d'implanter deux ateliers de distillation pour les besoins personnels des habitants- c'est apparemment un échec. Le foyer familial est entrepris l'année suivante, subventionné pour un tiers par l'État; le reste de la somme est emprunté, la commune étant trop endettée par l'électrification pour avoir assez de fonds propres.

 La scierie de Villecomtal était dotée d'un générateur électrique dès 1910. En 1923 cependant le réseau électrique ne couvrait encore que la partie est du département. Il faut attendre 1929 pour que la commune projette son raccordement: le 26 mai 1929, le conseil municipal signe le cahier des charges autorisant la Société Pyrénéenne d'Énergie Électrique à équiper l'ensemble de la commune. Ce premier projet prévoyait l'installation d'un réseau en 125/215 volts, qui fut rapidement modifié en réseau 230/400 volts.
 Initialement la commune devait être intégrée au Syndicat d'Électrification de Marciac. Elle en fut exclue avec les communes de Castex et Estampes, et dut s'en tenir à une structure intercommunale sous contrat avec des sociétés privées: la Société Pyrénéenne d'Énergie Électrique et la société Grimal -à qui la première essaya de vendre la concession des communes, car le contrat n'était plus assez rentable. Du fait de ces difficultés les travaux ne commencèrent qu'en 1934, après constitution d'un Syndicat entre les trois communes. La commune de Montégut s'endetta de 126 500 francs, remboursables en trente ans, auprès de la caisse des Dépôts et Consignations, sur une dépense totale de 230000 francs.
En 1941, la revente d'électricité fut majorée de 15% pour les particuliers par la société Grimal. En 1956, une plainte fut déposée auprès du maire du fait des nombreuses coupures intempestives. La ligne à haute tension  alimentant la commune provenait des Hautes-Pyrénées, spécialement construite pour les trois communes, et était souvent sujette à défaillance. Le maire demanda à EDF (l'électricité était nationalisée depuis la Libération) de rattacher la commune à la ligne d'alimentation de Marciac, plus proche et plus fiable.

 Le réseau téléphonique existait en 1922 à Miélan et Villecomtal, il était alors en cours de construction vers Rabastens24. En 1941, la commune refusa l'installation d'une cabine téléphonique, sous le prétexte que la poste de Villecomtal n'était pas éloignée (sic) et que les finances communales ne le permettaient pas. 

 L'agriculture bénéficie également des progrès économiques et sociaux. Les « Silos mirandais » sont fondés en 1936, la « Coopérative de l'Astarac » en 1937, qui permettent d'acheter en commun semences et nouveau matériel, comme les premiers tracteurs. La  Mutualité Agricole apparaît également entre les deux guerres, et le Crédit Agricole recrute ses premiers clients. En réalité, à défaut de banque de proximité, il fallait souvent se résigner à emprunter à des prêteurs sur gages ou à usure, généralement aux plus riches du village qui arrondissaient ainsi leur fortune et asseyaient leur position sociale25. 

 A défaut d'assurances, il existait une sorte de caisse commune entre les habitants du village pour assurer le bétail: les familles cotisaient régulièrement à un pot commun, et deux fois par an, les hommes passaient dans les maisons pour estimer la valeur du bétail. Si une bête était perdue, le propriétaire était dédommagé par la caisse commune. Cette structure disparut dans les années 1960, en même temps qu'apparaissait les mutuelles agricoles contemporaines.
 

12-4-La seconde guerre mondiale

 En 1939 les esprits ne sont pas prêts pour recommencer la « der des der ». Les jeunes de Montégut, peu nombreux, sont de nouveau mobilisés, sous l'oeil inquiet des parents qui ont connu la guerre précédente. Dans les combats de 1940, les jeunes Eugène Castay et Abel Sembre laissent la vie.

 Le maréchal Pétain, chef de l'Etat Français26 très populaire, le devient beaucoup moins avec l'invasion de la zone libre en 1942. Les troupes allemandes sillonnent les campagnes à la recherches de provisions de bouche, réquisitionnent oeufs et grains... Certains habitants se souviennent avoir vu des allemands à vélo (vers  1943) venus demander de la nourriture dans la quartier du Lurus, pour ravitailler un campement d'occupants installés vers Saillères qui surveillait la voie ferrée et la route d'Auch.

 Malgré le rationnement et les privations, les jeunes organisaient en cachette des bals (maison Ropa au Lurus): on installait un char dans une grange, un lampion, un accordéon ou un phonographe, et on dansait toute la nuit au nez et à la barbe des allemands. L'ambiance était cependant parfois délétère: on craignait les allemands mais surtout les délateurs, heureusement peu nombreux. Drôle d'époque.
 
 Les réfugiés se retrouvaient dans la région en assez grand nombre. Des ouvriers espagnols qui avaient fui la guerre civile dans leur pays étaient employés comme bûcherons dans les bois du village. Un réfractaire au S.T.O. gagnait sa vie comme puisatier. Des ouvriers alsaciens firent un temps du charbon dans les bois (quartier des carbouères, vers Estampures).

 Les résistants, qui deviennent de plus en plus nombreux à partir de 1943 (avec le refus du Service du Travail Obligatoire ou S.T.O. en Allemagne), sont largement soutenus par les habitants, qui les cachent et les ravitaillent27. C'est dans cette période que s'installe un maquis dans le bois du Roy: quelques jeunes mal équipés (essentiellement des armes de chasses, un unique fusil-mitrailleur, un bazooka, peu de matériel) campent là, dans une maison isolée – la maison « Caillaü »-,sales et mal nourris. Leur chef, Martin, est pris et exécuté par une patrouille allemande alors qu'il se rendait à vélo à Miélan avec sa mitraillette Parmi eux se trouvait l'alsacien Ulrich Richert qui raconte la vie de ce groupe de résistants dans ses mémoires28. Ces jeunes mal entraînés sabotaient la voie ferrée toute proche avec des explosifs largués la nuit par des avions anglo-canadiens. Les manoeuvres d'entraînement se faisaient derrière la maison Bonneau. Ces résistants participèrent également en 1944 à l'attaque de Saint-Maur contre une colonne allemande, avec d'autres groupes, puis à divers coups de main à Tarbes et dans la région.
 
 Lors des combats de la Libération, en 1944, le capitaine Soulès, chef de maquis qui s'illustra dans de nombreux combats, cache sa famille à Montégut dans le quartier du Lurus, chez des habitants complices. Quelques maquisards viennent également  cacher du matériel parachuté par les avions anglais dans les granges du même quartier. La toile des parachutes, en bon nylon, est transformée en corsages féminins... Les cordes et tout le matériel compromettant étaient brûlés.

 En août 1944, le Gers se libère seul, grâce aux colonnes formées par les volontaires et les résistants, dont ceux de Montégut, et grâce au soutien massif et sans faille de la plupart des habitants du département. Il faudra encore une année de combat jusqu'à Berlin pour que le cauchemar cesse. De nombreux gersois, intégrés dans les armées régulières, y laissent encore la vie.

12-5-Les « Trente Glorieuses »

 L'après-guerre est marqué, dans un premier temps, par la poursuite du rationnement des biens de consommation et de la nourriture. Les progrès sont cependant rapides: dès le début des années 1960 la crise est surmontée, les premières machines apparaissent et le travail fourni par la laiterie de Villecomtal et l'usine Caréac permet de stabiliser et même d'augmenter légèrement la population.

12-6-La ville à la campagne

 Les premières voitures sont achetées dans le village dans les années 1930-1940 (chez Vignau..), peu avant les premiers tracteurs dans les années cinquante. Les chevaux, devenus sans usage, sont vendus avec les bœufs dans les années soixante pour la plupart.
 Les premières télévisions apparaissent également dans les années 1950 -la radio est alors déjà fréquente dans les fermes.  Les gens du quartier se réunissent chez les plus fortunés pour regarder ce nouveau spectacle. Dans les années 1960 beaucoup de ménages font ainsi l'acquisition d'un poste de télévision, dont le prix a beaucoup baissé: c'est l'entrée de la société de consommation dans les foyers.

 Le ramassage scolaire en autobus  apparaît en 1964 pour les élèves de l'école primaire. L'année suivante la cantine scolaire est réorganisée (un local est aménagé en 1975 pour cet usage).

 L'installation d'une première cabine téléphonique  est réalisée seulement en 1954, pour la somme de 40000 francs. Un gérant, Denis Brunet, est nommé pour la somme annuelle de 15000 francs (augmentée rapidement à 20000 francs, étant donné le trafic important de télégrammes et télécommunications). Marie-Louise Despeaux assure ce service jusqu'à son décès en 1967, puis Sylvaine Tujague jusqu'en 1977 (remplacée par Renée Tujague). Une nouvelle cabine est installée en 1959. Un « taxiphone » est finalement implanté en 1977, sans opérateur, ancêtre des cabines actuelles. 

 En 1955 l'adduction et la distribution d'eau potable est mise à l'étude. Montégut est rattachée au syndicat d'adduction d'eau de Villecomtal (avant 1964), ce qui entraîne le creusement des puits et l'installation des pompes à eau visibles au bord de la route départementale (quartier de La Carce) qui fournissent l'eau à tout le village.

 En novembre 1971, un projet de dépôt d'ordures commun à Villecomtal et Montégut est mis sur pied. En 1985 ces communes adhèrent au SICTOM (Syndicat Intercommunal de Traitement des Ordures Ménagères) du Val d'Adour, pour profiter de la décharge implantée à Rabastens-de-Bigorre (cette décharge est aujourd'hui fermée, sans solution de remplacement à court terme).

 En moins de trente ans, la société locale a ainsi été complètement transformée pour adopter le mode de vie urbain, avec tout son confort: adduction d'eau, électricité, sanitaires, véhicules personnels, chauffage individuel, gestion collective des déchets...

12-7-L'industrialisation

 Deux industries s'implantent pendant les Trente Glorieuses dans la région: la Laiterie de Villecomtal (« VILCONTAL », aujourd'hui dans le groupe agro-alimentaire DANONE) au bord de l'Arros, et l'usine de matériel agricole Caréac sur le territoire de la commune.

 Les Établissements CAREAC obtiennent un dégrèvement de la taxe professionnelle pour cinq ans en 1976.

 La laiterie de Villecomtal apparaît en 1956. Elle produit lait pasteurisé et produits laitiers (yaourts...) à partir du lait récolté dans les fermes de la région. Le succès aidant, l'usine grossit jusqu'à dépasser 300 employés et passer dans le giron du groupe BSN puis DANONE, avec une vocation nationale et même internationale (vers l'Espagne et l'Italie...).
 A l'échelle du village de Montégut, l'apparition de cette industrie a deux conséquences majeures:
 Les agriculteurs du quartier du Lurus, souvent en difficulté du fait de la faible taille de leurs propriétés, peuvent « survivre économiquement » en se spécialisant dans la production laitière. 
 Plus encore, les plus jeunes partent travailler à l'usine, ce qui permet le maintien partiel et l'adaptation de ces fermes, dont beaucoup finissent par se transformer en simples résidences, quand les anciennes fermes ne sont pas abandonnées au profit de villas bâties dans un champ voisin viabilisé.

 Ces emplois industriels ont ainsi un impact positif sur la démographie: la population se stabilise (333 habitants en 1962) et augmente même jusqu'en 1982 grâce aux emplois fournis par Caréac et Vilcontal/Danone.
 

12-8-Les transformations de l'agriculture

 Même si peu de ruraux en ont conscience, le monde agricole a connu une révolution sans précédent dans l'Histoire depuis un demi-siècle.
 Nous avons déjà parlé de la disparition des attelages et des bêtes de somme au profit des premiers tracteurs: cette première évolution est achevée dans les années 1960.
 Dans le même temps la manière de produire et les productions elles-mêmes ont été bouleversée. L'emploi systématique des engrais chimiques a permis de supprimer les corvées de désherbage manuel; la multiplication des semences sélectionnées a permis d'augmenter considérablement les rendements et les  plants de qualité. Le maïs, en particulier, est devenu une quasi-monoculture dans la vallée de l'Arros. L'irrigation presque systématique des terres manquant d'eau a encore accentué ce phénomène.
  La technique de l'ensilage, la stabulation libre, la sélection bovine ont permis d'accroître considérablement la production laitière -au détriment des espèces locales pratiquement éteintes (vache « mirandaise »). L'élevage intensif de palmipèdes gras a permis enfin la spécialisation de deux exploitations du Lurus.

 Toutes ces évolutions n'ont été possible que par  la volonté des agriculteurs eux-mêmes, qui ses sont formés grâce aux écoles pratiques et lycées agricoles, et par l'abandon progressif des exploitations les plus réduites et les moins adaptées. De fait, on ne compte plus aujourd'hui que 16 exploitants agricoles dans la commune (dont 7 en double activité), pour 196 au début du 20e siècle: regroupement et remembrement des terres les plus faciles à exploiter (terres de la vallée de l'Arros), abandon de la culture de la vigne sur les terrasses des coteaux, double emploi facilitant l'abandon de l'exploitation par les jeunes... Les femmes d'agriculteurs ont également joué un rôle important dans cette évolution: nombre d'entre elles ont suivi des cours à Villecomtal, à Miélan, des cours du soir parfois pour apprendre la gestion ou la comptabilité, assistant ainsi leur conjoint dans la conduite de l'exploitation.

 Il ne faut pas croire que cette évolution vers une intensification et une « industrialisation » des cultures et de l'élevage s'est réalisée sans heurts. Par exemple en 1969 la municipalité refuse l'installation d'un élevage intensif de veaux, sous le prétexte du non-respect des mesures d'hygiène par les autres éleveurs de la région. Elle demande aux service départementaux d'hygiène d'intervenir pour donner leur avis. En 1975, elle refuse de nouveau une installation d'élevage de veaux  dans le quartier des Biroutous, à cause des problèmes d'hygiène (l'écoulement des excréments devait se faire à ciel ouvert!).

 Un exemple original est fourni par la spécialisation horticole d'une partie des terres. On trouve dès 1926 un horticulteur dans la commune, Sylvain Forgues.
....

13- Un nouveau millénaire: Montégut-Arros au début du 21e siècle

 L'étude de la commune contemporaine impose un regard très nuancé et prudent. On ne peut, au mieux, que faire un bilan provisoire des évolutions en cours.

 La première constatation porte sur le dynamisme communal qui est ici évident depuis une vingtaine d'années. Des logements communaux ont été aménagés pour accueillir de jeunes couples (ancienne mairie, ancien presbytère en 1983).
 Dès le 14 décembre 1974, plusieurs conseillers municipaux ont demandé au maire une étude de faisabilité pour un petit lotissement (6 lots) près de l'église et de la mairie. Les premières parcelles furent vendues en 1976 (elles correspondent aux maisons et villas modernes bâties au bord de la route qui mène à l'église, au sommet du coteau). Un Plan d'Occupation des Sols (POS) a été élaboré dès 1985. 
 Un nouveau lotissement est actuellement en cours d'aménagement au quartier de la Tuilerie, avec des tarifs attractifs pour attirer des familles.

 L'école et la jeunesse font l'objet de soins réguliers: une aire de jeux a été aménagée dans l'enceinte de l'école primaire en 1982, l'adhésion au Syndicat Intercommunal de Transport Scolaire de la région de Vic-en-Bigorre depuis 1983 permet aux adolescents de poursuivre sans difficultés de transport leurs études au lycée de Vic-en-Bigorre comme à celui de Mirande, un Comité des fêtes assure l'animation lors de la fête patronale, des clubs sont organisés...

 Un « Pavillon d'accueil » envisagé dès 1984-1985, est devenu l'actuelle mairie en 1988, permettant l'aménagement d'un espace public jusqu'à l'église (parking, rond-point...).

 Ces constatations contrastent néanmoins avec le bilan démographique, qui reste négatif: la population diminue lentement depuis plus d'un siècle, malgré une stabilisation dans la période 1960-1980, beaucoup d'habitants sont âgés, la plupart des jeunes doivent quitter la commune pour trouver du travail.

 Cette situation se manifeste sur le terrain de manière contrastée: d'un côté beaucoup de fermes sont abandonnées et tombent en ruines, d'autres ne subsistent plus que sous la forme de pans de murs. La population trop peu nombreuse et âgée ne peut assurer l'entretien de ces bâtiments qui deviennent inhabitables en quelques années. D'un autre côté une population de néo-ruraux s'implante localement et cette installation prend la forme de villas avec jardin qui contrastent fortement avec l'habitat traditionnel. Ces implantations, on le comprend, sont  favorisées par la municipalité qui souhaite garder et renouveler sa population. Par ailleurs le manque de logements locatifs, la vétusté des fermes anciennes sont autant de problèmes posés aux générations actuelles, sans véritables solutions à court terme.

 L'activité économique reste le point faible de la commune -comme la quasi-totalité des communes de la région. Le personnel de l'usine Danone de Villecomtal, après les vagues d'embauches des années 1950-1970, ne se renouvelle que très lentement, au rythme des départs en retraite, et souvent au profit d'emplois précaires qui ne favorisent pas l'installation locale de jeunes couples. L'entreprise Caréac, devenue après plusieurs mutations l'entreprise Ermé, n'emploie qu'un personnel réduit qui ne pèse guère sur la situation économique à l'échelle du canton. Les artisans sont peu nombreux.
 L'agriculture autrefois majoritaire ne concerne plus qu'une minorité d'actifs: il subsiste seulement sept exploitations agricoles, dynamiques et concentrées, pratiquant une quasi-monoculture du maïs. La spécialisation tentée par deux exploitants (palmipèdes pour la production de fois gras) est une alternative intéressante, mais sensible aux évolutions du marché à moyen terme, tout comme la production horticole, cependant moins spécialisée. 
 Les services, comme dans d'autres communes rurales, ne se développent que lentement: chambres d'hôtes, accueil à la ferme ne peuvent constituer qu'un complément d'une autre activité plus rentable et moins saisonnière. Les services se concentrent en fait dans des activités « classiques » (mairie, service postal, école primaire) qui relèvent du service public et ne sont guère créatrices d'emplois.
 De fait, après une embellie de l'emploi dans les années 1960-1980, la situation socio-économique actuelle reste indécise. Le pari fait par la municipalité d'attirer des néo-ruraux travaillant ailleurs et cherchant un logement neuf à la campagne est une tentative digne d'encouragement, mais l'éloignement des centres urbains dynamiques (Tarbes, Auch ou même Vic-en-Bigorre et Mirande) rend cette politique d'urbanisation volontaire très aléatoire.

 Une évolution notable est l'intégration récente de Montégut-Arros à la Communauté de Communes de la Haute-Vallée de Gascogne, qui fédère l'ensemble des communes du canton de Miélan, sans cependant que le chef-lieu, Miélan, en fasse partie (cette commune est intégrée avec Mirande dans la Communauté de Communes du Coeur d'Astarac). Il est probable que d'ici une ou deux décennies, l'unité d'administration sera la communauté de communes et non plus la commune, qui deviendra une simple subdivision administrative. A ce moment la commune, entité vieille de plus de deux siècles et héritière de la seigneurie médiévale, aura vécu. La même évolution est visible avec les paroisses, qui tendent à se regrouper pour former des « paroisses géantes » qui signent le manque de prêtres et le faible nombre de catholiques pratiquants29.
 

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Dernière modification : 1/03/02