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Monographie de Montégut-Arros (Gers) | |
6-Le 15e siècle
On ne sait que très peu de choses sur Montégut-Arros au 15e siècle. Le seul document retrouvé est la confirmation des coutumes en 1453. Plusieurs nobles locaux -qui forment la « cour » du comte de Pardiac- signent cet acte: à côté du notaire de Marciac Bernard de Médiavila et du juge comtal Jean de Manse, on trouve Arnaud-Seguin d'Astan, sire d'Estampes, Jean de Momas, sire d'Aux, et Arnaud-Guilhem de Troncens, sire de Troncens. Le 15e siècle voit la reconstruction de l'église paroissiale Notre-Dame-de-l'Assomption. Ici les documents manquent, mais l'analyse architecturale du chevet du monument, la partie la mieux conservée, ne laisse aucun doute à ce sujet. L'emploi de la brique foraine, la forme des moulures, le plan régulier, impliquent l'installation d'un four de briquetier à proximité, la présence d'un ou plusieurs tailleurs de pierre, de maçons et sans doute d'un maître-maçon voire d'un architecte. Une ancienne carrière de calcaire, conservée sur le flanc ouest de la colline, a pu servir à cette époque (comme à l'époque romane) pour extraire la pierre à chaux destinée aux joints des maçonneries. Un autre élément de réflexion est la taille
de l'édifice. Sa vaste nef peut accueillir plusieurs centaines de
personnes, ce qui implique une population relativement nombreuse. Par ailleurs,
même si on peut supposer la participation financière des coseigneurs,
il est évident que les habitants ont du financer la majeure partie
des travaux: de fait, la prospérité économique devait
être assez grande à Montégut vers le milieu du 15e
siècle, en particulier le commerce des grains, de la vigne et du
bétail, puisque rien n'indique un changement dans les ressources
économiques depuis le siècle précédent. Par
contre cet édifice semble ne pas avoir été terminé
d'un seul jet: retournement de la conjoncture économique? Crise?
7-Le 16e siècle: le temps des crises
Ce fait est bien assuré par plusieurs documents, largement repris et commentés. F.J. Bourdeau1 explique par exemple cet événement à partir d'un manuscrit de Saint-Sever: « On lit dans le manuscrit de l'abbaye de Saint-Sever de Rustan que sous le pontificat de Jean de la Trémouille, archevêque d'Auch, au commencement du 16e siècle, le vicaire de Montégut étant, un dimanche, monté à l'autel avant l'arrivée du seigneur du lieu, celui-ci, indigné de ce qu'il regardait comme un outrage fait à sa qualité, courut s'armer d'une arquebuse et étendit le malheureux officiant raide-mort sur les marches de l'autel. Le même manuscrit ajoute que, malgré les privilèges de la naissance, la justice prononça un arrêt de mort contre le meurtrier. Il fut pendu; son château fut rasé, et l'Etat s'empara de sa seigneurie ». Jean-Baptiste Larcher, vers 1750, relève également ces faits dans les archives royales à Pau2. Il faut faire deux remarques au sujet de cet événement.
La première est que si le sire de Montbardon fut réellement
pendu, il connut la même fin infamante que les voleurs de poules
et autres bandits des grands chemins. Les nobles, en principe, étaient
décapités, mort « noble » par opposition à
la pendaison. Cela signifie que cette mort fut voulue ignominieuse, à
l'image du crime commis, ou bien que cette affirmation est fausse.
Une mention du paléographe Jean-Baptiste Larcher, vers
1750, prouve ainsi qu'en 1546 un livre-terrier fut réalisé
pour faire l'inventaire de l'ensemble de la seigneurie (ce document a été
perdu depuis). Cet inventaire précéda de peu la confirmation
des coutumes et privilèges de Montégut en 1553.
Si la première moitié du siècle commença
par la disparition des seigneurs « locaux », la deuxième
moitié du siècle se poursuivit de manière encore plus
dramatique.
En 1570, les troupes royales menées par Blaise de Montluc
incendièrent la ville et le château de Rabastens-de-Bigorre,
occupés par des protestants. Ils massacrèrent la garnison
et la population.
Il faut supposer ici que l'église paroissiale de Montégut fut pillée et incendiée, ainsi sans doute que le castelnau et le château, qui devaient être en grande partie bâtis de bois et de paille. Le seul indice de cette catastrophe pourrait être la reconstruction de la nef de l'église paroissiale Notre-Dame vers le 17e siècle, qui pourrait faire suite à l'effondrement des voûtes et des murs après un incendie du bâtiment (?). On peut émettre à partir de là une hypothèse:
si le barri du castelnau fut incendié, il ne fut peut-être
pas reconstruit, les habitants préférant rebâtir leurs
maisons au milieu des terres plutôt que dans cette forteresse malcommode,
éloignée des cultures et trop peu sûre.
8-Le 17e siècle: un monde rural
Une curieuse mention, relevée par Guillaume Mauran nous
rapporte le conflit qui opposa le vicomte de Lavedan à d'autres
seigneurs bigourdans vers 1600. Celui-ci, pour être lavé du
meurtre d'un de ses adversaire, dut partir à la cour pour obtenir
du roi une lettre de rémission (valant annulation de toute poursuite
judiciaire). Le vicomte alla donc saluer le roi Henri IV, et celui-ci le
reconnut et dit « que son cousin le vicomte de Lavedan, illec present,
etoit le chef de la famille qui lui avoit été plus fidele.
De quoy les princes demeurerent fort esbaïs, considerant que le roy
n'avoit jamais parlé si favorablement d'aucune maison de France.
Ce fut encore a ce coup que ledit sieur vicomte eut promesse du roy d'estre
recompensé des pertes que feu son pere fit au delaissement des baronies
d'Aure, Magnouac, Barousse et Labarthe de Nestès, luy ayant
Sa Majesté offert les places de Villecondau et Montagut en Pardiac,
sans prejudice d'autres libéralités au souhait du sieur vicomte...
»5.
La documentation est par ailleurs rare pour le 17e siècle. On sait que dans la région le siècle fut terrible pour la population rurale: conditions climatiques médiocres, disettes, conflits de la Fronde, crises financières, pression fiscale énorme... En décembre 1638, les paysans du Pardiac, révoltés contre le poids écrasant des impôts, marchèrent sur Marciac et Mirande où ils libérèrent leurs consuls emprisonnés pour non-paiement des dettes des communautés6. De même en 1640. En 1642, une nouvelle révolte entraîna plusieurs milliers de paysans à Plaisance où ils firent prisonniers le commis de la recette générale de Montauban et le lieutenant du vice-sénéchal d'Armagnac. Ceux-ci, emmenés à Villecomtal, furent relâchés contre rançon et après le vol de la recette fiscale du comté. Cinq meneurs de la révolte furent mis à mort l'année suivante (les notaires de Villecomtal et Betplan, Jean et Simon Dargagnon, le curé de Malabat et deux laboureurs), d'autres furent emprisonnés, les troupes royales pillèrent la région... Une peste frappe la région d'Auch en 1629-1631, et de nouveau en 1653-1654. Les disettes sont considérables en 1600, 1617, 1621, 1631, 1709... Malheureusement, le seul document qui aurait permis d'apprécier l'ampleur locale de ces crises, le registre des décès, a été perdu, ou bien n'a pas été tenu correctement pendant ces périodes: le premier registre conservé remonte à 1737. Les difficultés de la société se retrouvent dans les archives judiciaires, les rares qui conservent des traces de Montégut pour cette période: les procès se multiplient, pour des sommes parfois réduites, à tous les niveaux de la société. En 1681, Dominique Pradère, vicaire de Montégut, met ainsi en procès les consuls de la communauté7 car il n'a pas reçu 150 livres promises pour son service. Comme il n'existait pas de contrat ni de reçus, le procès fut ajourné (et probablement un arrangement trouvé). Les impôts étaient extrêmement lourds, du fait du besoin permanent d'argent frais de la royauté et de la mise en ferme de ce revenus (les impôts passaient par une série d'intermédiaires, les fermiers, qui prélevaient leur part au passage, et alourdissaient d'autant l'impôt réellement payé par les paysans). Un des moyens d'alléger cet impôt était de
mettre en ferme les biens de la communauté. La communauté
de Villecomtal affermait ses droits de souquet (débit de vin dans
les tavernes), de boucherie et ses bois communaux. Celle de Saint-Sever
affermait son droit de boucherie, la communauté de Sénac
louait 15 arpents de biens communaux, celle de Becaas une lande de dix
arpents8.
Dans les années 1660, les consuls de Montégut empruntèrent
la somme considérable de 2518 livres 19 sous, sans avoir en réalité
les moyens de la rendre. Les consuls successifs temporisèrent et
utilisèrent toutes sortes de moyens pour éviter de la rembourser
(il est vrai qu'ils étaient redevables sur leurs biens et leur personne
des dettes de la communauté toute entière, le temps de leur
consulat!).
Je ne sais comment se termina l'affaire, le dossier judiciaire
ne donne que les conclusions des juges. Il est cependant probable que l'affaire
traîna des années encore, tant les voies de recours étaient
nombreuses dans les juridictions d'Ancien Régime.
La documentation de l'abbaye de Saint-Sever-de-Rustan permet d'avoir
un éclairage sur les quelques terres possédées par
l'abbaye. Ces terres (un peu plus d'une vingtaine d'hectares) sont vers
1650-1750 affermées annuellement, ainsi que les dîmes, à
des paysans du cru ou des village voisins, parfois associés. Les
conflits sont nombreux avec le syndic de Saint-Sever, car les dîmes
rentrent mal et les fermages sont peu payés.
Le notaire Sorbet
9-Le 18e siècle: le temps des révolutions? On considère traditionnellement que le 18e siècle est un temps de croissance économique, grâce aux progrès agricoles (culture du blé et de la vigne). Il faut reconnaître que peu apparaît de cette croissance dans la documentation conservée: le livre-terrier de 1755 -étudié plus loin, le seul document décrivant l'ensemble de la population, montre pour l'essentiel une paysannerie modeste, souvent liée à l'artisanat local. Les fermes conservées de cette période, sans être médiocres, n'ont guère les fastes des fermes aux encadrements de marbre gris des vallées de Bigorre. Les seules exceptions sont quelques fermes de gros vignerons, en plaine. La construction de la route d'Auch, ordonnée par l'intendant
d'Etigny au milieu du siècle et passant à Villecomtal en
bordure du territoire de Montégut, permet cependant de désenclaver
un peu cette zone en permettant aux habitants de se rendre plus facilement
aux marchés de Rabastens, Miélan, Mirande ou Auch.
9-1-La révolution française Si on étudie -avec raison- la Révolution de 1789 comme un événement majeur, force est de constater que cet événement et ses suites n'ont eu qu'un impact limité localement. Le cahier de doléances de la commune n'a apparemment pas été conservé, pas plus que les registres communaux ou paroissiaux de l'époque. De ce fait, on ne sait rien de précis sur les événements à l'échelle locale. On sait tout au plus que les élus de la commune participèrent à l'échelle du comté à la rédaction de cahiers « généraux » 11. Le premier dimanche de février 1791, le curé de la paroisse, Gratiane, accepta de prêter serment à la constitution entre les mains du maire de la commune. De fait, il n'y eut pas de troubles d'ordre religieux. Le 28 janvier 1790, l'ancienne généralité d'Auch fut découpée en un nouveau département d'Armagnac, renommé par la suite département du Gers, qui comprenait six districts: Auch, Condom, Lectoure, L'Isle-Jourdain, Nogaro et Mirande. Dans le district de Mirande furent créés plusieurs cantons, dont celui de Miélan: Montégut-Arros fut intégré à ce nouveau canton, à la limite du nouveau département des Hautes-Pyrénées, successeur du comté de Bigorre. Je ne sais si la Grande Peur, cette peur irraisonnée d'une troupe de brigands imaginaires qui affola tout le pays en juillet-août 1789 depuis la Charente, toucha le bas-Astarac. Le fait est avéré pour Auch, et tout le nord et l'est du département. Il atteste en tout cas la situation de crise et l'inquiétude de l'ensemble de la population. En juillet 1793, les bordiers de la région de Mirande,
Miélan et Montesquiou se révoltent contre la dîme qui
était réclamée par les acquéreurs des biens
nationaux, alors même que cette dîme avait été
supprimée lors de la nuit du 4 août!
9-2-La vente des biens nationaux Le principal événement qui touche réellement la commune de Montégut est la vente des biens nationaux. Ils étaient assez nombreux ici et concernaient essentiellement les biens nobles et ceux du clergé14. Les « biens de première origine », c'est-à-dire les terres seigneuriales et les biens d'Eglise, sont mis à l'encan dès 179015. En mars 1791 l'architecte Jean Labat fait l'estimation des terres
appartenant aux pères de Saint-Sever-de-Rustan, celles de l'église
de La Carce et les terres nobles.
Le 15 ventôse de l'an II, Les experts Fréchède
et Luro font de nouveaux l'estimation des moulins de Montégut et
de Villecomtal. En messidor an III, l'ensemble des églises, presbytères
et biens d'Église du canton sont estimés pour la vente.
1- le moulin avec ses terres
Les biens des églises sont oubliées dans cet inventaire.
C'est pour cela que le 25 messidor an III, les architectes Etienne
Cassas et Frix Lafforgue font le métrage et l'estimation du presbytère,
de l'église paroissiale et de la chapelle Notre-Dame de La Carce,
qui est déjà presque entièrement démolie à
cette date.
En 1794 les terres nobles des quartiers de Jar et des Arrousès furent vendues aux enchères à la bougie, partagées en lots. Les premiers lots furent achetés par des habitants de Villecomtal (Arnaud Cazaux, Baudéan, Barthelémy Lacome, Pouey), les terres des Arrousès furent rachetées par des habitants de Montégut (Christian Bernis, le futur maire Jean Mailles, Daussat, Brunet, le notaire Pierre Sorbet). En 1796, l'emplacement de l'église du quartier de la Carce et les « 80 chars de décombres provenant de sa démolition » furent vendus comme biens nationaux: « Emplacement de la ci-devant chapelle de Notre-Dame de Lacarce, de contenance de 12 places ou demi-journal – Sur lequel emplacement se trouvent environ 80 chars de décombres provenant de la démolition des murs de ladite chapelle ». Le tout fut vendu le 15 prairial an IV au citoyen Martial Vivès, de Haget, pour la somme -modique- de 902 francs. On ne trouve pas à Montégut de « biens de
seconde origine », correspondant aux ventes des biens des émigrés.
Dans le canton cependant ces biens furent assez nombreux. Le 23 frimaire
an II, ils étaient estimés à 16950 livres: le moulin
à eau, un moulin à vent et divers biens du sire de Noë
à Miélan et Sarraguzan, trois corps de ferme à Mont-de-Marrast
au sire de Vendomois, un moulin à eau à Montaut et des biens
à Manas au sire de Crussol d'Uzès, la maison et les biens
du curé d'Aussat, reclus décédé, des terres
à Sadeillan appartenant à André Despaux, le moulin
à eau et des biens de Castetfranc au sire de Béon, les biens
des curés de Saint-Dode émigrés18.
10-Le Premier Empire La commune n'a pas conservé d'archives municipales pour
la période napoléonienne (1899-1814). Par contre les registres
paroissiaux livrent un inventaire macabre des jeunes partis dans les armées
de l'empereur et morts sous toutes les latitudes. Les hôpitaux de
Bayonne, Toulouse, Perpignan, Orléans, Saint-Omer, Brescia en Italie,
envoient au maire au moins sept avis de décès de malheureux
conscrits du village, morts pour la plupart de maladies liées à
la misère physique et à de mauvaises conditions de vie et
d'hygiène (pneumonie...) 19. Le recensement de 1806 indique que
13 jeunes du village servent alors sous les drapeaux.
11-Le 19e siècle: le temps du progrès La première moitié du 19e siècle est pour tout le pays un siècle de croissance démographique et économique: la région connaît son maximum de population (314800 habitants dans le Gers en 1846!), ce qui ne va pas sans difficultés, car la terre peine à nourrir et à fournir du travail à tous. 11-1-Un siècle difficile pour le monde agricole Le 19e siècle est un également un siècle de calamités naturelles: en 1816, des orages et la grêle détruisent les récoltes. En 1827-1828, la vente des bois liée au nouveau code forestier entraîne des troubles un peu partout, notamment à Auch. En 1846, des pluies violentes en juin emportent les récoltes sur pied, ce qui entraîne une gêne générale. A Montégut, les registres s'attachent particulièrement aux inondations, très nombreuses ici étant donné le cours capricieux de l'Arros et du Lurus: en 1835 de grandes inondations emportent un pont sur la route qui mène à Miélan. En juin 1875, l'inondation touche l'ensemble des maisons de la vallée (quartier du Village), avec de nombreux dégâts. On ne peut nier cependant que les habitants les plus entreprenants
et les plus aisés arrivent à cette époque à
tirer leur épingle du jeu et se construisent de petites fortunes
foncières. En 1874, la liste des habitants les plus imposés
livre les noms de ces « bourgeois » enrichis par la terre:
Cougot, Darrieux, Tujague, Forgues, Burguès, Forgues, Delord,
Laporte, Duffard (le maire), Dazet, Lamarque. On retrouve à peu
de choses près la liste des membres du conseil municipal...
Il faut cependant nuancer ce tableau optimiste: les journaliers,
les brassiers, les plus modestes arrivent difficilement à vivre,
et ne profitent guère des progrès agricoles, occupés
qu'ils sont à produire leur pitance sur leurs modestes lopins. Cela
n'exclut pas une relative solidarité: le 3 octobre 1844 le ban des
vendanges est avancé de deux jours pour les propriétaires
de vignes qui n'ont pas de pressoir, et au 13 octobre pour ceux qui en
ont, afin que les premiers puissent se servir sans encombre des installations
des seconds.
En 1848, la proclamation de la Seconde République se fait dans la joie: c'est la première fois que les hommes du village sont appelés à voter pour élire leurs édiles. La joie est de courte durée: la création d'un impôt extraordinaire de 45 centimes par franc (pour remplir les caisses de l'Etat et payer les Ateliers Nationaux qui doivent occuper les chômeurs) entraîne de véritables révoltes. A Malabat, en juillet 1848, les paysans prennent les armes (fourches et faux!) et refusent de payer l'impôt20. La vraie calamité viendra cependant de la terre. La première tache de phylloxéra est détectée à Rabastens-de-Bigorre en 1881. L'année suivante Montégut est touchée, comme les communes voisines. En 1883 la commune demande l'achat de plants américains pour permettre des greffes, mais le prix élevé de cette technique ne permet pas son usage massif. Le vignoble est presque entièrement décimé avant 1890 (plus de 300 hectares, dont la plupart ne seront jamais replantés). En 1891 un professeur dépêché sur place, M. Viala, ne peut que constater le désastre, et note que la commune est une des plus touchées du département. C'est la ruine, totale ou partielle, pour la plupart des agriculteurs, ce qui accélère encore l'exode rural et le départ des plus jeunes. 11-2-La crise sociale et démographique de la deuxième moitié du siècle Passé le milieu du 19e siècle, la croissance démographique s'essouffle complètement. Le monde rural est « plein », il n'y a plus assez de terres ni de travail pour tout le monde. Alors, lentement mais inexorablement, on voit la population diminuer dans toutes les campagnes gasconnes, et la chute s'accélère avec la crise agricole de la fin du siècle. A Montégut, les chiffres sont éloquents: 792 habitants en 1841, 429 en 1926... La population est divisée par deux en un siècle. Cette crise d'une société en « trop-plein
» entraîne quatre conséquences essentielles:
11-3-Un siècle de lents progrès techniques La route départementale et les chemins vicinaux sont l'objet de tous les soins au 19e siècle: ils sont annuellement entretenus, des subventions sont régulièrement demandées au préfet pour réparer ou améliorer les ponts. Les habitants sont tenus à des corvées annuelles, et un impôt est levé, «l'indemnité de binage », qui sert à la fois à payer le prêtre et l'ouvrier communal chargé d'entretenir les chemins jusqu'en 1905 (!). Quel que soit le régime, le maire et ses conseillers ont toujours en tête l'idée que la route est l'épine dorsale du commerce: le vin, le blé, les idées nouvelles arrivent par la route... Le chemin de fer est installé dans les années 1865.
La ligne, qui passe à Rabastens et Miélan, s'arrête
à Villecomtal, où une gare est installée près
de la limite communale (cette ligne est signalée par le conseil
de Montégut en novembre 1867). Tarbes et Mirande sont reliées
en 1869. La ligne frôle la commune de Montégut, qui cède
quelques terrains pour son implantation. Pour permettre la montée
de la côte, la voie ferrée empruntait une pente douce qui
coupait la partie nord-est de la commune. En 1872, la compagnie des chemins
de fer du Midi acheta sept parcelles de terre, bois, friche et une vigne
pour augmenter l'emprise du chemin de fer. Les travaux étaient terminés
avant 1878.
La Poste à cheval, à pied puis à bicyclette, connaît également de lents progrès. Le 12 février 1843, le maire du village se plaint de la lenteur de la poste pour transmettre le courrier administratif. Il demande à avoir un facteur rural qui passe tous les jours dans la commune. En juin 1864, le conseil municipal n'approuve pas le projet de création d'un bureau de poste à lettres à Villecomtal, étant donné que le service du bureau de poste de Miélan «...est fait d'une manière tout à fait régulière et exacte... ». En 1867, avec l'ouverture de la ligne de chemin de fer, le conseil change d'avis et décide d'être rattaché à Villecomtal, car la ligne fournit beaucoup de travail à ce nouveau bureau. En 1870, une demande est faite pour que le même facteur assure le service de Villecomtal, Montégut et la gare. Le 7 juillet 1895, une nouvelle demande est formulée pour que le facteur, qui dessert Villecomtal, Montégut puis Saillères, ne change pas son circuit pour passer d'abord par Saillères: les habitants de Montégut sont livrés en début d'après-midi au lieu de l'être en fin de matinée! L'éducation, lentement, progresse. On connaît des
instituteurs laïcs depuis 1815, qui louaient des maisons de particuliers.
Une maison d'école faisant également office de mairie est
prévue à partir de 1851, elle est réceptionnée
en 1879. Elle permet de recevoir garçons et filles au moins jusqu'à
la première communion, tous savent désormais lire, écrire
et compter. Certains feront carrière dans l'armée ou l'administration,
grâce à ce premier bagage intellectuel.
11-4-Un siècle de bouleversements politiques Le 19e siècle connaît de nombreux changements de
régime: Premier Empire jusqu'en 1815, Restauration monarchique (avec
les deux frères capétiens Louis XVIII et Charles X puis leur
cousin de la branche des Orléans, Louis-Philippe), Seconde République
de 1848 à 1851, Second Empire jusqu'à la défaite de
1871, Troisième République enfin. A l'échelle de la
commune, aucun trouble sérieux n'apparaît dans la documentation.
Les maires sont changés au gré des régimes, mais toujours
choisis dans le même vivier de « gros » propriétaires
de la commune: on retrouve en fait les mêmes familles aux postes
de maire et conseillers pendant tout le siècle. Le nouveau maire
prête serment au Roi, à la République ou à l'Empereur,
et les affaires reprennent comme avant.
En décembre 1851, le coup d'Etat de Louis-Napoléon
Bonaparte, qui met fin à la Seconde République, entraîne
une violente réaction des gersois. A Mirande, le sous-préfet
est blessé et séquestré dans la sous-préfecture.
L'envoi de l'armée, la répression (338 gersois sont déportés
en Algérie) permet de ramener le calme... Le Second Empire peut
s'installer tranquillement dans le département22.
« Paris le 29 Mais 1871 Mon cher frère B. Soeur,
Dours Hippolyte Bien de complimant a M. et Madame Bonneau de ma par je crois quil ne
lui est rien arivér a sa maison.
La Troisième République s'installe sans grandes
difficultés. Tout au plus peut-on déceler quelques chicaneries
entre nouveau et ancien maire. Lucien Duffard est nommé en remplacement
de Lucien Bergez de 1871 à 1874, et en 1875 avec l'installation
définitive de la République c'est Germain Caussade qui est
installé maire par arrêté préfectoral.
12-Le 20e siècle 12-1-La Grande guerre Au mois d'août 1914, les jeunes de la commune sont mobilisés
«la fleur au fusil », comme partout en France. On pense être
rentré pour les vendanges en octobre. On déchante vite.
12-2-Après la guerre La commune est marquée par la guerre. Elle a perdu beaucoup
de ses enfants à cette occasion, et ceux qui rentrent sont traumatisés
et parfois handicapés.
L'entre-deux-guerre est marqué par l'hyponatalité:
les naissances sont peu nombreuses, et cela est d'autant plus marqué
que l'exode rural est encore présent et que la Guerre puis la grippe
espagnole ont fauché une partie de la jeunesse. Les chiffres du
canton de Miélan se passent de tout commentaire:
Beaucoup d'hommes meurent encore des suites de la guerre (blessés,
gazés...), les soins sont désorganisés, les besoins
sont immenses après quatre années de privations.
12-3-Le progrès technique avant 1939 Un syndicat agricole est fondé à Montégut le 14 septembre 1919, comme dans la plupart des commune du Gers. Il comptait 60 membres en 1921, c'est-à-dire la majorité des agriculteurs de la commune. Il permet de faire rentrer rapidement dans les mœurs les progrès agricoles: emploi des engrais chimiques, développement de l'élevage bovin, des prairies, des machines... une école ménagère agricole existait à Miélan dès les années 20, qui attirait toutes les futures ménagères du canton. En 1935, la commune essaie d'implanter deux ateliers de distillation pour les besoins personnels des habitants- c'est apparemment un échec. Le foyer familial est entrepris l'année suivante, subventionné pour un tiers par l'État; le reste de la somme est emprunté, la commune étant trop endettée par l'électrification pour avoir assez de fonds propres. La scierie de Villecomtal était dotée d'un générateur
électrique dès 1910. En 1923 cependant le réseau électrique
ne couvrait encore que la partie est du département. Il faut attendre
1929 pour que la commune projette son raccordement: le 26 mai 1929, le
conseil municipal signe le cahier des charges autorisant la Société
Pyrénéenne d'Énergie Électrique à équiper
l'ensemble de la commune. Ce premier projet prévoyait l'installation
d'un réseau en 125/215 volts, qui fut rapidement modifié
en réseau 230/400 volts.
Le réseau téléphonique existait en 1922 à Miélan et Villecomtal, il était alors en cours de construction vers Rabastens24. En 1941, la commune refusa l'installation d'une cabine téléphonique, sous le prétexte que la poste de Villecomtal n'était pas éloignée (sic) et que les finances communales ne le permettaient pas. L'agriculture bénéficie également des progrès économiques et sociaux. Les « Silos mirandais » sont fondés en 1936, la « Coopérative de l'Astarac » en 1937, qui permettent d'acheter en commun semences et nouveau matériel, comme les premiers tracteurs. La Mutualité Agricole apparaît également entre les deux guerres, et le Crédit Agricole recrute ses premiers clients. En réalité, à défaut de banque de proximité, il fallait souvent se résigner à emprunter à des prêteurs sur gages ou à usure, généralement aux plus riches du village qui arrondissaient ainsi leur fortune et asseyaient leur position sociale25. A défaut d'assurances, il existait une sorte de caisse
commune entre les habitants du village pour assurer le bétail: les
familles cotisaient régulièrement à un pot commun,
et deux fois par an, les hommes passaient dans les maisons pour estimer
la valeur du bétail. Si une bête était perdue, le propriétaire
était dédommagé par la caisse commune. Cette structure
disparut dans les années 1960, en même temps qu'apparaissait
les mutuelles agricoles contemporaines.
12-4-La seconde guerre mondiale En 1939 les esprits ne sont pas prêts pour recommencer la « der des der ». Les jeunes de Montégut, peu nombreux, sont de nouveau mobilisés, sous l'oeil inquiet des parents qui ont connu la guerre précédente. Dans les combats de 1940, les jeunes Eugène Castay et Abel Sembre laissent la vie. Le maréchal Pétain, chef de l'Etat Français26 très populaire, le devient beaucoup moins avec l'invasion de la zone libre en 1942. Les troupes allemandes sillonnent les campagnes à la recherches de provisions de bouche, réquisitionnent oeufs et grains... Certains habitants se souviennent avoir vu des allemands à vélo (vers 1943) venus demander de la nourriture dans la quartier du Lurus, pour ravitailler un campement d'occupants installés vers Saillères qui surveillait la voie ferrée et la route d'Auch. Malgré le rationnement et les privations, les jeunes organisaient
en cachette des bals (maison Ropa au Lurus): on installait un char dans
une grange, un lampion, un accordéon ou un phonographe, et on dansait
toute la nuit au nez et à la barbe des allemands. L'ambiance était
cependant parfois délétère: on craignait les allemands
mais surtout les délateurs, heureusement peu nombreux. Drôle
d'époque.
Les résistants, qui deviennent de plus en plus nombreux
à partir de 1943 (avec le refus du Service du Travail Obligatoire
ou S.T.O. en Allemagne), sont largement soutenus par les habitants, qui
les cachent et les ravitaillent27. C'est dans cette période que
s'installe un maquis dans le bois du Roy: quelques jeunes mal équipés
(essentiellement des armes de chasses, un unique fusil-mitrailleur, un
bazooka, peu de matériel) campent là, dans une maison isolée
– la maison « Caillaü »-,sales et mal nourris. Leur chef,
Martin, est pris et exécuté par une patrouille allemande
alors qu'il se rendait à vélo à Miélan avec
sa mitraillette Parmi eux se trouvait l'alsacien Ulrich Richert qui raconte
la vie de ce groupe de résistants dans ses mémoires28. Ces
jeunes mal entraînés sabotaient la voie ferrée toute
proche avec des explosifs largués la nuit par des avions anglo-canadiens.
Les manoeuvres d'entraînement se faisaient derrière la maison
Bonneau. Ces résistants participèrent également en
1944 à l'attaque de Saint-Maur contre une colonne allemande, avec
d'autres groupes, puis à divers coups de main à Tarbes et
dans la région.
En août 1944, le Gers se libère seul, grâce aux colonnes formées par les volontaires et les résistants, dont ceux de Montégut, et grâce au soutien massif et sans faille de la plupart des habitants du département. Il faudra encore une année de combat jusqu'à Berlin pour que le cauchemar cesse. De nombreux gersois, intégrés dans les armées régulières, y laissent encore la vie. 12-5-Les « Trente Glorieuses » L'après-guerre est marqué, dans un premier temps, par la poursuite du rationnement des biens de consommation et de la nourriture. Les progrès sont cependant rapides: dès le début des années 1960 la crise est surmontée, les premières machines apparaissent et le travail fourni par la laiterie de Villecomtal et l'usine Caréac permet de stabiliser et même d'augmenter légèrement la population. 12-6-La ville à la campagne Les premières voitures sont achetées dans le village
dans les années 1930-1940 (chez Vignau..), peu avant les premiers
tracteurs dans les années cinquante. Les chevaux, devenus sans usage,
sont vendus avec les bœufs dans les années soixante pour la plupart.
Le ramassage scolaire en autobus apparaît en 1964 pour les élèves de l'école primaire. L'année suivante la cantine scolaire est réorganisée (un local est aménagé en 1975 pour cet usage). L'installation d'une première cabine téléphonique est réalisée seulement en 1954, pour la somme de 40000 francs. Un gérant, Denis Brunet, est nommé pour la somme annuelle de 15000 francs (augmentée rapidement à 20000 francs, étant donné le trafic important de télégrammes et télécommunications). Marie-Louise Despeaux assure ce service jusqu'à son décès en 1967, puis Sylvaine Tujague jusqu'en 1977 (remplacée par Renée Tujague). Une nouvelle cabine est installée en 1959. Un « taxiphone » est finalement implanté en 1977, sans opérateur, ancêtre des cabines actuelles. En 1955 l'adduction et la distribution d'eau potable est mise à l'étude. Montégut est rattachée au syndicat d'adduction d'eau de Villecomtal (avant 1964), ce qui entraîne le creusement des puits et l'installation des pompes à eau visibles au bord de la route départementale (quartier de La Carce) qui fournissent l'eau à tout le village. En novembre 1971, un projet de dépôt d'ordures commun à Villecomtal et Montégut est mis sur pied. En 1985 ces communes adhèrent au SICTOM (Syndicat Intercommunal de Traitement des Ordures Ménagères) du Val d'Adour, pour profiter de la décharge implantée à Rabastens-de-Bigorre (cette décharge est aujourd'hui fermée, sans solution de remplacement à court terme). En moins de trente ans, la société locale a ainsi été complètement transformée pour adopter le mode de vie urbain, avec tout son confort: adduction d'eau, électricité, sanitaires, véhicules personnels, chauffage individuel, gestion collective des déchets... 12-7-L'industrialisation Deux industries s'implantent pendant les Trente Glorieuses dans la région: la Laiterie de Villecomtal (« VILCONTAL », aujourd'hui dans le groupe agro-alimentaire DANONE) au bord de l'Arros, et l'usine de matériel agricole Caréac sur le territoire de la commune. Les Établissements CAREAC obtiennent un dégrèvement de la taxe professionnelle pour cinq ans en 1976. La laiterie de Villecomtal apparaît en 1956. Elle produit
lait pasteurisé et produits laitiers (yaourts...) à partir
du lait récolté dans les fermes de la région. Le succès
aidant, l'usine grossit jusqu'à dépasser 300 employés
et passer dans le giron du groupe BSN puis DANONE, avec une vocation nationale
et même internationale (vers l'Espagne et l'Italie...).
Ces emplois industriels ont ainsi un impact positif sur la démographie:
la population se stabilise (333 habitants en 1962) et augmente même
jusqu'en 1982 grâce aux emplois fournis par Caréac et Vilcontal/Danone.
12-8-Les transformations de l'agriculture Même si peu de ruraux en ont conscience, le monde agricole
a connu une révolution sans précédent dans l'Histoire
depuis un demi-siècle.
Toutes ces évolutions n'ont été possible que par la volonté des agriculteurs eux-mêmes, qui ses sont formés grâce aux écoles pratiques et lycées agricoles, et par l'abandon progressif des exploitations les plus réduites et les moins adaptées. De fait, on ne compte plus aujourd'hui que 16 exploitants agricoles dans la commune (dont 7 en double activité), pour 196 au début du 20e siècle: regroupement et remembrement des terres les plus faciles à exploiter (terres de la vallée de l'Arros), abandon de la culture de la vigne sur les terrasses des coteaux, double emploi facilitant l'abandon de l'exploitation par les jeunes... Les femmes d'agriculteurs ont également joué un rôle important dans cette évolution: nombre d'entre elles ont suivi des cours à Villecomtal, à Miélan, des cours du soir parfois pour apprendre la gestion ou la comptabilité, assistant ainsi leur conjoint dans la conduite de l'exploitation. Il ne faut pas croire que cette évolution vers une intensification et une « industrialisation » des cultures et de l'élevage s'est réalisée sans heurts. Par exemple en 1969 la municipalité refuse l'installation d'un élevage intensif de veaux, sous le prétexte du non-respect des mesures d'hygiène par les autres éleveurs de la région. Elle demande aux service départementaux d'hygiène d'intervenir pour donner leur avis. En 1975, elle refuse de nouveau une installation d'élevage de veaux dans le quartier des Biroutous, à cause des problèmes d'hygiène (l'écoulement des excréments devait se faire à ciel ouvert!). Un exemple original est fourni par la spécialisation horticole
d'une partie des terres. On trouve dès 1926 un horticulteur dans
la commune, Sylvain Forgues.
13- Un nouveau millénaire: Montégut-Arros au début du 21e siècle L'étude de la commune contemporaine impose un regard très nuancé et prudent. On ne peut, au mieux, que faire un bilan provisoire des évolutions en cours. La première constatation porte sur le dynamisme communal
qui est ici évident depuis une vingtaine d'années. Des logements
communaux ont été aménagés pour accueillir
de jeunes couples (ancienne mairie, ancien presbytère en 1983).
L'école et la jeunesse font l'objet de soins réguliers: une aire de jeux a été aménagée dans l'enceinte de l'école primaire en 1982, l'adhésion au Syndicat Intercommunal de Transport Scolaire de la région de Vic-en-Bigorre depuis 1983 permet aux adolescents de poursuivre sans difficultés de transport leurs études au lycée de Vic-en-Bigorre comme à celui de Mirande, un Comité des fêtes assure l'animation lors de la fête patronale, des clubs sont organisés... Un « Pavillon d'accueil » envisagé dès 1984-1985, est devenu l'actuelle mairie en 1988, permettant l'aménagement d'un espace public jusqu'à l'église (parking, rond-point...). Ces constatations contrastent néanmoins avec le bilan démographique, qui reste négatif: la population diminue lentement depuis plus d'un siècle, malgré une stabilisation dans la période 1960-1980, beaucoup d'habitants sont âgés, la plupart des jeunes doivent quitter la commune pour trouver du travail. Cette situation se manifeste sur le terrain de manière contrastée: d'un côté beaucoup de fermes sont abandonnées et tombent en ruines, d'autres ne subsistent plus que sous la forme de pans de murs. La population trop peu nombreuse et âgée ne peut assurer l'entretien de ces bâtiments qui deviennent inhabitables en quelques années. D'un autre côté une population de néo-ruraux s'implante localement et cette installation prend la forme de villas avec jardin qui contrastent fortement avec l'habitat traditionnel. Ces implantations, on le comprend, sont favorisées par la municipalité qui souhaite garder et renouveler sa population. Par ailleurs le manque de logements locatifs, la vétusté des fermes anciennes sont autant de problèmes posés aux générations actuelles, sans véritables solutions à court terme. L'activité économique reste le point faible de la
commune -comme la quasi-totalité des communes de la région.
Le personnel de l'usine Danone de Villecomtal, après les vagues
d'embauches des années 1950-1970, ne se renouvelle que très
lentement, au rythme des départs en retraite, et souvent au profit
d'emplois précaires qui ne favorisent pas l'installation locale
de jeunes couples. L'entreprise Caréac, devenue après plusieurs
mutations l'entreprise Ermé, n'emploie qu'un personnel réduit
qui ne pèse guère sur la situation économique à
l'échelle du canton. Les artisans sont peu nombreux.
Une évolution notable est l'intégration récente
de Montégut-Arros à la Communauté de Communes de la
Haute-Vallée de Gascogne, qui fédère l'ensemble des
communes du canton de Miélan, sans cependant que le chef-lieu, Miélan,
en fasse partie (cette commune est intégrée avec Mirande
dans la Communauté de Communes du Coeur d'Astarac). Il est probable
que d'ici une ou deux décennies, l'unité d'administration
sera la communauté de communes et non plus la commune, qui deviendra
une simple subdivision administrative. A ce moment la commune, entité
vieille de plus de deux siècles et héritière de la
seigneurie médiévale, aura vécu. La même évolution
est visible avec les paroisses, qui tendent à se regrouper pour
former des « paroisses géantes » qui signent le manque
de prêtres et le faible nombre de catholiques pratiquants29.
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