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Monographie de Montégut-Arros (Gers) | |
HISTOIRE DE MONTEGUT 1-La préhistoire et la protohistoire Il n'existe pas d'études archéologiques (du type «inventaire des sites») sur Montégut. De ce fait, il faut se reporter aux travaux réalisés sur les communes voisines, à défaut de mieux, pour tenter de cerner les origines de cette partie de la vallée de l'Arros. Les découvertes archéologiques faites à Sénac par Aymé Cazenave dans le deuxième moitié du 20e siècle et les travaux postérieurs d'un jeune préhistorien, David Colonge, permettent de préciser un peu la plus ancienne occupation de la vallée de l'Arros1. Ces études montrent la présence de groupes humains dès le paléolithique, principalement sur les hautes terrasses, avec à Sénac la découverte de sites moustériens de tradition acheuléenne2, sous la forme de bifaces, racloirs, hachereaux... taillés dans des quartzites trouvés localement ou dans du silex importé. Plus récentes, les nombreuses haches polies trouvées
par Aymé Cazenave dans la région de Sénac, en particulier
dans le quartier de Gélabat, révèlent une occupation
et des habitats dans cette zone au néolithique3.
Ces indices montrent sans équivoque que cette partie de l'Arros est occupée très anciennement, sans pouvoir dire cependant s'il existe une continuité d'occupation entre les populations de chasseurs-cueilleurs du paléolithique supérieur et les premiers agriculteurs de néolithique. La documentation archéologique manque également
pour les âges des métaux, âge du bronze et âges
du fer. On peut seulement citer, à plusieurs kilomètres de
là, la découverte en 1955 d'une hache de bronze de 435 grammes
à Bazillac, dans la vallée de l'Adour.
2-Une occupation antique mal connue L'occupation à l'époque romaine est bien attestée
dans la vallée, elle permet d'avoir des éléments mieux
assurés chronologiquement.
En -56, le romain Crassus conquiert la région pour Jules César. Vers -25, la province de Novempopulanie (les « neuf peuples ») est créée par l'empereur Auguste. Plusieurs cités existent alors, avec des territoires étendus. La cité des Bigerri et la cité des Ausci semblent avoir pour frontière commune l'Arros à l'endroit qui nous intéresse: le territoire qui deviendra Montégut-Arros correspond ainsi probablement à une frontière antique entre les deux cités (si l'hypothèse d'un maintien de ces frontières dans les diocèses carolingiens est exacte). Le territoire agricole est largement mis en valeur, sous la forme de villae, très nombreuses dans toute la région: un espace de plusieurs centaines à plusieurs milliers d'hectares est contrôlé par une unique exploitation, qui comprend les appartements du maître6, souvent luxueux au bas-Empire, les bâtiments agricoles, les logements des esclaves... A l'emplacement de l'actuelle abbaye de Saint-Sever-de-Rustan,
une puissante villa gallo-romaine s'implante, identifiée à
la villa de Primuliac citée dans des textes de la fin de l'Antiquité,
propriété d'un Severus qui sera identifié plus tard
à saint Sever. Il est très probable que les terres de Montégut
relevaient alors de cette puissante villa, qui fonctionna sans interruption
pendant toute l'antiquité et le haut moyen âge, et dont le
lieu de culte chrétien donnera naissance à une abbaye bénédictine
connue dans la première moitié du 11e siècle7.
Les seules traces à Montégut d'une exploitation
antique des terres sont les toponymes gallo-latins (dont la plupart sont
douteux, ou plutôt ne semblent pas d'origine locale) et le nom caussade
qui désigne une voie antique probable.
3-L'obscurité du haut moyen âge On ne sait presque rien des invasions barbares dans la région, qui agitèrent tout l'empire romain du 3e (invasions germaniques depuis le nord et l'est de la Gaule) au 6e siècle (invasion des vascons depuis l'Espagne?). Après les Vandales, qui ont peut-être détruit
la plupart des cités de la Novempopulanie, les Wisigoths envahissent
la région à partir de 418, suivis des Francs au siècle
suivant.
L'abbé Jean-Marie Cazauran rapporte par exemple qu'«
entre Estampes, Castelfranc et Miélan, dans la plaine du Rieuzan,
la tradition rapporte qu'il y eut un combat sanglant livré contre
les goths. Le sang coula en telle abondance que le ruisseau voisin en fut
rougi. Il prit le nom de « ruisseau du sang »: Riuzan. Battus
sur ce point, les goths se retirèrent vers les Puntous de Miélan.
Les francs les battirent à mi-chemin de Laguian à Villecomtal,
au sommet de la côte qui porte le nom de Matagoth, en souvenir de
la défaite des Goths ».
A partir de 781, un royaume d'Aquitaine apparaît, marquant un singularisme gascon qui se renforce au 9e siècle avec les troubles des invasions normandes9. De fait, les ducs(-rois) d'Aquitaine prennent leur indépendance face au pouvoir carolingien, et des comtés se forment. Un élément curieux – et authentique celui-là-
nous ramène à la création des diocèses
et des comtés carolingiens. Bien que faisant partie au moyen âge
du comté de Pardiac, la paroisse de Montégut relevait en
1342 du diocèse de Bigorre.
L'occupation du sol haut-médiévale laisse presque
autant de place à l'hypothèse.
L'habitat rural se rencontre alors sous la forme de hameaux ou petits villages dispersés dans une campagne plus ou moins bien mise en valeur (les artigues postérieures montrent une vaste déprise agricole sur des terres qui étaient mises en valeur pendant l'antiquité, mais plus dans cette période), avec des habitations de bois et de terre, au sol souvent excavé, qui n'ont guère laissé de traces dans le sol. Pour notre commune, on ne sait rien de tels « villages »,
mais il est très intéressant de noter deux phénomènes
qui se produisent dans cette longue période d'obscurité documentaire:
Pour Montégut, des indices ténus font supposer l'existence de hameaux dotés d'églises ou chapelles avant l'an mille. La chapelle qui se trouvait près du ruisseau du Lurus, détruite au 18e siècle, portait très probablement une dédicace à saint Martin, saint du 4e siècle très populaire en Gaule. On sait par ailleurs que les églises portant ce nom de saint remontent souvent à la période haut-médiévale. L'autre chapelle dont on suppose l'existence près de Saillères pourrait avoir eu une dédicace à Saint Eloi (transcription possible de Saint-Aloÿ en 1755), saint caractéristique des fondations mérovingiennes. Par ailleurs, l'église disparue de la « gleyzasse
», dans la vallée, près de Villecomtal, a livré
d'après l'abbé Cazauran « des reste de sépultures
et, notamment, un sarcophage en pierre du pays qui sert maintenant d'abreuvoir
dans la maison d'un propriétaire de la localité ».
4-Du 11e au 13e siècle: le temps de la croissance Les études régionales portant sur le moyen âge central permettent d'entrer, avec les premières archives conservées, dans un terrain moins conjectural. A partir du 11e siècle la croissance économique
permet une augmentation rapide et sensible de la population. En Gascogne
cette progression démographique se marque par plusieurs phénomènes:
A Montégut, on retrouve sous forme archéologique des traces assez nombreuses de cette croissance médiévale, et l'on peut déterminer trois grandes phases dans l'évolution du peuplement: 1- L'habitat, vers le 11e siècle, est probablement dispersé sur le territoire communal, dans sa partie facilement cultivable. La « chapelle » Saint-Martin, près du Lurus, peut-être l'église Saint-Eloi près de Saillères en sont l'indice le plus probant. Les coteaux ne devaient être que très partiellement exploitées et conservés comme réserve forestière. 2- C'est probablement vers le 11e-12e siècle également
que se crée dans l'ouest du territoire communal, au delà
de l'Arros, une petite seigneurie dont on ne connaît pas le nom (Bégolle?),
qui doit correspondre à une période d'expansion démographique
et de défrichement des coteaux boisés frontaliers de Mingot
et de Rabastens. Cette seigneurie disparue est repérable sur le
terrain par l'emplacement d'une motte castrale arasée et d'une église
disparue repérée par le nom de la « gleyzasse »
(l'église, gleyze, dotée d'une suffixe « péjoratif
» -asse indiquant sa disparition) et la découverte de tombes
signalée par Cazauran.
3- Il est impossible en l'absence de fouilles de préciser si une motte s'est implantée très tôt ou non sur le sommet du coteau qui porte l'église paroissiale. Plusieurs cas de figure sont envisageables, de la motte « pérennisée » qui a fini par attirer l'habitat à la fondation ex nihilo de la forteresse et de son bourg accolé. Ce qui est certain, c'est qu'au 13e siècle au moins, en tout cas bien avant la charte de 1357, la population de Montégut est au moins partiellement concentrée sur le coteau (le « Mont aigut », le mont pointu, c'est-à-dire en éperon) pour des raisons défensives, près de la forteresse seigneuriale.
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