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Monographie de Montégut-Arros (Gers) | |
2-Les voies de communication
Les routes et chemins de Montégut posent de délicats
problèmes d'analyse. Si on part des simples chiffres actuels, Montégut-Arros
compte 41,5 kilomètres de chemins, dont 9,5 km de Route Départementale,
13,8 km de chemins vicinaux (goudronnés) et 18,2 km de chemins ruraux
(en général des chemins de terre). Laissons de côté
les problèmes d'entretien de cette voirie -dont nous verrons des
aspects à travers les âges- et observons ces chemins à
partir de la carte. On peut partir de deux constatations simples:
A partir de là et des déductions possibles, on peut
proposer des hypothèses de création des voies de Montégut:
Dans l'ensemble, on peut donc dire que les voies de Montégut-Arros sont très anciennes, d'origine antique possible pour certaines voies de vallée, très souvent employées dès le moyen âge, et qu'elles ont apparemment peu « bougé » dans l'ensemble depuis l'époque de leur tracé. 2-1-Un chemin secondaire de Saint-Jacques-de-Compostelle Il ne fait pas de doute qu'un chemin secondaire des pèlerins de Saint-Jacques passait sur le territoire de Montégut. Une voie est-ouest passait par Villecomtal, et un embranchement passait au pied du castrum de Montégut et, par Saint-Sever-de-Rustan, menait aux ports de la vallée d'Aure. L'église paroissiale de Montégut-Arros conserve encore une peinture de saint Jacques peinte par Thomiré en 1838, et une statue de la fin du 19e siècle représentant ce saint en pèlerin « coquillard ». Les traces historiques et archéologiques sont nombreuses dans les villages alentours. Sur le territoire d'Aux-Aussat, la présence de terres des moines de Saint-Antoine est probablement liée à cette voie de passage1. A Villecomtal, le chemin voisin de l'église paroissiale porte encore le nom de chemin de Saint-Jacques. A Rabastens existait en 1429 une commanderie de Saint-Antoine et un « hôpital » Saint-Jacques. A Vic-en-Bigorre une confrérie de Saint-Jacques fut fondée au 15e siècle etc. Cette voie, parallèle à la voie majeure qui passait par Maubourguet, bifurquait au niveau de Villecomtal pour se diriger vers le sud et rejoindre les vallées pyrénéennes. A Saint-Sever-de-Rustan les pèlerins trouvaient abri et nourriture dans l'hôtellerie du couvent. A Trouley-Labarthe, l'église gothique conserve encore une belle peinture représentant saint Jacques2. Le castelnau de Montégut-Arros contrôlait, par sa position, cette voie de passage qui permettait de surveiller le passage des pèlerins comme des commerçants. L'église de la Carce offrait peut-être l'occasion d'une halte, avec la place de marché voisine. 2-2-Entretien et aménagement des routes On ne possède pas de documents sur toutes ces voies avant le 18e siècle. Seule la charte de coutumes du 14e siècle indique que l'entretien des chemins de la seigneurie était à la charge des habitants. En 1755 les chemins sont, comme de nos jours, propriété de la commune. Tous les habitants doivent fournir des corvées ou de l'argent pour leur entretien. Dans les années 1760, lors de la construction de l'actuelle R.D.38 (voie de Villecomtal à St Sever), tous les habitants doivent ainsi des corvées (transport de matériaux, terrassement...). Un grave conflit éclata en 1763 entre le prêtre de la paroisse Duprat et la communauté: celui-ci refusa pendant plusieurs années de monter journellement à l'église paroissiale, sous prétexte que le chemin était trop irrégulier et mal entretenu, préférant dire la messe à l'église de la Carce, bien plus proche du presbytère et d'accès facile. Le conflit dégénéra, le curé fit appel à l'archevêque, les consuls à l'intendant d'Etigny, un archiprêtre fut envoyé pour estimer les travaux. Malgré la réfection de la route, le prêtre s'obstina dans son refus, et il fallut attendre son départ en 1768 pour que la situation se débloque. Rappelons qu'avant la deuxième moitié du 20e siècle, tous les chemins étaient en terre, ils se ravinaient facilement avec la pluie et les roues de chars. L'entretien devait donc être régulier: désherbage, apport de terre, de pierres, de sable ou de gravats pour combler les nids-de-poule. Au 19e siècle l'entretien -coûteux- devient plus rationnel. Les corvées subsistent cependant. Par exemple au mois de mai 1836, le maire décide de faire fournir des travaux en nature pour l'entretien de la route principale: « Chaque habitant contribuable chef de famille ou d'établissement
de cette commune, porté sur l'un des rôles de contribution
directe, sera tenu de fournir en 1837, pour la réparation des chemins
vicinaux:
Ces corvées étaient cependant insuffisantes, car
trop ponctuelles. Un cantonnier communal fut par la suite nommé,
qui touchait 300 francs par an en 1884. Ce cantonnier a été
placé en 1836 par le sous-préfet de Mirande pour entretenir
la route principale (R.D.38, de Saint-Sever à Marciac). En partie
payé par la commune, ce poste finit par devenir communal et le cantonnier
fut alors chargé de l'entretien général de toutes
les voies de la commune, ce qui ne supprima pas les corvées annuelles
pour les gros travaux. Tous les ans une imposition extraordinaire de «
binage » était levée, destinée à payer
ce cantonnier communal.
Les registres de la commune conservent, pour chaque année,
le budget consacré à l'entretien des voies, qui constituait
souvent l'essentiel des sommes engagées.
La majeure partie des actes concernent bien évidemment la voie la plus récente, qui est aussi la plus employée. En 1835, la (future) Route Départementale n°38 est réaménagée. La commune propose de payer le quart du coût d'un pont sur le Lurus, les travaux en nature et un cantonnier pour la réfection. Le 19 juin 1837, le conseil propose et obtient le classement de cette route en voie de grande communication (pour que l'entretien relève du département). Le 22 janvier 1841, le préfet autorise l'achat pour démolition d'une petite maison « voisine du chemin de grande communication N°25 de St Sever à Marciac », pour permettre l'élargissement de cette voie. Le 14 mai 1843, le maire demande et obtient l'autorisation de transférer les journées de prestations prévues pour cette voie sur les chemins vicinaux en mauvais état. Le 26 septembre 1847, le plan d'alignement de cette route est adopté. Le 7 décembre 1884, le chemin de grande communication n°25 est classé en Route Départementale (la demande remonte à 1875) etc. On trouve également ponctuellement des actes concernant
des voies secondaires.
Projet de rectification du chemin menant à l'église (vers
1840):
D'autres chemins, qui n'ont plus d'utilité, sont vendus. En 1852, le « chemin de St Martin », menant au chemin de St Martin au niveau du Lurus, est vendu aux riverains et transformé en labour. En 1931, les corvées annuelles furent supprimées
et remplacées par une « taxe vicinale »: les corvéables
étaient devenus trop peu nombreux. Dans les années 1950-1960,
un syndicat intercommunal fut créé dans le canton de Miélan,
rapidement élargi et transformé en SIVOM (Syndicat intercommunal
à Vocation Multiple), pour mettre en commun les budgets d'entretien
des routes et d'autres gros travaux d'intérêt commun.
3-Les cours d'eau Nous avons traité plus haut des cours d'eau qui traversent la commune. Ces cours d'eau étaient, et sont encore, une richesse et un danger pour les habitants. Jusqu'au 20e siècle les inondations étaient fréquentes. En 1835, une grande inondation emporte tous les ponts. En 1855 les crues occasionnent plusieurs millions de francs de dégâts dans la région. En 1876, des « réparations nécessitées par les inondations des 3 et 23 juin (année courante) » sont faites sur un pont. En juin 1889, une inondation a dégradé le pont du Lurus, enlevant les parapets en fer. Des réparations sont effectuées au pont du Galabas en septembre 1893 « pour éviter qu'il ne soit emporté » . Le 13 novembre 1892, « M. Castaing propose au conseil de relever le tembour [sic] en face de la maison Vergez pour protéger les maisons du village plus spécialement le presbytère, dans lequel chaque fois que la rivière sort porte des dégâts que la commune est obligée de réparer. M. Castay fait observer [...] qu'il croit qu'une dépense nouvelle n'arrêtera pas l'eau et que loin de protéger les maisons du village la refoulera pour porter atteinte à la propriété voisine ». En 1876, plus de 60 propriétaires sont relevés dans le procès-verbal des pertes consécutives à la grande inondation de l'année précédente. Détail intéressant, 12 propriétaires ont été ajoutés par la suite comme suit avec la nature des pertes: N° d'ordre
De fait, l'ensemble des ouvrages d'art actuels remontent au 19e
et 20e siècle et ont été l'objet de soins réguliers
pour éviter leur dégradation. C'est à ce prix que
les inondations (par l'Arros essentiellement) sont devenues rares et peu
dévastatrices.
3-1-Les travaux sur les cours d'eau Les travaux effectués depuis deux siècles sont
essentiellement de deux sortes:
Tous ces travaux concernèrent exclusivement la commune
et les communes voisines, à une exception près: le 15 novembre
1841, un projet de « canal des Pyrénées » pour
relier le Gers et la Baïse fut présenté. Le conseil
municipal proposa quatre journées de travail par habitant pour participer
aux travaux, mais ce projet trop ambitieux fut finalement abandonné.
3-2-La sablière du Galabas Un coude de l'Arros au quartier du Galabas, près de l'ancien
gué du même nom, a entraîné depuis des
siècles l'accumulation de sable et de galets dans le lit de la rivière
et sur les parcelles voisines. Ce sable servait aux habitants pour bâtir
leurs maisons. Au 19e siècle cette sablière communale était
mise en ferme par la municipalité, ce qui donnait une petite rente.
On relève les traces de ces transactions dans les archives communales.
3-3-Les ponts Le gué du Galabas, du fait de l'extraction de sable, était peu praticable la majeure partie de l'année. Le 6 janvier 1836, un projet de construction d'un pont fut présenté, mais les travaux ne furent guère avancés pendant l'été qui suit; le 10 mai 1837, un devis (facture?) de 747 francs fut présenté, ce qui obligea à une imposition de tous les habitants. L'Arros, principal cours d'eau, est aussi le principal obstacle
pour accéder aux terres cultivables dans le quartier de la Ribère.
De fait des gués ont du exister très anciennement, même
si on n'en trouve pas de trace documentaire. Un des plus anciens est le
gué de la digue du moulin, qui existe encore. A la fin du 19e siècle
ce gué fut doublé d'une passerelle en bois (qui est connue
notamment par une carte postale des années 1900).
Le Lurus est l'autre cours d'eau « important » de
Montégut. Étant de débit et de largeur modeste, des
ponts furent construits bien plus tôt que sur l'Arros pour accéder
à pieds secs sur les deux rives.
On trouve également une passerelle, au « chemin de Bonneau », au niveau du quartier du Casterot. Cette passerelle fut entreprise à partir de décembre 1936 par la municipalité, qui débloqua la somme de 4500 francs. Elle porte encore l'inscription : « PONT CONSTRUIT PAR LES GENEREUX RIVERAINS DU LURUS « 1937 » TH. SORBET MAIRE ». Le Lanénos est un modeste affluent de l'Arros qui coule
à l'ouest de la commune (il sert ponctuellement de limite communale).
Deux modestes ponts routiers – au quartier de Bégole et devant la
ferme Sembre- permettent de traverser ce cours d'eau et d'accéder
aux terres les plus occidentales et le quartier de Lahitau à Sénac.
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