Montégut-Arros



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Monographie de Montégut-Arros (Gers)
CONCLUSION

Essai de bilan

 Au terme de cette étude monographique, Montégut-Arros apparaît avec des caractères bien marqués.
 Du point de vue géographique et humain, la séparation en deux vallées,  la « ribère » de l'Arros et le Lurus, avec pour axe central le coteau portant l'église paroissiale, est la principale originalité. Les fermes et les champs s'organisent dans les vallées, mais l'espace politique et religieux, celui  que tout habitant doit pouvoir atteindre en quelques minutes, reste au centre du dispositif, sur les coteaux.

 L'histoire du village porte l'empreinte de cette géographie contraignante. Les terres communales sont exploitées probablement depuis l'antiquité, et dès le haut moyen âge de modestes lieux de culte révèlent une dispersion de l'habitat (en petits hameaux?) qui sera une constante de l'histoire de l'habitat local. Avec la croissance des 11e-13e siècles, des pôles de fixation de la paysannerie apparaissent, liés à un pouvoir seigneurial: la motte  et l'église de la Gleyzasse, l'église Notre-Dame-de-la-Carce, sa place de marché et sa léproserie (?), le castelnau de Montégut enfin, qui porte le château et l'église Notre-Dame-de-l'Assomption.  
 C'est ce castelnau de fondation comtale qui concentre apparemment la majeure partie de l'habitat, ce qui est sanctionné en 1279 puis en 1357 par une charte de coutumes qui fixe les règles de vie communautaire. La forteresse (« château de Villandraut ») qui domine l'ensemble contrôle ainsi la frontière sud-ouest du comté de Pardiac et la voie jacquaire de la vallée de l'Arros. La chapelle de la Carce et son « marcadau » permettent les échanges commerciaux.
 Le succès du castelnau se marque au 15e siècle par la reconstruction de l'église paroissiale dans le style gothique.
 Le siècle suivant est celui de l'affaiblissement des seigneurs: fin de la coseigneurie dans des conditions dramatiques, conflit avec les rois de Navarre devenus par procès et succession seuls maîtres de Montégut, destructions des Guerres de Religion.
 Au 17e siècle, la forteresse de Villandraut est progressivement abandonnée, le castelnau se dépeuple au profit d'un habitat semi-dispersé qui n'avait jamais complètement disparu. Un noyau villageois se constitue au pied du coteau de l'église, le quartier « du village » ou de « la ribère », entre Arros et chemin, près de la chapelle de la Carce qui faillit un moment devenir église paroissiale, vers 1760.

 Le 18e siècle est un siècle de relative prospérité agricole: les fermes se reconstruisent « en dur », jusqu'au milieu du 19e siècle. Les vignes finissent d'envahir les coteaux, l'église paroissiale est perdue dans une mer de ceps. La révolution marque la fin de l'esprit communautaire et d'une mainmise seigneuriale somme toute peu pesante, si l'on excepte la question des impôts royaux souvent insupportables pour la paysannerie: les terres « nobles » et les biens d'Eglise sont vendus à des particuliers, la majeure partie des terres communales (bois) sont dispersées dans la première moitié du siècle suivant.

 Le 19e siècle marque une véritable rupture: le maximum de population est atteint vers 1840 (820 habitants environ), avec une maximum d'intensité d'exploitation des terres et de construction de fermes, que l'on trouve sur des terrasses jusqu'à mi-coteau. Le déclin est aussi rapide: dans ce monde plein qui peine à nourrir toutes les bouches, même si la vigne demande beaucoup de bras, la plupart des jeunes préfèrent partir pour tenter la fortune ailleurs, dans l'armée, aux Amériques, vers la ville, vers Paris... La population est divisée par deux entre 1840 et 1930 et la crise du phylloxéra qui décime les vignobles finit de convaincre les plus hésitants. Le cadre traditionnel de sociabilité éclate avec ces départs.

 Le 20e siècle, rétrospectivement, est un siècle de lent déclin: les comportements démographiques se sont adaptés à une faible natalité, la population vieillit, de nombreuses maisons sont abandonnées puis démolies.  Montégut-Arros souffre un peu moins que d'autres communes de l'exode rural car la proximité de la laiterie de Villecomtal et les usines Caréac offrent quelques emplois industriels à proximité immédiate. Cela n'est cependant pas suffisant car l'agriculture, de plus en plus performante, demande de moins en moins d'hommes, très spécialisés (maïs, canards, horticulture...). Les agriculteurs deviennent pratiquement minoritaires dans un espace pourtant entièrement rural !

 La principale note d'espoir en ce début du 21e siècle vient de la rurbanisation: l'implantation d'un lotissement dans le quartier viabilisé de la Tuilerie devrait permettre à terme d'attirer de jeunes couples travaillant « en ville » mais voulant profiter des avantages de la campagne (calme, paysage...), sur le modèle de ce qui se voit dans la banlieue de Tarbes (Séméac, Sarrouilles) ou Auch (Pavie). C'est peut-être à ce prix que la commune pourra retrouver un dynamisme démographique depuis longtemps essoufflé.
 
 

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Dernière modification : 1/03/02