Maîtrise



Bibliographie * Documents (textes) * Documents (graphiques)
Maîtrise d'histoire. Monogaphies du canton de Trie-sur-Baïse
 
VILLEMBITS




Code INSEE 65324474

Canton de Trie-sur-Baïse

Carte IGN 1745 Est de Montastruc

Documents 37-1 à 37-3
 
 
 
 

Le territoire communal de Villembits est limité au nord par le territoire de Vidou, à l’est par ceux de Tournous-darré et Lustar, au sud par celui de Bugard, et à l’ouest par les territoires de Lamarque-Rustaing et Luby-Betmont ( document 37-1 ).
 
 

Ce territoire est situé dans la vallée du Lizon, et dans sa partie ouest dans la vallée du Bouès, sur des terrains argilo-siliceux, la séparation entre ces eux zones étant matérialisée par une zone de collines.
 
 

Plusieurs cours d'eau traversent ce territoire: Le Lizon sert de limite communale est, le Bouès sert de limite communale ouest. On trouve également un petit cours d’eau, l’Arioufret, qui traverse le territoire communal du sud-ouest au nord-est ( pour rejoindre le Lizon ).
 
 

Les terres de ce village sont employées à la culture du maïs en plaine, avec des bois, prairies et vignes sur les hauteurs.
 
 

Le réseau de chemins
 
 

La majeure partie de l'habitat est installée sur le passage de la voie de crête dite voie de César ( document 37-1 bis ) qui est peut-être à l’origine de l’implantation humaine. Ce chemin passe au niveau de l’église et du château. Désaffecté en grande partie aujourd’hui, il est remplacé par les routes de pied de côte menant à Vidou et Bugard.
 
 

Le reste du réseau de chemins s ’organise à partir d’une sorte de rectangle formé par des chemins, dans lequel nous trouvons l’église. De ce rectangle formant carrefour partent plusieurs voies qui relient les villages proches de Villembits: Lustar au sud-ouest, Bugard au sud, Sère et Betmont à l’ouest, Vidou au nord, Trie et Tournous-darré à l’est. 

On notera la position particulière de ce village, placé au débouché d'un ensellement, sorte de petit col permettant de relier les vallées du Lizon et du Bouès ( vers Sère-Rustaing notamment ).
 
 

L'habitat
 
 

L'habitat est constitué de quelques fermes dispersées sur le territoire communal, avec une majorité d’habitations regroupées près de l’église et de son ancien château, sans structures apparentes.
 
 

En 1156 le comte Sans d’Astarac engage des terres à l’abbaye de Berdoues pour 285 s. m., dont celles de Bilambis (1)
 
 

Le village de Villembits est cité dans la montre de 1285: castrum et villa de Bielembiz...quod confrontatur est cum terra appellata lo Beziad. (2). Le village est ensuite cité comme locus dans l’enquête de 1300 (3), en 1313 (4) et 1429 (5). En 1429 le village devient le siège d ’une baylie (6).
 
 

En 1600 le village est sommairement décrit lors d’un recensement effectué pour le seigneur Jourdain de Villembits: «  Déclare posséder noblement les lieux de Villembits et de Sère en Bigorne, avec le terrain de villefranque joignant à celui de Villembits. Villembits en Bigorre confronte d’Orient avec Lustar et Lustarret, qui sont en la sénéchaussée de Toulouse, et le terme est le ruisseau appelé Arroustet, d’Occident avec Luby et Lamarque, terme le ruisseau appelé le Boes, et de Septentrion avec le terroir de Vidou qui est en le comté d’Esterac (sic), et le terme est certaines grosses pierres qui sont entre lesdits terrains...Les manants de Villembits et de Sère font de fief annuel pour les terres cultes et incultes qu’ils possèdent savoir ceux de Villembits environ 34 escus en argent à raison de 3 liards par jornal de terre, 125 sacs d’avoine par plus ou moins, à raison de 7 carterées ou mesures par maison, 125 paires de poules et autant de poulets «  (8)
 
 

L’église 
 
 

L’église de Villembits a été reconstruite au siècle dernier. Cependant le cadastre de 1826 montre que l’église précédente était bâtie au même endroit, avec une abside en cul-de-four, une nef à collatéral Sud et une sacristie au nord.
 
 

L’église de Villembits est citée dans le compte de procuration de 1379: Ecclesia de Villambitz pro integra procuratione. de quibus tenetur solvere cappellanus 13 s. 4 d., fabrica 13 s. 4 d., monasterium Sancti Severi 13 s. 4 d. (7)
 
 

Le château ( document 37-2 )
 
 

En 1600, un dénombrement mentionne que Jourdain de Villembitz «  Possède à Villembits maison et château avec pont-levis entouré de fossés pleins d’eau, métairies de Fabas et bédat, celle-ci en Villefranche «  (8).

En 1734, un autre dénombrement mentionne que Bernard de Soréac, seigneur de Villembits et de Sère, «  possédant noblement un château avec pont-levis, fossés, palu, écuries, pigeonnier, jardin, pré, garenne, verger et verger à fruit, le tout coupé par le royal et de service à ce compris «  (9).
 
 

En 1850, Alcide Curie-Seimbres fait une visite du site: «  Madame de Solirène me fait visiter une dépression de terrain, au couchant du château. On y creusa en 1828 et on trouva une grande quantité de squelettes humains, une pièce de monnaie de Philippe le Bel, des mors de chevaux et du grain brûlé en quantité. Il paraît qu’il y avait là une tour dont les fondements subsistent encore. Les ossements étaient d’hommes, de femmes et d’enfants; peut-être durent-ils être étouffés dans un incendie lors des guerres féodales « (10).
 
 

En 1861, Charles Dupouey rapporte qu’ « il existe à Villembits un château qui paraît avoir été adossé lors de sa reconstruction, il y a environ un siècle et demi, au mur d’une tour dont il ne reste aucune trace, le dernier vestige ayant été démoli en 1821. Les ouvriers qui détruisirent cette ruine dont la hauteur était de un mètre et l’épaisseur de 1,5 mètre découvrirent au-dessous une espèce de cachot de 2,5 mètre de profondeur sur 2 mètres de largeur en carré, au fond duquel étaient serrés et debout 23 squelettes. On suppose que les personnes auxquelles elles avaient appartenu ces ossements furent asphyxiés dans ce réduit, car on y trouva une grande quantité de charbon à moitié consumé, quelques poignées de petit millet,et trois pièces d’argent dont l’une portait très visiblement l’effigie de Philippe le Bel. Le château de Villembits est entouré de larges fossés; il a devant lui une contrescarpe avec un pont en arceau, construit en pierre de taille, qui a remplacé un pont-levis supprimé quelques années avant 1793 «  (11).
 
 

En 1887, l’instituteur du village remarque que «  [ le château ] est une construction carrée entourée de fossés et munie de deux ponts-levis. Le second a disparu. Le seigneur de Villembits était souvent en guerre avec le seigneur de Mauvezin. Le château du premier fut incendié dans une de ces guerres. Il ne fut reconstruit qu’en 1768 par monsieur de Montgardin « . Cet auteur donne pour preuve une date sur un angle du bâtiment, et les armes de ce seigneur en clef de voûte... preuves toutes disparues aujourd’hui (12).
 
 

En 1928 enfin Charles Brun décrit le site: «  Le château est situé près de la ligne séparatrice de la partie basse et de la partie haute du village, sur un petit mamelon qui domine les pentes du levant et défendu de ce côté par le ravin de l’Arioufret. Ce fut certainement l’ancien manoir des Villembits, même au temps des guerres féodales. Mais le château actuel, qui a vraiment grand air, est tout moderne, malgré sa ceinture de fossés « (13).
 
 

Le château de Villembits est très reconnaissable sur les cartes ( cadastre napoléonien, voir document ) et sur le terrain. Il consiste en une plate-forme surélevée de forme irrégulière d'environ quarante mètres de diamètre dans les sens nord-sud et est-ouest, entourée de larges fossés ( 10 à 15 mètres de large, pour environ 6 mètres de profondeur actuellement ), au sud de l’église. Cette plate-forme est accessible à partir d’un pont maçonné de style XVIIIème siècle à l’ouest, donnant accès à une cour encadrée de bâtiments modernes ( XVIIIème siècle ). Sur le site fossoyé lui-même il ne reste du bâtiment indiqué sur les plans cadastraux que des murs de quelques centimètres de hauteur en galets et mortier.
 
 

On le voit à travers tous les textes que nous avons pu recueillir, l’histoire de ce site est particulièrement complexe: on peut supposer qu’un bâtiment à dû remplacer au XVIIème ou XVIIIème siècle un bâtiment médiéval, peut-être suite à un incendie. Nous ne savons rien actuellement de l’aspect de ces bâtiments et de leur chronologie.
 
 

Nous connaissons assez bien les seigneurs de Villembits;
 
 

En 1158 Bernard de Bilambits et son frère Vitalis donne à l’abbé de Berdoues Arnaud ce qu’ils possèdent à Villembits (14). En 1170 on trouve comme témoin d’un acte un Bernardus de Bilambiz (14). En 1300 le seigneur est un Otho de Villembits (2). En 1313, les coseigneurs sont le domicellus Augerius de Villambits et Navarra de Villambitz (16). En 1430 le seigneur est le chevalier Bernard Auger de Villembits , et en 1487 Auger de Villembits (17). En 1521 le seigneur est Jean de Villembits (18). La seigneurie passe ensuite dans la maison de Soréac ( au cours du XVIème siècle ) puis aux de Carrère ( XVIIIème siècle, note 19 ).
 
 

Le territoire communal
 
 

La toponymie donne quelques indications sur l’état des terres et le relief: les landes, la coste etc. Le bedat signale un lieu mis en défens, Larriou de Vidou un petit ruisseau. D’autres toponymes sont plus problématiques: thebat, poucachat, pucheou, meourines...
 
 

Le tuco de la garle 
 
 

Jean Védère signale qu’il y aurait eu un château au Nord du village, sur un coteau appelé tuco de la Garle (20). Nous n’avons rien trouvé à cet endroit qui ressemble à une fortification, à l’exception d’une haute terrasse de culture de forme inhabituelle au pied duquel nous avons ramassé quelques tessons ( document 37-3 ).
 
 

Le beziad
 
 

En 1285 Villembits confronte cum terra appellata lo beziad ( voir plus haut ). Nous identifions ce territoire avec le «hameau de Bazin »  signalé par Pierre Féral: «  Le hameau de Bazin a aujourd’hui totalement disparu; seuls, des tessons dans les labours après les pluies d’automne permettent d’en repérer l’emplacement «  (21). On peut peut-être aussi identifier ce site au territoire de Villefranche ( voir texte de la note 8 ci-dessus, et note 22 ). 
 
 
 
 

Essai de synthèse
 
 

L’histoire du territoire de Villembits semble ancienne, comme pourrait l’attester son nom ( nous avons trouvé une étymologie villa bis ( les deux villae ), douteuse ). Le village et ses seigneurs semblent bien attestés dès le XIIème siècle. Cependant le problème se pose de l’emplacement du village au moyen-âge ( plus près de l’église et de son château, dans le rectangle formé par des chemins ? ). Un autre problème qui se pose est celui de la chronologie d’occupation sur le site castral: le site semble avoir plusieurs niveaux d’occupation, dont au moins une couche d’incendie si l’on en croit Alcide Curie-Seimbres (10). Seule une fouille permettrait de donner des éclaircissements à ces diverses descriptions, presque aucun élément ne subsistant au-dessus du sol.
 
 



Notes:



(1) J. Cazauran, le cartulaire de Berdoues, 1905, acte 94 p.69-70 de 1156

(2) Gaston Balencie, La montre de 1285, BSAHP 1930, p.118

(3) G. Balencie, l’enquête de 1300, p.150: Homines de Villambitz, anno quolibet pro albergada que vulgariter vocatur in Bigora arciout: 20 s. m.

(4) DRN de 1313, ADHP 1MI2

(5) Censier de 1429, ADPA E377, fol.396

(6) Maurice Berthe, le comté de bigorre..., p.119. Cette baylie fut démembrée de celle de Goudon ( créée au siècle précédent ).

(7) Perrin-Font-Reaulx, op. cit., Compte de procuration du diocèse de Tarbes en 1379. Archidiaconé de Rustaing.

(8) Maumus-Brun, op. cit., p.25. Extrait du dénombrement de noble Jourdain de Villembits du premier février 1600.

(9 ) Cité dans la monographie communale de 1887 ( note 8 )

(10) Idem, p.350

(11) Charles Dupouey, Réponses faites au questionnaire archéologique, 1860, p.51

(12) Monographie communale de 1887, ADHP T.387 no 385

(13) Maumus-Brun, ibid., p.181

(14) J. Cazauran, idem, acte 226 p.164

(15) ibidem, acte 221 p. 161

(16) Maurice Berthe, Le comté de bigorre..., p.127

(17) Maumus-Brun, op. cit., p.147, Larcher, Glanages, T.IV, p.230, et Larcher, Glanages, T.XII p.85 et suivantes.

(18) idem, T.III, p.45. Quittance de dot de Catherine d’Ossun, épouse de Jean de Villembits, seigneur de Villembits, Sère, Visquer...

(19 ) Guillaume Mauran, Sommaire description..., p. 182. Vers 1570, Raymond de Soréac dit le Chevalier de Villembits garde Tarbes avec 2000 hommes, et en est chassé par Montgomery.

(20) Jean Védère, Blasons et armoiries des Hautes-Pyrénées, ADHP, article Villembits.

(21) Pierre Féral, L’Ecole pratique d’agriculture de Villembits, Auch 1963.

    Ce territoire ce trouvait sans doute au Sud Est du territoire communal ( quartier du Bedat ). La limite entre les deux territoires était peut-être le ruisseau de l’Arioufret. 
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Dernière modification : 18/11/01,08:24:17