Maîtrise



Bibliographie * Documents (textes) * Documents (graphiques)
Maîtrise d'histoire. Monographies du canton de Vic-en-Bigorre
 

 PUJO
 

Code INSEE 65325372
Canton de Vic-Bigorre
Carte IGN 1745 Ouest de Tarbes
Documents 8-1 a 8-5

 Le village de Pujo est situé au sud du canton, dans la plaine de l'Adour sur un sol argilo-
siliceux. Le territoire communal est limité par celui de Camalès au nord, les territoires de
Villenave et Marsac à l'est, ceux de Talazac, Siarrouy et Andrest au sud, et ceux de Talazac et
Saint-Lézer à l'ouest.

 Deux cours d'eau traversent cette commune. Au sud-ouest l'Echez, qui sert de limite
communale avec Talazac, et le canal du moulin ( dit canal de la Gaou ) qui passe à l'ouest du
village pour alimenter un moulin ( signalé en 1402, voir la note 3, et représenté sur un plan du
XVIIème, voir document 8-5).

 Les terres de Pujo sont employées principalement à la culture du maïs.

 Le réseau de chemins

 Le réseau de chemins de Pujo est assez complexe. Il comprend une série de chemins partant
du village pour le relier aux villages voisins ( formant une sorte de carrefour ), trois voies plus
importantes orientées nord-sud traversant le territoire communal, et une série de chemins de
service.

 Les petites routes reliant le village aux autres communes sont les plus nombreuses. Certaines
ont été goudronnées et continuent de servir, alors que d'autres ne sont plus que des chemins de
terre utilisés par les agriculteurs. Au sud-est, la D53 rejoint Villenave et Marsac. A l'est, un
chemin désaffecté reliait le village d'Hugues ( disparu ). Au nord, passant par le quartier du
Couscouilh, le chemin parallèle à la CD935 constituait sans doute l'ancienne voie d'accès vers
Vic. Au nord-ouest une route mène vers Saint-Lézer. A l'ouest un chemin mène vers le
quartier de La Barthe à Saint-Lézer, carrefour où se trouve une motte castrale ( sur le territoire de Saint-Lézer ). Au Sud enfin, en parallèle à la D935 s'étire un ancien chemin menant à Andrest ( par le quartier dit de la Fontaine ).

 Trois chemins se singularisent: à l'ouest de la commune nous trouvons un chemin tortueux,
passant par les quartiers des marques et du Seindeix. Ce chemin nous semble avoir une origine
très ancienne, et on peut suivre son trajet sur une vingtaine de kilomètres. Traversant le
territoire communal et le village de part en part, la D935, bâtie au XVIIIème siècle, constituent
aujourd'hui le principal accès vers ce village. A l'est du village enfin, nous trouvons la voie
ferrée construite au XIXème siècle et son chemin d'entretien.
 
 
 

 Le village

 Le village, au nord du territoire communal, peut se découper en deux grandes parties:
 D'une part le cadastre napoléonien montre, au centre du village, un noyau circulaire ( ancien
site castral ), à l'ouest de la CD935,  à l'est duquel s'agglutinent quelques habitations ( voir document 8-2 ).
 D'autre part, le reste du village s'organise de part et d'autre de la CD935, le long de rues
orientées nord-sud et est-ouest. Cette organisation semble tardive ( XVIIème probablement ).
Un plan du XVIIème montre par contre un habitat qui semble plus dispersé, mais avec un plan
parcellaire régulier ( document 8-5).

 On possède quelques mentions écrites: en 1285 est cité un villagia de puyo (1), en 1313 et
1429 le village est qualifié de locus. (2)

 L'église Saint-Nicolas

 Elle est visible sur le cadastre napoléonien au pied la structure castrale. Elle a été entièrement détruite au cours du siècle dernier pour reconstruire sur le même emplacement l'édifice néogothique
aujourd'hui visible. L'église de Pujo est citée en 1402 (3) et dans le compte de procuration de
1379 (4)

 La motte ?

 Le " château sur motte " de Pujo est signalé ruiné sur le plan du XVIIème siècle, et on en suit très
bien les fossés sur le plan napoléonien. La monographie communale de 1887 mentionne que
" un château se dressait autrefois sur un tertre qui domine encore au couchant tout le quartier
et forme aujourd'hui la propriété du sieur Semmartin, qui en détruisit les fondations il y a
environ 25 ans. Ce château avait appartenu à la comtesse de Bigorre Pétronille. Les anglais,
dit-on, le détruisirent à coup de canon, une nuit que la servante du château trahissant ses
maîtres aurait placé une lumière au trou de l'évier pour servir de point de mire " (5). En 1968
Roland Coquerel donnait pour la motte une hauteur de 2 mètres, un diamètre de 20 mètres et
des fossés larges de 2 mètres (6).

 A partir du XIVème siècle au moins le village appartient au prieuré de Saint-Lézer: locus de
puiolio (est) a priore de Sancti licerii en 1313, et en 1429: et primer que lo loc de Puyou et
son territori es deu prior de sent Lezer... (2). Le texte de la visite de 1402 précise les droits du
prieuré sur ce village.
Pujo est cependant vendu à l'époque moderne, car en 1783 le seigneur est " Monsieur de
Lavedan, juge mage de Tarbes, seigneur de Pujo. Réside à Tarbes " (7).

 Le territoire communal

La toponymie donne d'intéressantes indications: le quartier Saint-Nicolas est à mettre en
rapport avec le patron de la paroisse. Le toponyme Sendeix, au Nord-Ouest de la commune,
est sans doute a rapprocher du Saint-Erex ( Sendrex ) de Vic, et pourrait signaler un édifice
religieux disparu. Les marques indiquent des limites ( comme la peyrade ) ou des champs
éloignés du village, alors que couscouilh est le nom d'une fleur ( ou le sobriquet d'un pèlerin de
Saint-Jacques: le" coquillard" ).

 Hugues

 La partie est du territoire communal est nommée le quartier Dhugues, et correspond a un
habitat disparu.
On y a trouvé un morceau de hache polie néolithique ( document 8-3 , note 8 ) mais surtout
une villa gallo-romaine, fouillée il y a une vingtaine d'années, et occupée au moins jusqu'au
IVème siècle ( voir plan sur le document 8-4, et la note 9 ). Elle a été passée au bulldozer il y a
trois ans environ.
 Un hameau médiéval s'est installé au haut-moyen-âge sur ce site antique: on a retrouvé des
tombes prouvant l'existence d'un lieu de culte (10). Le village est cité comme confront en
1429: Item que lo loc de Puio et son territori confronte de la part d'orient ab la territori de
Ugues...
 Le plan du XVIIème siècle montre quelques maisons à cet endroit, mais surtout un " château
d'Hugues ruiné " dont on ne trouve plus trace, mais qui était certainement la " bâtisse implantée
tardivement " trouvée au-dessus de la villa antique, et qui fut détruite sans être vraiment
fouillé, la villa seule ayant intéressé les fouilleurs à ce moment là...( voir document 8-4 ).

 Les seigneurs d'Hugues sont bien connus par une enquête de nobilité effectuée au XVIème
siècle pour leur permettre l'accès aux Etats de Bigorre. Le fief d'Hugues aurait été donné en
1227 par Pétronille de Bigorre à un certain Arnaud de Lannemajou, mais les deux documents
prouvant cette donation sont sans doute des faux créés pour l'occasion au XVIème siècle... On
est sûr par contre qu'en 1494 Gratiane d'Ossun possède les deux tiers de la seigneurie mise en
indivision, et qu'au XVIème siècle les coseigneurs d'Hugues étaient les d'Abadie et les
seigneurs de Saint Germé. Les d'Abadie restèrent coseigneurs jusqu'à la fin du XVIIème siècle
( note 10 ).

 Essai de synthèse

 Le village de Pujo pose des problèmes complexes: si au bas moyen-age on connaît bien ses
seigneurs ecclésiastiques, en revanche on ne sait pas du tout qui a construit la motte ( qui a
donné son nom au village ): y-a-t-il eu effectivement une donation comtale au prieuré de
Saint-Lézer ?

 Le "village" d'Hugues pose un autre problème. Malgré son implantation sur un site antique,
comme à Nouilhan, et la présence d'un site castral, Hugues n'a semble-t-il jamais été considéré
comme une paroisse à part entière, et ses seigneurs doivent même prouver leur noblesse au
XVIème siècle. On peut ainsi se demander si le château d'Hugues n'est pas une construction
adultérine ( mais qui aurait quand même réussi à regrouper un petit habitat qui a survécu
jusqu'à l'époque moderne ).
 
 
 
 

Notes:
 
 

 (1) BSAHP 1930, La montre de 1285, p.117
 (2) DRN de 1313, lMI2; Censier de 1429, ADPA E377, fol.259
(3) Larcher, Glanages, T.IV, pp.119-120. Le prieuré de Saint-Lézer a notamment, en plus de ses droits, la
justice basse, un moulin ( item habet molendimun unum in dicto loco ) et un " hospitium "
(4) Perrin, Font-Reaulx, Les pouillés..., p.477: Ecclesiae de Poijolio et Camaleriis pro integra procuratione
De quibus tenetur solvere cappelanus dictorum 30 s., prior Sancti Licerii 70 s. Impotens.
(5) Monographie communale de 1887, ADHP T. 385 no 304. La donation apocryphe de Pétronille a sans doute
servi de base à cette histoire. Nous avons trouvé également une version identique de la destruction du château
par " les anglais " pour la motte de Fréchède.
 (6) NR du 18/6/1968
 (7) ADHP MI77, p.497
 (8) Arrouy, Vié, Nougué-Dessus, GAPO 9, 1989, p.116
(9) Jacques Duret, BSR 1971, pp. 105-118. il s'agit d'une villa en U avec thermes, logis, communs... sur
environ 3000 m2, où fut trouvé beaucoup de matériel.
 (10) Roland Coquerel, Sépultures médiévales dans les Hautes-Pyrénées, pp.43-44
(11) Larcher, Dictionnaire, H141-191, et Glanages, T.II, p.297, T.XVI, p.14, T.VII, pp.197-204

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