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Maîtrise d'histoire. Monographies du canton de Trie-sur-Baïse
     
         
      LUBRET-SAINT-LUC





      Code INSEE 65324288

      Canton de Trie-sur-Baïse

      Carte IGN 1745 Est de Montastruc

      Documents 26-1 à 26-6
       
       
       
       

      Le territoire de Lubret-Saint-Luc est limité au nord par le territoire d'Antin, à l'est par les territoires de Lapeyre de Lalanne-Trie, au sud avec celui de Luby et à l'ouest par celui d'Osmets (document 26-1 ).
       
       

      Le village est situé dans la vallée du Bouès, sur des sols argilo-siliceux. La partie ouest du village comprend une zone de collines.

      Le Bouès est le seul cours d'eau important, il coule du sud au nord et sert de limite est au territoire communal.

      Les terres du village sont employées à la culture du maïs, avec des bois sur les collines.
       
       

      Le réseau de chemins
       
       

      On peut séparer le réseau de chemins en deux parties; à l'est, dans la plaine, on remarque un quadrillage de chemins orientés grossièrement nord-sud et est-ouest, dont un relie à l'est le village de Lapeyre ( la D611 ), au sud un autre relie Luby-Betmont, et au nord un chemin relie le village d'Antin. Ce réseau régulier est très certainement à mettre en relation avec la fondation au XIVème siècle d'une bastide sur le territoire ( voir plus bas, et document 26-2 ). On ne trouve pas de voies plus importantes que d’autres, toutes semblent avoir été conçues de la même manière ( seule la D11, plus fréquentée aujourd’hui, a été élargie au XXème siècle ).
       
       

      A l'ouest dans les collines on peut suivre un unique chemin de terre orienté nord-sud qui passe dans les collines et d'où bifurquent plusieurs chemins de terre pour l'exploitation forestière.
       
       

      Le village
       
       

      Aujourd'hui Lubret-saint-Luc se résume en une sorte de village-rue le long de la voie D11, au milieu du terroir. On y trouve également l'église, datable du XIXème siècle ( document 26-1 ). Le village en fait résulte de la réunion de deux villages fondés à la fin du moyen-âge:
       
       

      La bastide de Lubret/Saint-Luc
       
       

      La bastide elle-même se situe à l'est de l'église actuelle, au coeur du terroir cultivé.
       
       

      En 1860, le site de Saint-Luc est décrit comme " un carré de 225 mètres de côté, avec des fossés de quatre mètres de large et de cinq mètres de profondeur " (6). Le site a été photographié par l'armée en 1975 ( document 26-3 ).

      Les fossés de ce site, aujourd'hui presque entièrement arasés par les cultures, sont parfaitement visibles sur le cadastre napoléonien ( document 26-3).
       
       

      Le premier texte nous informant sur le village est la charte de fondation de la bastide, en 1322 (1). Ce texte nous apprend que le seigneur Bernard de Castelbajac possédait le territoire de Lubret sine populatione quamcumque existens ( c'est à dire avec probablement un habitat dispersé ), où il fit implanter une bastide en paréage avec le roi. Vers 1326 le territoire de la nouvelle bastide fut coupé en deux, vraisemblablement suite à un partage successoral, donnant naissance aux villages de Saint-Luc ( la bastide, à laquelle on donna le nom de son saint patron ), et de Lubret (2).
       
       

      On sait qu'en 1326, quatre années après sa fondation, le roi renonça à la moitié des redevances qui lui étaient dûes pour aider les habitants à enclore la bastide de fortifications, ceux-ci étant trop pauvre et trop peu nombreux (2). Le village est cité dans le censier de 1429 (3).
       
       

      En 1389 le seigneur de Saint-Luc est Arnaud-Raymond de Castelbajac , en 1429 le coseigneur est Ramon Guilhem de Castetnau (4). 

      A partir de 1500 le territoire de Saint-Luc appartient aux seigneurs d'Ossun (5).
       
       
       
       

      L'église de Saint-Luc
       
       

      Au coeur de la bastide disparue, en élévation il ne reste aujourd'hui que le cimetière attenant l'église, détruite au siècle dernier ( pour bâtir l'église actuelle un peu plus à l’Est ). On distingue cependant que les murs Est et Nord de ce cimetière abandonné sont en fait les anciens murs de l'église ( on voit encore des traces de crépi... voir document 26-5). Cette église avait un plan barlong, des contreforts au Nord et au Sud, un clocher et une porte "en ogive" à l'Ouest et une "triple nef ", des modillons sculptés et des peintures " très médiocres " représentant l'adoration des mages et l'adoration des bergers (7). On ne conserve de ces décors que le dessin d'une clé de voûte ( document 26-4 et note 8 ).

      Cette église Saint-Luc de Saint-Luc est citée dans le pouillé de 1342.
       
       

      Le territoire et le château de Lubret.
       
       

      Ce territoire a été créé vers 1326 d'un partage du territoire de la bastide. On ne sait pas s'il y avait un petit village ( Lubret n'est pas cité dans les pouillés médiévaux ), mais par contre à partir du XVème siècle au moins un château de pierre y a été construit par les seigneurs de Castelbajac ( document 26-5 ).
       
       
       
       

      Le château visible aujourd'hui, au lieu-dit le Castet, est formé d'un gros corps de logis de plan barlong entouré d'un fossé, auquel est accolée une petite tourelle d'escalier au Sud. Ce donjon est percé de fenêtre à croisière et d'archères à croix pattée ( datables du XVème siècle ). Ce donjon est précédé au Sud d'un ancien pont d'accès encadré de deux tourelles rondes ( entièrement remontées au XXème siècle, seule la base en est médiévale. Elles datent peut-être du XVème ou du XVIème siècle. 
       
       

      Ce château est signalé en 1860 dans l'enquête archéologique (6). Dans la monographie de 1887 l'instituteur remarque que " des monuments anciens, il n'existe plus que le donjon du château seigneurial, habirté aujourd'hui par une famille de la commune..."(9). Le site est décrit par Charles Brun en 1928 : " Le château de Lubret est aujourd'hui une ferme de paysans, avec quelques vestiges des anciens fossés faisant quadrilatère.Le corps de logis principal est évidemment l'ancien donjon du château, car les murs sont anciens et très épais "(10)
       
       

      La chapelle Saint-Martin de Lubret
       
       

      Elle est visible sur le cadastre napoléonien (document 26-6 ). Elle a été construite vers 1470 par Odet de Castelbajac, et avait deux voûtes d'ogive de briques, une pour la nef et une pour le choeur (8), sur un plan en croix latine.
       
       

      On connait quelques noms des seigneurs de Lubret: En 1320 le seigneur est Bernard de Castelbajac, et en 1497 les Castelbajac sont toujours seigneurs de Lubret (11). En 1530 la seigneurie passe aux seigneurs de Chelle (4).
       
       
       
       
       
       

      Le territoire communal
       
       

      La plupart des toponymes se rapportent aux cultures et à l'état du sol: le padouen, las garles ( les marécages ), les merladettes ( marnières ), la haye. D'autres toponymes décrivent des constructions remarquables: la borde, la monjoye ( chapelle de Lubret ), la teoularie ( tuilerie du XIXème siècle ), la tute ( sorte de grotte naturelle, voir document 26-7 ).
       
       

      Essai de synthèse
       
       

      Des documents assez nombreux nous permettent de reconstituer assez bien l'histoire de ce territoire.
       
       

      Si on se fie au texte de la charte de fondation, le territoire était peu peuplé jusqu'au XIVème siècle, ou du moins sans habitat organisé. En 1322 est fondée une bastide auquel on attribue l'ensemble du territoire, qu'on partage en 1326 lors d'une succession. La " nova bastida ", alors nommée bastide de Saint-Luc, a semble-t-il échoué peu après: faut-il incriminer les malheurs de la guerre de 100 ans ? La bastide, au plan trop ambitieux, a-t-elle souffert de son éloignement de grandes voies de communication et de la proximité de la prospère bastide de Trie ? La pression seigneuriale s'est-elle révélée trop forte, d'autant que les Castelbajac possédaient le château de Lubret à proximité immédiate ?
       
       

      Curieux retour de l'histoire, les deux territoires de Lubret et Saint-Luc furent de nouveau réunis en 1842, formant l'actuel village, entre le château et l'emplacement de la bastide...
       
       


      Notes:






      (1) Contrat du 3 Mars 1322, confirmé par Charles IV en 1324 ( trésor des chartes, registre 64, pièce 732 ).

      (2) Toutes les pièces de cette affaire sont repris dans Larcher, Glanages, T.III, pp. 180-188; Voir aussi Charles Samaran, La Gascogne dans le trésor des chartes, Paris 1966: no335, ratification du paréage par Bernard de Castelbajac; no311, Juin 1326, renonciation du roi à la moitié des sommes dues pour aider les habitants à enclore la bastide. On peut noter que le nom de Lubret vient du nom du sénéchal Jourdain de Lubret, représentant du roi dans cette affaire.

      (3) Idem, T.III, pp.255-256

      (4) la généalogie est consultable dans Généalogie des seigneurs de Castelbajac, par le Baron de Castelbajac, 1984, ADHP F339; Voir aussi Larcher, Dictionnaire, article Castelbajac, et Glanages, T.III, p.10.

      (5) Larcher, ibidem, T.III, pp.310-313.

      (6) in Charles Dupouey, Réponses faites au questionnaire archéologique, BSAHP 1860, p.471.

      (7) Maumus-Brun, op.cit., p.128

      (8) Louis Caddau, BSAHP 1906, p.129. L'église fut détruite vers 1900, elle était désaffectée en 1842.

      (9) Monographie communale de 1887, ADHP T.385 no241

      (10) Maumus-Brun, op. cit., p.145.

      (11) Larcher, ibidem, T.III p.179

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Dernière modification : 18/11/01,08:24:17