CAMALES
Code INSEE 65325121
Canton de Vic-Bigorre
Carte IGN 1745 Ouest de Tarbes
Documents 4-1 à 4-4
Le territoire de la commune de Camalès est limité
au nord par le territoire de Vic-bigorre, à l'est par le territoire
de Bazillac ( canton de Rabastens ), au sud par ceux d' Ugnouas ( canton
de Rabastens ) et Villenave-près-Marsac, et à l'ouest par
celui de Pujo.
Les 476 hectares du territoire de Camalès sont situés
dans la plaine de l' Adour ( rive ouest ), sur des alluvions argilo-calcaires
à l'ouest et argilo-siliceuses à l'est.
L' Adour traverse la commune à l'est. Un canal, le canal
de Camalès, passe à l'est du village, alimentant un moulin
situé au sud de l’église ( peut-être d’origine médiévale:
voir note 4 ). Il dérive de l’Adour plus au sud à Villenave-près-Marsac,
et y retourne au nord sur le territoire de Vic. Une série de petits
canaux est creusée à partir de ce canal pour irriguer
les terres à l’est de la commune.
Les terres communales sont aujourd’hui employées à
la culture du maïs, avec quelques pâturages et des bois.
Le réseau de chemins
Camalès est une sorte de carrefour de chemins.
Nous mettons à part le morceau de chemin orienté
nord-sud dit du Herré, à l’ouest du territoire communal,
qui nous semble d’origine antique. Ce chemin correspond en effet avec le
chemin de la Poutge plus au sud ( à Pujo et Camalès ) près
duquel plusieurs sites antiques ont été repérés.
Les autres voies semblent plus récentes.
Diverses petites routes relient les villages voisins: au nord-ouest
la D54 en direction de Vic, au nord la D4 vers Artagnan, à l’est
la D4 ( rectifiée récemment ) vers Bazillac.
Des « fossiles « subsistent d’anciennes
routes: Au nord-est un chemin s’arrête devant l’Adour au quartier
du bout du pont, mais devait relier autrefois les terres du village situées
à l’est de l’Adour ( par un pont. Voir note 14 ). Au sud un
chemin s’arrête à la limite du territoire de Pujo, qui rejoignait
le village disparu de Hugues. A l’est enfin un chemin menait à Pujo,
canalisé pour devenir la voie de service de la voie ferrée,
et remplacée depuis par le tronçon D404 vers la D935.
Les créations modernes sont la voie ferrée qui passe
à l’ouest du village, et les deux tronçons créés
pour l’occasion, dont nous venons de parler, qui modifient l’ancien chemin
allant à Pujo.
Le village
Le village peut se diviser en deux parties distinctes.
Nous trouvons d’abord un « noyau « de
plan ovale au nord-est, autour de l’église paroissiale ( voir document
4-2 ). Les maisons présentent une façade extérieure
très épaisse (
environ un mètre ) aujourd’hui percée d’ouvertures modernes.
Le chemin bordant extérieurement ces maisons était jusqu’au
milieu de notre siècle un large fossé, déjà
signalé au XVème siècle
( Voir note 4. Il n’en subsiste qu’un ruisselet canalisé.
).
Nous avons trouvé dans un jardin au pied de l’église
une série de tessons de céramique blanche témoignant
de l’ancienneté de l’occupation à cet endroit.
Le reste du village semble s’organiser à partir d’un château
datable de la fin du XVIème siècle ou du XVIIème siècle.
Les parcelles et les habitats s’organisent régulièrement
selon deux axes nord-sud et est-ouest, autour du château et de son
allée d’accès encore très visible sur le cadastre
napoléonien.
La première mention connue de Camalès se trouve dans un
acte de l’abbaye de la Casedieu daté de 1274 (1), confirmation de
donation de terres situées à Vic par Galiane de la Cort de
Camalers, petite-fille de noble Aramon Arnau de Camalers. On retrouve ensuite
le village dans l’enquête de 1285: « villagia de Camalers
«. Il est également cité dans l’enquête de 1300
(2). En 1313 il est signalé dans les DRN que « dictus
locus de Camalers tenetur a dicto domino rege et priore de Sancti
Licerii « . En 1429 le village appartient aux barons de Bazillac
(3).
En 1477 est signalé un acte parlant d’un « molendinum
situm ante castrum de Camaleriis
« (4). Enfin à partir de 1598 le village appartient aux de
Frechou (5 )
L’église Sainte Eulalie
Elle se situe au coeur du premier noyau d’habitat.
Cette église est un bâtiment de galets et de briques
à nef charpentée et collatéraux, avec une abside à
fond plat. Elle est dotée à l’ouest d’un important clocher-tour
du XVIIème ou XVIIIème siècle ( qui servit jusqu’au
début de notre siècle d’école et de mairie ). Cependant
des éléments datables du XIVème ou XVème siècle
sont encore lisibles: un clocher-mur gothique en bel appareil calcaire
subsiste sous la charpente moderne, ainsi que des corbeaux de l’ancienne
charpente dans la nef ( sans doute surélevée postérieurement
). Le vestige le plus intéressant est cependant un fragment de fresque
récemment dégagé et représentant un moine barbu
tenant une croix, de style gothique.
L’église est citée en 1342 et en 1379 (6), mais
il est difficile de préciser s’il s’agit de l’église actuelle.Un
acte de 1506 montre que l’église était en activité
à cette époque (7).
Le territoire communal
A l’est du village le toponyme le rieulet ( le petit ruisseau
) désigne les canaux signalés plus haut; le toponyme le bout
du pont indique l’existence d’un ancien pont sur l’Adour pour relier la
partie de la commune située à l’est de l’Adour ( anciennement
nommé cap deu pont. Voir note 14). Au Nord le toponyme lalanne indique
une ancienne zone de landes.
Le maumoura au Sud indique un lieu humide ou marécageux, et
liseras une limite ( du territoire communal ? ).
Baliron
Le toponyme Baliron est signalé dans les textes à
plusieurs reprises.
Le territoire de Balliron ( ou Baliron, du nom latin Valerius
) appartenait au prieuré de Saint Lézer (8). Il est signalé
comme confront de Vic dans un livre terrier de 1633 ( aux archives
de Vic, étude en cours par Mr Jean Bordères ). Il fut vendu
aux enchères le 2 Novembre 1565 à la famille pujo (9), et
appartenait à Jean de Pujo en 1600 (10). Nous émettons comme
hypothèse que sur ce territoire de Baliron fut construit le château
actuellement visible autour duquel se greffa l’habitat moderne. Cette hypothèse
est étayée par un acte notarié de 1739 ( voir 11 et
12 ).
Essai de synthèse
L’origine de ce village est peut-être à chercher
dans une exploitation antique. L’étymologie du nom du village (
et de Baliron ) et la présence du chemin herré laissent supposer
une présence à l’époque gallo-romaine.
Cependant le premier habitat attesté sur le terrain est
le noyau autour de l’église, très probablement un enclos
ecclésial habité et fortifié (13). Il faut peut-être
lier cet habitat à la possession par le prieuré de Saint-Lézer
d’une partie au moins du village, en coseigneurie avec le comte de Bigorre
en 1313, puis avec les barons de Bazillac au XVème siècle
( suite à une donation faite par le comte de Bigorre ).
Avec la vente des terres du prieuré à la fin du
XVIème siècle, un château s’implanta, qui réorganisa
l’habitat paysan autour de lui, et qui forme la majeure partie du village
actuel.
Notes
(1) Larcher, Glanages, T.IV p.32.
(2) G. Balencie, L’enquête de 1300, op. cit., p.116.
(3) Censier de 1429, ADPA E377, fo 253. Le village compte alors 42
feux et deux moulins. On trouve dans Larcher, Glanages T.I pp. 150-152
la transcription de la donation de Camalès et Larreule au seigneur
Raymond-Aimeric de Bazillac par le comte de Bigorre Jean de Grailly ( acte
du 7 Juin 1428 ).
(4) Larcher, Glanages,T.I, pp. 150-152. Vente d’un moulin de Camalès
à noble Pierre de Bazillac pour 100 florins, en 1477. Le moulin
se situe « ante castrum de Camaleriis, prout confrontatur a
parte ante cum terrageto fossati castri de Camaleriis. »
(5) Larcher, Dictionnaire F 136, art. FREIXOU. Jean de Frexo acquit
le village en 1598.
(6) Perrin, Font-Reaulx, op. Cit., pp.467. pouillé de 1342:
Une « ecclesia de Camalers « est citée
parmi les paroisses de l’archiprêtré d’Andrest, et compte
de procuration de 1379: « Ecclesiae de Poijolio et Camaleriis
pro integra procuratione. De quibus tenetur solvere capellanus dictorum
30 sol. et Prior Sancti Licerii 70 sol. Impotens. « . Voir aussi
Larcher, Glanages, T.IV, p.122, au sujet du partage de la dîme.
(7) Larcher, Glanages, T.I, p.380, acte No 165. Prix-fait pour la réalisation
d’un missel pour l’église de Camalès, devant être réalisé
par un scribe de vic « ad modum missalis confratriae Sancti
Johannis de Vico « sur ordre du baron de Bazillac.
(8) Visite de 1402 du prieuré de Saint-Lézer, in Larcher,
Glanages T.IV, p.121: « Item in loco de balirono recipit decimam
ex integra omnium exerescentium, et etiam pro questa annuatim in festo
omnium sanctorum viginta solidos morlanorum «
(9) Acte notarié cité ( sans références
) par Emile Lacassin, RHP 1912, p.255. En 1555 eut lieu l’achat des droits
seigneuriaux, émoluments, fruits, censives, lods et ventes. L’année
suivante eut lieu la vente des droits de mainmorte non adjugés la
première fois.
(10) cité par le chanoine Duffo, RHP 1933, p.111, transcription
de l’archive ADPA B 1031, p.2057, du notaire Philippe de Montaut-Bénac
pour noble Jean de pujo: « Dans le lieu de Camalès possède
les droicts seigneuriaux du terroir ou quartier appellé Balliron,
lesquels droits il a acquis par décret sur le temporel du prieuré
de Sainct-Léser ci-devant aliéné avec le vouloir et
permission du Sainct-père, consistant en lots et bentes à
raison de 9 liarts pour escu petits et en 20 escus petits de fief anuel
ou environ « .
(11) Abbé Colomez, Histoire de la province et comté de
bigorre, vers 1735, p.264: « La terre de Baliron est contiguë
à celle de Camalès, dont le seigneur de Baliron possède
le domaine acquis du roi, et où il fait équitablement exercer
la justice par un lieutenant de juge particulier. ». Ce même
auteur cite à la même page un « Gascor,
seigneur de Péreuilh, capitaine d’infanterie, oncle du seigneur
de Baliron » et deux seigneurs de Baliron mousquetaires sous Louis
XIV.
(12) Acte transcrit par Mr Jean-François le Nail, extrait des
registres du notaire Borgella ( aux ADHP, étude cazenavette No 87
) et daté du 22 Janvier 1739. Cet acte fut rédigé
pour noble Théodore de Gascor, seigneur de Camalès, Baliron
et autres lieux, dans le château de Baliron.
(13) Benoit Cursente, in Flaran I 1979, p.40: « La
sécurité matérielle des murailles ou des palissades
aurait en quelque sorte pris le relais de la protection théoriquement
garantie par les institutions de Paix de la fin du XIème siècle
« .
(14)Larcher, Glanages, T. IV, p. 193; il s’agit de l’extrait du dénombrement
de la ville de Vic en 1536 désignant les confronts: "En lo terme
comensa au cap deu pont de camalès de l’Adour" |