Maîtrise



Bibliographie * Documents (textes) * Documents (graphiques)
Maîtrise d'histoire. Monographies du canton de Vic-en-Bigorre
 

CAIXON
 

Code INSEE 65325119
Canton de Vic-Bigorre
Carte IGN 1744 Ouest de Vic
Documents 3-1 à 3-5



 Le territoire de Caixon est limité au nord par le territoire de Larreule, à l'est par ceux de Nouilhan et de Vic, Au sud par le territoire de Vic, et à l’ouest par le département des Pyrénées Atlantiques.
 Caixon est situé dans la plaine de l'Echez, sur des terrains argilo-siliceux, et sa partie ouest englobe une zone de collines.
 Deux principaux cours d'eau arrosent son territoire: La Luzerte passe au sud en deux parties, partagé pour une dérivation de moulin ( le moulin du bois, limitrophe avec la commune de Vic ), puis contourne le village et le quartier de l'église par l'ouest ( on trouve là un deuxième moulin ) avant de repartir au nord vers Parabère.
 Le Lys descend à l'ouest des coteaux, et passe à l'ouest de la commune pour rejoindre la Luzerte sur le territoire de Parabère.

 Le territoire, qui comprend 820 hectares, est presque entièrement consacré à la culture du maïs dans la plaine, l'espace boisé étant réservé sur les hauteurs à l’ouest.

Le réseau de chemins

Les chemins rayonnent du village pour le relier aux communes voisines, à l’exception de la moderne D7 qui longe la limite est du territoire communal, en direction de Larreule ( Document   3- 1 ). Sauf cette dernière voie, aucun chemin ne semble avoir d’importance autre que locale, et ne participe à un réseau plus important.

 Ces voies devaient toutes avoir la même importance initialement, mais certaines ont subsisté alors que d'autres ne sont plus que de mauvais chemins de terre servant aux agriculteurs. Au nord-est la D4 relie Caixon à Nouilhan. A l'est la D60 relie la D7, mais se poursuivait autrefois sur le territoire de Vic en direction du village disparu de Baloc ( il subsiste en partie sous la forme d'un chemin de service ).
Au sud deux chemins, l'un rectiligne car rectifié récemment, le deuxième plus tortueux, rejoignent au sud du territoire communal l'ancien village de Ganos. Au sud-ouest la D60 relie les Pyrénées Atlantiques ( vers la route de Pau ). Au nord-ouest la D4 rejoint le village de Monségur. Au nord enfin un chemin rejoint le quartier de Villenave, ancien site d'habitat.
 

Le village

 Il est relativement groupé au centre de son territoire, avec un réseau de rues perpendiculaires, et est constitué de fermes principalement. L'église est un peu excentrée au sud-ouest du village.
Caixon est cité en 1300 comme castrum et locus ( 1), et est également cité en 1313 et 1429.

 L'église Sainte Marie et le château de Caixon

 L'église actuellement visible est d'aspect moderne ( sans doute reconstruite au XVIIIème siècle, comme le montre le splendide retable visible à l'intérieur ). Cependant les bases des murs, très épaisses, dénoncent l'origine médiévale de ce bâtiment, qui conserve un puissant porche maçonné.
 L'église est citée en 1342 et en 1379. Caixon est alors siège d'archiprêtré (2).

 Cette église est intégrée à un ensemble plus vaste de forme irrégulière ( voir cadastre sur le document 3-2 ), entouré par un mur et un fossé. Cet ensemble regroupe l'église, des bâtiments d'habitation, des communs, et au sud les vestiges de ce qui a dû être une motte et des levées de terre contre les murs. La zone à l’intérieur des murs est légèrement surélevée par-rapport à la plaine environnante ( environ 50 cm ). Cet ensemble défensif est encore aujourd'hui appelé le château de Caixon. Ce regroupement s'explique par le fait que le village appartenait à l'évêque de Tarbes ( voir ci-dessous ), et que ce "château" était une de ses résidences ( document 3-3 ).

 Ce "château" fut pris et ruiné pendant les guerres de religion: "... et du semblable fut fait au chateau de Caisson appartenant à monseigneur l'éveque de Tarbes occupé par un nommé Saint Pé et autres huguenots, par luy déposant et autres soldats qu'il avait emprunté et mis en hazard pour le service dudit lieux (sic), lequel Sempé et ses complices commettant plusieurs maux, pillans et saccageans les villageois et les convoisins choses qui ont porté grandes dommages et degats audit pays..." (3).

 Un état des lieux fut fait en 1767 (4): "... En second lieu reconnoissent que les dits seigneurs de Navères ont dans ladite seigneurie toute justice haute et moyenne et basse qu'ils font exercer comme hauts justiciers par leurs officiers... En cinquième lieu reconnoissent que, dans ledit lieu de caixon, il y a pilori, gibet et prisons... En 22ème lieu déclarent et reconnoissent que les dits seigneurs de Navères possèdent noblement au dit lieu de caixon la place ou étoit anciennement le château dudit lieu, ou il ni a (sic) qu'un méchant batiment et quelques masures, au coin de laquele place et du coté du septentrion est incluse l'église du dit lieu attenant le chateau actuel encore les granges et quelques vieilles mazures de murailles, laquelle place, mazures et latrines tout possédé noblement sont environnés de fossés et contre fossés avec une ceinture de muraille du coté du septentrion."

 A partir de 1300 nous savons que l'évêque de Caixon est le seigneur du castrum et locus, et qu'il possède la haute justice: ".. Et excepto loco de Cayshone quam justiciam exercet dominus episcopus Tarviensis " (5).
 Les évêques restent seuls seigneurs jusqu'en 1598, date à laquelle les droits seigneuriaux de Caixon sont en partie vendus aux seigneurs d'Incamps (6). Au XVIIIème siècle enfin nous trouvons les seigneurs de Navères, barons de Caixon (7).

 Le territoire communal

 On trouve sur le territoire de Caixon des toponymes indiquant des cultures disparues: les vignes perdues, la bernata ( aunaie ), gnesta ( gênetiere )...D'autres indiquent des accidents géologiques: turombaut ( le turon haut ), le chourrout ( ruisseau ). Deux ensemble de toponymes cependant caractérisent deux quartiers, au nord et au sud de la commune.
 

 Villenave

Au Nord du village, cet endroit n'est qu'un ensemble de terres cultivées, mais se singularise dans le cadastre de 1808 par les toponymes las murailles et villenave. En effet, nous avons retrouvé sur le terrain des traces d'habitat, briques, tuiles, ainsi qu'un "broyeur" fait d'un galet épannelé, avec une face montrant des traces d'usure (8, et document 3-4 ).
 Nous n'avons trouvé aucune trace documentaire signalant ce site.

 Ganos

 Le village disparu de Ganos est signalé sur les cartes par les toponymes Ganos, courialongue, casterots (?) sur le cadastre napoléonien, qui montre également un champ de forme ovale, entouré de fossés ( document 3-5 ) près du canal de la Luzerte. Il ne reste rien de ce site sur le terrain si ce n'est un grand champ de maïs où nous avons trouvé un tesson de céramique blanche médiévale.
 Larcher donne une description saisissante de ce site:" Ganos etoit un village autrefois situé entre Vic et Caixon. Il y avoit un chateau, un moulin. On n'en trouve plus de vestige, qu'une élévation de terre où etoit le chateau, de grands fossés pleins d'eau très profonds; on y a creusé et défriché depuis dix ou douze ans. Il y avoit plusieurs tombeaux de pierre dans un desquels etoit un casque. Celui qui y faisoit travailler n'etoit point assez éclairé pour observer s'il y avoit des inscriptions. L'eglise etoit sans doute prez des fossés du chateau."(9)
 Lc village de Ganos est signalé pour la première fois en 1108 (10).
 Il est signalé dans l'enquête de 1300, et est cité comme confront en 1429 (11). En 1536 il y avait encore trois consuls et un bailli (12), mais en 1760 le village semble déserté (13).

 En 1300 le seigneur est le domicellus Arnaud-Raymond de Ganos, avec 10 livres de revenu (1). En 1348 le seigneur est Pierre-Raymond de Montbrun, frère de l'évêque de Tarbes et seigneur de Caixon Pierre de Montbrun, qui vend une partie des terres de Ganos aux consuls de Vic (13). C'est peut-être ce personnage qui rattacha Ganos à Caixon.

 Essai de synthèse

 Le village de Caixon pose des problèmes très particuliers. Outre son origine très ancienne             ( Caixon viendrait de l'anthroponyme gallo-latin Cassius, Ganos est sans doute un toponyme prélatin...). Un problème se pose: l’appartenance aux évêques de Tarbes de cette seigneurie.
 Nous ne savons pas non plus ce qu'est villenave, sinon qu'il s'agit d'une implantation médiévale.
 La structure organisée des rues du village, que nous supposons postérieure au XVIème siècle        ( quand eurent lieu les affrontements, destructeurs, entre huguenots et catholiques. Mais nous n'avons aucune preuve formelle, cette structuration est peut-être médiévale ), est remarquable.
Nous émettons l’hypothèse qu'une partie au moins du village devait initialement se trouver au sud du château, dans une zone quadrangulaire très bien délimitée au sud et à l'ouest par la Luzerte, et par des limites de champs ( document 3-2).
 
 
 
 
 

Notes:

(l) Gaston Balencie, L'enquête de 1300,p.62, p.157
(2) Perrin, Font-Reaulx, Les pouillés..., op.cit., p.461: archipresbiteratus de cashone... ecclesia santa maria de
cashone. Les archiprêtrés bigourdans furent créés en 1342.
(3) ADHP I 390, no3350. Copie de 1736 d'un document de 1575.
(4) Montaut Notaire, acte du 29/12/1767. Etude de Maître Lacaze à Vic-Bigorre
(5) Maurice Berthe, Le comté de Bigorre..., p.214, citant le censier de 1429, fol. 245; Nous avons également trouvé dans le trésor des chartes la confirmation d'un accord de 1342 en vertu duquel l'évêque de Tarbes jouit de tous les droits de justice à Caixon, moyennant 600 livres tournois ( in Charles Samaran, La Gascogne dans le trésor des chartes, Paris 1966, No 657 ).
(6) Larcher, Dictionnaire, F217. La vente se fait pour des raisons d'argent, avec le seigneur Paul de Bazillac pour intermédiaire.
(7) ADPA B5600, hommage de 1786.
(8) Plusieurs exemplaires sont décrits dans Gabrielle Démians d'Archaimbaud, Les fouilles de Rougiers, p.417-419
(9) Larcher, Glanages, T.XVI, p.229. Notation en marge. L'église de Ganos (ecclesia de ganosis ) est citée dans le pouillé de 1342 de Pierre de Montbrun ( p. 466 de l’ouvrage de Perrin et Font-Reaulx, confondu avec Sanous ).
(10) Charte de l'abbaye de Larreule, citée dans le Dictionnaire topographique de L.A. Lejosne: " ...unam curtim in Ganos."
(11) Censier de 1429, ADHP MI46: En confront de Vic est signalé le " terrador de Ganous "
(12) Larcher,idem, T.XVI, p.229-230
(13) Larcher,ibidem , T.IV, p. l 84
 

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Dernière modification : 18/11/01,08:24:17