Maîtrise



Bibliographie * Documents (textes) * Documents (graphiques)
Maîtrise d'histoire. Monographies du canton de Trie-sur-Baïse

BONNEFONT
 
 

Code INSEE 65324095
Canton de Trie-sur-Baïse 
Cartes IGN 1745 est de Montastruc et 1845 ouest de Trie
Documents 18-1 à 18-6




Le territoire de la commune de Bonnefont est limité au nord par le territoire de Lustar, à l'est par les territoires de Sentous et de Libaros, au sud par le territoire de Montastruc et à l'ouest par ceux de Bernadets-dessus et Bugard.

Ce territoire est situé dans la vallée de la Baïse, avec une zone de coteaux à l'ouest, et une barre de collines à l'est séparant la vallée de la Baïse de la vallée du Léoup.
On trouve plusieurs cours d'eau dans ce territoire: la rivière Baïse passe au milieu du territoire communal, passant à l'est du château (tardif) et de l'église de Bonnefont. Le Léoup constitue la limite est de la commune. Le Lizon constitue la limite ouest. On trouve également plusieurs ruisseaux dans les coteaux, dont le ruisseau Mézères ( limite communale sud-ouest ).
Le réseau de chemins

Le réseau de chemins de Bonnefont est d'une extrême complexité, mais les voies principales sont cependant orientées est-ouest et nord-sud. 

La voie principale est-ouest est la D21 qui part vers Goudon à l'ouest, passe à proximité de l'église actuelle et se partage en deux voies, D21 vers Sentous au nord-est et D138 à l'est vers Galan. Ces deux branches au moins doivent avoir une origine médiévale puisque la motte de Monlézun et celle de Libaros sont bâties à proximité immédiate ( voir plus bas ).

Nous mettons à part la voie de crête située à l'extrême ouest de la commune, qui relie au sud Montastruc ( contrôle par la motte de la Cive ) et part au nord vers la motte de Lustar. Ce chemin de terre devait être une route importante au moyen-âge, comme l'indiquent ces deux mottes.

A l'extrême est de la commune passe la D37 ( quartier de la Hitte ), voie d'aspect moderne reliant Montastruc à Sentous. Entre les deux barres de collines, la seule voie importante est la moderne D17 qui permet d'accéder à la commune. On retrouve cependant autour de cette route la voirie médiévale, en particulier sous la forme de trois voies orientées nord-sud. La première passe à l'ouest de la D17, du quartier Saint James au sud à la Garlette au nord, en passant par le quartier Saint Jouan. La deuxième voie est située à l'est de la D17, elle part du quartier la Ribère au sud jusqu'à l'église actuelle du village, et se poursuit vers le nord sous le nom de D39. Une troisième voie complète cet ensemble à l'est de la Baïse, du quartier la Chapelenie au sud jusqu'à la maison Monlézun ( pont sur la Baïse ). Le reste du réseau de chemins est formé de voies de liaison entre ces routes et chemins.

L'habitat

Le village est constitué de fermes et maisons dispersées sur le territoire communal. Le "noyau principal" est formé par l'église et l'emplacement de l'ancien château, au centre du territoire.
Ce village situé en Astarac n'est pas mentionné dans les censiers bigourdans. On sait cependant que le village fut compris dans le duché-pairie d'Antin en 1711 (1).

 

L'église Saint Félix

Cette église est située au bord de la Baïse, à côté (à l'est) d'un ancien site castral dit " le château". D'après Louis Curie-Seimbres cette église d'aspect XIXème siècle daterait du XVIème siècle, et remplacerait une église plus ancienne (2). 
On ne distingue seulement sur le bâtiment lui-même comme élément de datation que l'actuel clocher, qui recouvre un clocher-mur plus ancien.
Une église de Bonnefont est citée en 1384, 1405 et 1440 (3).
Le château de Bonnefont

 

Alcide Curie Seimbres signale un acte de 1412 racontant un évènement se passant au château de Bonnefont: " Un d'Antin osa y résister à un commissaire mandé par le sénéchal de Toulouse avec une escouade de sergents pour mettre le château sous la maison du roi. Comtebon d'Antin, secondé par ses gens et par Pierre de Biscaye, son baile, repoussa les agents royaux qui invoquèrent sans succès le concours des consuls et des manants du village; il les fit accabler de pierres et tira même contre eux une pièce d'artillerie ( unum canonem sive bombardam )" (4).

Louis Curie-Seimbres, en 1906, explique que le château est entouré de larges fossés, de chemins de ronde et de murs d'enceinte, et "représente un parallèlogramme à trois étages, aux quatre angles duquel s'élevaient jadis quatre tours rondes. Un mémoire d'ouvriers de 1685, conservé aux archives de Trie, semble indiquer qu'il y avait trois portes" au nord, au levant et au midi. " Un souterrain de deux mètres de haut et autant de large, voûté et cimenté, insuffisamment exploré par la suite des éboulements, traverse la grande cour du sud-ouest au nord-est et semble bien attester une très ancienne origine" (2). 
Charles Brun fait une description complète du site dans la même période ( voir annexes ).

 

La carte de Cassini mentionne ce château ruiné ( document 18-2 ) et le plan cadastral montre sommairement le plan de ce château de plan trapézoïdal ( document 18-3 ). Ce site a été rasé entièrement depuis ( y compris le donjon ), pour construire... un Centre d'Aide par le Travail en préfabriqué.

On possède quelques documents sur les seigneurs de Bonnefont: En 1211 et 1212 le témoin d'actes de l'abbaye de Berdoues est Guillelmus de Bonifontis, sacerdos (5). Un autre acte de 1212 mentionne comme témoins Gassias arnaldus de Sadeveza frater predictis Petri et Gillelmus de Bonofonte (6). En 1214 le témoin d'un acte est Oddo de Bonofonte (7). En 1246, Auzberg de Bonnefont, pro salute anime sue et parentum suorum, donne à l'abbaye de Berdoues le droit de pâturage sur ses terres de Mornède: in perpetuum erbas, folia, aquas et ligna ad facandas cabanas et ad ignem necessaria cabanarum tocius terre sue...(8). En 1250 les témoins d'un nouvel acte sont frater Petrus de Bonofonte, ordini pacis, Forcius de Bonofonte, Bernardus de Bonofonte (9). En 1272 Mascard de Bonnefont épouse na Condor de Bugar. En 1313 le seigneur d'Oleac Dessus est un membre de la famille de Bonnefont, Ramundus Arnaldi (10). En 1348, le seigneur de Bonnefont est Sancio Rubeo de Antino (9). En 1589, le seigneur est Auger de Boubouix. En 1695 le seigneur est un autre Oger de Boubouix qui meurt cette même année (11).
 

Le territoire communal
 

L'église Saint Jean

Cette église est mentionnée "ruinée" sur la carte de Cassini, au XVIIIème siècle ( document 18-2 ). Charles Brun relève que "l'ancienne église [ paroissiale ] se situait selon la tradition dans le quartier Saint Jouan à 100 mètres au nord du château" (12). 

Un document mentionne ce site comme une ancienne église paroissiale avec cimetière: une visite pastorale eut lieu en 1735, par l'archiprêtre de Galan Bernard Loustalot: il s'agissait d'une petite église aux murs blanchis, au toit de bois, au sol de terre ( "ny planchée ny pavée" ), avec "une vieille statue de Saint Jean", un vieux coffre, une croix en laiton, une petite cloche, quatre chandeliers de bois, deux bancs, un marchepied, un autel de pierre. Le cimetière est alors "assès fermé par des hayes et des fossés". Cette église fut abandonnée à la Révolution et vendue aux enchères en 1857 à Dominique Bernissan pour 330 francs, qui fit démolir les derniers pans de mur (13).

Saint Jaymes

Cet hagiotoponyme se trouve au sud-est du territoire communal, près du ruisseau Mézères. Le document précédent (13) mentionne que cette église était ruinée au XVIIIème siècle, le lieu s'appelant " casterieu Saint Jaymes ". Curie-Seimbres y "trouva aussi ( dans la motte de Galès ), quelques ossements, mais en petite quantité. Tout près de là était un ancien oratoire appelé Saint Jammes". "La chapelle Saint James se trouve près de la motte de Galès, ancien oratoire, on y découvrit trois tombeaux ". 

Rien ne subsiste sur le terrain de cette église et ce cimetière.

La motte de la cive

Cette motte se trouve à la pointe sud-est du territoire communal, au bord d'un chemin de crête. 

Cette motte est tronconique, de 12 mètres de diamètre au sommet environ. La petite plateforme sommitale est très abîmée, probablement suite à des fouilles anciennes. Cette motte est entourée par un chemin et un fossé peu profond ( voir document 18-5 ). Il s'agit probablement de la motte de Galès qui est mentionnée ci-dessus. 

La motte de Monlézun

Louis Curie Seimbres signale cette motte sur la rive droite de la Baïse : "C'est un cône régulier de 15 mètres de diamètre, de 22 mètres de hauteur, avec une plateforme de 150 mètres de circonférence". Elle fut explorée en 1848 par Alcide Curie-Seimbres, qui y trouva " des cendres, des ossements, des armes en fer et en bronze, et des débris de vieux murs" (14).

Charles Brun précise que parmi ces trouvailles on comptait " des pointes de javelots en fer, tiges de fer et de bronze et armes de fer et de bronze ayant la forme de poignards et de dagues" (15).
Cette motte s'élève au bord de la route de Bonnefont à Sentous, au nord-ouest de la commune, et est signalée " motte féodale" sur la carte IGN ( document 18-1 et 18-1 bis ).
La route contourne d'ailleurs ce site, qui est formé d'une grosse motte dont la plateforme mesure une dizaine de mètres de diamètre, avec une plateforme à l'ouest encore lisible ( avec des traces de fossés ) et une deuxième plateforme moins nette car reprenant le relief naturel au sud. Il est possible que ce site soit l'ancien "château" des seigneurs de Bonnefont. La tradition populaire, telle que nous l'avons recueillie chez les anciens du village, en garde encore le souvenir ( document 18-4 ).

Autre motte à Libaros

Roland Coquerel, en 1974, note " à Bonnefont, au point culminant sur cette commune de la route de Galan, un très grosse motte est accrochée sur une éminence naturelle. La plateforme sur laquelle elle s'appuit (sic) n'a pas une surface de forme bien précise. Par contre les incidences géologiques ont permis l'établissement d'une contre-motte plus petite mais efficace pour gêner l'accès de la motte principale ". 

Cette motte , qui contrôle effectivement l'accès de la route de Galan, se trouve en fait actuellement sur le territoire de la commune de Libaros. Elle n'entre donc pas dans le cadre direct de notre étude ( cote 377 au sud de la D138 sur la carte IGN ).

La Hitte 

La Hitte est le nom du hameau de Bonnefont situé à l'est du territoire communal, et qui regroupe les quelques maisons alignées le long de la D37. Ce hameau possède une église datable du XIXème siècle. Nous n'avons trouvé aucun document mentionnant ce site, si ce n'est la carte de Cassini qui mentionne déjà ce nom. L'existence de cet habitat est peut-être à lier à l'existence de la motte qui a été signalée ci-dessus, et qui se trouve à environ 500 mètres de l'église du hameau.
 
 

Matériel archéologique

Roland Coquerel a signalé en 1974 la trouvaille d'une hache polie, d'un silex ( que nous interprétons comme un briquet médiéval ) et d'une clochette romane en bronze moulé, à anse pentagonale, non localisée ( note 16 et document 18-6 ).

Philippe omnès signale également la trouvaille d'une hache polie mesurant 142x52x33 mm, à micaschistes à andalousites, "ayant subi un deuxième bouchardage au talon pour l'adapter à une nouvelle gaine (17).
 

Eléments de toponymie

Plusieurs toponymes se rapportent à l'état du sol, lié à la présence de pierres ou d'eau: la ribère, la garlette, laspeyres, les graves, las peyrères... D'autres toponymes se rapportent à la propriété de la terre: le bedat, terrebielle, les oustaux ( du gascon ostau, exploitation agricole ). Sur les coteaux à l'est et à l'ouest de la commune, on relève plusieurs toponymes à caractère religieux: la chapelenie, monget ( de monge, le moine ), calvère, Sainte Barbe. Nous manquons malheureusement de documents pour préciser le sens et la date de ces noms. 
Essai de synthèse

 

Le territoire de Bonnefont est très riche en sites, qui posent de nombreux problèmes. On peut supposer que l'église Saint Jouan était effectivement l'église paroissiale, et qu'elle fut abandonnée au XIVème, XVème ou XVIème siècle quand fut construit le château de Bonnefont, qui a du attirer l'habitat ( inorganique ? Regroupé autour de l'actuelle église Saint Félix ? ). Si on accepte ce raisonnement, on remarque que la motte de Monlézun surplombe le site de l'ancienne église, mais à près de un kilomètre de distance: y avait-il deux habitats séparés ? L'église Saint Jean a-t-elle été conservée après un premier déplacement d'habitat vers la motte de Monlézun ? Plusieurs hypothèses sont envisageables.

D'autres sites posent des problèmes spécifiques. L'église disparue de Saint Jaymes près de la motte de la Cive a pu regrouper un ancien village qui a été englobé dans le territoire de Bonnefont. La même hypothèse peut-être émise pour expliquer l'existence du hameau de la Hitte, mis en relation avec la motte limitrophe de Libaros. 

Mais seules des fouilles sérieuses permettraient d'apporter des éléments d'information supplémentaires.

Notes:



(1) Voir la monographie d'Antin

(2) Louis Curie-Seimbres, Capvern-les-Bains, Tarbes 1906
(3) Perrin, Font-Reaulx, op. cit., p.284, rôle de procuration du diocèse d'Auch de 1383-1384: capellanus de Bonofonte procurationes 2 fr. Idem, rôle de la décime de 1405 de 1405: Capellanus de Bono fonte decima nova 15 s. Idem, taxe des bénéfices du diocèse au XVème siècle: Ecclesia de Bono fonte.
(4) Alcide Curie-Seimbres, Les huguenots au monastère de trie, 1873, p.57. Nous ne connaissons malheureusement pas l'original de ce document.
(5) J. Cazauran, Le cartulaire de Berdoues, op. cit., acte 463 p.326 de 1211, acte 496 p.347 de 1212
(6) idem, acte 469 p. 348 de 1212
(7) idem, acte 633 p.432 de 1214
(8) idem, acte 696 p.468 de 1246
(9) idem, acte 699 de 1250
(10) J. Maumus, Ch. Brun, Histoire du canton de Trie, op. cit., p.144; et Maurice Berthe, Le comté de Bigorre..., p.129
(11) Larcher, Glanages, T.XIII, p.289, p.291
(12) Brun, idem, p.123
(13) Bulletin de Relation du Diocèse de Tarbes-Lourdes, No 45 1930, p.490-492
(14) Louis Curie Seimbre, idem, p.86
(15) Brun, idem, p.XXXIII
(16) Roland Coquerel, BSR 1974, p.45
(17) Jacques Omnès, La préhistoire dans les Hautes-Pyrénées, p.51
 
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Dernière modification : 18/11/01,08:24:17