ARTAGNAN
CODE INSEE 65325035
Canton de Vic-en-Bigorre
Carte IGN 1744 Ouest de Vic-en-Bigorre
Documents 2-1 à 2-9
Le village d'Artagnan est situé au nord-ouest de Vic-en-Bigorre,
dans une zone alluvionnaire d'argile mélangée à des
galets roulés et du sable.
Le territoire communal est limité par celui de Vic au
sud et à l’ouest, par le territoire de Gensac au nord, et ceux de
Liac et Sarriac à l'est.
Le territoire d'Artagnan est traversé du sud au nord par
l'Adour, qui partage les terres de la commune en deux. Outre 1' Adour,
il existe deux canaux artificiels à l'est du village, le canal du
moulin ( moulin qui se trouve au sud du château. Voir infra ) et
le canal du lavoir, dérivé du premier.
Les terres sont employées à la culture du maïs,
avec quelques bois intercalaires, et des peupleraies au Nord sur les bords
de l'Adour.
Le réseau de chemins.
On peut distinguer trois voies principales.
La voie principale traversant le village est la D6, qui relie
Vic ( au sud-ouest ) à Liac ( au nord-ouest, passant sur l’Adour
par un pont moderne ), et dont la rectitude dénonce une réalisation
moderne. Au sud-ouest cette voie embranche vers la D934 ( passant sur une
ancienne voie de chemin de fer désaffectée encore visible
au sud au lieu-dit Le Verdoux ).
Au Nord, dans la partie ouest du village, on trouve la D4 qui
rejoint la D935 (reliant Vic à Maubourguet). Cette portion de route
nous semble ancienne, car elle rejoint, à Vic, le village disparu
de Baloc ( le cadastre napoléonien nomme d'ailleurs cette route
le chemin de Belloc ).
De l'église, une autre voie part au nord dans les champs,
en direction du quartier vicquois des Artigues où nous avons détecté
un habitat disparu ( médiéval ? ).
Il convient de distinguer aussi deux autres voies dans la partie
est du territoire communal. La premières est un embranchement (
moderne ? ) de la D6 qui part au nord vers Lafitole. Le deuxième
chemin suit le cours de l'Adour à l'est, contournant au sud une
zone marécageuse, et duquel partent plusieurs chemins permettant
d'accéder aux terres cultivées.
Le village
L'habitat se déploie de façon informelle le long
de quelques rues, à l'ouest du territoire communal. L'église
est située au nord de la place principale du village, alors que
le château se trouve à l'écart à l'est (voir
document 2-1 ). Un certain nombre de fermes sont cependant regroupées
dans un triangle de rues au sud de l'église.
On remarque cependant un peu à l’écart, immédiatement
au sud du château, une forme semi-circulaire formée par deux
champs, limitée à l’ouest par le canal du lavoir, et dans
lequel passe le canal du moulin. Le terrain ( des prés ) ne se prête
pas à une prospection; cependant nous y avons trouvé quelques
morceaux informes de tuiles ou de briques, qui signalent un habitat disparu.
Il pourrait s’agir de l’emplacement du village médiéval (
document 2-2 ).
Le village n'est pas cité dans la montre de 1285, mais
Artagnan est cité comme locus en 1300, en 1313 et de même
en 1429 (1).
Il ne subsiste semble-t-il aucun bâtiment antérieur
au XVIIème siècle, à l'exception de l'église
et du château.
L'église Saint-Nazaire.
Datable du XVème siècle par son style gothique,
elle possédait à l'origine un plan en croix latine avec abside
à pans coupés et clocher-mur à l'ouest (document 2-7
). Dans l'ancien transept, au nord, la voûte d'ogive à clef
armoriée a été conservée (2). Ce transept a
été rallongé au XVIème ou XVIIème siècle
pour former un collatéral voûté dont deux culs-de-lampe
sculptés subsistent dans la première travée nord (
document 2-8 ). Au siècle dernier on a modifié l'aspect extérieur
du bâtiment, en rajoutant une sacristie et en détruisant les
ouvertures originelles, à l'exception de la fenêtre d'axe
visible à travers... une lucarne moderne ( document 2-9 ).
Une église d'Artagnan est citée en 1342 dans l'archiprêtré
d'Andrest (3), ainsi qu'en 1379 (4)
On notera que le cimetière entourant l'église est
clôturé et surélevé, sans que nous puissions
interpréter ce phénomène.
Le château.
Il s'agit d'une motte et de sa basse-cour. La motte, aujourd'hui
tronquée, mesure environ 25 mètres de diamètre pour
trois mètres de haut. L'ensemble était à l'origine
entouré d'un fossé alimenté en eau par le canal du
moulin, fossé aujourd'hui comblé mais encore visible sur
le cadastre de 1808 ( voir document 2-2 ).
C'est sans doute au XVème siècle que fut bâti dans
la basse-cour un petit château. Il s'agit d'une sorte de maison-forte,
tant ses moyens de défense semblent faibles ( document 2-3 ). Corps
de logis rectangulaire fait de galets et de briques maçonnés,
il est cantonné de deux tours dont une possède encore une
arquebusière ou couleuvrinière (5). Quelques ouvertures médiévales
subsistent ( voir documents 2-4 et 2-5 ) de ce bâtiment qui a été
très remanié jusqu'au XIXème siècle. Le corps
de logis brûla en 1933 avant d'être en partie abandonné.
D'autre bâtiments s'organisent autour de ce corps de logis, dont
un moulin près de l'entrée actuelle au sud de la basse-cour,
datable du XVIIIème siècle.
On notera la présence curieuse dans la cour d'un cloître
armorié ( document 2-6 ), ainsi que la structure que nous avons
déjà signalée au sud du château ( document 2-2
).
Les seigneurs d' Artagnan sont connus par quelques documents; on possède
une mention d'un Bernardus Dartaia en 1191 (6) et d'un autre dominus Bernardus
de Artanhano, dans l'enquête royale de 1300 (1). Au XVème
siècle, Paul de Montesquiou, écuyer d'Henri d'Albret, devint
seigneur d'Artagnan en épousant Jacquemette d'Estaing. Les de Montesquiou
restèrent propriétaires du château jusau'au début
du XXème siècle (7).
Le territoire communal
La toponymie pose problème. Si cassoulet désigne un prtit
chêne, en revanche nous ne savons pas à quoi se rattachent
les toponymes Beulat, Estambès et Estays ( les deux derniers pourraient
peut-être se rapprocher d'estagn, l'étai, le poteau ? ).
Essai de synthèse
Le nom Artagnan ( d'artanh-anus, le domaine d'Artanius ? ) laisse
supposer une occupation antique.
On peut émettre comme hypothèse que, sur une terre
déjà occupée dans l'antiquité, s'installa après
l'an mil une motte et sa basse-cour. Un petit bourg s'installa probablement
au sud de cette motte, sous sa protection, à l'abri d'un fossé
en eau qui subsiste en partie.
Au XVème siècle, avec le passage de ce village
dans les mains des puissants seigneurs de Montesquiou, le château
et l'église furent rebâtis, et le village expulsé vers
l'ouest du territoire communal ( pour des raisons de sécurité
? Pour créer un grand parc autour du château ? A moins que
ce déplacement soit consécutif à des destructions
des Guerres de Religion au XVIème siècle ).
Le village ne conserve aucune unité apparente aujourd'hui,
et semble avoir «éclaté » le long de quelques
routes.
Notes:
(1) G. Balencie, L’enquête royale de 1300, op.cit. DRN de 1313,
ADHP lMI2, et censier de 1429, ADHP MI46, folio 248.
(2) Le blason est un écartelé: Au un à deux vaches
accornées et colletées qui sont de Béarn, aux deux
et trois plain ( coloré à l'origine ),
au quatre à trois pals qui sont de Foix. Curieusement, les deux
vaches sont sculptées à l'envers par-rapport à l'écu,
ce qui prouve que le sculpteur n'était guère au fait de l'héraldique.
(3) Perrin, Font-Reaulx, op. cit., p. 465
(4) idem, compte de procuration de 1379: Ecclesia de Artanhano pro
integra procuratione. Impotens vero. De quibus tenetur solvere cappellanus
10 s., fabrica 10 s.
(5) Il s'agit d'une ouverture à large ébrasement intérieur,
formée d'un moëllon calcaire percé d'une ouverture rectangulaire
horizontale.
(6) L.A. Lejosne, Dictionnaire..., article Artagnan. Ce personnage
serait témoin dans un acte du cartulaire de Madiran ( non vérifié,
car acte non localisé ).
(7) André LAFFARGUE, En visite chez d'Artagnan, pp. 97-99. A
titre indicatif, signalons que son arrière-petit-fils fut Charles
de Batz de Castelmore, le célèbre d'Artagnan. La généalogie
commentée des seigneurs d'Artagnan existe dans Larcher, Glanages,
T.XI p.288 et suivantes.
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