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Bibliographie * Documents (textes) * Documents (graphiques)
Maîtrise d'histoire. Monographies du canton de Trie-sur-Baïse
 ANTIN
 
 

Code INSEE 65324015

Canton de Trie-sur-Baïse

Carte IGN 1745 Est de Montastruc

Documents 16-1 à 6-4





Le territoire de la commune d'Antin est limité au nord par le territoire de Mazerolles, à l'est par les territoires de Bernadets-debat et de Lapeyre, au sud par le territoire de Lubret­-Saint Luc, et à l'ouest par le territoire de Bouilh Devant. Ce village est installé dans la vallée du Bouès, et comprend une importante zone de coteaux à l’ouest et au sud du territoire communal ( document 16-1 bis ).

Plusieurs cours d'eau traversent Antin; le principal est le Bouès, rivière orientée sud-nord, qui sert de limite communale est. On trouve également plusieurs ruisseaux ( principalement orientés ouest-est ) affluents du Bouès: le ruisseau du Sarrailhé au sud, le ruisseau du milieu ( qui traverse le territoire communal du sud au nord-est, comme son nom l’indique ), et le ruisseau d’Antin qui sert de limite communale nord. Les terres de ce village sont employées à des prairies et à quelques champs de maïs, les bois se concentrant sur les hauteurs.

Le réseau de chemins

Plusieurs chemins traversent la commune d'Antin, formant un carrefour de chemins: la D11, orientée nord-sud, traverse le territoire communal et rejoint Mazerolles ( au nord ) et Lubret­-Saint Luc. La D6 orientée est-ouest traverse le territoire communal en formant une fourche à l’est, reliant Lapeyre, Bernadets-Debat, et Bouilh-Devant à l'ouest ( route de Saint Sever de Rustan ). On peut signaler dans les coteaux au sud une série de chemins, dont l'un rejoint le village d'Osmets au sud ( pointe sud de la commune ). Ces chemins, qui sont en relation avec des fortifications médiévales, ont une origine médiévale probable.

L'habitat

Le "village" actuel est formé de fermes modernes ( XVIIIème-XIXème siècle ) dispersées sur le territoire communal. L'église, datable du XIXème siècle se trouve sur une hauteur au centre du territoire communal, près de la mairie.

Le village (?) d'Antin est signalé dans la montre de 1285: item mostravit castrum appelatum Antii, cum pertinenciis suis, quod est in confinio terre de Las Afites (1). En 1300 et 1313 les seigneurs d'Antin sont nommés, et en 1429 Antin est qualifié de locus. Le village et le marquisat d’Antin furent mis sous protection royale le 16 Février 1654, et ce marquisat fut transformé en duché en 1711 (2).

L'église Saint Blaise

L'église actuelle est moderne, elle se trouve placée sur une hauteur à proximité du carrefour des voies D11 et D6. Cette église remplace une église plus ancienne qui existait jusqu'au siècle dernier à l'ouest de la commune, à proximité du castera. Cette ancienne église Saint Blaise, nous dit Charles Brun, aurait "appartenu aux templiers". Elle avait deux portes " dont une porte des cagots au midi " (3).

Cette église est signalée dans les pouillés de 1342 et 1379 (4). L’église du village voisin de Mazerolles en dépendait en 1783 (5).

Les « châteaux » d’Antin

Charles Brun signale au début du siècle " motte, turon et castera, situés les deux premiers au sud-ouest du village sur la limite de la commune d'Osmets, et le castera, qui domine tout le pays à l'ouest " (6).

Le castera ( document 16-3 )

Charles Dupouey remarque ce site en 1860: " De son manoir féodal [ du seigneur d'Antin ], il existait encore un débris qui a été démoli en 1856; c'était la chapelle, devenue l'église paroissiale. Sur une hauteur se trouve un tuco environné de fossés qu'on nomme vulgairement lou castera. " (7). Ce site est signalé sous ce même nom dans la carte de la monographie communale de 1887 ( document 16-2). D'autres auteurs le signalent plus récemment comme un "castera carolingien" (8).

Ce castera se trouve au sud-ouest du territoire communal. Il s’agit d’une énorme plate-forme d’environ 80x60 mètres et de plus de 10 mètres de hauteur au fond de fossés de 14 mètres de largeur. Au sud-est de cette structure à été délimitée une sorte de motte entourée par un fossé en grande partie comblé, de format rectangulaire ( environ 30x20 mètres ).

La moutète ( document 16-4 )
 
 

Ce site castral se trouve au sud-ouest du territoire communal, au bord d’un chemin et à la limite entre les communes d’Antin et d’Osmets. Il est signalé par Charles Dupouey en 1860: «  On voit également sur un plateau fort élevé une motte connue sous le nom de moutète » (7).
 
 

Il s’agit d’une motte mesurant 10 mètres de hauteur environ, avec une plate-forme sommitale de 40 mètres de diamètre, de forme irrégulière avec une « bosse » centrale et des « bords relevés »: en fait le centre de cette plate-forme est occupé par un monticule d’environ deux mètres de haut qui est peut-être un indice de fondations d’un bâtiment. La bordure de la structure est légèrement talutée, trace possible d’une palissade. Le fossé entourant la motte mesure environ 5 mètres de large.
 
 
 
 

Le tucoulet
 
 

Cette motte se trouvait à l’ouest du territoire communal, au bord de la D6 ( quartier de la clotte ). Cette motte, signalée dans le plan de 1887, a été détruite il y a une trentaine d’années.
 
 
 
 

Le « castel »
 
 

Ce site est signalé sur le plan de l’instituteur de 1887, il ne reste rien sur le terrain de cette motte - si c’était bien une motte.
 
 

Nous sommes bien renseignés sur les seigneurs d’Antin, importante famille qui avait le titre de baron dès le XIème siècle:

En 1066 est mentionné un Raymond Arnaud baron d’Antin (9). en 1080 on trouve un Petrus de Antino (10). en 1096 le baron est Comtebo de Antino (11). En 1146 le seigneur est Comtebon de Antino (12). En 1169 le seigneur est Condebo de Antino (13). En 1209 le seigneur s’appelle de nouveau Comtebon de Antino (14). En 1230 et 1235 le seigneur est Raymond Sac (15). En 1381 le seigneur se nomme Pierre d’Antin et avant 1291 Comtebon (11). En 1300 on trouve un Augerius de Antino domicellus et un Petrus de Antino, miles (16). En 1313 un coseigneur d’Antin se nomme Augerius de Antino, domicellus (17). Après 1340, le seigneur d’Antin est Comtebon V, baron d’Antin, seigneur de Castera. En 1353 le seigneur est Comtebon d’Antin, et en 1400 de nouveau un Comtebon d’Antin (11). En 1422 Condesse de Lavedan est dame d’Antin (18). En 1493 Arnaud d’Antin épouse Catherine de Fors (19). En 1524 Jean, baron d’Antin et de Bonnefont, est témoin d’un acte de mariage (20). En 1531 meurt Jean, baron d’Antin, Bonnefont, des Affites, sénéchal de Bigorre (21). En 1535 on trouve un Arnaud, baron d’Antin, sénéchal de Bigorre (22). En 1584 on trouve de nouveau un Arnaud d’ Antin, sénéchal de Bigorre (23). Vers 1610 Jeanne, héritière d’Antin, épouse Hector de Pardaillan, baron de Gondrin de Montespan (24). En 1783 le seigneur d’Antin est le duc de Civrac (25).
 
 

Le territoire communal
 
 

Plusieurs trouvailles protohistoriques ont été faites à Antin, et notamment une hache polie à méplats, en silex crème et mesurant 114x59x25 mm (26), et un fragment de grande hache polie trouvée dans un mur en 1957 (27). On y a également trouvé un fragment de trésor du IIIème siècle: 17 antoniniens de Rome, de Gordien III à Claude II (28).
 
 

La toponymie se rapporte à l’état des sols et des cultures: cantau ( limite de champs ), artigau, la clotte ( fossé, vivier ), bernadetat, lanot ( petite lande ), saraillé ( enclos, cachette ). D’autres toponymes se rapportent à l’eau: les gouttes, caparriou ( la tête du ruisseau ), picharrot ( source jaillissante ). Cautérès désigne un chaudronnier, alors que larroudé se rapporte au travail du charron.
 
 
 
 
 
 
 
 

Essai de synthèse
 
 

Le village d’Antin révèle une occupation ancienne, dès la protohistoire et l’époque romaine ( d’ailleurs antin viendrait de l’anthroponyme gallo-latin antinius ).

L’occupation médiévale est complexe et d’origine ancienne: les seigneurs d’Antin sont barons dès le XIème siècle, ce qui suppose une ascension rapide ou une origine ancienne ( dans l’aristocratie carolingienne du Xème siècle ? ). Le nombre important de mottes est également problématique: le castera semble être le site majeur, et a peut-être abrité le village médiéval dans sa basse-cour, comme pourrait l’indiquer la mention castrum en 1285 et le fait que la « chapelle du château » servait d’église paroissiale. Les deux ( ou trois ? ) autres mottes sont plus problématiques. On peut remarquer que ces sites semblent contrôler les voies d’accès au territoire d’Antin: s’agit-il de mottes « secondaires » ? Ou bien avons nous eu plusieurs petits seigneurs sur ce territoire avant que les seigneurs d ’Antin ne s’imposent ? On peut également imaginer que ce nombre de mottes est explicable par une division de la seigneurie entre frères puînés ( avec érection de plusieurs châteaux, comme cela se faisait parfois: voir par exemple les châteaux - de pierre - à Merle ou à Lastours dans l’Aude ).

Le site principal a peut-être été délaissé au XIVème siècle au profit du château de Bonnefont ( ou d’une de ses mottes ), les seigneurs d’Antin ayant acquis ce village dans cette période, et créant un nouveau château au goût du jour.
 
 

Notes:

(1) G. Balencie, la montre de 1285, p.118

(2) Enquête de 1300, op. cit., et Larcher, Glanages, T.VIII p.160; DRN de 1313, ADHP 1MI2; Censier de 1429, ADPA E377. Davezac-Macaya, op. cit., p.283

(3) Maumus, Brun, Histoire du canton de Trie, p.121

(4) Perin, Font-Reaulx, op. cit., pouill‚ de 1342: Item archipresbiter de Lubi habeat sub se capellanos et acclesias [...] de Antino. Idem, compte de procuration de 1379: Ecclesiae de Antino et Maserolis pro integra procuratione. Bone. De quibus tenetur solvere capellanus 30 s., fabrica de Antino 30 s.

(5) Enquête de 1783, ADHP MI80, pp.113-123

(6) Maumus, Brun, op. cit., p.XXXIII

(7) BSAHP 1860, p.455

(8) Crabot, Longué, Passeport pour la Bigorre, article Antin. Cette dénomination nous parait pour le moins hasardeuse.

(9) Davezac-Macaya, op. cit., p.281

(10) in Coutumes de Bigorre, Larcher, Glanages, T.I

(11) Davezac-Macaya, idem, p.281, d’après la dédicace de l’abbaye de Saint Pé. Comtebon semble avoir été un prénom de prédilection dans cette famille jusqu’au XIVème siècle, ce qui pose des problèmes d’identification...

(12) Guillaume Mauran, Sommaire description..., op. cit., p.281

(13) J. Cazauran, Le cartulaire de Berdoues, No 707 p.477

(14) idem, acte 560 p.230

(15) ibidem, acte 339 p.230, et acte 338 p.229

(16) Enquête de 1300, op. cit.

(17) DRN de 1313, ADHP 1MI2. Il s’agit sans doute de celui qui est mentionné en 1300

(18) Mauran, idem, p.25

(19) Larcher, ibid., T.VI p.390

(20) Larcher, ibidem, T.VI p.366

(21) Davezac-Macaya, ibid., p.282 

(22) Mauran, ibid., p.120

(23) ibid., p.47

(24) Davezac-macaya, ibid.

(25) ADHP MI 80 p.113

(26) J. Vaquer, Bulletin de la Société Méridionale de Spéléologie et de Préhistoire, T.20 p.132Omnès , La préhistoire dans les H.P., op. cit. Coll. Corbères.

    Gallia, 1966, 24, p.442
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Dernière modification : 18/11/01,08:24:17