Rabastens église Saint- Louis



Bibliographie * Documents (textes) * Documents (graphiques)
Monographie sommaire de l'église paroissiale de Rabastens-de-Bigorre, publiée en 1997
 

L'EGLISE SAINT LOUIS DE RABASTENS-DE-BIGORRE

(Hautes-Pyrénées)
 
 
 
 

Par Stéphane ABADIE
 
 

(C) 1997


 
 

INTRODUCTION


L'église Saint Louis de Rabastens est le seul édifice en partie médiéval encore directement visible aujourd'hui dans la bastide de Rabastens-de-Bigorre, au nord du département des Hautes-Pyrénées, à la frontière de l'ancien comté de Bigorre et du Pardiac.
 

 

Elle a été construite sur un moulon un peu à l'écart de la place centrale (angle du moulon nord-est), près d'une place secondaire, le foirail. Sa construction peut être datée après 1306 (fondation de la bastide) et avant 1327 (première mention certaine: les délégués des villes de Bigorre s'y réunissent).

Malgré son aspect peu séduisant dû aux nombreuses destructions et réfections, cet édifice mérite une visite attentive, car elle résume en quelques mètres l'histoire de toute la ville.
 

 

I- DESCRIPTION DE L'EDIFICE


Plan général
 

 

Cette église de plan barlong mesure 42x19.80m. Elle est cantonnée de contreforts intérieurs et extérieurs régulièrement disposés de 140cm de largeur. Un clocher octogonal de briques a été construit postérieurement à l'angle sud-ouest du bâtiment.

L'intérieur de l'église se compose de trois nefs délimitées par des files de piliers polygonaux, avec un découpage en sept travées matérialisées par les contreforts. Le plan montre nettement ce découpage régulier de l'espace, marqué par le voûtement d'arête.
 

 

Matériau
 

 

L'ensemble de l'édifice était initialement construit en pierre de taille calcaire locale (petit appareil régulier), qui subsiste principalement au niveau du chevet, mais qui a été remplacé ailleurs par de la brique ou du ciment lors de réfections postérieures. Le décor extérieur est sommaire: un simple listel court à mi-hauteur du bâtiment, épousant la forme des ouvertures. Ce listel est très endommagé, sauf au chevet. Les contreforts sont agrémentés, outre le listel, par un léger ressaut à environ un mètre du sol.
 

 

Eclairage
 

 
L'éclairage s'effectue dans les bas-côtés par des fenêtres à lancette disposées entre les contreforts, sauf à la quatrième travée qui est éclairée par un oculus quadrilobé marquant un transept fictif. Le motif des fenêtres était à double lancette en arc brisé, surmontée d'un oculus quadrilobé. Les réfections ont malheureusement fait disparaître la majeure partie des moulures médiévales.

Le chevet est éclairé par deux hautes fenêtres à lancettes, très endommagées, complétées par une rosace percée à la fin du siècle dernier.
 

 

Portail
 

 

L'entrée dans l'église se fait par un large portail de style gothique en calcaire. Il s'agit d'un portail à archivoltes, dont les "colonnettes" sont à peine marquées par des chapiteaux feuillagés. Le portail principal est doublé par une porte plus réduite de même style, peut-être rapportée.

Deux forts piliers subsistent de part et d'autre de ce portail, avec des départs d'arcs, vestiges d'une entrée couverte, ou plus probablement d'un clocher disparu.
 

 

Nef
 

 

L'intérieur de l'église est très structuré, en trois nefs et sept travées. Au sol le découpage est marqué par des dalles de schiste, qui sont des remplois de dalles funéraires modernes (on lit plusieurs noms et des croix gravées). 

La première et la dernière travée sont les plus remarquables. La première chapelle nord, initialement simple espace entre les contreforts, a été agrandie et voûtée d'ogive. Les culs-de-lampe, en forme de pyramide renversée et de visage humain témoignent de l'époque de réalisation, probablement le XVIIe siècle.
 

 

Clocher
 

 

Le clocher date certainement de la même période; il empiète sur la première travée sud. Cette tour octogonale en briques et moellons calcaires (aux angles et au rez-de-chaussée) de remploi a manifestement été réalisée en deux temps: la base de la tour remploie probablement des briques de la muraille de la ville et des moellons de l'église, jusqu'au niveau du toit de la nef. Une toiture en dôme à l'impériale couvrait cet ensemble, qui dépassait à peine ce niveau comme le montre un plan de façade réalisé en 1875. C'est donc à la suite que le clocher a été surhaussé d'un étage campanaire à flèche pyramidale en briques et moellons calcaires aux angles, avec des abat-sons de grande taille en lauzes.
 

 

Sacristie
 

 

La dernière travée, celle du chevet plat, a été réduite au XIXe siècle par la réalisation de deux sacristies dans les collatéraux, occultant les fenêtres du chevet. De l'extérieur, à travers ces fenêtres, on distingue encore les départs d'arcs de cette travée amputée. Pour éclairer le chevet on a percé une rosace entre les deux fenêtres occultées.
 

 

II- COMMENTAIRE


La titulature
 

 

Le plan de l'église Saint louis de Rabastens est probablement le premier exemplaire bigourdan de ce type d'église gothique développé dans le midi toulousain au cours du XIIIe siècle (type dit "languedocien").

De plan simple (un "rectangle") mais à la construction soignée et au volume imposant, cette église symbolise à elle seule toute la bastide: oeuvre royale de prestige et modèle importé, cette église sert comme le village à asseoir le pouvoir royal: le sénéchal y réunit les consuls des villes de Bigorre dès 1327 -plutôt qu'à Tarbes.

La titulature elle-même est un symbole: le roi de France Louis IX n'a été canonisé qu'en 1297, soit neuf ans à peine avant la fondation de la bastide... Le patron de la paroisse est donc très "politique".
 

 

Saint Louis modèle ?
 

 

Le modèle semble en tout cas avoir eu un certain succès: l'église voisine de Vic-Bigorre est d'un modèle proche de celui de Rabastens, réalisée par des ouviers locaux, si on en juge par le plan irrégulier, l'emploi du galet en maçonnerie et la qualité un peu inférieure du décor sculpté sur le portail sud de l'église Saint Martin.
 

 

Plan primitif
 

 

On ne sait pas par contre quel était le voûtement primitif: la portée semble trop importante pour une nef unique, et les contreforts ne justifient pas une simple charpente en bois. Peut-être existait-il trois nefs comme aujourd'hui, mais aucune trace n'en subsiste.
 

 

Un clocher-porche complétait à l'ouest cet édifice; il n'en subsiste que le départ de deux piédroits aux angles du portail, et quelques chapiteaux et moulures remployées dans les contreforts nord de la nef.

L'élévation de ce porche n'est pas connue, mais il est possible que cette structure supportait les cloches. Des exemples équivalents, un peu plus tardifs, sont visibles dans les bastide de Geaune, de Beaumarchès en Pardiac, et de Lembeye dans le Béarn.
 

 

Destructions du XVIe siècle
 

 

L'histoire de cette église bascule certainement en 1569: elle fut brûlée lors de l'attaque de Blaise de Montluc contre les troupes protestantes occupant la ville.

En 1570, il est probable que a nef est détruite presque entièrement jusqu'au chevet, ainsi que le clocher qui est rasé ou qui s'effondre.
 

 

Reconstructions
 

 

Dans la première moitié du XVIIe siècle, malgré les difficultés économiques, l'église est rebâtie progressivement avec des briques de remploi, récupérées soit du château démoli en 1592, soit de la muraille qui courait cent mètres plus au nord.

Les murs de la nef, en pierre calcaire, sont complétés avec des briques, ainsi que les contreforts qui remploient des fragments du clocher disparu.
 

 

La première travée ouest est complètement remaniée: au nord le mur gouttereau est démoli pour agrandir la chapelle, qui est voûtée d'ogives sur culs-de-lampe sculptés . Il s'agit probablement d'une chapelle construite par les confrères de Saint Nicolas.
 

 

Au sud un nouveau clocher octogonal de 6,80m de diamètre prend place dans l'angle de la travée. Réalisé entièrement en briques de remploi très fragmentées et quelques moellons, la forme polygonale signe l'époque: on trouve cette forme aux étages dès la fin du XVIe siècle dans quelques châteaux (Caumont, dans le Gers) et églises (abbatiale de l'Escaladieu).

Un document consulaire conservé à Tarbes signale un don de Louis XIV pour aider à la reconstruction de l'église (ADHP I392):" il a plu a la piété de notre monarque Louis XIV de grande mémoire de donner un fonds pour rebatir une paroisse dont il est le saint patron et qui porte son nom, c'est cette charité seule qui pouroit nous donner une église descente (sic) sans quoy on étoit hors d'état d'y parvenir..."

La toiture à l'impériale, en "éteignoir", correspond certainement à la couverture du XVIIe siècle. Elle subsista jusqu'en 1875, date de son relevé par un architecte, avant démolition.
 

 

XVIIIe siècle
 

 

On sait peu de choses sur le XVIIIe siècle, hors le mobilier et les desservants. Peu de travaux de gros oeuvre furent réalisés, sauf sans doute la couverture en tuiles de la nef qui subit au moins une réfection, comme le montre la double et curieuse génoise qui subsiste.

Une intéressante visite de 1770 ordonnée par l'évêque de Tarbes ( ADHP série G28) nous montre qu'à cette date la nef était carrelée en tommettes de terre cuite, que la toiture était en mauvais état (il faut pour la réparer "une charete de tuiles"). Les visiteurs remarquent également le mauvais état des contreforts: "nous avons trouvé les huit butées qui soutiennent les murs et charpante fort décharnés; les pierres s'en déchapent et dépérissent de jour a l'autre, et par conséquent avons reconnu pour nécessaire de les réparer incessament pour obvier a la ruine de l'église. Lesdites réparations seront faites en pierre rasse du pays aux endroits ou les pierres manquent et par liaison et reprise dans l'intérieur des butées qui seront couronnées en pierre comme les autres avec du bon mortier et moillon, le tout suivant les règles de l'art. Estimons ladite réparation a la somme de 320 livres." Les murs intérieurs également devaient être reblanchis à la chaux.

On ne sait si ces travaux purent être réalisés avant la tourmente révolutionnaire.
 

 

Après 1789 l'église est momentanément abandonnée et transformée en magasin à fourrage. Cet état dure fort peu de temps: en 1794 déjà, le maire s'émeut devant le conseil municipal des dégradations, et déclare que "cet état de choses devait cesser, qu'il fallait réparer vitrages et porte d'entrée, autels et sacristie". Le beau portail à double battant en bois, sous l'archivolte du XIVe siècle, date de cette époque.
 

 

XIXe siècle
 

 

Au XIXe siècle les réparations sont quasi-inexistantes jusqu'à la troisième République: en 1875, le conseil municipal, inquiet de l'état de délabrement avancé de l'édifice, fait appel à l'entrepreneur Latour pour la réfection (auteur des "restaurations" à l'église de Vic, notamment). L'Etat met la main à la poche, grâce à l'appui du Marquis de Franclieu, alors député des Hautes-Pyrénées.

Le voûtement de la nef est entièrement refait, ainsi que les vitraux et la flèche du clocher, qui prend son aspect actuel. Trois cloches, qui sont celles que l'on peut encore voir fonctionner, viennent compléter l'ensemble.
 

 

XXe siècle
 

 

Au XXe siècle enfin les travaux sont limités: en 1922 le toit, les contreforts et des éléments de maçonnerie sont réparés sous le contrôle de l'architecte Guiter. En 1943, l'intérieur de la nef fut réhabilité. En 1957 la foudre détruisit l'horloge, ce qui entraîna la réalisation d'un solide paratonnerre.
 

 

Ces dernières années, la nef a été entièrement reblanchie, et les sommets des contreforts ont été couverts. Travaux estimables, qui devront rapidement être complétés par une réfection des boiseries du clocher et des vitraux.
 
 

Depuis deux cent ans, on a ainsi l'impression que les travaux sont effectués toujours dans l'urgence: l'église, surdimensionnée par-rapport à la population réelle, n'a pu qu'être une charge financière très lourde pour le budget communal, charge dont les municipalités successives se seraient volontiers dispensées...

 
 

III- LE MOBILIER


Le mobilier liturgique au XVIIIe siècle
 

 

On ne possède de mention de mobilier que pour le XVIIIe siècle. Un ensemble de mobilier intérieur fut réalisé à cette époque, et décrit en 1770 par le curé de Salles venu en visite (ADHP G24): "Le maître autel qui est de bois a façon de tombeau avec des ornements aussi de bois en forme de couronnement dudit et du tabernacle, sous lequel ce tabernacle il y a encore une caisse pour y mettre la custode. Le tout neuf et très propre avec deux adorateurs au côté sud. Les gradins aussi neufs. Le tout sans paintures ny dorure, qui vaut selon la déclaration dudit maître Bruson environ 500 livres, qu'il nous a déclaré avoir fait faire a ses dépens." Cet autel est complété "d'un petit pupitre propre pour le missel", de croix et de six chandeliers.
 

 

La chapelle collatérale dédiée à Notre-Dame est décrite également:"son autel est garni d'un devant d'un cuir doré, avec un quadre peint en marbre. D'une bonne pierre sacrée, de trois nappes toutes usées [...] d'une croix avec un christ [...] de quatre chandeliers de bois doré et d'un tableau représentant Notre-Dame des Agonisants avec un quadre propre peint et doré."
 

 

Tout ce mobilier a disparu, à l'exception d'un lutrin en forme d'aigle sur une colonne, fabriqué sans doute par un artiste local. On suppose sans preuve absolue que l'autel et le baldaquin décrits se trouvent actuellement dans l'église voisine de Sarriac-Bigorre, où le mobilier correspond effectivement à cette description.

Le reste du mobilier actuel, autel compris, est datable du XIXe siècle, et d'une facture très banale (productions de série).
 

 

Vêtements et objets divers
 

 

La même visite décrit également les vêtements et matériel liturgiques dont dispose le père Bruson en 1770: 

- Quelques livres:deux missels, un rituel, un graduel et un vesperal.

- Des tissus: deux pales de calice, trois corporaux, des purificatoires, six amicts, quatre aubes, six nappes d'autels usées.

- Des objets:une lanterne, un bénitier d'étain avec son goupillon, un encensoir, trois croix de procession dont une à la confrérie, des chrêmières dont un vase d'étain.

Bien entendu tout dans cette description a disparu.
 

 

Les vitraux et décor peint
 

 

On ne sait rien des vitraux qui ornèrent l'édifice au XIVe siècle. Ils disparurent sans doute lors de l'incendie de 1569. En 1770 les vitraux alors existant au chevet sont incolores, comme les fragments actuels:"ensuite ayant vérifié les trois vitraux qui éclairent le sanctuaire et la sacristie au dos du sanctuaire seront changés 28 carraux qui se trouvent cassés, et décrassés. Le restant des vitres tant du sanctuaire que de la sacristie de même, que remplasser toutes les attaches en plomb, ensuite les remaitre en leur plasse avec les barrettes, estimé a la somme de 22 livres."

Tous ceux-ci furent changés vers 1875 lors de la reconstruction de l'intérieur de l'édifice: fabriqués industriellement à Toulouse, ce sont des vitraux de série que l'on retrouve un peu partout dans la région. Les thèmes employés semblent cependant se rapporter en partie aux patrons originels des chapelles latérales.


Le décor peint encore visible est entièrement du XIXe siècle, et a été réalisé au pochoir, selon une technique classique à l'époque. La peinture médiévale n'a subsisté nulle part, et avait déjà disparu au XVIIIe siècle, puisqu'alors les murs étaient blanchis à la chaux, comme dans les habitations privées.
 

 

IV- AUTOUR DE L'EGLISE


Le cimetière
 

 

Le cimetière de la bastide se trouvait initialement autour de l'église. Il n'est pas exclu qu'une partie de la place du foirail ait servi à cet usage, tout autant que de place de marché et de pacage. Deux plans du XVIIIe siècle montrent d'ailleurs cette zone libre de toute habitation.

Par contre une partie de ce cimetière subsiste au sud et à l'ouest de l'église, dans un espace surélevé d'environ un mètre par-rapport aux rues environnantes. Nous avons retrouvé sur le dernier contrefort sud-est une croix gravée, à côté d'un curieux motif de rosace, indice d'une inhumation près du mur.
 

 

Rappelons que les places les plus recherchées étaient celles qui se rapprochaient des reliques du saint local, ad sanctos, c'est à dire ici des reliques de Saint Louis conservées sous le maître-autel. Les inhumations se faisaient donc de préférence dans la nef ou les chapelles (dans l'église), ou près des murs (hors l'église), au niveau de la gouttière, l'eau de pluie sanctifiée par son passage sur le toit de l'église coulant sur la tombe.
 

 

C'est ainsi également que l'on retrouve des dalles de schiste gravées sur le sol de l'église, remployées en pavement vers 1875, qui sont les épitaphes des élites locales enterrées là au XVIIIe et XIXe siècle: ces tombes sont au plus près des reliques, mais également les fidèles marchent dessus, en signe d'extrême humilité du défunt.
 

 

Ce cimetière fut relégué à la fin du XIXe siècle hors la bastide pour des raisons d'hygiène, derrière la voie ferrée, à son emplacement actuel.
 

 

Dans la bastide
 

 

L'église Saint Louis, qui était le bâtiment principal de la bastide, avait une fonction "laïque": en 1327, elle abrita les délégués des villes de Bigorre convoqués par le sénéchal de Bigorre Raoul Chalot. Il est probable que le conseil de la ville s'y réunit avant la construction de la maison de ville, sur la vieille halle disparue.
 

 

L'église n'était pas le seul édifice religieux de la bastide.
 

 

Un couvent de frères Carmes, installés là avant 1402, occupait le moulon nord-ouest de la place centrale. Ils avaient une église en briques dédiée à Notre-Dame, un cloître, une salle capitulaire, et un cimetière. Ce couvent, en partie détruit en 1569, survécut jusqu'à la Révolution. Il n'en reste que la salle capitulaire, des chapiteaux et un contrefort de l'église.

Les frères Carmes desservaient plusieurs chapelles dans l'église paroissiale, en plus de celles de l'église Notre-Dame.

Il existait également au XVe siècle un hôpital Saint Antoine (d'Hospitaliers ?), qui possédait des terres près de Lacassagne,et dont le commandeur, Arnaud de Serris, signalé entre 1494 et 1506, était également sacristain de Vic et prieur claustral de Saint-Lézer.

En 1783 encore 12 pistoles du bénéfice de la paroisse sont versés "a Saint Antoine", sans plus de précisions.
 

 

Dans le territoire communal
 

 

Le territoire communal était certainement couvert de croix, de montjoies et de petites chapelles.

Une croix en fer fut ainsi installée sur la place en 1816, qui existe encore, en remplacement de celle qui était là auparavant, signalée en 1749 et détruite pendant la Révolution. D'autres croix devaient exister aux limites du territoire de la commune, dont fort peu subsistent.

Plusieurs sanctuaires indépendants étaient utilisables. On ne sait rien de l'édifice dédié à Saint-Michel, qui a donné son nom a une rue et à un quartier au sud de la bastide (sanctuaire de porte?). Une autre chapelle est signalée en 1719. Le premier consul Cazères ordonne "les voitures et manoeuvres nécessaires pour accomoder le chemin de la chapelle tirant à Faget et ailleurs ou besoin sera". Cette chapelle était peut-être l'ancienne église du village disparu de Teulé (?).
 

 

Escondeaux
 

 

Le territoire d' Escondeaux (Eths condaus, les terres comtales) fut rattaché à une date inconnue à Rabastens. Une petite communauté y vivait, qui fut érigée au XIXe siècle en commune. Le petit édifice de culte était desservi par le prêtre de Rabastens ou son assistant.

En 1783 le curé de Rabastens signale que "il y a un hameau appellé les Condaux éloigné de trois quart de lieue de Rabastens. Le chemin est très beau (construit par ordre de l'intendant d'Etigny en 1750), ce n'est que dans ledit hameau qu'ils sont mauvais. Il y a un canal a passer sur un pont de pierre, et du grand chemin jusqu'a l'église deux petits ponts de branches avec de la terre par dessus. [...] Il y a fonts baptismaux et un cimetière près l'église succursale".
 

 

V- LES HOMMES


Le patron de la paroisse
 

 

Le patron, celui qui nommait le prêtre desservant, était le roi, c'est à dire le fondateur de la bastide (Larcher, Glanages XIII 329, en 1750). Il le resta de 1306 à la Révolution au moins, même quand la bastide changea de seigneur pour des raisons financières.
 

 
 
 

Les curés avant la révolution
 

 

La liste des recteurs ou curés de l'église est très lacunaire: nous n'avons retrouvé que quelques noms épars, dont une partie relevée par Louis Roques. Certains (Amanieu de Foix...) étaient non résidents, c'est à dire qu'ils recevaient seulement une partie de bénéfices paroissiaux, sans participer au service du culte.
 

 

Noble Amanin est curé pronotaire en 1530

M. Baudéan est curé en 1635

Noble Amanieu de Foix est pro-curé en 1695

En 1719 le curé de la paroisse, Lartigue, prête 100 livres à la commune.

En l'an VIII, Pierre Davezac, ministre du culte catholique, signe fidélité à la constitution.

En l'an XII, le citoyen Gratianne nouveau curé, est intronisé par Mainginon, curé d'Ossun (Arch. Comm.). En 1817 il est encore prêtre et a maille à partir avec le desservant de l'annexe d'Escondeaux pour le blanchiement des murs de l'église.

En 1783 enfin le prêtre est Gabriel Bruson, à Rabastens depuis 32 ans. Toute sa carrière est connue: nommé prêtre en 1739, il est desservant à la cathédrale de Tarbes trois ans, puis à Saligos deux ans, à Baloc (près de Vic) sept ans, puis à Rabastens. Il réalise l'inventaire des biens de l'église en 1770. La cure vaut alors 2500 livres. Le curé Bruson fait office d'instituteur, dans la maison de ville en hiver, sous la halle en été, pour 35 élèves; Il reçoit 80 livres pour cette fonction.
 

 

Les frères Carmes
 

 

Nous avons dit que les frères carmes desservaient quatre chapelles de l'église Saint Louis (sauf celle des confrères). Ils abandonnèrent ce service avec leur expulsion à la Révolution.
 

 

La confrérie Saint Nicolas
 

 

Une confrérie fut fondée en 1553, regroupant les notables locaux, qui nous est connue par une enquête diocésaine de 1783 (ADHP 1MI80): " [Il existe une confrérie] Saint Nicolas, fondée en 1553, réformée et approuvée en l'année 1628 par Monseigneur d'Iharce, évêque de Tarbes. La fête est le second dimanche de Mai. Les prieurs sont nommés par les principaux, et la plus saine partie des confrères, et sont continués quelques fois plusieurs années. Les nouveaux prieurs reçoivent des anciens prieurs le revenu de la fabrique servie.

Les débauchés, les blasphémateurs, les ivrognes, les concubinaires et autres [...] ne sont point reçus. [...]

S'il y a quelque confrère de malade, les prieurs doivent le visiter, si on lui porte le Très Saint Sacrement les confrère doivent y assister, le porteront à l'église [...]. S'il y avoit entre confrères quelque différent les prieurs tachent de les mettre d'accort etc."

En 1783 le prieur de la confrérie est Mr Saint Puy, et le curé se plaint que les comptes ne sont pas publiés et les obligations des confrères mal remplies.
 

 

Les confrères entretenaient une chapelle au nord de l'église, dédiée à Saint Nicolas et citée en 1770, qui est probablement la première travée nord (celle qui fut refaite au XVIIe siècle).
 

 

Cette confrérie n'est pas sans rappeler la confrérie Saint Jacques fondée à Vic en 1489, selon des termes proches.
 

 

La fabrique
 

 

On ne sait presque rien de la fabrique, qui était chargée de l'entretien de l'église.

En 1342 l'église de Rabastens était incluse dans l'archiprêtré de Montfaucon. En 1379 elle rapportait 100 sous morlans au chapelain.

En 1783 la dîme est partagée entre l'évêque et le prêtre; les bénéfices sont partagés entre l'évêque (la "part des anges"), Saint Antoine, la confrérie, et "quatre autres à la nomination de l'évêque".
 

 

CONCLUSION

 
 
Nous espérons que cette modeste étude aura contribué à sortir de l'ombre un édifice, certes en piteux état, mais qui mérite sans doute mieux que l'indifférence. Edifice précurseur à son époque, d'un type très particulier en Bigorre, l'église Saint-Louis de Rabastens porte les stigmates de l'histoire de la Bigorre: destructions du XVIe siècle, reconstructions de l'époque moderne... A ce titre, nous pensons que cette monographie est la preuve que tout bâtiment religieux, même presque anéanti, peut recéler des trésors d'archéologie et d'histoire. Notre histoire.

 
 

BIBLIOGRAPHIE


ABADIE (Stéphane), La bastide de Rabastens-de-Bigorre, 36 p., étude hors-commerce

COURTEAULT (Paul, éd.), Les mémoires de Blaise de Montluc, Paris NRF, coll. La Pléiade

CURIE-SEIMBRES (Alcide), La bastide de Rabastens en Bigorre, origines historiques et traditions fabuleuses, Agen 1863, 23 p., rééd. David Lacour, Nîmes 1996.

ROQUES (Louis), Rabastens en quête de son passé, Edition du midi 1973, 203 p.

SAINT-BLANQUAT (Odon de), La fondation des bastides royales dans la sénéchaussée de Toulouse aux XIIIe et XIVe siècle, Paris 1941, éd. CRDP Toulouse 1985

VIDAILLET (Frédéric), Châteaux et habitat dans le canton de Rabastens-de-Bigorre, Maîtrise, Université de Toulouse 1989, 2 vol.
 

 

SOURCES D'ARCHIVES


Archives communales de Rabastens

Archives du Gers à Auch: plans d'etigny série I fonds Vergez

Archives des Hautes-Pyrénées à Tarbes: dossier I392, archives diocésaines série G (G24 et G28), Glanages de J.B. LARCHER (V.1750).

SOMMAIRE

INTRODUCTION

I- DESCRIPTION DE L'EDIFICE

II-COMMENTAIRE

III-LE MOBILIER

IV-AUTOUR DE L'EGLISE

V- LES HOMMES

CONCLUSION

BIBLIOGRAPHIE

SOURCES D'ARCHIVES

SOMMAIRE

 
 
 
 
Tous droits réservés par l'auteur 

Pour me contacter: stephane.abadie@ac-toulouse.fr


 
 

Dernière modification : 19/11/01,07:34:21