PRESENTATION DU SITE
No INSEE:
Carte IGN No:
Surface communale: ha
population:
Le village de Rabastens se trouve dans le nord du département des hautes-Pyrénées, région Midi-Pyrénées. Cette commune est située dans la partie est de la vallée de l'Adour, au pied d'une série de coteaux qui séparent cette vallée de la vallée de l'Arros voisine. Au moyen-âge, cette zone constituait la marge nord-est du comté de Bigorre (capitale Tarbes), bordé au nord par la vicomté de Rivière-Basse, et à l'est par le comté de Pardiac démembrés au Xe siècle des comtés de Bigorre et d'Armagnac (planche I).
Le territoire communal est constitué de terres argilo-siliceuses, très caillouteuses, propres à la culture du maïs (qui constitue actuellement une quasi-monoculture). Les coteaux sont couverts de bois et de quelques prairies.
Les zones basses sont irriguées par une série de
cours d'eau qui sont autant de drainage pour les bas-fonds qui furent sans
doute longtemps marécageux (il existe encore de ces zones humides
au pied du coteau de Mingot).
Des divers cours d'eau, l'Alaric et l'Esteous ont sans doute
une origine en partie artificielle, et servent en particulier à
alimenter les fossés et moulins de la bastide de Rabastens (planche
II ).
Le réseau de voierie est très développé: outre le réseau de chemins de service d'origine médiévale, deux voies rectilignes créées au XVIIIe siècle relient la bastide à tarbes (au sud) et Vic-bigorre et le Gers (voie est-ouest). Un chemin de fer aujourd'hui démantelé doublait cette dernière voie (planche III).
HISTORIQUE SOMMAIRE DE LA BASTIDE DE RABASTENS
La création
Cette bastide fut fondée le premier février 1306 par le sénéchal Guillaume de Rabastens, qui lui donna son nom (de Rabastens dans le Tarn) et ses armoiries (de gueule à trois raves d'argent, ici brisé d'un chevron surmonté d'une fleur de lys). La charte de coutumes fut donnée quelques années plus tard, sur le modèle de celle de Marciac. Les foires furent fixées à la Saint Louis et à la Saint Vincent (planche IV).
L'installation de la bastide ne se fit pas sans mal: les tarbais prétendirent avoir des droits sur des bois dans cette zone -ils pressentaient sans doute le danger d'une implantation royale en Bigorre. D'ailleurs Larcher rapporte dans son Dictionnaire que Pierre-Raymond de Rabastens, frère du précédent, tracassa beaucoup les tarbais car il voulait les contraindre à plaider à Rabastens. Des tenanciers des seigneuries d'Arnaud de Lavedan virent leur service d'ost affecté à la défense de la bastide: ad deffendendum villam Rabastenchis et universitatem hominum dicti loci.
Le plan
Le plan de la bastide fut conçu autour d'une vaste place de 260x150m. Des rues orthonormées furent tracées, délimitant des moulons d'habitations, et dans le territoire communal les chemins d'exploitations des terres régulièrement cadastrées.
Le plan urbain fut réduit a une date indéterminée
au cours du siècle à un ovale formé par un fossé,
un canal, et une muraille de briques percées de portes. L'ouest
du site fut doté d'un château débordant de cet ovale
et doté de ses propres fossés. En 1429, dans le censier,
les habitants doivent per la pesque deu barat cinc sols morlans.
On peut retrouver l'origine directe de ce plan dans celui de
la bastide de Marciac, distante de quelques kilomètres, dont le
plan est quasi-identique (planche V).
Les bâtiments
La plupart des bâtiments devaient être en bois, sauf le château, en briques, calcaire et galets, l'église en pierre de taille, et le couvent en brique. Les maisons privées par contre devaient être en matériau plus léger, sauf exception: Pierre de Cros acheta pour le roi une maison de pierre et son emplacement ( domum lapideam et plasseam in qua est fundata ) pour150 livres en 1331.
Une halle exista sans doute très tôt sur la place:
les plans de 1749 la montrent dans son dernier état, halle à
piliers de bois accostée de la maison commune. Des mesures devaient
être placées sous cette halle ( en 1782 par exemple un texte
parle d'un bail de cinq mesures et un coupeau de bled fromet beau et marchand
mesure de cette ville, ADHP I392 ). La maison de ville est signalée
a de nombreuses reprises à l'époque moderne: au XVIIIe siècle
les consuls se réunissent a la maison de ville de Rabastens en Bigorre
...assemblés en conseil général -(idem). Ces bâtiments,
trop vétustes, furent détruits au cours du siècle
dernier. La place était entourée de garlandes, toutes disparues
aujourd'hui, mais on en distingue encore sur le cadastre de 1811 ( planche
IX).
Le censier de 1429 signale également l'existence de 6
moulins, dont au moins deux batan (moulins à foulon), à lier
au droit qu'avaient les habitants de faire paître leurs moutons aux
frontières voisines du Pardiac.
Destructions, reconstructions
La bastide fut incendiée en 1569 lors de l'attaque des troupes de Blaise de Montluc. Les maisons, pour la plupart en bois, brûlèrent, ainsi que le couvent et l'église en partie.
Les deux plans de 1749 réalisés pour la construction des routes royales vers Tarbes et Vic (planches VII et XVIII) permettent de vérifier sur le terrain les premières reconstructions du XVIIe et XVIIIe siècle. On s'aperçoit facilement sur le terrain que les maison bordant la place centrale, qui furent sans doute les premières réaménagées, ont leurs murs formées de briques en remploi et de quelques blocs de calcaire taillé (rares), qui sont très probablement les briques provenant de la démolition du château et des murailles, comme le prouvent le module identique et la cuisson. La même remarque vaut pour le clocher de l'église bâti avec les même matériaux.
Par ailleurs il est frappant de constater que les murs des habitations datées du XIXe et début XXe siècle sont dans cette ville formés de briques de terre crue ou de galets, avec quelques raers remplois de ces briques.
Note: pour plus de détails voir les ouvrages d'Odon de SAINT-BLANQUAT
et Alcide CURIE-SEIMBRES.
Chapitre III
L'EGLISE SAINT LOUIS
L'église Saint Louis de Rabastens est le seul édifice en partie médiéval encore directement visible aujourd'hui. Elle a été construite sur un moulon un peu à l'écart de la place centrale (moulon au nord-est), près d'une place secondaire. Sa construction peut être datée après 1306 (fondation de la bastide) et avant 1327 (première mention: les délégués des villes de bigorre s'y réunissent). Malgré son aspect peu séduisant dû aux nombreuses réfections, cet édifice mérite une étude attentive.
Description de l'édifice
Cette église de plan barlong mesure 42x19.80m. Elle est cantonnée de contreforts intérieurs et extérieurs régulièrement disposés de 140cm de largeur. Un clocher octogonal de briques a été construit tardivement à l'angle sud-ouest du bâtiment (planche XI).
L'intérieur de l'église se compose de trois nefs délimitées par des files de piliers polygonaux, avec un découpage en sept travées marquées par les contreforts. Le plan montre nettement ce découpage régulier de l'espace, marqué par le voûtement.
L'ensemble de l'édifice était initialement construit
en pierre de taille calcaire, appareil qui subsiste principalement sur
le chevet, mais qui a été remplacé par de la brique
ou du ciment lors de réfections postérieures. Le décor
extérieur est sommaire: un simple listel court à mi-hauteur
du bâtiment, épousant la forme des ouvertures. Ce listel est
très endommagé.
L'éclairage s'effectue dans les bas-côtés par des
fenêtres à lancette disposées entre les contreforts,
sauf à la quatrième travée qui est éclairée
par un oculus quadrilobé marquant un transept fictif (planche XIII).
Le chevet est éclairé par deux hautes fenêtres
à lancettes, très endommagées, complétées
par une rosace percée à la fin du siècle dernier.
L'entrée dans l'église se fait par un large portail
de style gothique en calcaire. il s'agit d'un portail classique à
archivoltes, dont les colonnettes sont à peine marquées par
des chapiteaux feuillagés. Le portail principal est réduit
par une porte plus réduite de même style, peut-être
rapportée (voit relevé planche XIV).
Deux forts piliers subsistent de part et d'autre de ce portail,
avec des départs d'arcs, vestiges d'une entrée couverte,
ou plus probablement d'un clocher disparu (voir relevés et restitution
planche XV et planche XVI).
L'intérieur de l'église est très structuré,
en nefs et travées. Au sol le découpage est marqué
par des dalles de schiste, qui sont des remplois de dalles funéraires
modernes (on lit plusieurs noms et des croix gravées).
La première et la dernière travée sont les
plus remarquables. La première chapelle nord a été
agrandie et voûtée d'ogive. Les culs-de-lampe, en forme de
pyramide renversée et de visage humain témoignent de l'époque
de réalisation, probablement le XVIIe siècle (planche XVI).
Le clocher date certainement de la même période;
il empiète sur la première travée sud. Cette tour
octogonale en calcaire et briques de remploi a manifestement été
réalisée en deux temps: la base de la tour a été
réalisée vers le début du XVIIe siècle (car
remploi probable de briques de la muraille), avec une toiture en dôme
à l'impériale qui dépassait à peine la niveau
de la toiture de l'église comme le montre un plan de façade
réalisé en 1875 (voir croquis planche XVII). C'est à
la fin du siècle dernier que le clocher a été surhaussé
d'un étage campanaire avec abat-sons et d'une flèche bâtie
en pierres et brques.
La dernière travée, celle du chevet, a été réduite au XIXe siècle au moins par la réalisation de deux sacristies dans les collatéraux, occultant les fenêtres hautes de chevet.
Analyse
Le plan de l'églse Saint louis de Rabastens est probablement
le premier exemplaire bigourdan de ce type d'église gothique développé
dans le midi toulousain au cours du XIIIe siècle. De plan simple
mais à la construction soignée et au volume imposant, cette
église symbolise à elle seule toute la bastide: oeuvre royale
de prestige et modèle importé, cette église sert comme
le village à asseoir le pouvoir royal: le sénéchal
y réunit les consuls des villes de Bigorre dès 1327 -plutôt
qu'à Tarbes.
La titulature elle-même est un symbole: le roi de France
Louis IX n'a été canonisé qu'en 1297, soit neuf ans
à peine avant la fondation de la bastide...
Le modèle semble en tout cas avoir eu un certain succès: l'église voisine de Vic-Bigorre est d'un modèle proche de celui de Rabastens, réalisée par des ouviers locaux, si on en juge par le plan irrégulier, l'emploi du galet en maçonnerie et la qualité un peu inférieure du décor sculpté.
L'histoire de cette église bascule certainement en 1569:
brûlée lors de l'attaque de Montluc, elle n'est reconstruite
que progressivement avec des briques de remploi, récupérées
soit du château démoli en 1592, soit de la muraille qui courait
100 m plus au nord. Le clocher fut construit de la même façon
(voir coupe), peut-être en remplacement d'un clocher de façade
disparu.
La suite n'est qu'une longue suite de restaurations plus ou moins
maladroites (surtout vers 1875)...
Chapitre IV
Les fortifications et le château
Les différents plans de la bastide montrent tous la forme ovale
très caractéristique du site. Cet ovale est formé:
- par un fossé, en grande partie comblé, encore visible
à l'ouest du village
- par un cours d'eau, l'Alaric, qui double le fossé au sud et
à l'est
- par une dérivation de l'Ayguevive à l'ouest du site,
qui devait alimenter le fossé en eau et qui a été
dérivé par un déversoir encore existant
Les fossés
Du fossé il ne reste que les parcelles cadastrées (planche XVIII), et sur le terrain une dépression d'environ 15 mètres de large et un mètre de profondeur. Côté nord (place du Foirail) la dénivellation est plus importante (2m) mais l'ensemble a été bétonné et ne permet pas de juger de l'état primitif du site.
La muraille
Guillaume MAURAN, en 1614 (Sommaire description du païs et comté
de bigorre), écrit de Rabastens que "la figure est ronde en forme
d'ovale et avoit anciennement un bon et fort château, et l'enceinte
des murailles etoit de briques, lesquelles sont a present abbatues en plusieurs
endroits...".
Adolphe Joanne, à la fin du siècle dernier, signale dans
l'index de son Hautes-Pyrénées l'existence de murailles en
briques.
En fait il subsiste de cette muraille seulement l'angle nord-ouest
(planche XVIII) qui est constitué d'une partie de cette muraille
conservée comme mur de clôture de jardins, sur une hauteur
ne dépassant pas 3 mètres. Le mur a une épaisseur
de 60 cm et est constitué de briques de 4,5 cms d'épaisseur
disposées régulièrement en lits, liés par un
mortier de chaux et de sable de rivière grossier. Quelques trous
de boulin de 15cms de côté subsistent à environ 160cms
de hauteur du sol actuel.
Les portes de la ville
Deux tours-portes au moins existaient, qui permettaient d'accéder
à la ville au sud et à l'ouest. La porte sud n'est connue
que par le toponyme Rue du portail-dessus, qui laisse par ailleurs supposer
l'existence d'un portail-debat au nord (?).
La porte ouest, construite au nord du château pour accéder
à la route de Vic, est connue par la description de Montluc, plusieurs
de se hommes s'y embusquant lors du siège de 1569.
Le château
Le château se trouvait côté ouest de la bastide, il est connu par les deux plans de 1749, l'un qui montre le plan (planche XIX), le second qui suggère seulement l'emplacement de la tour de l'horloge seule conservée alors (planche VI).
Deux descriptions permettent de compléter l'étude de ce bâtiment: Blaise de Montluc, dans ses Commentaires, décrit avec précision l'attaque de cette forteresse (voir annexes). En 1594, un bail a démolir est passé entre les Etats de Bigorre et deux architectes pour détruire la forteresse, occupée par des soudards:" faire ladite demolition tant des quatre tours et courtines liées à icelles, que le donjon, faulce porte rebellin et deffences qui reguardent a la porte de l'entrée dudit chateau, le tout a la fleur du chemin par lequel on passe entre la fausse braye et murailles desdites courtines et tours".
Au XVIIe siècle encore les habitants paient pour avoir le droit de pêche dans les fossés du château, conservés (I392), et au siècle suivant le site est alotti en parcelles de jardin, les fossés comblés étant transformées en rues qui existent encore (voir Louis ROQUES pour l'histoire de cet alottisement).
Sur le site il ne reste que les rues marquant les fossés, et une légère élévation marquant à l'angle sud-ouest l'emplacement de la tour de l'horloge conservée après la démolition (toponyme rue de la tour de l'horloge), ainsi que de gros moellons calcaires conservés dans une maison voisine.
En fait, le problème se pose surtout pour ce château
dans son origine: était-il conçu dès l'origine ou
bien fut-il intégré après la fondation de la bastide
? Aucun document ne vient nous éclairer, mais il faut remarquer
que le plan régulier avec tours d'angle et donjon (central ?) n'est
pas sans rappeler des édifices équivalents du type Louvres
de Charles V...
Chapitre V
LE COUVENT NOTRE DAME DES CARMES
Les vestiges du couvent se situent dans des habitations privées, au nord-ouest de la bastide, dans l'actuelle rue de la Gare.
Curieusement, aucun érudit ne s'est jamais penché sur ce couvent, chacun ayant sans doute fait confiance aux dires de l'enquête de 1575 ( dans les Glanages de LARCHER aux archives de Tarbes) qui précisent que le couvent fut brûlé et détruit dans l'incendie de la ville de 1569. Jule BASCLE DE LAGREZE, dans sa remarquable Histoire religieuse de la Bigorre, éditée à la fin du siècle dernier, précise lui-même que de ce couvent il ne reste rien, si ce n'est quelques archives éparses dont la plus ancienne remonte à 1491.
En réalité, le fonds d'archives consulté par BASCLE DE LAGREZE et aujourd'hui regroupé dans la série H des archives départementales contient plus de 60 actes de vente et de donation allant de 1491 à 1786. De plus, nous avons trouvé dans un fonds d'archive inédit une description complète de ce couvent au XVIIIe siècle avec l'ensemble de ses revenus. C'est donc un ensemble complet, actuellement en cours d'édition par nos soins, qui subsiste en réalité.
De plus, des vestiges archéologiques conséquents subsistent de cet ensemble. C'est lors de recherches sur la reconstruction de la ville au XVIIe siècle que nous avons découvert une pièce gothique dans une grange de la Rue de la Gare, complété par un ensemble très dégradé de logis du XVIIIe siècle. Notre étude portera sur l'ensemble des éléments que nous avons pu actuellement repérer.
La "salle capitulaire"
Cette pièce est le principal élément conservé,
malheureusement dans un état médiocre. Elle a aujourd'hui
un usage de grange et d'écurie (planche XIX et XX).
Cette pièce est un rectangle de 870x660 cm (intérieurement)
formé de murs de briques et galets de 70 cm d'épaisseur.
Les briques sont assemblées dans un bel appareil en opus spicatum.
Les murs aveugles nord et sud son conservés, le mur est a été
détruit à part l'amorce aux angles, le mur ouest est percé
de trois arcades en arc brisé chanfreinées (l'arcade centrale
a 292 cm de flèche). L'intrados en brique de cette ouverture centrale
est percé à 2 m du sol actuel de deux gros trous carrés
symétriques qui ont pu abriter un décor ou un mécanisme
de fermeture (planche XXI).
La décoration intérieure de cette pièce était initialement composée d'une série de culs-de-lampe en calcaire placés à 260 cm du sol actuel, placés aux angles des murs et dans les écoinçons des arcades. Tous ces culs-de-lampe ont été bûchés avec un instrument taillant (une hache ?), à l'exception d'un cul-de-lampe dans un écoinçon qui représente deux personnages tenant un écu armorié, qui porte trois flèches en pal. il s'agit ici probablement des armoiries de la famille d'Aster .
On peut discerner plusieurs étapes d'utilisation pour cette pièce:
un badigeon de chaux révèle un emploi au XVIIIe siècle
au moins, avec le portail de ferme qui clôture le mur est détruit
côté rue. Dans cette même période l'espace a
été réduit en hauteur par le creusement et l'insertion
de poutres, formant ainsi un étage de fenil accessible de la rue
par une petite fenêtre. Les parties hautes ont été
rebâties en terre crue sur les murs médiévaux en briques,
avec un remploi de quatre colonnettes en marbre prises dans la maçonerie
du mur nord (voir infra, et planche XXIV).
Quand à l'usage primitif, les arcatures et la proximité
de l'église laissent supposer une utilisation comme salle capitulaire
(à confirmer). Les arcades et la sculpture permettent cependant
de dater cette salle au moins du milieu du XVe siècle.
Le massif est
J'ai donné ce nom à un haut bloc de maçonnerie
de briques placé à l'angle sud-est de la "salle capitualire".
Il s'agit d'un gros bloc de 3 m de côté, qui correspond à
un bâtiment disparu construit en briques (même époque
que la pièce précédente ?). Le plan de 1749 montre
que l'église du couvent était collée au sud de cet
ensemble, il est donc possible que ce massif soit un contrefort ou au moins
une partie de cette église disparue (planche XIX).
En effet, la partie haute de ce massif montre la trace d'un arc
en brique qui se poursuivait sur la rue, et au dessous des traces d'un
badigeon recouvert de peintures complètement délavées
et à peu près illisibles. On peut cependant distinguer la
forme d'un personnage (un moine ou un saint ?) et une série de traits
noirs verticaux qui pourraient être la vue en coupe d'une église.
Mais ici je m'avance beaucoup, un relevé photographique avec un
traitement informatique seront nécessaires pour faire autre chose
que des suppositions.
L'église et le cimetière
L'église du couvent est indiquée sur le plan de
1749 déjà cité (voir la reproduction supra). De plus
une description du XVIIIe siècle montre que cette église
était équipée d'un autel et de décors de style
classique ou baroque, sans pouvoir en dire beaucoup plus. Il ne reste apparemment
plus rien de ce bâtiment, remplacé aujourd'hui par une maison
avec façade en pierre de Lourdes du XIXe siècle.
Le cimetière se trouvait immédiatement au sud,
à l'angle des rues de la Gare et du Château. En effet les
propriétaires de la grande demeure qui est construite à cet
emplacement m'ont avoué avoir trouvé des squelettes lors
de travaux dans leur cuisine...
Le cloître
De l'emplacement exact du cloître du couvent nous ne savons
rien. Cependant deux chapiteaux doubles ont été retrouvés
dans les fondations du portail XVIIIe qui donne accès à la
"salle capitulaire". L'un est simplement épannelé, l'autre
inscrit et décoré en méplat d'un décor d'arbuste
(voir relevé planches XXIII et XXIV). Les base de ces chapiteaux
correspondent au diamètre des quatre colonnettes retrouvées
encastrées (voir planche XXIII). De plus un fragment de voussure
chanfreiné en calcaire ou grès doré est remployé
dans un mur de cour à l'ouest du site. Ce fragment pourrait correspondre
à un morceau d'arcature de ce cloître disparu. Je ne peux
faire que des suppositions au sujet de ce cloître, si ce n'est:
- le style de ces chapiteaux évoque le XIVe ou XVe siècle
- le revers des chapiteaux indique qu'ils étaient adossés
à un mur ou à un massif en maçonnerie
- le principal espace où le cloître pourrait trouver sa
place est une cour à l'ouest de la "salle capitulaire".
Le logis XVIIIe
Sous ce nom nous regroupons l'ensemble des bâtiments situés au nord de la "salle capitulaire", jusqu'à un mur de clôture orienté est-ouest, qui remploie des briques anciennes, et qui marque la limite avec un autre type de bâtiments (école privée des années 1900).
Ce logis, côté ouest, se caractérise par de hautes ouvertures rectangulaires (portes et fenêtres) qui sont typiques du XVIIIe siècle). Nous n'avons pu explorer en détail que le couloir situé immédiatement au nord de la "salle capitulaire", actuellement à usage de débarras. ce couloir est pavé de tomettes en terre cuite rouge, et comprend au sud une cheminée en stuc de style classique permettant le chauffage, et un placard encastré percé dans le mur médiéval (voir plan XX).
Analyse
Plusieurs éléments peuvent être tirés
de cete série de trouvailles:
- Il existait dans cette zone un couvent de frères carmes, dédié
à la Notre Dame, installé dès le milieu du XVe siècle
au moins, et attesté jusqu'à la Révolution. Le noyau
le plus ancien se composait au moins d'une église, un cloître
et des salles annexes, construits en briques et galets pour la maçonnerie,
et en calcaire pour le décor et certaines moulurations.
- Ce couvent a été détruit en 1569 lors de la
prise de la ville par les catholiques de Blaise de MONTLUC, comme l'atteste
MONTLUC lui-même et l'enquête de 1575.
- Le couvent a été reconstruit et réaménagé,
comme l'attestent les éléments du XVIIe et XVIIIe siècle
en élévation et les archives. il a été occupé
par des religieux jusqu'à la Révolution (dernier texte repéré:1786).
- A la Révolution l'ensemble a probablement été
abandonné, bien qu'aucun document ne nous permettent actuelement
d'en dire davantage. Il est possible que les traces de destruction violente
des sculptures date de cette période, à moins qu'il s'agisse
d'un acte de vandalisme remontant aux Guerres de Religion.
- Le site a été réoccupé par des fermes
jusqu'à nos jours, à l'exception de l'emplacement du cimetière
occupé par une sorte de maison de maître au décor soigné.
En tout état de cause, seul un relevé plus complet
du site , et le dépouillement exhaustif des archives (en cours)
permettra de préciser l'histoire de ces murs.
CHAPITRE VI
LE TERRITOIRE COMMUNAL
Le territoire communal de la bastide se compose d'une zone basse,
en plaine, et d'une zone de coteaux à l'est.
Le terroir de plaine consistait encore en 1811 en deux parties:
d'une part le territoire de la bastide proprement dit, d'autre part le
territoire situé immédiatement au sud dit des condaux (les
(champs) comtaux), aujourd'hui le territoire communal d'Escondaux.
Le problème de la formation du territoire communal se pose en
plusieurs points:
- d'une part le territoire situé immédiatement autour
de la bastide est cadastré régulièrement, de la même
façon que la bastide (même orientation). Cette zone directe
correspond peut-être aux terres qui étaient réputées
appartenir (asseruntur pertinere) au roi.
- d'autre part le territoire allongé d'Escondaux pose le problème
de son rattachement. Les documents médiévaux manquent pour
préciser l'histoire de cette terre. Il est cependant certain que
dès le XVIIe siècle au moins un noyau de tenanciers existe
sur cette terre, base du village actuel, avec une église succursale
desservie par le curé de Rabastens (voir par exemple l'enquête
de 1783 aux ADHP).
- Un problème intéressant est posé également
par la relation entre la bastide et ses voisins. Il est évident
que très tôt le pouvoir a favorisé l'assimilation des
seigneuries voisines par la bastide: dès 1330 Castera-lou (un castelnau)
est doté de la charte de Rabastens et passe sous son contrôle.
Dans le censier de 1429 des habitats voisins sont intégrés
dans le comptage des feux (par exemple TEULE, au nord de la bastide, est
inscrit comme le carton de teuler) . D'autres villages doivent des redevances
ou le guet à la bastide.
Une prospection poussée du territoire communal imposerait
donc l'étude de ces marges en plus du travail sur la cadastre. Un
autre aspect est posé par les cours d'eau, qui semblent être
en grande partie artificiels: l'Alaric sert à alimenter le canal
entourant la ville, l'Ayguevive avait la même fonction pour les fossés
du château, et l'Esteous recèle au moins un site ayant pu
abriter un moulin (planche XXV).
SYNTHESE
Il est évident que cette synthèse ne peut être que partielle et partiale, ce rapport ne constituant qu'une base pour des recherches plus poussées. Plusieurs pistes de recherches mériteront cependant d'être développées:
- une étude fine du plan de la bastide, et de sa filiation dans ce que l'on a parfois appelé le "plan gascon" de bastide. Il faudra aussi étudier la structure et le développement du cadastre médiéval, à partir du cadastre napoléonien et des relevés sur le terrain.
- un travail sur les fortifications: les murailles en briques ne sont pas rares dans cette zone (Saint Sever de Rustan) et mériteraient une étude et une mise en valeur qui pourraient avoir un impact touristique sur certains sites. De même le château, autant qu'on puisse voir, présente des affinités de type et de matériaux avec des modèles royaux contemporains, et avec des forteresses voisines (Bazillac...), y compris dans les transformations du XVIe siècle.
- une étude sur l'église permettrait peut-être de connaître les antécédents (Beaumarchés ?) et les inspirations (Vic ?) dont elle est à l'origine. Il est certain que ce type de bâtiment est en rupture avec ce qui se faisait alors dans la région vers 1300.
- un gros travail en cours porte sur l'histoire et l'archéologie du couvent N.D. des Carmes de Rabastens. Tout un chapitre reste à écrire sur ce couvent méconnu.
- Un travail poussé reste à effectuer sur les rapports entre la bastide est ses voisins. Un premier dépouillement a livré des résultats très convaincants et inédits sur plusieurs communes (Castera-lou, Mingot, Sarriac...) notamment grâce aux archives inédites du couvent des Carmes et des archives communales. C'est toute l'histoire du canton qui pourra ainsi être éclairée, après le premier coup de projecteur donné par la maîtrise de Frédéric VIDAILLET.
En tout état de cause, ce seront ces pistes qui seront
à la base de nos prochaines recherches sur ce site.
TABLE DES MATIERES
INTRODUCTION BIBLIOGRAPHIQUE page 2
PRESENTATION DU SITE page 4
HISTORIQUE SOMMAIRE DE LA BASTIDE page 6
L'EGLISE SAINT LOUIS page 14
LE CHATEAU ET LES FORTIFICATIONS page 23
LE COUVENT NOTRE DAME DES CARMES page 25
LE TERRITOIRE COMMUNAL page 33
SYNTHESE page 35
TABLE DES MATIERES page 36
PLANCHE I PLANCHE II PLANCHE III PLANCHE IV PLANCHE V
PLANCHE VI PLANCHE VII PLANCHE VIII PLANCHE IX PLANCHE
X
PLANCHE XI PLANCHE XII PLANCHE XIII PLANCHE XIV
PLANCHE XV
PLANCHE XVI PLANCHE XVII PLANCHE XVIII PLANCHE XIX
PLANCHE XX PLANCHE XXI PLANCHE XXII PLANCHE XXIII
PLANCHE XXIV PLANCHE XXV PLANCHE XXVI PLANCHE XXVII
Le portail de l'église
Vue perspective de la "salle capitulaire" et du massif est
(C) Stéphane ABADIE Décembre 1996. Toute reproduction interdite sans autorisation.
Pour me contacter: stephane.abadie@ac-toulouse.fr
