Mémoire de l'IUFM de Cahors 1997

 

 
 
 

Bibliographie * Documents (textes) * Documents (graphiques)
STEPHANE ABADIE
 
 

MEMOIRE PROFESSIONNEL

'UTILISATION DE L'OBJET ARCHEOLOGIQUE ET ETHNOGRAPHIQUE EN CLASSE
 

IUFM de CAHORS 

1997

EXEMPLES
 

 

CLASSE DE PREMIERE
 
 

FER A HOSTIE (XIXe siècle)


Présentation de l'objet:
 

 

L'objet présenté est un fer à hostie de la deuxième moitié du XIXe siècle, destiné à la fabrication de galettes de pain très plates et décorées, des hosties en fait, à usage cultuel.
 

 

Il s'agit d'une pince de fer d'environ 80 centimètres de longueur; les deux tiges sont formées d'une simple baguette de section ronde. L'embout est formé de deux plaques rectangulaires, ornées sur la face intérieure de fines volutes incisées.
 

 

Objectif pédagogique:
 

 

Cette pince a été présentée dans le cadre d'une leçon sur la Révolution Industrielle. L'objectif était de montrer un exemple très typé d'objet fabriqué en série quasi-industrielle au cours du siècle dernier, et ayant pénétré au plus profond des campagnes françaises. De plus, le matériau (fer forgé et/ou moulé avec parfois retouche artisanale pour le motif) pouvait constituer un exemple probant de production sidérurgique de la première Révolution industrielle.
 

 

Utilisation de l'objet en classe:
 

 

La première difficulté est de faire deviner l'usage de cet objet très rare. Les élèves, quand il sont suffisamment au fait de la liturgie catholique, ont l'habitude de voir des hosties en papier-gélatine blanc en Europe, contrairement aux églises orientales qui ont conservé l'hostie à base de farine.

Plusieurs questions ont permis d'arriver à ce premier résultat; la classe a participé collectivement à l'élaboration de la réponse. Ces réponses sont indiquées entre parenthèses:

- matériau (le fer)

- éléments constituants ( bras et embouts rectangulaires)

- détail de l'embout (découverte du motif gravé)

- usage (pour marquer à chaud et écraser un produit)

- type de produit fabriqué (hosties)

- usage de ce produit (pour le culte dans une église)
 

 

Arrivé à ce stade d'identification de l'objet, le questionnement s'est tourné vers son origine. Spontanément, l'association a été faite avec les fonderies à métaux de l'époque. 

La question suivante a porté sur la rareté de cet objet. Rapidement, les élèves ont découvert que ce type d'objet était très fréquent à l'époque, surtout dans les zones un peu reculées où l'"importation" d'hosties n'était pas possible ou trop coûteuse. Par contre, une remarque a complété cette analyse par le motif, qui a pu être gravé localement par un artisan, ou bien imprimé dès l'origine à la fonderie (c'était le cas ici).
 

 

Conclusions tirées de l'analyse de cet objet:
 

 

Par un questionnement pertinent, en quelques minutes, à partir d'un objet a priori étrange et inconnu des élèves, plusieurs notions ont pu être dégagées pour réaliser une trace écrite:

- réalisation pendant la Révolution Industrielle d'objets quotidiens en métal (pour cet exemple précis), parfois pour des besoins précis (ici le culte catholique).

- mélange de plusieurs techniques de fabrication: moulage, forgeage, gravure...

- fabrication en séries importantes ou semi-artisanales, c'est à dire fabrication de masse pour une large diffusion.
 

 

Le raisonnement a pu ainsi s'élargir sur les types de produits fabriqués par les usines de cette époque, et sur leur mode de diffusion (apparition des premières grandes surfaces de vente etc), complété par d'autres documents (photographie d'un haut-fourneau pour la technique de fabrication...).
 

 

Compléments d'information:
 

 

A titre information, des précisions ont été apportées sur cet objet:

- il a été découvert par l'auteur dans un vieux château (XVIe-XIXe siècle), dans un minuscule village situé à la frontière des départements du Gers et des Hautes-Pyrénées (château du Couloumé à Buzon).

- le contexte laisse penser que ce fer servait à l'usage de la chapelle privée du château

- ce fer a été retrouvé à l'état d'abandon, très oxydé. Cela permet de faire une remarque sur la rareté de ce type de matériel qui n'est plus utilisé par le culte catholique

- en conclusion, nécessité de conserver quelques exemplaires de ces fers à hosties, qui font partie de notre patrimoine industriel, culturel et cultuel. A titre indicatif, en midi-Pyrénées, seul le musée Paul-Dupuy à Toulouse conserve et expose des fers à hosties (du XVIe au XVIIIe siècle).
 

 



CROIX-LANTERNE DE PROCESSION (début du XXe siècle)


Présentation de l'objet:
 

 

Il s'agit ici d'une lanterne surmontée d'une croix, le tout en fer, réalisé artisanalement à partir d'une plaque qui a été martelée, soudée et découpée.
 

 

Cette croix-lanterne est très originale: la partie inférieure est formée d'une boîte cylindrique avec une porte, à l'intérieur de laquelle on pouvait disposer une bougie (un porte-bougie subsiste). Toute cette partie est percée de petits trous formant des motifs variés (coeurs, rosaces, volutes). Ces motifs, éclairés de l'intérieur, devaient être du plus bel effet visuel la nuit. La partie supérieure , conique, est surmontée d'une croix pattée ornée en son centre d'une sorte de soleil ou de coquille.
 

 

L'objet est incomplet: il manque la hampe en bois servant à la préhension et à l'ostension, et les pattes métalliques servant à la fixation sur cette hampe (seules les soudures en sont visibles).
 

 

Objectif pédagogique:
 

 

Cette lanterne a été utilisée dans le cadre d'une leçon sur la Religion dans la période 1848-1939 ("Religion, Culture et Arts" dans le programme du BOEN).

L'objectif était, à partir d'un objet cultuel très caractéristique, d'étudier la profondeur et les manifestations de la foi dans les campagnes européennes de cette période, et en particulier françaises).
 

 

Utilisation de l'objet en classe:
 

 

Une première étape a consisté en une découverte de l'objet, comme précédemment:

- matériau (fer, ici très oxydé avec des traces de peinture grise)

- éléments constitutifs (lanterne et croix)

- élément manquant (traces d'un pied disparu)

- mode de fabrication (artisanal, par martelage et perçage)

- usage (de nuit, pour un usage cultuel étant donné la présence de la croix)
 

 

Ce cheminement a permis d'arriver au concept de procession, où l'on utilisait ce type d'objet très spécialisé.

La suite du raisonnement s'est appuyée sur un exemple de procession au XIXe siècle, ici la reproduction d'un tableau sur le manuel Hatier représentant la bénédiction des blés. Cette oeuvre détaille une longue procession au milieu de champs de blé, avec bannières et reliquaires, l'attention étant focalisée sur une hostie dans un ostensoir doré, présentée par un prêtre sous un dais, suivi par les élus municipaux et le reste de la population.

L'étude a ainsi pu rouler sur le composition sociale d'une procession, son importance et sa fréquence sur les campagnes. La présence également sur ce tableau d'une statue de la Vierge a permis d'aborder la notion de pélerinage (marial).
 

 

Conclusions tirées de l'analyse de cet objet:
 

 

Une série de conclusions et notions ont ainsi pu être tirées de cet objet (ici en relation avec une représentation figurée):

- fabrication totalement artisanale d'un objet cultuel (fabriqué par le "fèvre" local ou par un paroissien pieux et habile)

- grande fréquence de ce type d'objets, associé à d'autres (bannières...) partour dans les campagnes françaises dans la période étudiée

- importance des processions dans les campagnes, généralement à usage prophylactique (protéger hommes, biens, récoltes et bétail)

- et donc diffusion et profondeur réelle de la foi, avec ici une de ses formes les plus visible et spectaculaire.
 

 

La suite de l'analyse a été fournie par le tableau, ce qui sort ici de notre étude directe (voir supra).
 

 

Compléments d'information:
 

 

Cette croix-lanterne a été découverte par l'auteur sous l'escalier du clocher d'un petit village du nord des Hautes-Pyrénées (Liac, canton de Rabastens-de-Bigorre). Elle était à l'état d'abandon, et a été présentée à la classe avant sa restauration, pour bien montrer la fragilité de ce patrimoine cultuel rural qui est en train de disparaître ( notion que doivent avoir à l'esprit de futurs citoyens).
 

 

CLASSE DE CINQUIEME ?
 
 
 
 

BROYEUR A MAIN (XIIIe siècle ?)


 
 

Présentation de l'objet:
 

 

L'objet présenté est une pierre grèseuse dorée, de forme irrégulière (vraisemblablement un galet à l'origine), d'un poids d'environ 3500 grammes pour un diamètre maximal de 15 centimètres.

La partie inférieure est grossièrement arrondie, pour permettre une bonne préhension, alors que la partie supérieure est parfaitement aplatie et régularisée par frottement, avec une légère concavité centrale rougie qui est un signe d'usure. Les bords de cette zone aplanie ont été épannelés très grossièrement, selon une technique qui rappelle la méthode pré- et protohistorique dite Levallois, par cassures successives.
 

 

Objectif pédagogique:
 

 

L'objectif était ici de présenter un objet d'usage extrêmement courant au moyen-âge dans le sud de la France, qui avait une utilisation domestique et était de fabrication locale manifeste.
 

 

Utilisation de l'objet en classe:
 

 

Conclusions tirées de l'analyse de cet objet:
 

 

Compléments d'information:
 

 

Cette pierre a été trouvée par l'auteur lors d'une prospection en 1995 sur le site d'un village médiéval disparu vers le XIIIe siècle, marqué sur la carte par un toponyme VILLENAVE (Ville Neuve), sur la commune de Caixon (Hautes-Pyrénées, canton de Vic-en-Bigorre). Il se complétait d'un galet qui faisait office de broyon, et a été découvert à l'emplacementr probable d'une maison abandonnée, dans ce qui est actuellement un champ de maïs.
 

 
 
 
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Dernière modification : 19/11/01,09:01:02